Paris : Le Marais en 30 étapes patrimoniales incontournables ou méconnues - IIIème / IVème

 

Le Marais, quartier historique vivant, prisé des Parisiens et des touristes, a failli disparaître à la fin des années 1950. Sauvé par la promulgation de la loi du 4 août 1962 sur les secteurs sauvegardés, dite loi Malraux, il constitue désormais une zone urbaine soumise à des règles particulières en raison de son "caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d'un ensemble d'immeubles bâtis ou non". Le périmètre du secteur sauvegardé du Marais, défini en 1964, protège le territoire situé entre la rue Beaubourg, la rue du Renard, la Seine de la place de l'Hôtel-de-Ville au boulevard Henri-IV, ce boulevard jusqu'à la place de la Bastille, la rue Jean-Beausire, la rue des Tournelles, la rue de Turenne, la rue de Bretagne et une pointe jusqu'à la rue Béranger.

Situé sur une boucle du cours préhistorique de la Seine, l'actuel Marais est à l'origine, une zone inondable marécageuse exploitée dès le IXème siècle comme pâturages. Drainées, assainies, les terres sont mises en culture sous l'impulsion des congrégations religieuses - Ordre du Temple, abbaye de Saint Martin des Champs - à partir du XIIIème siècle. Les parcelles céréalières font peu à peu place aux jardins maraîchers et vergers. Au XIVème siècle, le roi Charles V (1338-1380) y développe le domaine royal, l'Hôtel Saint Pol, en réunissant quatre propriétés. Au XVIIème siècle, aristocratie et haute bourgeoisie se font construire de prestigieux hôtels particuliers. La mode passe et au XVIIIème, les élites lui préfèrent le Faubourg Saint Germain et le Faubourg Saint Honoré.
 
Au XIXème siècle, le quartier du Marais est investi par l'artisanat et les industries variées, notamment la confection. Ces activités se développent au sein des anciens bâtiments, dans les cours intérieures et jardins privés. Si le quartier est peu touché par les grands travaux haussmanniens de modernisation de la ville, les hôtels particuliers font face à un délabrement important qui menace leur pérennité. Dans les années 1960, le programme de sauvegarde et de préservation développé sous l'impulsion d'André Malraux permet de sauver le Marais grâce à la réhabilitation et la restructuration des immeubles dans le respect du patrimoine. 

Aujourd'hui, huppé, recherché, le Marais conserve un charme hors du temps avec ses micro-quartiers distinctifs, quartier gay, quartier juif, quartier chinois, quartier des galeries. La rédaction vous propose de découvrir le Marais en 30 étapes patrimoniales incontournables ou plus secrètes.



1/ Passage de l'Ancre - Paris 3
Accès 30 rue de Turbigo - 221 rue Saint-Martin - Paris 3
Fermé le week-end 
Métro Arts et Métiers ligne 11

Le passage de l'Ancre, exquise voie privée à ciel ouvert se dissimule en plein coeur du Marais derrière une discrète porte cochère du quartier Saint-Avoye. A l'abri des regards, cette venelle piétonne est un raccourci méconnu qui prolonge la rue Chapon au milieu des immeubles jusqu'à la rue de Turbigo. Chemin de traverse hors du temps, il est l'un des plus vieux passages de Paris dont la présence est attestée sur les plans de la ville dès le XVIIème siècle. Bordée de boutiques multicolores, cette étroite allée trottine allègrement côté cour, sentier urbain abondamment fleuri. Quiétude heureuse, chronique du temps passé, les enseignes pittoresques disputent en charme aux vitrines à l'ancienne des ateliers artisanaux.



2/ Station Arts et Métiers - Métro Ligne 11

La station de métro Arts et Métiers déploie sur le quai de la ligne 11 carrossé de cuivre les charmes d’une délicieuse incongruité. Inauguré en octobre 1994, cet aménagement culturel spécifique mis en place à l’occasion des cérémonies du bicentenaire du Conservatoire des Arts et Métiers confère une atmosphère singulière à l’arrêt. Le partenariat entre le musée et la RATP (régie autonome des transports parisiens) a permis une réinvention piquante de la station. Le dessinateur et scénographe belge François Schuiten a qui a été confiée l’entreprise s’est inspiré des récits de Jules Verne et plus particulièrement des descriptions du célèbre sous-marin du capitaine Nemo, le Nautilus mentionné dans les romans "Vingt mille lieues sous les mers" (1869) puis "L’île mystérieuse" (1874). 



