Véronique, psychothérapeute, intègre un nouveau poste dans un hôpital de jour, centre pédiatrique qui reçoit des enfants et des adolescents en souffrance psychologique. À son arrivée, elle est frappée par le dessin d'une île bleue, oeuvre d'Orion, garçon de treize ans pris en charge pour des troubles psychotiques. Parmi ses missions, Véronique dispense notamment des cours dans la classe de quatrième du centre, fréquenté par Orion. Par jeu, les camarades de classe de ce dernier le tourmentent et tentent de le pousser à bout. Ces provocations déclenchent des crises de violence que le garçon attribue au "démon de Paris". La situation empire au point qu'il est question de renvoyer Orion du centre. Véronique intervient et propose de travailler aux côtés de l'adolescent. Dictée quotidienne dite "dictée d'angoisse", art, dessin, sculpture, désormais, elle se consacre quasi exclusivement à Orion. Cet engagement professionnel finit par avoir des répercussions sur sa vie personnelle.
Psychanalyste, Henry Bauchau (1913-2012) rencontre Lionel, adolescent psychotique, au Centre psychopédagogique de la Grande Batelière à Paris, en 1977. Ce roman publié en 2003 s'inspire de son expérience de thérapeute auprès de ce jeune garçon. Avec bienveillance, persévérance, Henry Bauchau emprunte la voie de la fiction pour dire l'attachement qui dépasse le cadre professionnel, les progrès comme les régressions, les combats et l'espoir tenace. Il évoque avec force, empathie et justesse, les rencontres déterminantes, la force de la thérapie par l'art pour surmonter les difficultés. L'expérience thérapeutique associée à la pratique artistique a donné naissance à la notion d'art brut, art naïf dit aussi "art des fous", défini par Jean Dubuffet (1901-1985) comme la production artistique de personnes exemptes de culture artistique, autodidactes détachés de toute influence extérieure.
Les dons créatifs ouvrent des voies de communication, capacités d'expression nouvelles. L'auteur vient souligner le travail sur le langage, l'orthographe à l'écrit, les néologismes improbables à l'oral. Orion n'utilise jamais le pronom "je" lui préférant un "on" générique, comme pour se distancier de sa propre parole. Le champ plastique prend le relai quand les mots font défaut. Les motifs picturaux posent des images sur les tourments, les frayeurs. Le monde intérieur d'Orion révélé par ses dessins éclaire un imaginaire foisonnant aux motifs récurrents, les labyrinthes et le mythe du Minotaure, les monstres, les paradis insulaires, les constellations.
Récit réaliste, émouvant, écriture épurée, Henry Bauchau explore la relation thérapeutique à ses jeunes patients, expérience de l'analyse et de la psychose, réflexion sur la prise en charge de la différence, la recherche de méthodes alternatives.
L'enfant bleu - Henry Bauchau - Éditions Actes Sud
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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