Paris : Jardin des Rosiers Joseph Migneret, discrète oasis en plein coeur du Marais - IVème



Le jardin des Rosiers Joseph Migneret, créé en 2007, achevé en 2014, est un havre de paix verdoyant à l'abri des regards. Aménagée en retrait de la rumeur urbaine, cette oasis de verdure au cœur du Marais est née de la réunion des jardins privés de trois beaux hôtels particuliers typiques du quartier datant du XVIIème siècle, les hôtels de Coulanges, Barbes et d'Albret. Appelé jardin Francs-Bourgeois-Rosiers à l'ouverture de la première parcelle en 2007, il a été renommé en 2014 jardin des Rosiers Joseph Migneret en l'honneur du directeur de 1920 à 1944 de l'école communale voisine 8-10 rue des Hospitalières Saint Gervais, résistant actif pendant la Seconde Guerre Mondiale, Juste parmi les nations qui sauva des enfants juifs de la déportation. Visite depuis l'entrée de la rue des Rosiers.











Labellisé Espace vert écologique EcoJardin, cet enclos végétal est un assemblage délicat de trois atmosphères différentes. Réunir ces différents espaces n'a pas été sans mal car la portion attenante à l'hôtel Barbes se trouve en surplomb par rapport aux deux autres parcelles. Véritable prouesse paysagère, cette mission a été confiée à la paysagiste Marie-Odile Ricard qui a imaginé trois espaces intimes aux vocations distinctes, trois carrés d'ambiance singulière.

Attenant à l'hôtel d'Albret, aujourd'hui siège de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, le troisième espace ouvert le 5 juillet 2014 est aussi le plus lumineux. La surface de 1095m2 se divise entre un jardin partagé entretenu par les riverains où les plantations ont été aménagées en espalier et une pelouse ensoleillée propice à la lecture. Massifs d'arbustes et verger miniature où croissent de petits pommiers complètent la végétation. 









Les vestiges classés de l'une des soixante-dix-sept tours de l'enceinte Philippe Auguste datant du XIIIème siècle donne un charme particulier à ce jardin évoquant curieusement plus les fabriques, ces fausses ruines en vogue au XVIIIème siècle, qu'un précieux témoignage historique médiévale. Attachée à l'hôtel d'Albret, cette tour a servi de salle à manger d'été puis de chapelle.

En 2014, la restauration a nécessité une minutieuse déconstruction, pierre par pierre, pour en extraire le tronc d'un ailante colonisateur, arbre d'ornement fort gracieux mais très invasif. La "mise en valeur" qui a suivi est un peu douteuse. Les plâtras grossiers décorés de fausses lignes de bloc font franchement toc et ne sont pas du goût de tous.

Située derrière l'hôtel Barbes, la deuxième parcelle plus enclavée compose un rectangle ombragé tapissé de céanothes qui rappele les sous bois avec deux arbres remarquables, un figuier rampant qui devrait être bientôt classé comme tel et un marronnier.









La première partie du jardin à laquelle les visiteurs accèdent depuis la rue des Francs-Bourgeois à travers le hall d'entrée de l'hôtel de Coulanges, aujourd'hui Maison de l'Europe, a été pensé comme un tapis vert réservé aux jeux d'enfants. Les touffes de graminées se déploient en masses bruissantes. La mélopée mêlée des fétuques pennisetum et cheveux d'ange répondent aux rangées de cannes de Provence. Boules d'hydrangéas, massif de cornus s'épanouissent dans les jeux d'ombre et de lumière. La parcelle ouverte en juillet 2007 sur 1040m2 est une vaste pelouse ombragée bordée d'arbres. Cornouillers blancs, orangers du Mexique, bouquets de bouleaux jouent avec les perspectives révélant peu à peu le bâtiment construit pour Jean-Baptiste Scarron entre 1627 et 1634, propriété de la famille de Coulanges de 1640 à 1662. 

De 1662 à 1703, l’hôtel de Coulanges de la rue des Francs-Bourgeois devient le petit hôtel Le Tellier du nom de son propriétaire. Selon les Mémoires du marquis de Sourches, madame Darbon y aurait élevé, à l'insu de Le Tellier, six des enfants de Louis XIV et de madame de Montespan. Edme Beaugier, un fermier général qui l'acquiert en 1703, fait démolir le bâtiment sur rue et le remplace par un mur percé d'un portail. Un nouvel édifice répondant à un nouvel alignement est édifié donnant à l'ensemble sa forme actuelle en 1707. Au cours du XIXème siècle, l'hôtel subit de nombreuses dégradations. En 1926 une partie des bâtiments sont inscrits au titre des Monuments historiques mais en 1961 un projet immobilier d'envergure le menace de destruction. La mobilisation des habitants du quartier sauve l'hôtel particulier et le 23 octobre 1961, il est réinscrit dans son intégralité à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. En 1972, la Ville de Paris en devient propriétaire et lance d'importants travaux de rénovation à partir de 1975. La Maison de l'Europe s'y établit en 1978.







Dans cette partie du jardin, la cheminée de l'ancienne Société des Cendres se dresse par dessus un mur annonçant son statut d'une des dernières usines du Marais du haut de ses 35 mètres. En 1859, les bijoutiers-joailliers parisiens créent La Société des Cendres une coopérative plus de 500 spécialistes des métaux précieux un outil commun de lavage des cendre leur permettant de limiter les pertes lors du processus de fabrication. Les déchets de leur production sont traités afin de récupérer les poussières de métal, rognures et limailles diverses qui seront filtrés pour être réutilisés. Le bâtiment industriel surmonté d'une cheminée construit en 1867 au 39 rue des Francs-Bourgeois est aujourd'hui occupé par la boutique du japonais Uniqlo.Il porte à son fronton la mention : Fonderie d'or et d'argent, traitement des cendres, essais et analyses. 

Jardin des Rosiers Joseph Migneret 
Accès 35-37 rue des Francs-Bourgeois ou 10 rue des Rosiers - Paris 4
Horaires : Ouvert tous les jours, à partir de 8h en semaine et 9h le week-end. Fermeture à 17h15 en hiver, 18h à la fin de l’hiver et à 19h en printemps-été.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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