3/ Ruelle Sourdis - Paris 3
Accès 15 rue Pastourelle / seconde 3 rue Charlot fermée par une grille
Métro Arts et Métiers ligne 11

La Ruelle Sourdis présente une physionomie typiquement médiévale malgré une création en 1626. Fruit d’une servitude imposée à un propriétaire afin de délimiter les différentes parcelles des hôtels particuliers, au sud, ceux de la rue des Quatre-Fils, au nord ceux de nos actuelles rues Charlot et des Archives, elle a conservé de nombreux éléments pittoresques d’origine. La ruelle Sourdis, tracée en équerre, ploie en un brusque coude inaccessible. De nos jours, l’entrée débouchant sur la rue Charlot est fermée. Cette voie privée, demeure partiellement accessible depuis la rue Pastourelle pour un véritable voyage dans le temps.



4/ Musée national Picasso-Paris
5 rue de Thorigny - Paris 3
Tél : 01 85 56 00 36
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le lundi - Du mardi au vendredi 10h30 – 18h 
Samedis, dimanches et Jours fériés : 9h30 -18h00.
En période de vacances scolaires (zone C), le Musée est ouvert du mardi au dimanche de 9h30 à 18h00.
Métro Arts et Métiers ligne 11

Le Musée Picasso conserve la plus importante collection au monde dédiée au travail de Pablo Picasso (1881-1973). Elle réunit outre les créations picassiennes ses collections personnelles, oeuvres d'artistes amis, Braque, Mirò, Derain ou encore ceux qu'il admirait Cézanne, Le Douanier Rousseau, Matisse, Degas. Le fonds originel, dation de la famille à l'occasion de la succession, se composait de 203 peintures, 158 sculptures, 16 papiers collés, 29 tableaux reliefs, 88 céramiques, 1500 dessins, 1600 gravures et des manuscrits. L'Hôtel Salé, site historique et patrimonial édifié au XVIIème siècle, accueille l'institution depuis son aménagement à partir de 1974 par l'architecte Roland Simounet et son inauguration officielle le 28 septembre 1985.



5/ Marché des Enfants Rouges - Paris 3
Accès 39 rue de Bretagne, 35/37 rue Charlots, 16 rue de Beauce, rue des Oiseaux
Ouvert du mardi au samedi de 8h30 à 19h30 - Le dimanche de 8h30 à 14h
Métro Arts et Métiers ligne 11

Le Marché des Enfants Rouges, lieu emblématique du Haut Marais, déploie ses charmes pittoresques derrière les iconiques grilles frappées à son nom. Plus vieux marché couvert en activité depuis la démolition des halles de Baltard dans les années 1970, il bruisse d’une activité fourmillante, véritable cœur battant du quartier, ouvert du mardi au dimanche. Fréquenté aussi bien par les riverains que par des touristes accompagnés ou non de guides, le Marché des Enfants Rouges illustre avec panache la vitalité du Marais. Les nombreux traiteurs adeptes d’une cuisine cosmopolite généreuse entraînent les visiteurs dans un tour du monde de la gastronomie. Faire ses provisions de la semaine, déjeuner sur le pouce sur une table installée dans une allée, bruncher le dimanche, le Marché des Enfants Rouges assume pleinement son statut d’incontournable.  



6/ Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzévir - Paris 3
Tél : 01 40 27 07 21
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Saint Paul ligne 1 / Chemin Vert ligne 8

Le Musée Cognacq-Jay abrite entre ses murs élégants la collection d’œuvres du XVIIIème siècle réunie par Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse Marie-Louise Jay (1838-1925), fondateurs des grands magasins de la Samaritaine. Niché depuis 1990 au cœur d’un hôtel particulier du XVIème siècle, l’établissement muséal déploie ses charmes intimistes à travers une succession de boudoirs richement décorés de lambris ouvragés et autres boiseries précieuses. Dans une atmosphère feutrée composée pour la recevoir, la collection Cognacq-Jay rend compte de la diversité de la création artistique du XVIIIème siècle. De nos jours, cet ensemble exceptionnel semble souligner le regard des collectionneurs du début du XXème porté sur le Siècle des Lumières. 



