Paris : Pavillon Élysée, espace de réception Belle Époque dans les jardins des Champs-Élysées - VIIIème

 


Le Pavillon Élysée, depuis 2018 Pavillon Élysée Té, espace de réception Belle Époque, se trouve dans les jardins des Champs-Élysées, juste en face de l'Hôtel d'Évreux, aujourd'hui Palais de l'Élysées et résidence officielle du président de la République. Concession de la Ville, le pavillon édifié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900, a connu, après un temps d'abandon dans les années 1970, une reprise heureuse par la Maison Lenôtre en 1984. Depuis 2018, devenu Pavillon Té Élysées, établissement de l'entreprise Té créateur d'instants, le lieu est consacré aux événements privés, du mariage au séminaire. Il dispose de cinq salons, pouvant accueillir jusqu'à cinq-cents invités. 








En 1895, Louis Auguste Paillard, restaurateur à succès, propriétaire des deux restaurants "Paillard" rue de la Chaussée d'Antin et boulevard des Italiens, de "Maire" à l'angle des boulevards de Strasbourg et Saint-Denis, et de "Bignon", se porte acquéreur d'un kiosque modeste, idéalement situé au coeur des jardins des Champs-Élysées. La gargote, en activité depuis 1857, dispense sans aucune ambition gastronomique, pâtisseries et rafraîchissement aux promeneurs. Désormais Pavillon Paillard, ses prétentions demeurent restreintes. 

En perspective de la future Exposition Universelle de 1900, Louis Auguste Paillard envisage néanmoins de transformer le boui-boui en élégant restaurant, susceptible de séduire une clientèle aisée. Il fait appel, en 1898, à Albert Ballu (1849-1939), fils du grand architecte parisien Théodore Ballu (1817-1885). Le Pavillon Paillard, futur Pavillon Élysée, est réinventé dans un style Louis XV, mâtinée d'éclectisme, association d'éléments renaissance, baroque, italianisant. Aux garde-corps remarquables, s'ajoute une vaste verrière façon jardin d'hiver, véranda élégante ouvrant directement sur la terrasse extérieure.

Jules Coutan (1848-1939), prix de Rome, médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris de 1889, futur Grand Prix de l'Exposition universelle de 1900, futur Académicien élu au siège d'Alexandre Falguière en 1900, signe deux figures de pierre en façade. L'amour en fonte doré qui couronne le dôme de la tourelle est l'oeuvre de Jules Blanchard (1832-1916) Médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889. Jean-Baptiste Hugues (1849-1930), grand prix de Rome de sculpture en 1875, auteur de frontons et bas-reliefs pour le Petit Palais, sculpte le coffrage en staff du plafond peint de la salle des fresques, salon principal. Le nouveau pavillon inauguré fin 1898 dans le carré Marigny change de nom pour devenir Pavillon Élysée. La revue "Construction Moderne" lui consacre une page dans l'édition de février 1899.








À partir du Second Empire, l'urbanisation des Champs-Élysées prend de l'ampleur. Le percement des grands boulevards, Haussmann, Malesherbes, accélère le processus de spéculation immobilière. Les immeubles de rapport cossus remplacent peu à peu les fastueux hôtels particuliers. Trois nous sont néanmoins parvenu, l'Hôtel Hon, l'Hôtel de la Païva, et l'Hôtel de Drake del Castillo. Le quartier évolue tandis qu'à l'ouest se construisent hôtels de voyageurs et palaces, Astoria, Claridge, Élysées Palace. Cette effervescence soucieuse d'un tourisme haut de gamme prend naissance avec la multiplication des événements internationaux, notamment les deux Expositions Universelles en 1889 et 1900.

Les jardins des Champs-Élysées lieu de divertissement proposent distractions sages en journée, restaurants, promenades, concerts, théâtres. Le soir plus canaille, bals, spectacles de cabaret, danse et revue, ils attirent têtes couronnées et oiseaux de nuit, artistes, et comédiens à l'instar de Montmartre. Le Pavillon Élysée est alors fréquenté par le Prince de Galles, futur Édouard VII, Alphonse XIII roi d'Espagne, le grand-duc Vladimir de Russie et son frère le grand-duc Alexis de Russie, le prince Ferdinand de Bulgarie ou encore James Gordon Bennett, magna de la presse américain, féru d'aviation et de sport automobile, ou le peintre Henri de Toulouse-Lautrec. 

En 1907, le Pavillon Élysée change de mains. Il est repris par Gros et Charrier, puis Langer, Gros et Couvert. Un temps désaffecté, il reprend du service sous la houlette de la Maison Lenôtre au milieu des années 1980.

Pavillon Élysée
Jardin des Champs Élysées 
11 avenue Gabriel - Paris 8
Métro Champs Élysées Clemenceau lignes 1 et 13



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
La guide du promeneur 8è arrondissement - Philippe Sorel - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages