Paris : Restaurant Chez Julien, charmante double façade classée, réunion d'une ancienne auberge "Au pigeon blanc" et d'une boulangerie disparue - IVème



Le restaurant Chez Julien, à l’angle des rues de l’Hôtel de Ville et des Barres, se distingue par sa belle façade classée. Au rez-de-chaussée d’une vieille maison du XIXème siècle, la devanture, intrigante, possède le charme de la carte postale, celui d’un Paris rêvé. Joliment mis en valeur par des couleurs pimpantes, des plantes, le lieu réunit en un seul établissement deux anciens commerces. A gauche, se trouvent les vestiges de l’auberge « Au pigeon blanc », établie vers 1820. Sa vocation de taverne était annoncée par la présence de grilles en fonte, décor de pommes de pin, tandis que les deux pigeons au-dessus de la porte illustraient son appellation. A droite de la façade, des décors peints de verre églomisé, fixés sous verre, rappellent la présence d’une boulangerie disparue. Ces ornements ont été exécutés vers 1900 par l’atelier Gilbert, intervenu également sur la devanture de la boutique situé au 13 rue Malher. Spécialistes des scènes champêtres, les artisans ont imaginé des médaillons dans lesquels se distinguent un moulin, des moissonneurs, des gerbes de blé. Ces motifs bucoliques ont été repris à l’intérieur du restaurant, plafonds peints, vol d’oiseaux. La devanture fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments historiques depuis le 29 mars 1928, protection annulée et remplacée par une seconde inscription incluant la devanture et le décor intérieur le 23 mai 1984. L’ensemble est labellisé patrimoine du XXème siècle. 

 






Une ordonnance de 1729 impose aux marchands de vin d’indiquer la nature de leur commerce par une enseigne corporatiste et des barreaux, supposer réduire les risques d’effraction et protéger les marchandises. Ces établissements du fait de leurs fréquentations étaient, semble-t-il, souvent la cible de vols, de cambriolages. Les grilles sont souvent couronnées de motifs rappelant l’univers vinicole tels que les feuilles de vigne, les grappes de raisin, des têtes de Bacchus couronnées de pampre, et des pommes de pin. Ces dernières renvoient à la tradition antique, qui consistaient à enduire l’intérieur des tonneaux de résine de poix afin de les étanchéifier. 

A Paris, auberges, hostelleries, tavernes sont les premiers commerces à annoncer leur activité par des enseignes, dès 1300. Il s’agit d’indiquer leur présence aux voyageurs ne connaissant pas les lieux. Le bouchon de paille évoque le ravitaillement des chevaux, la fourchette signale les lieux où se sustenter. Classique, la coquille devient le repère universel pour les pèlerins sur la route de Saint Jacques de Compostelle.

Façades classées du restaurant Chez Julien
62 rue de l’Hôtel de Ville - 2 rue des Barres - Paris 4



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le Marais évolution d’un paysage urbain - Danielle Chadych - Parigramme
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme
Le guide du promeneur 4è arrondissement - Isabelle Brassart et Yvonne Cuvillier - Parigramme