7/ Musée Carnavalet 
23 rue de Sévigné - Paris 3
Tél : 01 44 59 58 58
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Saint Paul ligne 1 / Chemin Vert ligne 8

Le Musée Carnavalet, plus ancien musée de la Ville de Paris, vient d’achever sa mue. Après cinq ans de fermeture et quatre années d’un chantier au confortable budget - cinquante-huit millions d’euros - la vénérable institution dédiée à l’histoire de la Capitale entre en grande pompe dans la modernité. Outre un ravalement complet ainsi qu’une mise aux normes de sécurité nécessaire, la muséographie a été entièrement repensée afin de renouveler l’expérience de visite. Petite révolution, l’introduction du numérique ouvre des accès inédits à la richesse d’un patrimoine fascinant. A travers ses collections, le Musée Carnavalet retrace la vaste histoire de Paris, de la préhistoire à nos jours. 



8/ Jardin des Rosiers Joseph Migneret 
Accès 35-37 rue des Francs-Bourgeois ou 10 rue des Rosiers - Paris 4
Horaires : Ouvert tous les jours, à partir de 8h en semaine et 9h le week-end. Fermeture à 17h15 en hiver, 18h à la fin de l’hiver et à 19h en printemps-été.
Métro Saint Paul ligne 1

Le jardin des Rosiers Joseph Migneret, créé en 2007, achevé en 2014, est un havre de paix verdoyant à l'abri des regards. Aménagée en retrait de la rumeur urbaine, cette oasis de verdure au cœur du Marais est née de la réunion des jardins privés de trois beaux hôtels particuliers typiques du quartier datant du XVIIème siècle, les hôtels de Coulanges, Barbes et d'Albret. Appelé jardin Francs-Bourgeois-Rosiers à l'ouverture de la première parcelle en 2007, il a été renommé en 2014 jardin des Rosiers Joseph Migneret en l'honneur du directeur de 1920 à 1944 de l'école communale voisine 8-10 rue des Hospitalières Saint Gervais, résistant actif pendant la Seconde Guerre Mondiale, Juste parmi les nations qui sauva des enfants juifs de la déportation. Visite depuis l'entrée de la rue des Rosiers.



9/ Mascarons assyriens des Fontaines du Marché des Blancs-Manteaux
8-10 rue des Hospitalières Saint Gervais - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

Deux têtes de taureaux inspirées de l'art antique assyrien ornent la façade de l'école élémentaire des Hospitalières aux 8-10 rue de la rue éponyme. Vestiges des fontaines du Marché des Blancs-Manteaux, ces deux mascarons de bronze, ont été réalisés en 1819 par le sculpteur Edme Gaulle (1769-1841). Les bovins crachaient l'eau par le mufle. Elle s'écoulait alors dans deux bassins semi-circulaires aujourd'hui disparus. Les fontaines originelles ont conservé leurs frontons triangulaires mais les tables saillantes ont été comme absorbées. 



10/ Décors sous verre d’une ancienne boulangerie 
23 rue des Francs-Bourgeois / 21 rue de Sévigné - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

L’ancienne boulangerie reconvertie en boutique de prêt-à-porter, à l’angle des rues Francs-Bourgeois et de Sévigné, a conservé ses décors de la fin du XIXème siècle et son enseigne, rappel émouvant d’une vocation passée. En devanture de l’ancienne boulangerie, les cinq peintures fixées sous verre représentent des scènes champêtres, moulin, champs de blé, temps des moissons tandis qu’à l’intérieur le plafond s’orne d’un envol d’oiseaux et de bouquets de fleurs. Oeuvres de l’atelier Thivet fondé en 1854, devanture et décor intérieur ont fait l’objet d’une inscription partielle au titre des Monuments historiques par arrêté du 23 mai 1984. 



