Paris : Le VIIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales - Des Champs-Élysées à la place de la Concorde en passant par le Pont Alexandre III et le Grand Palais, de l'Arc de Triomphe au parc Monceau, jusqu'à l'église de la Madeleine et la Gare Saint Lazare



Le VIIIème arrondissement associe institutions du pouvoir, Palais de l'Élysées, Ministère de l'Intérieur, sept ambassades des pays du G20, et hauts lieux du luxe parisien, boutiques de l'avenue Montaigne, la rue Saint Honoré, ou encore les palaces tels que le Crillon, le Bristol, le George V, le Plaza Athénée, la Réserve Paris. La culture y joue un rôle déterminant. Les salles de spectacle s'y multiplient, théâtres des Champs-Élysées, Marigny, du Rond-Point, des Mathurins, de la Madeleine, auxquelles répondent des musées prestigieux, Nissim de Camondo, Cernuschi, Jacquemart-André, Hôtel de la Marine, Grand Palais et Petit Palais, Palais de la découverte. 

Au XIXème siècle, la réunion d'une partie de l'ancien Ier arrondissement et de trois hameaux originaux, le faubourg Saint Honoré, situé le long de l'actuelle rue Saint Honoré, Ville-l'Évêque et le village du Roule, constitue le VIIIème arrondissement vaste de 3,88km2. La loi du 16 juin 1859, qui annexe en 1860 les communes limitrophes au territoire de la Ville de Paris, détermine les frontières de ses quatre quartiers administratifs, Champs-Élysées, Faubourg du Roule, Madeleine et Europe. Façonnés par les rois, les empereurs, les présidents, l'État et la municipalité, ses lieux emblématiques sont connus dans le monde entier : avenue des Champs-Élysées, Arc de Triomphe, Gare Saint Lazare, Pont Alexandre III, parc Monceau, places de la Concorde, de l'Étoile, de l'Alma, boulevard Haussmann, boulevard Malesherbes, rue de la Boétie, églises Saint-Augustin, de la Madeleine, Saint Philippe du Roule. 

Les terres maraîchères du Moyen-Âge, disparaissent progressivement au cours du XVIIème siècle, au profit des projets du roi Soleil. En 1667, Louis XIV (1638-1715), sur le conseil de son ministre Colbert (1619-1683), prolonge les jardins des Tuileries, en une coulée verte qui deviendra "Champs-Élysées" en 1709. Au XVIIIème, les quartiers huppés éclosent dans la lignée du mouvement d'urbanisation de l'Ouest parisien. Des spéculateurs particuliers mènent à la suite du monarque des opérations immobilières fort lucratives. Les élites politiques, culturelles, économiques, séduites par l'importances des superficies à bâtir, s'y font construire de somptueux hôtels particuliers entre faubourg Saint Honoré et jardin des Champs Élysées, à l'instar de Nicolas Beaujon (1718-1786) financier, fermier général, conseiller d'état, qui fait aménager l'hôtel d'Évreux, futur Palais de l'Élysées, par l'architecte Etienne-Louis Boullée (1728-1799. Avant de faire appel à l'architecte Nicolas-Claude Girardin (1749-1786) en 1781, pour tracer les plans de la Folie Beaujon, domaine vaste de douze hectares entre le faubourg du Roule et l'Étoile, au croisement des actuelles rue Balzac et de Friedland, jusqu'en 1864 boulevard Beaujon. 

Les réalisations de Pierre Contant d'Ivry (1698-1777), rivalisent avec celles d'Ange-Jacques Gabriel (1698-1782) auteur des deux hôtels de la place Louis XV, de Jean-François Chalgrin (1739-1811) mais aussi d'Étienne-Louis Boullée (1728-1799) qui a aménagé l'hôtel d'Évreux pour Nicolas Beaujon puis réalisé entre 1762 et 1778 des résidences privées rue de la Ville-l’Évêque. 

