Paris : Tombe de Pierre Desproges au cimetière du Père Lachaise, une sépulture jardin selon les dernières volontés de l'humoriste - XXème

 

La tombe de Pierre Desproges (1939-1988), tombe jardin entourée d'un garde-corps métallique, sans dalle, ni croix, ni plaque selon sa volonté, se trouve Chemin Denon division du cimetière du Père Lachaise. Une simple mention est gravée dans la rambarde, son nom et celui de son épouse Hélène (1947-2012). L'enclos végétalisé, jardinet champêtre, se couvrent de perce-neiges et violettes au printemps, tandis qu'y croissent deux rosiers grimpants associés aux fleurs et hommages déposés par les admirateurs.

Humour caustique, son répertoire très noir aborde sujets sensibles, la religion, la Seconde Guerre Mondiale, le cancer, ses positions antimilitaristes, contre l'extrême-droite, comme des thématiques plus quotidiennes. Il acquiert une grande notoriété grâce à ses apparitions à la télévision dans des émissions telles que "Le Petit Rapporteur", "L'île aux enfants", "La minute de monsieur Cyclopède". Voix radiophonique, il fait les belles heures de Radio France, avec des billets d'humeur et des chroniques humoristiques, "Tribunal des flagrants délires", "Chronique de la haine ordinaire".

Anticonformiste, maître de l'absurde, Pierre Desproges meurt le 18 avril 1988. Selon ses dernières volontés, il est incinéré. Dans un premier temps, les cendres sont inhumées au sein d'une tombe provisoire. Une fois obtenue la dérogation la Ville de Paris et le maire, Jacques Chirac, elles sont dispersées, mêlées à la terre de la sépulture définitive chemin Denon, division 10. 



Dans les années 1960, Pierre Desproges fait ses débuts en tant que journaliste au sein de la rédaction du journal "L'Aurore", fondé en 1847. Renvoyé pour avoir déplu à jacques Perrier, chef de service des informations générales, il intègre les rangs de Paris-Turf, journal hippique. Lors du licenciement de Jacques Perrier en 1968, son remplaçant Bernard Morrot invite Desproges à rejoindre de nouveau "L'Aurore" où il écrit des brèves insolites à l'humour caustique.

Pierre Desproges est remarqué par les producteurs de la télévision. Jacques Martin et Bernard Lion créent l'émission satirique de télévision, "Le Petit Rapporteur". Diffusée en direct le dimanche à 13 h 20 sur TF1 du 19 janvier 1975 au 27 juin 1976, elle compte parmi ses intervenants, Pierre Bonte, Piem, Stéphane Collaro, Robert Lassus, Philippe Couderc. Ces deux derniers sont remplacés en septembre 1975 par Pierre Desproges et Daniel Prévost mais ils quittent l'émission avant la fin de la saison. 

Il anime l'émission hebdomadaire "Des parasites sur l'antenne" en 1978 avec Thierry Le Luron, Évelyne Grandjean, Bernard Mabille, Lawrence Riesner. Puis il devient le rapporteur du "Tribunal des flagrants délires", émission de radio satirique française, diffusée pour deux saisons, sur France Inter, de septembre 1980 à juin 1983, aux côtés de Claude Villers et Luis Rego.

En 1981-82, Pierre Desproges intervient dans une série de sketches dans l'émission "L'île aux enfants" rôle du professeur Corbiniou qui préfigure "La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède". La chaîne FR3 diffuse en 1982 cette virgule télévisuelle humoristique produite par Jean-Louis Fournier, 98 épisodes d'une minute, diffusés du lundi au samedi à 20 h 30, la première le 29 novembre 1982, la dernière 16 mars 1984. France Inter lui confie un billet quotidien "Les Chroniques de la haine ordinaire" du 3 février au 24 juin 1986.




Son ami Guy Bedos l'incite à monter sur scène. Pierre Desproges écrit deux spectacles. Diagnostiqué d'un cancer des poumons en 1987, il subit une intervention au cours de laquelle les chirurgiens découvrent que le patient est condamné sans possibilité de rémission. Avec l'accord de son épouse, Hélène, les oncologues choisissent de taire la vérité et de cacher le verdict fatal. 

Pierre Desproges part en tournée. Sa santé se dégrade et des cocktails de médicaments lui permettent d'assurer ses engagements chaque soir. En mars 1988, affaibli, il interrompt sa tournée. Admis à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, il décède la 18 avril 1988. Guy Bedos mentionne une euthanasie dans son autobiographie "Je me souviendrai de tout".

Pierre Desproges n'a laissé à la postérité qu'un unique roman satirique, "Des femmes qui tombent" (1985). Parmi les ouvrages publiés, les plus connus sont "Manuel du savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis" (1981), "Vivons heureux en attendant la mort" (1984) ainsi que ses recueils de chroniques, "Les Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires" en deux volumes, "La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède", 1985, "Les Bons Conseils du professeur Corbiniou".

Tombe de Pierre Desproges
Chemin Denon - Division 10

Cimetière du Père Lachaise
Entrée principale : 8 boulevard de Ménilmontant - Paris 20
Horaires d’ouverture :
- De novembre à mi-mars : du lundi au vendredi de 8h à 17h30 - le samedi de 8h30 à 17h30 - le dimanche et les jours fériés de 9h à 17h30 
- De mi-mars à octobre : du lundi au vendredi de 8h à 18h - le samedi de 8h30 à 18h - le dimanche et les jours fériés de 9h à 18h 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.