11/ Impasse des Arbalétriers
Accès 38 rue des Francs-Bourgeois - Paris 3
Métro Saint Paul ligne 1

Alors que la rue des Francs-Bourgeois offre l'aspect animé des artères commerçantes parisiennes, l'impasse des Arbalétriers, qui s'ouvre au niveau du numéro 38, contraste par le calme de son charme pittoresque. Petite voie médiévale datant du XVème siècle, elle trottine sur les pavés disjoints entre deux hôtels particuliers du XVIIème siècle dont les corps de logis en encorbellement viennent parfaire l'illusion d'un voyage dans le temps. Sur la rive droite de la venelle, l'hôtel Poussepin où est niché le Centre Culturel Suisse fastueusement rénové et entretenu contrairement à la rive gauche, date d'environ 1620. Successivement Allée des Arbalétriers, impasse Barbette puis impasse des Arbalétriers, la légende de cette ruelle attire la curiosité des flâneurs. Ses allures médiévales préservées entretiennent le mythe. Lutte de pouvoir, violence, sexe, l'impasse des Arbalétriers fut probablement le lieu d'un épisode qui marqua l'histoire de France par ses conséquences, l'assassinat du duc d'Orléans en 1407.



12/ Village Saint Paul 
Accès sous les porches des rues Saint-Paul, des Jardins-Saint-Paul, de l’Ave Maria, Charlemagne - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

Le Village Saint-Paul, pittoresque dédale de courettes pavées et de ruelles intérieures, séduit, depuis son inauguration au début des années 1980, les touristes du monde entier et les Américains en particulier. Ce réseau discret de galeries d’art et boutiques d’antiquités, accessible depuis les passages sous porche depuis les rues Saint-Paul, des Jardins-Saint-Paul, de l’Ave Maria, Charlemagne, est devenu le rendez-vous incontournable des collectionneurs. Au cœur du Marais historique, sa renommée dépasse largement les frontières. Galeries d’art, atelier de céramiques, bijouterie, antiquaires, librairie consacrée aux livres anciens, boutiques de décoration et de mobilier, échoppes de prêt-à-porter perpétuent la tradition. 



13/ Passage Saint Paul 
Accès 43 rue Saint Paul - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

Le passage Saint Paul, débute au 43 de la rue du même nom, dans le quartier Saint Gervais du Marais. La pittoresque venelle débouche en impasse sur la porte de l’église Saint-Paul-Saint-Louis qui ouvre vers la nef par le transept de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, côté gauche. Cette église édifiée par la Compagnie de Jésus au début du XVIIème siècle sous le nom Saint-Louis-des-Jésuites est coiffée du premier grand dôme monumental élevé à Paris qui domine à près de 55 mètres de hauteur. A cette époque, l’ordre est si puissant qu’il semble constituer au cœur de la ville une véritable principauté cléricale rattachée directement au Vatican et non soumise à l’autorité du Parlement de Paris. Le passage date également du XVIIème siècle. Il est indiqué sur le plan de Gomboust de 1652.



14/ Façades classées du restaurant Chez Julien
62 rue de l’Hôtel de Ville - 2 rue des Barres - Paris 4
Métro Pont Marie ligne 7 / Saint Paul ligne 1 / Hôtel de Ville lignes 1, 11

Le restaurant Chez Julien, à l’angle des rues de l’Hôtel de Ville et des Barres, se distingue par sa belle façade classée. Au rez-de-chaussée d’une vieille maison du XIXème siècle, la devanture, intrigante, possède le charme de la carte postale, celui d’un Paris rêvé. Joliment mis en valeur par des couleurs pimpantes, des plantes, le lieu réunit en un seul établissement deux anciens commerces. Les décors peints ont été exécutés vers 1900 par l’atelier Gilbert, intervenu également sur la devanture de la boutique situé au 13 rue Malher. La devanture fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments historiques depuis le 29 mars 1928, protection annulée et remplacée par une seconde inscription incluant la devanture et le décor intérieur le 23 mai 1984. L’ensemble est labellisé patrimoine du XXème siècle.