Au XIXème siècle, l'expansion de la ville nourrit la spéculation immobilière. L'architecte Jacques Hittorff (1792-1867) joue un rôle important dans l'aménagement des Champs Élysées à partir de 1838, et bientôt Gabriel Davioud (1824-1881) s'illustre sous Napoléon III. Les banquiers, les industriels privilégient le VIIIème arrondissement. Les grandes familles, Pereire, Rothschild, Camondo, Jacquemart-André résident dans des demeures somptuaires entre Faubourg Saint Honoré et parc Monceau. Ernest Sanson (1836-1918) signe l'Hôtel d'Arenberg, l'Hôtel de Broglie, l'Hôtel de Ganay, l'Hôtel Schneider... Leur présence attire à leur suite les grandes maisons du luxe. Elles s'y multiplient afin de satisfaire les besoins de cette nouvelle haute bourgeoisie de l'argent. 

Les lotissements privés de l'Europe et de François Ier impriment durablement leur marque sur la topographie de la ville. Les règlements d'urbanisme du Faubourg Saint Honoré, restrictions des gabarit alignement des façades sur jardin, rapport régularisé entre hauteur et largeur de la voie déterminent encore de nos jours malgré de nombreuses destructions l'aspect général de l'arrondissement. Les anciennes résidences bourgeoises sont désormais occupées par des administrations, des ambassades, des musées, des sièges de grandes entreprises. Les mesures radicales de démolition au cours des années 1960-70, font apparaître des immeubles rutilants alors comble de la modernité, où se nichent les banques, les assurances. Les architectes Le Corbusier (1887-1965), André Laprade (1883-1978) prennent la relève de Paul Sédille (1836-1900), auteur des plans du Printemps Haussmann et d'Auguste Perret (1874-1954) qui a co-signé le théâtre des Champs-Élysées en 1913.  



1/ Parc Monceau
Accès 35 boulevard Courcelles - boulevard de Courcelles, avenue Vélasquez, avenue Van Dyck, avenue Ruysdael - Paris 8
Horaires d'ouverture : octobre à avril de 7h à 20h, mai à août 7h à 22h, septembre de 7h à 21h
Métro Monceau ligne 2

Le parc Monceau, superbe lieu de promenade, encensé par tous les Parisiens adeptes de verdure, recèle de pittoresques trésors. Remanié sous le Second Empire par l'ingénieur Adolphe Alphand et l'architecte Gabriel Davioud, cet espace vert public a conservé quelques vestiges des jardins romantiques imaginés par Carmontelle pour le duc de Chartres avant la Révolution. Fausses ruines, stèles, tombeau égyptien, colonnes grecques, naumachie évoquent les splendeurs passées des Folies qui s'élevaient dans le quartier de Monceau. Entouré d'hôtels particuliers, devenus aujourd'hui musées dans les meilleurs cas, ou bureaux, le parc Monceau est un joyau serti au coeur de Paris, un jardin prisé des enfants et des sportifs acharnés, un lieu d'inspiration pour les artistes de Claude Monet qui y a réalisé six tableaux évoqués ici, à Georges Braque, Paul Michel Dupuy, Georges d'Espagnat, Gustave Caillebotte, Roger Guit ou encore Henri Brispot.





2/ Musée Cernuschi
7 avenue Velasquez - Paris 8
Tél : 01 53 96 21 50
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés
Tarifs : Parcours collections permanentes gratuit
www.cernuschi.paris.fr
Métro Monceau ligne 2 / Villiers lignes 2, 3

