Paris : Chapelle Expiatoire, monument commémoratif à la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette - VIIIème

 

La Chapelle Expiatoire, monument commémoratif en mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, a été érigé à l’emplacement d’un ancien charnier révolutionnaire. Durant la Terreur, les dépouilles des guillotinés de la place de la Révolution, notre actuelle place de la Concorde, étaient transportés discrètement au cimetière de la Madeleine. Mille-trois-cents victimes ont été jetées dans des fosses communes. Parmi les plus célèbres Louis XVI exécuté le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette le 16 octobre 1793, ainsi que leur cousin Philippe d’Orléans, la comtesse du Barry, Charlotte Corday, Olympe de Gouges, les députés girondins et les gardes Suisses tombés lors de l’assaut des Tuileries le 10 août 1792. Cette chapelle mémorielle, construite aux frais du roi Louis XVIII et de la duchesse d’Angoulême, est désignée sous une dénomination impropre. En effet, le titre « expiatoire » aurait dû qualifier l’église de la Madeleine, qui à la chute de l’Empire, devait selon le souhait formulé en août 1816 par le roi Louis XVIII, devenir un monument à la mémoire de Louis XVI, de la reine Marie-Antoinette et de Madame Élisabeth, et être édifiée au frais de la Nation à titre d’expiation pour les crimes de la Révolution.  











La Chapelle Expiatoire est construite sur les terrains de l’ancien cimetière de la Madeleine, ouvert en 1721, à la suite de la fermeture de la nécropole voisine transformée en Marché d’Aguesseau. Outre les cents-soixante inhumations par an, il accueille alors les cents-trente-deux victimes d’un mouvement de foule meurtrier lors du feu d'artifice tiré pour célébrer le mariage du dauphin futur Louis XVI et de sa jeune épouse le 30 mai 1770 sur la place Louis-XV.

Sous la Terreur, la position géographique du cimetière permet d’établir un charnier discret au cœur de la ville. Pierre-Louis Ollivier Desclozeaux, avocat royaliste résidant dans un appartement du 48 de la rue d’Anjou dont les fenêtres donnent sur le cimetière, tient registre. Soutenu dans son entreprise par une groupe de fidèles, il note jour après jour l’identité des mille-trois-cents-quarante-trois victimes et l’emplacement des fosses communes. 

En 1794, à la suite d’un décret interdisant la présence de nécropoles en milieu urbain, les petits cimetières paroissiaux attenants aux églises sont fermés. Les terrains du cimetière de la Madeleine sont lotis. En 1802, Pierre-Louis Ollivier Desclozeaux rachète les parcelles identifiées comme étant celles où les souverains français ont été ensevelis.

Lorsqu’en 1814 la Monarchie est rétablie, Louis XVIII, frère de Louis XVI, souhaite donner une sépulture décente au couple royal guillotiné. Grâce à l’intervention d’Ollivier Desclozeaux qui identifie les fosses communes où ont été jetées les dépouilles royales, les restes sont exhumés. Marie-Antoinette aurait été identifiée grâce aux bas qu’elle portait le jour de son exécution. Ils sont transférés à la Basilique Saint Denis, nécropole royale, à l’occasion du vingt-deuxième anniversaire de la mort du roi le 21 janvier 1815.

En 1816, Louis XVIII et la duchesse d’Angoulême rachètent les terrains à Ollivier Desclozeaux et à leur frais établissent un projet de monument mémoriel. Les plans sont confiés à l’architecte Pierre Fontaine, sans son associé Charles Percier opposé à l’entreprise pour des raisons politiques. La construction fait controverse dès le début. L’édifice néo-classique est achevé en 1826 sous le règne de Charles X.  












L’architecte choisit préserver la terre du cimetière originel par une enceinte ponctuée de neuf petits édifices à frontons triangulaires ornés de sabliers ailés. Au fronton, un édifice plus vaste ouvre sur la cour d’honneur scandée d’une série de cénotaphes et de dalles en souvenir des Gardes Suisses. Au fond de la parcelle, la chapelle évoque un néo-classicisme tardif, coupole et voûte tout autant que programme décoratif. Le décor sculpté est signé Jean-Baptiste Plantar, les bas-reliefs « La Translation des restes royaux à Saint-Denis » Antoine-François Gérard. Deux groupes remarquables orne la rotonde. François-Joseph Bosio est l’auteur de la statue de Louis XVI tourné vers le ciel en compagnie d’un ange. Sur le piédestal de la statue du roi est reproduit le testament écrit juste avant son exécution. La statue de Marie-Antoinette soutenue par la Religion est l’oeuvre de Jean-Pierre Cortot. Sur le piédestal, se trouve gravée la dernière lettre écrite à Madame Elisabeth, sœur du roi. 

Lieu de recueillement, la chapelle a été érigée sur un ensemble de cryptes. Un autel est dressé à l’emplacement exacte de la fosse où se trouvait le corps du roi.

La Chapelle Expiatoire souvent menacée au cours du XIXème siècle pour des raisons politiques, est devenu le rendez-vous annuel des royalistes légitimistes. Chaque année une messe est célébrée le 21 janvier pour le repos de Louis XVI et Marie-Antoinette.

Chapelle expiatoire
29 rue Pasquier - Paris 8
Tél : 01 42 65 35 80



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.