Paris : Passage Puteaux, un passage couvert méconnu au charme intact - VIIIème



Le passage Puteaux, discret chemin de traverse au charme hors du temps, connaît un destin florissant depuis quelques années grâce aux jolis bistrots qui s’y sont installés. Quelques bureaux et de coquettes terrasses abritées des intempéries ponctuent ce passage couvert méconnu, l’un des plus courts de Paris avec ses 29 mètres de long. Les six travées délimitées par des pilastres sont occupées par des surfaces vitrées propices à l’établissement de vitrines ou devantures marchandes. Si le décor bien conservé paraît d’une relative simplicité, les détails soignés, tels ces chapiteaux au dessin élégant, enjolivent l’allée dont la verrière sans fioritures ne couvre que la moitié. Inauguré en 1839, le passage Puteaux est le fruit d’une opération immobilière menée par le célèbre promoteur parisien dont il porte le nom, Louis Puteaux (1780-1864). Comptant parmi les fondateurs du village des Batignolles, très actif dans le domaine des logements sociaux aux portes de Paris, il investit également dans des projets plus luxueux parmi lesquels quarante maisons dans le nouveau quartier de la Madeleine. 











Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), le quartier de la Madeleine en plein essor séduit les entrepreneurs. Les transports se développent sous le règne de Louis-Philippe. Avec l'ouverture du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, une grande gare parisienne de l’Ouest devient nécessaire. Le projet peine néanmoins à se fixer. Les idées d’emplacements fluctuent au gré des fermes oppositions des riverains, place de la Concorde, puis place de la Madeleine. 

Les opérations immobilières se multiplient dans le quartier tandis que la rumeur d’un projet d’implantation de la future gare de l’Ouest séduit les investisseurs. Il est question d’implanter le terminus de la ligne de chemin de fer Paris Saint-Germain rue Tronchet. Louis Puteaux flaire la bonne affaire. Il rachète des terrains sur le site de de l’ancien prieuré des bénédictines de la Ville l’Evêque ou de Notre Dame de Grâce et fait percer le court passage Puteaux à travers les immeubles qui sont érigés. Mais les nouveaux propriétaires du rutilant quartier de la Madeleine vont s'opposer au projet populaire de gare afin de préserver leur cadre de vie résidentiel et repousser l'implantation plus à l'Est.









L’embarcadère initial qui deviendra la gare Saint Lazare dont je vous parlais en détail ici est finalement construit dans le quartier de l’Europe. Une gare provisoire en bois est inaugurée le 26 août 1837 devant la place de l’Europe. Une ordonnance royale du 16 octobre 1837 donne l’autorisation à la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Saint Germain d’établir une gare définitive entre la place de l’Europe et la rue Neuve de Mathurins. Dès 1838, de nouveaux passages couverts commerciaux dispersés dans le quartier sont créés, dont la galerie de Cherbourg (1838-39) détruite en 1933 et le passage du Havre édifié en 1845, rasé en 1995 pour être reconstruit et totalement réinterprété par l’architecte Michel Macary. 

En 1841, la gare est déplacée plus au Sud côté rue de Stockholm. Montée selon des plans de l’architecte Alfred Armand, au fond d’une cour exiguë à arcades, elle est à peine moins provisoire. Reconstruite et agrandie de 1842 à 1853 par Alfred Armand et l’ingénieur Eugène Flachat, elle trouve son emplacement final à l'angle de la rue d'Amsterdam et de la rue Saint-Lazare, dont elle prend le nom.

Malgré le déplacement de la gare de l’Ouest, le passage Puteaux est inauguré en 1839. Privé du flux de voyageurs espéré, il ne connaîtra jamais de véritable succès. Faute d’éléments majeurs attractivité, il demeure peu fréquenté. Brièvement rebaptisé passage Pasquier par arrêté du 10 novembre 1873, il redevient rapidement passage Puteaux, nom qu’il a conservé aujourd’hui. 

Passage Puteaux - Paris 8
Accès 31 rue de l’Arcade - 28 rue Pasquier

Bibliographie
Paris et ses passages couverts - Guy Lambert - Editions du patrimoine Centre des monuments nationaux
Passage couverts parisiens - Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois - Editions Parigramme
Le guide du promeneur 8è arrondissement - Philippe Sorel - Parigramme

Sites référents



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.