Le Musée Cernuschi, second musée d’arts asiatiques en France, cinquième musée le plus important concernant les arts chinois en Europe, est réputé dans le monde entier. Ses collections exceptionnelles, particulièrement les bronzes archaïques, les statuettes funéraires des dynasties Han et Wei, les pièces Han et les céramiques des dynasties Tang à Song ont assis un prestige indéniable. A la lisière du parc Monceau, l’institution muséale est nichée dans un hôtel particulier de la fin du XIXème siècle édifié pour Henri Cernuschi (1820-1896). Financier, banquier, patron de presse et collectionneur d’art, cet homme au destin singulier fit don à sa mort de ses trésors et de l’édifice à la Ville de Paris afin qu’y soit constitué un musée à son nom. C'est chose faite en 1898. Depuis, le fond de l'établissement n'a cessé de croître. Le parcours permanent, accessible gratuitement, rend compte des phénomènes culturels transasiatiques de la Chine, à la Corée, au Japon jusqu’au Vietnam. Il souligne les points communs, les échanges artistiques et la diffusion des courants esthétiques tout en illustrant l’importance du rayonnement de la civilisation chinoise dans tout l’Extrême-Orient.




3/ Maison Loo
48 rue de Courcelles - Paris 8
Métro Courcelles ligne 2

La Maison Loo dresse sa silhouette singulière d’inspiration chinoise en plein cœur d’un quartier à l’esthétique très haussmannienne. Haute demeure de quatre étages, elle est l’héritage architectural légué à la Plaine Monceau par Ching Tsai Loo (1880-1957), marchand et collectionneur d’art asiatique. Lorsque l’homme d’affaires achète la bâtisse originelle en 1922, il s’agit d’un très classique hôtel particulier Napoléon III, établi sur seulement deux niveaux. Monsieur Loo qui a le sens de la communication confie la transformation de cet édifice à l’architecte Fernand Bloch (1864-1945). Il souhaite offrir un écrin à ses collections personnelles et faire rayonner son commerce, des galeries spécialisées dans l’art extrême-oriental. La Maison Loo, adaptation libre de l’architecture chinoise, est caractérisée par un enduit rouge ocre qui tranche avec panache sur la pierre de taille blonde du quartier. Administrée par une société privée, Pagoda Paris, la Maison Loo a abandonné ses projets culturels pour embrasser une vocation de salle dédiée aux événements privés.





4/ Immeubles de Jules Lavirotte
23 avenue de Messine et 6 rue de Messine - Paris 8
Métro Monceau ligne 2 / Miromesnil lignes 9, 13

Au 23 avenue de Messine et 6 rue de Messine, s’élèvent deux immeubles signés Jules Lavirotte (1864- 1929), figure majeure de l’Art Nouveau, architecte épris d’un symbolisme foisonnant. Son travail est distingué à trois reprises lors du concours annuel de façades de la Ville de Paris : l’immeuble Lavirotte de l’avenue Rapp en 1903, le Ceramic Hotel en 1904 et enfin pour l’hôtel particulier du 23 avenue de Messine. La façade primée en 1907 plus classique laisse présager un tournant dans sa vision esthétique. A partir de 1907, il renonce aux fantaisies exubérantes de l’Art Nouveau, pour suivre une voie plus assagie, une recherche plastique moins flamboyante. 




5/ Musée Jacquemart-André (fermé pour rénovation jusqu'en septembre 2024)
158 boulevard Haussmann - 75008 Paris
Tél : 01 45 62 11 59
Horaires : Ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h. Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition. Dernière admission 30 minutes avant la fermeture du musée. 
Métro Miromesnil lignes 9, 13

Le Musée Jacquemart-André, souvent comparé à la Frick collection de New York, a conservé cette atmosphère singulière de grande maison du Second Empire. Cette demeure privée devenue musée selon le souhait posthume de ses propriétaires, Edouard André et son épouse Nélie Jacquemart, possède la particularité de présenter un ensemble d'oeuvres exceptionnelles dans le cadre originel imaginé par ces grands collectionneurs du XIXème siècle. La disposition des lieux jamais modifiée éclaire à la fois la passion commune pour l'art qui liait le couple et le faste de la haute bourgeoisie de la Belle Époque. Salons d'apparat où se déroulaient de grandioses réceptions, escalier d'honneur monumental, coquet jardin d'hiver, appartements privés figés dans le temps ont trouvé de nos jours une nouvelle vocation, celle d'espaces d'exposition publique. Peintres toscans, artistes de la Renaissance florentine et vénitienne, primitifs flamands, mobilier du XVIIIème siècle aux estampilles prestigieuses, Edouard André et Nélie Jacquemart ont consacré leur vie et leur fortune à réunir ces oeuvres. Légué à son décès en 1912 par Nélie Jacquemart-André à l'Institut de France, le Musée Jacquemart-André est géré par la société Culturespaces depuis 1995. 




