Paris : Station Arts et Métiers, un sous-marin cuivré sur la ligne 11 du métro - IIIème



La station de métro Arts et Métiers déploie sur le quai de la ligne 11 carrossé de cuivre les charmes d’une délicieuse incongruité. Inauguré en octobre 1994, cet aménagement culturel spécifique mis en place à l’occasion des cérémonies du bicentenaire du Conservatoire des Arts et Métiers confère une atmosphère singulière à l’arrêt. Le partenariat entre le musée et la RATP (régie autonome des transports parisiens) a permis une réinvention piquante de la station. Le dessinateur et scénographe belge François Schuiten a qui a été confiée l’entreprise s’est inspiré des récits de Jules Verne et plus particulièrement des descriptions du célèbre sous-marin du capitaine Nemo, le Nautilus mentionné dans les romans "Vingt mille lieues sous les mers" (1869) puis "L’île mystérieuse" (1874). Métal rose chatoyant, quais dépourvus d’affichage publicitaire, rouages et mécanismes intégrés à la voûte laissent s’incarner les imaginaires rétro-futuristes hors du temps. La station se veut passerelle entre l’univers du métro et celui du musée des Arts et Métiers.











Habillée de 800 plaques de cuivre rivetées et fixées entre elles, la station Arts et Métiers évoque par sa mise en scène, traitement des matériaux, protection de l’ensemble, un design industriel. L’idée de pénétrer à l’intérieur d’une grande machine renvoie à la dimension technique des collections du Conservatoire. 

Le long des quais, onze hublots carénés de laiton dévoilent des saynètes sous forme de maquettes. Elles rendent hommage aux inventions anciennes et plus modernes, aux découvertes diverses que le Musée des Arts et Métiers célèbre depuis sa création par l’Abbé Henri Grégoire en 1794. Sphère armillaire du XVIIIème siècle, aérostat L’Avisol datant de 1881, Satellite Telstar de 1960, roue hydraulique, convertisseur de Thomas inventé en 1877 pour la fabrication de l’acier y incarnent l’esprit du conservatoire.  

Si le double quai long de 75 mètres, possède des qualités standards, l’ensemble du mobilier assorti à l’habillage de cuivre, a été créé spécialement pour se fondre dans le décor spécifique de la station. Plaques nominatives, sièges en bois, poubelles, carreaux plats des tympans, bornes d’alarme, bandeaux d’éclairage sont déclinés dans des variantes très colorées oscillant entre le vieux rose et le brun. 











L’artiste belge François Schuiten est plus connu pour sa collaboration depuis 1981 avec Benoît Peteers qui a donné naissance à la série de bande-dessinée "Les Cités Obscures". Il a développé parlement une intense activité de scénographe, comme pour La ville imaginaire des Cités-Ciné de Montréal, le Pavillon du Grand-Duché de Luxembourg à l'Exposition Universelle de Séville en 1992, le Pavillon des Utopies (A planet of visions) de l'Exposition Universelle d'Hanovre en l'an 2000 ainsi que le pavillon belge de l'Exposition de Aichi en 2005. 

Avant l’habillage de la station Arts et Métiers à paris, François Schuiten a signé une première intervention dans le métro en repensant intégralement la décoration de la station Porte de Hal à Bruxelles. Alors qu’il s’était inspiré du Nautilus pour la scénographie sur la ligne parisienne 11, la maison de Jules Verne à Amiens a fait appel à ses compétences en 2005. Il a doté la tour de l’édifice d’une sphère armillaire et le mur mitoyen d’une vaste fresque en trompe-l’œil évoquant les voyages du "Tour du monde en quatre-vingts jours". 










François Schuiten, Benoît Peeters et l'architecte Francis Metzger ont été chargés de repenser la maison Autrique à Bruxelles, joyaux Art nouveau conçu par l’architecte Victor Horta en 1893, afin de la transformer en espace d’exposition. En collaboration avec Expoduo, Schuiten a également pensé la scénographie du musée Train World, inauguré en 2015 au cœur même de la gare de Schaerbeek à Bruxelles.

Station Arts et Métiers - Métro Ligne 11



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Musée des arts et métiers, La Revue, n° 5, décembre 1993
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