Paris : Galerie de la Madeleine, atmosphère surannée, élégance préservée de l'un des passages couverts les plus récents - VIIIème



La galerie de la Madeleine, l’un des derniers passages couverts édifié à Paris, témoigne du développement, à partir de 1835, du quartier de la Madeleine, rendez-vous des élégances. Alors que les travaux d’agrandissement de la place de la Madeleine débutent, est initiée en 1840 une opération immobilière menée par la Société du passage Jouffroy à l’origine des passages Verdeau et Jouffroy. Les promoteurs achètent les terrains à l’angle de la place de la Madeleine, de la rue Royale jusqu’au boulevard Malesherbes. A partir de 1842, l’édification d’un ensemble d’immeubles de rapport élégants est confiée à l’architecte Théodore Charpentier. Très satisfait de son ouvrage, il grave son nom sous la clé de voûte de l’arcade de l’entrée principale de la galerie de la Madeleine qui voit le jour à cette occasion.












Très différentes, les deux entrées du passage couvert doivent leur allure singulière aux impondérables de la construction. Lors des travaux, le choix est fait de préserver intégralement l’immeuble du XVIIIème siècle qui donne sur la rue de la Madeleine, notre actuelle rue Boissy-d’Anglas. Un porche arrondi est percé à travers le bâtiment existant et doté d’une double devanture en bois en harmonie avec le reste de la façade. Cette entrée moins haute que le reste de la galerie a donné naissance à l’intérieur au motif de la loggia avec ses panneaux de bois sculptés. 

Le traitement des volumes, le soin particulier accordé aux détails, décor en bois à l’intérieur et à l’extérieur des boutiques, plafonds, prolonge cette impression de luxe. Au sol, le motif en noir et blanc des carreaux de mosaïque accentue la profondeur dans un effet d’optique classique. La verrière divisée en panneaux s’appuie sur des arcs-boutants élégants qui la dissimulent au regard dans la perspective.

Sur la place de la Madeleine, l’entrée se fait par l’immeuble contemporain de la galerie dont la dimension monumentale trouve un bel écho avec l’urbanisme grandiose des lieux. Le décor sculpté de Jean-Baptiste Klagmann, deux gracieuses cariatides, ajoute à la richesse architecturale de l’ensemble. 









La galerie de la Madeleine connaît un certain succès dans les premiers temps. Elle profite de de l’animation de la cour du Retiro, terminus d’une ligne de diligences situé au 35 rue Boissy-d’Anglas. Récemment, la cité du Retiro, propriété du groupe Qatar Investment Authority, siège sociale de Cartier, a été reconstruite par l’architecte Ricardo Bofill. Avec la disparition des services de diligences au profit notamment du train, la galerie ne prospère que peu de temps. Dès 1878, elle est boudée par le public et alors que la fréquentation diminue, les boutiques réduisent leur activité. Les commerces les plus élégants désertent les lieux.

En 1931, Jean Delage dans L’Écho de Paris fait un triste constat : « Les verrières sont encrassées et ne laissent passer qu’une lumière pauvre […] le pavage à damier noir et blanc où bien des carreaux manquent, où les hauts talons pourraient en se tordant blesser de jolis pieds. La pluie traverse la voûte mal entretenue et vient ajouter ses flaques à la laideur du sol. Ces vieux lampadaires de bronze qui, jadis, supportaient la flamme en papillon vacillante du gaz sont désaffectés, salis… Quelques boutiques vivent. Un coiffeur donne, seul, un peu de gaieté avec une boutique claire et son enseigne. Mais l’ensemble est mort. »







Façades sur rues et sur passage, le sol et les verrières de la galerie inscription, sont protégés, l’inscription à l’inventaire des Monuments historique par arrêté datant du 9 mars 1987. De nos jours, cette propriété privée ouverte au public ronronne tranquillement, raccourci apprécié des Parisiens. Les petits commerces, lieux de restauration, commerces de bouches, boutiques variées y côtoient des enseignes de luxe tandis que le restaurant Lucas Carton y possède une discrète entrée bar.

Galerie de la Madeleine - Paris 8
Accès 9 place de la Madeleine / 30 rue Boissy-d’Anglas



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris et ses passages couverts - Guy Lambert - Editions du patrimoine Centre des monuments nationaux
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Editions Hachette
Passage couverts parisiens - Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois - Editions Parigramme

Sites référents