6/ Gare Saint Lazare
13 rue d’Amsterdam - Paris 8
Horaires d’ouverture : de 5h à 1h15
Métro Gare Saint Lazare lignes 3, 12, 13, 14

La Gare Saint Lazare, plus ancienne gare parisienne, fut tout d’abord un embarcadère construit en 1837 devant la place de l’Europe, tête de ligne du réseau ferré issu de la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest, point de départ d’une ligne originelle Paris-Saint-Germain-en-Laye. Depuis sa création, elle n’a cessé de se transformer, de se réinventer afin de s’adapter au nombre croissant de voyageurs et aux enjeux de la modernité. Aujourd’hui, deuxième gare de la Capitale en termes de trafic, deuxième en Europe également, elle est fréquentée chaque jour par 450 000 voyageurs. Aux heures de pointe, un train en part toutes les vingt-huit secondes. La Gare Saint Lazare dispose d’un vaste éventail de lignes qui desservent la Normandie et la banlieue parisienne de Pontoise à Ermont au nord jusqu’à Versailles au sud. Implantée dans un environnement urbain très dense, inscrite au titre des monuments historiques, elle a entamé en 2009 une nouvelle mue, sous l’impulsion du projet pharaonique Demain Saint Lazare. Une modernisation qui prolonge sa vocation historique à la pointe du progrès.





7/ Ancienne brasserie "Au Roi de la Bière Jacqueminot-Graff"
119 rue Saint-Lazare - Paris 8
Métro Gare Saint Lazare lignes 3, 12, 13, 14

Au 119 rue Saint-Lazare, une maison alsacienne, pastiche imaginé par un restaurateur strasbourgeois à la fin du XIXème siècle, contraste avec les lignes classiques tout en monumentalité des immeubles haussmanniens. Le décor baroque de cette étroite façade fait un pied de nez à l’esthétique Second Empire du quartier. Cette curiosité architecturale abonde dans les détails cocasses, cigogne perchée sur la cheminée d’un toit en pignon, briques et pans de bois, fenêtres à petits carreaux, menus personnages à la mine réjouie. Elle est dotée de surcroît d’une statue ventrue de Gambrinus, bock levé à la santé des passants, le fameux « Roi de la Bière » qui a donné son nom à l’établissement d’origine. Ce personnage issu du folklore des Flandres est devenu l’icône universelle des zytophiles, les amateurs de bière. Situation cocasse pour un bâtiment partiellement classé, l’ancienne brasserie au décor alsacien abrite depuis 1998 une franchise McDonald. Le décalage ne manque pas de piquant.





8/ Chapelle Expiatoire
29 rue Pasquier - Paris 8
Tél : 01 42 65 35 80
chapelle-expiatoire.fr
Métro Saint Augustin ligne 9

La Chapelle Expiatoire, monument commémoratif en mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, a été érigé à l’emplacement d’un ancien charnier révolutionnaire. Durant la Terreur, les dépouilles des guillotinés de la place de la Révolution, notre actuelle place de la Concorde, étaient transportés discrètement au cimetière de la Madeleine. Mille-trois-cents victimes ont été jetées dans des fosses communes. Parmi les plus célèbres Louis XVI exécuté le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette le 16 octobre 1793, ainsi que leur cousin Philippe d’Orléans, la comtesse du Barry, Charlotte Corday, Olympe de Gouges, les députés girondins et les gardes Suisses tombés lors de l’assaut des Tuileries le 10 août 1792. Cette chapelle mémorielle, construite aux frais du roi Louis XVIII et de la duchesse d’Angoulême, est désignée sous une dénomination impropre. En effet, le titre « expiatoire » aurait dû qualifier l’église de la Madeleine, qui à la chute de l’Empire, devait selon le souhait formulé en août 1816 par le roi Louis XVIII, devenir un monument à la mémoire de Louis XVI, de la reine Marie-Antoinette et de Madame Élisabeth, et être édifiée au frais de la Nation à titre d’expiation pour les crimes de la Révolution.  





