Paris : Tombe d'Allan Kardec au Père Lachaise, rituel magique autour du dolmen sous lequel repose le fondateur de la doctrine spirite - XXème

 

La tombe d’Allan Kardec, fondateur de la philosophie spirite, fait l’objet d’un rituel curieux supposé exaucer les vœux et inspirer les artistes. Le monument couvert de fleurs est l’un des plus visités du cimetière du Père Lachaise. La sépulture située, à l’angle de l’avenue des Combattants Etrangers entrée Gambetta et du chemin Quinconce, 44ème division, attire de nombreux visiteurs du monde entier et tout particulièrement Brésiliens, sensibles à la doctrine spirite. D’après les pèlerins, le défunt aurait prononcé cette phrase : « Après ma mort, si vous passez me voir, posez la main sur la nuque de la statue qui surplombera ma tombe, puis faîtes un vœu. Si vous êtes exaucé, revenez avec des fleurs. » Il semblerait néanmoins qu’elle soit erronée voire tout à fait apocryphe. Le rituel d’imposition des mains inventé d’après une fausse citation connaît cependant un engouement remarquable. Allan Kardec, homme de science et de méthode, n’aurait probablement pas approuvé cette pratique relevant de la superstition. Le mausolée porte au fronton une devise : « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi ». Au cœur de ce dolmen de granit se trouve un buste de bronze réalisé par le sculpteur Paul-Gabriel Capellaro (1862-1956). Le socle de la sculpture porte un aphorisme sibyllin : « Tout effet a une cause. Tout effet intelligent a une cause intelligente. La puissance de la cause est en raison de la grandeur de l’effet ».








Hippolyte Léon Denizard Rivail (1804-1869), féru de sciences sociales et de philosophie, enseigne un temps la chimie, la physique, l’astronomie. Il rédige des méthodes d’apprentissage. Dans les années 1830, il dirige une école avec son épouse Amélie Boudet, institutrice. Mais cette carrière de pédagogue tourne court, faute de moyens financiers.

Aux Etats-Unis, les sœurs Fox développent à partir de 1847 un ensemble de pratiques qui permettraient selon elles de communiquer avec les défunts. Ces méthodes se diffusent en Europe, et tout d’abord en Angleterre, par l’entremise de médiums qui organisent des séances de « spiritualisme moderne » lors d’une tournée en 1852. En France, le mesmérisme, le swedenborgisme et le fouriérisme séduisent déjà les élites du Second Empire. 

En 1850, Léon Rivail a abandonné l’enseignement pour le music-hall. Il est alors régisseur de spectacles d'illusion au carré Marigny, sous la direction du physicien-prestidigitateur Henri Lacaze. Il travaille ensuite comme administrateur et contrôleur du théâtre des Funambules et du théâtre des Délassements-Comiques. Entre 1854 et 1857, il est employé chez Pélagaud, un éditeur libraire, spécialiste des livres de dévotion catholique. Il écrit dans le journal de Louis Veuillot, polémiste catholique, « L'Univers ». 

A l’instar de ses contemporains, Léon Rivail s’intéresse aux phénomènes paranormaux. A partir de 1855, il organise des séances de tables tournantes. Convaincu de la réalité de la réincarnation, il prend alors le pseudonyme d’Allan Kardec, le nom qu’il portait selon lui lors d’une vie antérieure alors qu’il était druide. Il prétend appliquer une méthodologie scientifique à l’étude des manifestations, désignées sous les vocables de « phénomènes magnétiques », phénomènes de spiritualisme », et toute forme de tentative de communication avec les défunts. Son objectif est d’ériger la discipline au rang de science mais également de prouver qu'il existe une vie après la mort. 








En 1857, Allan Kardec invente le terme spiritisme pour désigner sa doctrine qu’il théorise à travers cinq ouvrages au succès international parmi lesquels les plus connus « Le livre des esprits », publié en 1857 et « Le livre des médiums » qui paraît en 1861. Dans le même temps, il fonde en 1858 « La Revue spirite » toujours en activité et publiée dans plusieurs langues. De nombreux contemporains sont séduits par la doctrine spirite. Théophile Gautier, Arthur Conan Doyle, Charles Baudelaire, également Victor Hugo, en exil à Guernesey, qui fait tourner les tables pour entrer en contact avec Léopoldine, sa fille défunte. 

Allan Kardec meurt en 1869 à la suite d’un anévrisme. Sa sépulture devient un lieu de pèlerinage pour ses émules du monde entier. Le mouvement spirite assez peu développé en France se répand en Amérique Latine, notamment au Brésil, où il trouve écho dans une culture locale. Les écrits d’Allan Kardec très populaires donnent naissance à des associations, des revues. La pratique du spiritisme est parfois considérée comme une religion.

Tombe d’Allan Kardec 
44ème division - Angle de l’avenue des Combattants Etrangers entrée Gambetta et du chemin Quinconce
Cimetière du Père Lachaise - Paris 20

Père Lachaise
Entrée principale : 8 boulevard de Ménilmontant - Paris 20
Horaires d’ouverture :
- De novembre à mi-mars : du lundi au vendredi de 8h à 17h30 - le samedi de 8h30 à 17h30 - le dimanche et les jours fériés de 9h à 17h30 
- De mi-mars à octobre : du lundi au vendredi de 8h à 18h - le samedi de 8h30 à 18h - le dimanche et les jours fériés de 9h à 18h 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.