15/ Portail de l’Hôtel Raoul
6 rue Beautreillis - Paris 4
Métro Pont Marie ligne 7

Le Portail de l’hôtel Jean-Louis Raoul au 6 rue Beautreillis est le dernier vestige d’un hôtel particulier qui datait de 1606. Plus tardif, le porche du XVIIIème surmonté d’un fronton triangulaire, s’inscrit curieusement à l’avant d’un immeuble moderne typique des années 1960. Naufragé anachronique, délicieuse incursion du temps passé dans notre quotidien contemporain. Dans un état de délabrement certain, le portail à refends est la cible régulière de vandalisme. La porte en bois et les vantaux ouvragés semblent inspirer les taggueurs sans talent. Démoli au milieu des années 1960, l’hôtel Raoul est probablement le dernier hôtel particulier du Marais à subir ce sort avant l’application de la loi Malraux promulguée en 1962, en faveur de la préservation du patrimoine architectural du Marais, désormais secteur sauvegardé. L’inscription gravée au tympan du portail « Hôtel de Jean-Louis Raoul », apposée à l’occasion de sa disparition, préserve le souvenir de ce qui fut. Mais l’élégante décrépitude cache un véritable casse-tête concernant le financement d’une très souhaitable restauration. En attente d’une solution, de mécènes, d’un bienfaiteur, Le Portail de l’ancien hôtel Jean-Louis Raoul patiente encore un peu.



16/ Immeuble du Syndicat de l’épicerie française
12 rue du Renard - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11

L’ancien immeuble du Syndicat de l’épicerie française situé au numéro 12 de la rue du Renard appartient au patrimoine architectural du début du XXème siècle. Le permis de construire est délivré le 18 juin 1900. Mené par un tandem d’architectes Raymond Barbaud (1860-1927) et Edouard Bauchain (1864-1930), le chantier débute en 1901. Le sculpteur Jules Louis Rispal (1871-1910) signe le riche décor de la façade d’inspiration Art Nouveau. Il s’inscrit dans la lignée du mouvement moderniste, féru de volutes végétales, fasciné par l’esthétique des lignes courbes. Une devise étonnante se déploie entre le rez-de-chaussée et le premier étage sur les larges arches qui surmontent les entrées monumentales. « Tous pour un » frappé au linteau en symétrie encadre la mention « Syndicat de l’épicerie française ». 



17/ Rue du Trésor 
Accès 26-28 rue Vieille du Temple - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11

La rue du Trésor, en réalité d’une impasse, débute au 26 rue Vieille du Temple. L’exquise enclave arborée fait les délices des amateurs de terrasses. Sa quiétude hors du temps semble à peine troublée les soirs d’été par l’enthousiasme de ces derniers. Plates-bandes fleuries, buissons foisonnants distillent de doux parfums champêtres. La faible hauteur du bâti et son élégante largeur de douze mètres laissent à la lumière naturelle le champ libre. Les boutiques du rez-de-chaussée en rajoutent dans la luxuriance des couleurs. Les cafés et restaurants animés, tables débordant sur les pavés, font de cette discrète venelle l’un des lieux des plus prisés du Marais. La rénovation méticuleuse de la rue du Trésor en 2004 lui a définitivement redonné un air pimpant.



18/ Ancienne boucherie chevaline 
15 rue Vieille du Temple / 54 rue du Roi de Sicile - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11

L’ancienne boucherie chevaline à la croisée des rues Vieille-du-Temple et du Roi-de-Sicile a conservé une remarquable façade en mosaïque. Ce décor rouge, orange et or, à motif de cheval cabré réalisé entre 1930 et 1946 répond au code couleur qui signalait précisément les boucheries chevalines, les distinguant ainsi des boucheries classiques. Le rez-de-chaussée en angle de l’Hôtel de Vibraye est entièrement recouvert d'un décor vermillon, exécuté selon la technique dite du carreau cassé. Le commerce hippophagique a désormais été remplacé par une boutique de chaussettes. L’établissement réformé entretient par la préservation de cette mosaïque le souvenir de l’une des premières boucheries chevalines inaugurée à Paris au milieu du XIXème siècle, à la suite de l’ordonnance en 1866 autorisant l’hippophagie. 



