Paris : Passage Sainte Avoie (ou Saint-Avoye), vestiges de l'hôtel de Mesmes et souvenirs médiévaux - IIIème



Le passage Sainte Avoie, parfois mentionné comme le passage Saint Avoye, traverse en sinuant un ensemble de bâtiments du XIXème siècle. Pavé de frais, il suit l'ancien tracé de l'enceinte de Philippe Auguste dans la partie qui menait à la porte Sainte Avoye ou porte du Temple percée en 1280 et détruite vers 1535. Du 8 rue Rambuteau d'où il est parfois accessible en semaine grâce à une porte codée ouverte sur des galeries d'art et des commerces, le passage Sainte-Avoie débouche au 62 de la rue du Temple où subsistent de beaux vestiges. Bien qu'harmonieuses, la plupart des constructions n'ont pas d'intérêt historique mais les majestueuses arcades flanquées des reliquats du corps de logis de l'ancien hôtel de Mesmes datant du XVIème siècle, font tout le sel de cette incursion. Une grille imposante ferme l'accès du côté de la rue du Temple, préférer le côté rue Rambuteau pour tenter d'y entrer. 











Au XVIème siècle, l'hôtel particulier donnant sur la rue Sainte-Avoye - rattachée à la rue du Temple en 1851 - s'appelle Maison Maigret. Cadeau du roi Henri II à un éminent pair de France, cet édifice élégant est l'une des propriétés du très influent connétable Anne de Montmorency. Nommé commandant par Catherine de Médicis lors de la bataille de Saint Denis du 9 novembre 1567 entre les troupes catholiques et huguenotes - deuxième guerre de religion - Anne de Montmorency meurt de ses blessures dans cet hôtel le 12 novembre.

Début des années 1630, Henri de Mesmes, président à mortier du Parlement de Paris, héritier d'une dynastie de diplomates et de magistrats établie dès la fin du XVIème siècle dans le Marais, acquiert l'hôtel de Montmorency. Jean-Antoine de Mesmes (1661-1723) son successeur, y demeure jusqu'en 1712. Il le fait rénover par les architectes Pierre Bullet Germain Boffrand en 1704. En mai 1716, l'ensemble des bâtiments donnant sur la rue du Temple sont loués à John Law. Il y installe sa première banque avant de déménager rue Vivienne en 1719. Racheté par l'Etat en 1781, l'hôtel héberge des services administratifs liés aux impôts, perceptions et contributions indirectes, sous Louis XVI, la Révolution, le Premier Empire, le Directoire et la Restauration.









Lors du regroupement des services du ministère des Finances en 1825, tous réunis à l'hôtel des Finances du Mont Thabor, le terrain est loti, divisé. Le 7 mars 1826, la vaste propriété de l'hôtel de Mesmes est vendue par le domaine de l'Etat. Dès 1828, l'ouverture du passage Sainte-Avoie, sur 80 mètres de long et presque 9 mètres de large, entraîne la destruction partielle des bâtiments des hôtels de Mesmes et Angran d'Alleray. 

En 1838, le percement de la rue Rambuteau, validée par le préfet de la Seine, Claude-Philibert Barthelot de Rambuteau qui a pris ses fonctions en 1833, fait disparaître la plupart des vestiges de ces hôtels particuliers. Le préfet, dont le travail va inspirer plus tard Haussmann, met en pratique les théories hygiénistes de l'époque. En modifiant profondément le tissu urbain hérité de la ville médiévale, jugé mortifère, il cherche à élargir les rues étroites, faciliter la circulation. Autant de changements réalisés dans des buts affichés d'assainissement mais qui permettront également de mieux contrôler les mouvements de foule et les éventuelles barricades. 









Le passage Sainte-Avoie lors de sa création fait disparaître une grande partie des édifices de l'hôtel de Mesmes. Il prend le nom d'une congrégation religieuse voisine qui avait déjà permis de désigner la rue Sainte-Avoie absorbée par la nouvelle rue du Temple dont le tracé sera établi par décret ministériel du 18 février 1851. Notons au passage que Sainte Avoie, sainte martyre fêtée le 6 mai, aurait vécu vers 450 après JC. Prisonnière des Huns, la Vierge l'aurait secourue en venant la nourrir dans sa geôle. 

Néanmoins du côté de la rue du Temple, le passage Sainte-Avoie s'ouvre sur les rares vestiges de l'hôtel de Mesmes. L'entrée sous un arc majestueux en arcades est intégrée à un corps de logis en pierre de taille d'un étage, complété de combles brisées au-dessus de six grandes arcades entresolées. L'ancienne porte-cochère qui se trouvait dans l'arcade à gauche du passage actuel se devine encore ainsi que l'amorce de l'aile droite.

Passage Sainte-Avoie - Paris 3
Accès 8 rue Rambuteau - 62 rue du Temple 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le guide du promeneur 3è arrondissement - Isabelle Dérens - Parigramme 
Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments - Félix Lazare
Paris ancien et moderne; ou, Histoire de France divisée en douze volumes - Volume 2 - Jean de Marlès

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