9/ Aux Tortues
55 boulevard Haussmann / 35-37 rue Tronchet - Paris 8
Métro Havre-Caumartin lignes 3, 9

Aux Tortues, maison disparue remplacée par la succursale Paul, chaîne de boulangerie bien connue, a conservé son ancienne devanture datant de 1910. A l’angle du boulevard Haussmann et de la rue Tronchet, le site est remarqué par les Monuments historiques, avec une inscription par arrêté du 6 août 1975 suivie d’un classement le 23 mai 1984. La boutique originelle, fondée par Léonidas Garland entre 1861 et 1864, se spécialise dans la vente d’objets en ivoire et en écaille de tortue. Les frères Garland à la tête d’une entreprise d’importation, commercent avec les colonies françaises où ils sélectionnent des artefacts variés. Sous le Second Empire, les élites et les artistes se prennent d’intérêt pour les objets d’inspiration asiatique et africaine - vague du Japonisme, curiosité pour « l’art nègre ». La Maison de l’écaille dite aussi Maison Aux Tortues propose éléments de décoration, brosses, peignes, éventails, nécessaires de voyage et autres accessoires susceptibles de plaire aux élégantes Belle Epoque. La société des frères Garland connaît un essor remarquable. Elle développe une succursale à Vichy et ancre son dépôt à Trouville sous l’enseigne Maison Bataille au 46 rue de Paris.





10/ Galerie de la Madeleine
Accès 9 place de la Madeleine / 30 rue Boissy-d’Anglas
Métro Madeleine lignes 8, 12, 14

La galerie de la Madeleine, l’un des derniers passages couverts édifié à Paris, témoigne du développement, à partir de 1835, du quartier de la Madeleine, rendez-vous des élégances. Alors que les travaux d’agrandissement de la place de la Madeleine débutent, est initiée en 1840 une opération immobilière menée par la Société du passage Jouffroy à l’origine des passages Verdeau et Jouffroy. Les promoteurs achètent les terrains à l’angle de la place de la Madeleine, de la rue Royale jusqu’au boulevard Malesherbes. A partir de 1842, l’édification d’un ensemble d’immeubles de rapport élégants est confiée à l’architecte Théodore Charpentier. Très satisfait de son ouvrage, il grave son nom sous la clé de voûte de l’arcade de l’entrée principale de la galerie de la Madeleine qui voit le jour à cette occasion.





11/ Passage Puteaux
Accès 31 rue de l’Arcade - 28 rue Pasquier - Paris 8
Métro Madeleine lignes 8, 12, 14

Le passage Puteaux, discret chemin de traverse au charme hors du temps, connaît un destin florissant depuis quelques années grâce aux jolis bistrots qui s’y sont installés. Quelques bureaux et de coquettes terrasses abritées des intempéries ponctuent ce passage couvert méconnu, l’un des plus courts de Paris avec ses 29 mètres de long. Les six travées délimitées par des pilastres sont occupées par des surfaces vitrées propices à l’établissement de vitrines ou devantures marchandes. Si le décor bien conservé paraît d’une relative simplicité, les détails soignés, tels ces chapiteaux au dessin élégant, enjolivent l’allée dont la verrière sans fioritures ne couvre que la moitié. Inauguré en 1839, le passage Puteaux est le fruit d’une opération immobilière menée par le célèbre promoteur parisien dont il porte le nom, Louis Puteaux (1780-1864). Comptant parmi les fondateurs du village des Batignolles, très actif dans le domaine des logements sociaux aux portes de Paris, il investit également dans des projets plus luxueux parmi lesquels quarante maisons dans le nouveau quartier de la Madeleine.