19/ Hôtel Hérouet
54 rue Vieille du Temple - Paris 3 / 42-44 rue des Francs-Bourgeois - Paris 4
Métro Rambuteau ligne 11 / Hôtel de Ville lignes 1, 11

De l’ancien Hôtel Hérouet édifié au début du XVIème siècle, dévasté par un bombardement en 1944, entièrement reconstruit dans les années 1970, il ne demeure d’origine que la tourelle d’angle au décor flamboyant. Ce dernier vestige authentique témoigne de l’élégance disparue d’un bâtiment construit à l’initiative de Jean Hérouet - parfois écrit Herouët - seigneur de Carrières, secrétaire en 1497 du duc d’Orléans, futur Louis XII. Ce bel exemple des goûts architecturaux du début du XVIème siècle évoque les fonctions variées des échauguettes. 



20/ Passage Sainte-Avoie 
Accès 8 rue Rambuteau - 62 rue du Temple - Paris 3
Métro Rambuteau ligne 11

Le passage Sainte Avoie, parfois mentionné comme le passage Saint Avoye, traverse en sinuant un ensemble de bâtiments du XIXème siècle. Pavé de frais, il suit l'ancien tracé de l'enceinte de Philippe Auguste dans la partie qui menait à la porte Sainte Avoye ou porte du Temple percée en 1280 et détruite vers 1535. Du 8 rue Rambuteau d'où il est parfois accessible en semaine grâce à une porte codée ouverte sur des galeries d'art et des commerces, le passage Sainte-Avoie débouche au 62 de la rue du Temple où subsistent de beaux vestiges. 



21/ Passage Molière 
Accès 157 rue Saint-Martin et 82 rue Quincampoix - Paris 3
Métro Rambuteau ligne 11

Le passage Molière, dans le quartier Saint-Avoye, en plein cœur du Marais, enchante les flâneurs par ce petit air anachronique d'un Paris d'antan. Sol pavé et bâti du XVIIIème siècle aux charpentes de bois, cette voie piétonne a conquis les plus revêches par l'originalité de ses petites boutiques aux façades classées, la convivialité de ses restaurants. Fin 2015, un grand ravalement a été lancé afin de redonner tout son lustre à cette pépite si parisienne. Le passage Molière restauré, réhabilité et rouvert au public depuis 2022, a désormais pour vocation de devenir un pôle culturel dédié à la littérature.



22/ Jardin Anne Frank
14 impasse Berthaud - Paris 3
Accès entre les 22 et 24 rue Beaubourg
Métro Rambuteau ligne 11

Au fond de l'impasse Berthaud, incise de pierre blonde entre les 22 et 24 rue Beaubourg, un jardin secret forme un îlot fleuri au cœur du Marais historique. Recrée par la Mairie de Paris à l'occasion de la réhabilitation de l'hôtel de Saint-Aignan en Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, le jardin Anne Frank honore la mémoire de la jeune fille juive victime de la barbarie nazie, auteur du célèbre journal publié en 1947. Inauguré en 2007, cet espace vert méconnu de 4 000 m2 se divise en trois parcelles distinctes qui ont en commun cette quiétude hors du temps des lieux secrets parisiens.



23/ Musée de la Chasse et de la Nature 
62 rue des Archives - Paris 3
Horaires : Du mardi au dimanche de 11h à 18h - Nocturne le mercredi jusqu'à 21h30 - Fermé le lundi et les jours fériés
Métro Rambuteau ligne 1 / Hôtel de Ville lignes 1, 11 / Etienne Marcel ligne 4

Le Musée de la Chasse et de la Nature expose les collections de la Fondation François Sommer pour la chasse et la nature, créée sous l'impulsion de l'industriel ardennais en 1964. Inauguré le 21 février 1967, il occupe les espaces réhabilités des hôtels de Guénégaud et Mongelas. Le couple François et Jacqueline Sommer constitue les fonds à partir des années 1930, qui sont aujourd'hui présentés en plusieurs chapitres, instruments de la chasse, produits de la chasse, représentation de la faune et de la chasse, image de l'animal, art et chasse. La muséographie du musée s'attache à reproduire l'atmosphère d'une maison de collectionneurs. Objet d'une vaste campagne de restauration et d'extension, l'institution a rouvert ses portes en 2021 après deux années de travaux.



