De l’ancien Hôtel Hérouet édifié au début du XVIème siècle, dévasté par un bombardement en 1944, entièrement reconstruit dans les années 1970, il ne demeure d’origine que la tourelle d’angle au décor flamboyant. Ce dernier vestige authentique témoigne de l’élégance disparue d’un bâtiment construit à l’initiative de Jean Hérouet - parfois écrit Herouët - seigneur de Carrières, secrétaire en 1497 du duc d’Orléans, futur Louis XII. Contrairement à ce qu’affirment certaines sources, la maison n’a jamais fait partie du lotissement de l’hôtel Barbette ni du parc du cardinal Bertrand. La bâtisse originelle illustre avec panache le foisonnement de l’art ogival, courant qui précède la Renaissance italienne, et que les hôtels de Sens et de Cluny représentent encore dignement à Paris. La Maison Jean Hérouet est édifiée en parements de briques rouges et noires disposées en losanges. La pierre souligne les fenêtres à meneaux, le soubassement et les chaînes. L’édifice possède un certain cachet avec son décor raffiné, ses mansardes percées sous les combles, sa console sculptée et sa tourelle d’angle coiffée d’un toit en poivrière. Ce bel exemple des goûts architecturaux du début du XVIème siècle évoque les fonctions variées des échauguettes. A l’origine, points de surveillance des entrées, postes d’observation, elles offrent dans le Marais des aristocrates, un panorama piquant sur le spectacle de la rue. Les tourelles d’angle en encorbellement abritent souvent des cabinets ou des escaliers à vis. Une ordonnance de 1607 proscrit les surplombs et les saillies proscrits. La tolérance de l’administration cesse avec une seconde ordonnance de 1667 prise au lendemain du grand incendie de Londres. Et l’urbanisme parisien en fut bouleversé.
1840 Gravure |
1876 Dessinateur C. Ernoult |
1881 Dessinateur Michel Charles Fichot |
Vers 1900 |
1901 Photographe Eugène Atget |
1944 Après le bombardement |
1944 Après le bombardement |
1966 Avant la reconstruction |
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, à la suite de la reddition du général von Choltitz, les junkers de la Luftwaffe bombardent Paris du 26 au 27 août 1944. Le carrefour des rues des Francs-Bourgeois et Vieille-du-Temple est dévasté. En grande partie détruit, l’Hôtel Hérouet demeure longtemps dans un état préoccupant. Faute de crédits, l’édifice ravagé est consolidé sans être restauré. En 1949, un député suggère même sa démolition. Le Marais quartier jugé insalubre est menacé. Deux options se présentent raser et reconstruire ou rénover en tentant de préserver le patrimoine historique de Paris. En 1962, la loi Malraux confère au Marais le statut de premier secteur sauvegardé, afin qu’il soit protégé et valorisé. L’Hôtel Hérouet ne sera pas rasé. Il est finalement reconstruit au début des années 1970 mais sans ménagement pour les éléments subsistants. Désormais seule la tourelle d’angle est encore d’origine.
Hôtel Hérouet54 rue Vieille du Temple - Paris 3 / 42-44 rue des Francs-Bourgeois - Paris 4
Le Marais secret et insolite - Nicolas Jacquet - Parigramme
Le guide du promeneur 3è arrondissement - Isabelle Dérens - Parigramme
Sites référents
Base Mérimée
Internet Archive
Le Figaro
Enregistrer un commentaire