12/ Hôtel de la Marine
2 place de la Concorde - Paris 8
Horaires : Ouvert lundi, mercredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h (fermeture de la billetterie à 18h15) - Mardi de 10h30 à 14h - Jeudi de 12h00 à 19h
Métro Concorde lignes 1, 8, 12

Entre l’avenue des Champs-Élysées et le jardin des Tuileries, l’Hôtel de la Marine a rouvert ses portes le 12 juin 2021, place de la Concorde. Sous la houlette du Centre des Monuments Nationaux, l’ensemble architectural du XVIIIème siècle signé Jacques-Ange Gabriel (1698-1782), premier architecte du roi Louis XV, a été réinventé en lieu de culture propice à la déambulation. L’édifice iconique du Siècle des Lumière, vaste de douze mille mètres carrés dont la moitié ouverte aux visiteurs, sera désormais dévolu à une mission pédagogique auprès d’un large public. Ce nouveau pôle d’attractivité muséal célèbre le savoir-faire de l’artisanat français. Ancien Garde Meuble royal, Etat-major de la Marine durant deux-cent-vingt-cinq ans, lieu où fut signé le décret d’abolition de l’esclavage en 1848, l’Hôtel de la Marine émerge tout juste d’une restauration d’envergure. Les trois parcours proposés familiarisent les visiteurs avec l’histoire de ce palais. Le circuit des marins à travers les salons d’apparat du XIXème siècle et la loggia se combine avec le parcours des intendants du Garde Meuble de la Couronne le long des appartements privés du XVIIIème siècle, en une troisième proposition, le grand tour. Le dispositif de médiation baptisé « le Confident » fait revivre au fil de ces différentes alternatives les riches heures d’une époque fastueuse et troublée. La cour d’honneur traversante entre la rue Royale et la place de la Concorde demeure accessible librement.




13/ Obélisque de Louxor
Place de la Concorde - Paris 8
Métro Concorde lignes 1, 8, 12

L’Obélisque de Louxor, plus vieux monument de Paris, domine de ses trente-trois siècles élégants la place de la Concorde. Dressé au cœur de la Capitale le 25 octobre 1836, classé au titre des monuments historiques en 1936, le périple rocambolesque qui l’a conduit en France depuis l’Égypte, sa terre natale, alimente encore la légende. Son histoire débute à Thèbes en 1250 avant JC. L’Obélisque en granit rose d’Assouan est dressé avec son double devant le temple de Louxor construit sous Aménophis III. Hommage au dieu Amon, le monolithe, 229 tonnes, et 23 mètres de hauteur, symbolise un rayon de soleil. Au centre de la place de la Concorde, il marque de son ombre les déplacements du soleil, gnomon d’un cadran solaire identifié au sol par des incrustations de métal.





14/ Fontaines de la place de la Concorde
Place de la Concorde - Paris 8
Métro Concorde lignes 1, 8, 12

Les Fontaines de la place de la Concorde illustrent avec élégance l’histoire de l’architecture, des techniques et de l’eau dans la ville. Entre 1836 et 1846, sous le règne de Louis-Philippe, l’ancienne place Louis XV, est profondément réaménagée. Le préfet Rambuteau charge l’architecte Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867) précurseur de la ville moderne, de donner un nouveau visage à la plus vaste place de Paris. Par manque de moyens, ce dernier qui souhaite ajouter quatre fontaines en fonte, doit se contenter de deux disposées de part d’autre de l’obélisque de Louxor érigé le 25 octobre 1836. au coeur de la capitale française. Ces fontaines font partie des éléments de la place de la Concorde classés aux Monument historiques par arrêté du 23 août 1937, avec le sol, les statues, les pavillons, les balustrades, les colonnes rostrales et les lampadaires. Leur opulent programme décoratif, ponctué de nombreuses allégories, célèbre les fleuves et les mers, sources de richesses pour le pays.





15/ Pavillon Élysées
Jardin des Champs Élysées 
11 avenue Gabriel - Paris 8
Métro Champs Élysées Clemenceau lignes 1, 13

Le Pavillon Élysée, depuis 2018 Pavillon Élysée Té, espace de réception Belle Époque, se trouve dans les jardins des Champs-Élysées, juste en face de l'Hôtel d'Évreux, aujourd'hui Palais de l'Élysées et résidence officielle du président de la République. Concession de la Ville, le pavillon édifié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900, a connu, après un temps d'abandon dans les années 1970, une reprise heureuse par la Maison Lenôtre en 1984. Depuis 2018, devenu Pavillon Té Élysées, établissement de l'entreprise Té créateur d'instants, le lieu est consacré aux événements privés, du mariage au séminaire. Il dispose de cinq salons, pouvant accueillir jusqu'à cinq-cents invités.




16/ Jardin du Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill - Paris 8
Tél: 01 53 43 40 00
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h00 et fermeture des salles à partir de 17h45)
Fermé le lundi et certains jours fériés - Le café du musée ferme ses portes à 17h00
Métro Champs Élysées Clemenceau lignes 1, 13

Le jardin du Petit Palais, cœur d'un cadre idyllique, exubérant jardin exotique, est accessible gratuitement, ainsi que les collections permanentes du Musée des Beaux-Arts de la Ville. Edifié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900, le Petit Palais est l'oeuvre de l'architecte Charles Girault (1831-1932). Très influencé par l'Italie, il développe à travers cet ouvrage une forme de classicisme inspirée du baroque. Portail plein cintre et dôme comme en écho aux Invalides tout proches, sa ressemblance avec l'Opéra de Saigon au Vietnam, construit à la même époque est assez frappante. Erigé sur une parcelle en triangle, le Petit Palais s'ordonne en quatre corps de bâtiment autour d'un jardin semi-circulaire entouré d'un élégant péristyle. Pierre, marbre, béton, brique alliée à la fonte, plafonds peints, sols en mosaïque de marbre, ferronnerie d'art exceptionnelle, le Musée de la Ville de Paris se pare de tous les apparats d'un décor précieux réalisé entre 1903 et 1925 dans le style Beaux-Arts. 




17/ Maison Ferry
1 rue Bayard – Paris 8
Métro Champs Élysées Clemenceau lignes 1 et 13

La Maison Ferry, au 1 rue Bayard, se trouve à deux pas des Champs-Élysées, de l’avenue Montaigne, du Grand Palais, de la Tour Eiffel. Quartier cossu, belles demeures, l’une de ses façades donne sur la promenade le long de la Seine ouverte par Marie de Médicis en 1618, ancien tronçon du cours la Reine. Cette portion détachée à la suite d’une décision municipale prend le nom de Cours Albert Ier en 1918, en hommage au roi des Belges. La rue Bayard percée en 1823 est lotie tardivement. En 1846, le peintre Léon Riesener (1808-1878) fait construire un petit immeuble sur la parcelle située au numéro 1 de la voie. Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione Colonna (1836-1876) connue comme artiste sous le pseudonyme Marcello y loue un appartement en 1859. Ce bâtiment disparaît à la fin du XIXème siècle pour faire place à l’édifice actuel, à l’origine hôtel particulier de la famille Ferry. L’immeuble d’angle est édifié à la fin des années 1880 pour Charles Ferry (1834-1909), banquier, préfet, politicien, député des Vosges, sur les plans de l’architecte Charles Frédéric Mewès (1858-1914).