24/ Jardins des Archives Nationales
Entrée:
- par l'hôtel de Soubise : 60 rue des Francs-Bourgeois ou 58 rue des Archives - Paris 3
- par le Caran, salle de lecture : 11 et 7 rue des Quatre-Fils - Paris 3
Horaires :
- de 8h à 19h printemps-été (dernier dimanche du mois de mars au dernier dimanche du mois d'octobre)
- de 8h à 17 h automne-hiver (dernier dimanche du mois d'octobre au dernier dimanche du mois de mars)
Métro Rambuteau ligne 11

Les jardins des Archives Nationales se nichent au cœur de l'un des quartiers les plus charmants de la Capitale. Ce joli secret de Parisien, dans la quiétude de son décor historique, nous ferait presque oublier le ronronnement de la ville qui bruit d’activité. Ce site patrimonial exceptionnel est accessible par l’hôtel de Soubise rue des Francs-Bourgeois d’un côté ou par la rue des Quatre-Fils et l’hôtel de Rohan de l’autre. Enfilade de cours et de jardins, cet espace vert de 8000m2, fermé au lendemain des attentats de 1995, a été rouvert au public en 2011. Il se compose de quatre parcelles très différentes du strict jardin à la française classique du XVIIIème siècle, au verger apprivoisé jusqu’au romantique parc miniature façon jardin de ville du XIXème.



25/ Place du Marché-Sainte-Catherine - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

La place du Marché Sainte Catherine, jolie enclave pavée du Marais, déploie des charmes champêtres sous les mûriers de Chine dont elle est parée. L’atmosphère singulière des villages parisiens y trouve toute son expression dans la quiétude d’un lieu presque piéton tant les voitures s’y font rares. Les Parisiens déjeunent en terrasse. Les amateurs de théâtre populaire s’y pressent. Les riverains grognent que cela fait bien trop de monde, trop de bruit. Ceinte d’immeubles édifiés à la fin du XVIIIème siècle au moment de sa construction, la place forme un ensemble homogène à l’esthétique classique. A la veille de la Révolution, la place du Marché Sainte Catherine est percée afin d’abriter un nouveau marché couvert. Elle doit son nom aux halles inaugurées en 1789 et disparues en 1939 ainsi qu’à l’ancienne Couture Sainte Catherine, un important prieuré historique du Marais dont il reste peu de traces.



26/ Place des Vosges - Paris 4
Métro Chemin Vert ligne 8 / Saint Paul ligne 1

La place des Vosges, établie par la volonté du roi Henri IV, à deux pas de la Bastille, sous le nom de place Royale, est la plus ancienne de Paris. Tracée juste avant la place Dauphine, sœur de la place Ducale de Charleville Mézières, construite celle-ci en 1606 par Clément Métezeau, frère de Louis Métezeau l’un des architectes de la place parisienne, elle présente un exemple rare d’unité de style préservé. Elle constitue lors de son édification une ouverture dans le tissu urbain compact du Marais médiéval aux limites de la ville. L’idée originelle portée par Henri IV est de créer une enclave marchande et artisanale autour de manufactures censées concurrencer celles de Lyon et Milan. Mais propriétaires de terrains et aristocrates en décident autrement. Ils transforment cette place publique en enceinte résidentielle à caractère privé. 