18/ Pont Alexandre III
Métro Champs Élysées Clemenceau lignes 1, 13

Le Pont Alexandre III, nommé en hommage au tsar signataire de l’alliance conclue entre la Russie et la France du président Sadi Carnot en 1891, célèbre l’amitié retrouvée de deux pays longtemps ennemis. Véritable ouvrage d’art et plus prosaïquement pont routier, il relie l’esplanade des Invalides à l’avenue Winston Churchill dans une perspective savamment orchestrée par ses concepteurs. Ce chef-d’œuvre de technologie inauguré en 1900 à l’occasion des cérémonies d’ouverture de l’Exposition Universelle allie la majesté des proportions et l’élégance d’un très riche décor. Celui-ci dissimule les éléments de charpentes et masque les articulations de la structure. Dix-sept artistes parmi les plus doués de leur génération ont collaboré afin de parer le pont d’ornementations sur le thème "histoire de France et motifs maritimes". Le Pont Alexandre III est souvent mentionné par les touristes et les autochtones, comme le plus beau pont de Paris ou du moins l’un des plus emblématiques. A cheval sur la Seine, sa situation géographique exceptionnel offre aux promeneurs un point de vue unique sur la courbe de la Seine vers la Tour Eiffel. Labellisé Patrimoine du XXème siècle, le Pont Alexandre III est classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 29 avril 1975.




19/ Immeuble Watel
30 avenue Marceau - Paris 8
Métro Alma-Marceau ligne 9

L’immeuble Watel au 30 avenue Marceau, dans le VIIIème arrondissement, a été construit entre 1912 et 1914 sur les plans de l’architecte André Granet (1881-1974) pour le compte de l’homme d’affaires Paul Watel. Dans un style de transition entre Art Nouveau et Art Déco, l’imposante bâtisse associe les motifs liés à la nature de l’un aux éléments monumentaux de l’autre. Deux ailes en fer à cheval encadrent un corps central en retrait. L’intervention du sculpteur Léon Binet (1891-1971) confère une élégance particulière à la façade. Motifs de pommes de pin et de branchages, de coquilles, d’oiseaux et guirlandes de fleurs stylisées, finement sculptés en relief composent un programme décoratif remarquable. Au fronton de la coiffe qui couronne le corps central, se déploie un large bouquet. Les fenêtres voutées sont ourlées de garde-corps ouvragés. Les ferronneries signées Émile Robert (1860-1924) se parent de paons aux balcons du troisième et quatrième étages. Une belle marquise marque l’entrée principale. Les vitraux de Champigneulle complètent un opulent décor. Lors de la construction, système d’eau chaude, monte-charge, ascenseur équipent l’immeuble du 30 avenue Marceau à la pointe de la modernité et de la technologie.  





20/ Ceramic Hotel
34 avenue de Wagram - Paris 8
Métro Ternes ligne 2

Le Ceramic Hotel illustre les principes esthétiques flamboyants d’une architecture Art Nouveau parisienne. Oeuvre de l’architecte Jules Lavirotte (1864-1929), dont la quête de reconnaissance le pousse à multiplier les coups d’éclat, ce singulier bâtiment est inauguré en 1904. Son exubérance dans un goût très Modern Style laisse déjà à l’époque les badauds perplexes. Jules Lavirotte signe une prouesse technique à l’apparence remarquable. La façade de céramique entièrement revêtue de grès flammé polychrome et de briques vernissées, dissimule une structure de béton armé établie selon le système Cottancin. Lauréate du concours de façades de la Ville de Paris en 1905, son décor foisonnant a été réalisé en collaboration avec le céramiste Alexandre Bigot (1862-1927) et le sculpteur Camille Alaphilippe (1874-après 1940) sculpteur et céramiste qui deviendra en 1914 le directeur de la manufacture de grès flammés de Bigot à Mer dans le Loir-et-Cher. Toitures et façades sont inscrites à l’inventaire des Monuments historiques par arrêté du 17 juillet 1964. Le Ceramic Hotel, appellation tardive, désormais Elysées Ceramic Hotel, a été distingué par le label Patrimoine du XXème siècle. Les intérieurs de cette halte trois étoiles, entièrement repensés, n’ont plus rien d’originel mais l’édifice conserve sa curieuse allure organique.