27/ Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges - Paris 4
Tél : 01 42 72 10 16
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Chemin Vert ligne 8 / Saint Paul ligne 1

La Maison de Victor Hugo retrace la vie du grand homme à travers les éléments clés de sa carrière littéraire, de son engagement politique. Niché dans l’ancien hôtel Rohan-Guéméné, au 6 place des Vosges, le musée consacré à l’écrivain aborde également des facettes plus méconnues de son talent, le dessinateur et le peintre, son goût pour la décoration et l’architecture d’intérieur. L’auteur des « Misérables » et de « Notre Dame de Paris » est évoqué dans un lieu qui fut de 1832 à 1848 son domicile parisien et celui de sa famille. Durant dix-huit mois, de 2019 à 2020, une vaste campagne de restauration a été menée pour un budget de 4,7 millions d’euros.  La maison-musée dont la réouverture a été retardée par la crise sanitaire a retrouvé son public en juin 2021. 



28/ Immeuble au décor signalant une ancienne boucherie 
67 rue de Turenne - Paris 3
Métro Saint Sébastien Froissart ligne 8

Au 67 rue de Turenne, le rez-de-chaussée d’un immeuble néo-classique datant du Premier Empire conserve un étonnant décor qui signale la présence d’une ancienne boucherie. Deux colonnes doriques et deux pilastres encastrés dans le mur ont trouvé naturellement leur place au fronton d’une boutique de prêt-à-porter. Mais plus marquantes encore, trois têtes de bœufs au-dessus d’un porche soutiennent un petit balcon. Demeurent également, vaguement menaçant, des éléments en fonte, anciens crochets de la boucherie auxquels étaient suspendues en devanture des carcasses. 



29/ Square Saint-Gilles-Grand-Veneur-Pauline-Roland – Paris 3
Accès 9 rue du Grand Veneur, accessible depuis le via passage débutant 7 rue des Arquebusiers, rue de Hesse accessible via le 12 rue Villehardouin
Horaires : Du 30 avril 2018 au 31 août 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 20h30, samedi et dimanche de 9h à 20h30 - Du 01 septembre 2018 au 30 septembre 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 19h30, samedi et dimanche de 9h à 19h30
Métro Saint Sébastien Froissart ligne 8

Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, créé en 1988, est un petit jardin à la française de 987m2. Planté d’érables qui flamboient en automne, c'est à la belle saison qu'il déploie tous ses charmes. La roseraie y offre le plus beau des spectacles au printemps. Treillages et bosquets odorants s’expriment alors dans l’abondante floraison de nombreuses variétés de roses dont la Pierre de Ronsard et la Catherine Deneuve. Cette nature luxuriante en plein cœur de la ville, à l’abri du chahut de la rue, offre un écrin divin pour les pique-niques en famille ou les instants romantiques. Bien caché, ce joli secret du Marais est peu fréquenté. Seuls les initiés et les habitants du quartier semblent connaître le chemin qui mène à l’oasis à travers un dédale de ruelles discrètes.



30/ Les prétendantes au titre de plus ancienne maison de Paris
Maison du 3 rue Volta - Paris 3
Maison à l'enseigne du Mouton et maison à l'enseigne du Faucheur - 11 et 13 rue François Miron - Paris 4
Maison au Grand Pignon dite maison de Nicolas Flamel - 51 rue de Montmorency - Paris 3

Les prétendantes au titre de plus ancienne maison de Paris ont en commun une allure médiévale transportant le passant curieux à travers les âges et le temps ainsi qu’une autre caractéristique et non des moindres, elles ont toutes échappé aux grands travaux du baron Haussmann. Rappelons que le préfet de la Seine de 1853 à 1870, dirigea, Sous le Second Empire, des aménagements drastiques en approfondissant le plan de rénovation établi par la commission Siméon. Si Jacques Hillairet dans l’un de ses célèbres ouvrages de vulgarisation au sujet du Paris historique, situe la plus vieille maison de la Capitale au 3 rue Volta, des recherches ultérieures menées par des historiens en 1979 ont établi définitivement qu’il n’en était rien, la bâtisse datant du XVIIème siècle. La doyenne serait en fait la maison au Grand Pignon dite maison de Nicolas Flamel érigée en 1407 qui se trouve au 51 rue de Montmorency. Certains lui disputent cette couronne, charmés par l’apparence des 11 et 13 rue François Miron. L’étude poussée des archives aura prouvé qu’elles étaient également le résultat tardif d’une certaine nostalgie de ses constructeurs au début du XVIème siècle.