Paris : Gare Saint Lazare, le défi de la modernité, une vocation historique - VIIIème



La Gare Saint Lazare, plus ancienne gare parisienne, fut tout d’abord un embarcadère construit en 1837 devant la place de l’Europe, tête de ligne du réseau ferré issu de la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest, point de départ d’une ligne originelle Paris-Saint-Germain-en-Laye. Depuis sa création, elle n’a cessé de se transformer, de se réinventer afin de s’adapter au nombre croissant de voyageurs et aux enjeux de la modernité. Aujourd’hui, deuxième gare de la Capitale en termes de trafic, deuxième en Europe également, elle est fréquentée chaque jour par 450 000 voyageurs. Aux heures de pointe, un train en part toutes les vingt-huit secondes. La Gare Saint Lazare dispose d’un vaste éventail de lignes qui desservent la Normandie et la banlieue parisienne de Pontoise à Ermont au nord jusqu’à Versailles au sud. Implantée dans un environnement urbain très dense, inscrite au titre des monuments historiques, elle a entamé en 2009 une nouvelle mue, sous l’impulsion du projet pharaonique Demain Saint Lazare. Une modernisation qui prolonge sa vocation historique à la pointe du progrès.











En 1826, Jonas Hagermann banquier et Sylvian Mignon, propriétaires de nombreux terrains dans ce qui deviendra bientôt le quartier de l’Europe, obtiennent de la préfecture l’autorisation de les lotir. Le plan originel prévoit la création d’un ensemble de rues aux noms de grandes villes européennes rayonnant depuis la place de l’Europe.

Lors de la concession du chemin de fer Paris-Le Pecq-Versailles à Emile Pereire en 1835, cette structure initiale est profondément modifiée. Avec l'ouverture du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, une grande gare parisienne de l’Ouest devient nécessaire. Le projet peine néanmoins à se fixer. Les idées d’emplacements fluctuent au gré des fermes oppositions des riverains, place de la Concorde, puis place de la Madeleine. Une gare provisoire en bois, l'embarcadère de l'Ouest, est finalement édifiée devant la place de l’Europe. Elle est inaugurée le 26 août 1837.

En 1841, la gare est déplacée plus au Sud côté rue de Stockholm. Montée selon des plans de l’architecte Alfred Armand, au fond d’une cour exiguë à arcades, elle est à peine moins provisoire. Reconstruite et agrandie de 1842 à 1853 par Alfred Armand et l’ingénieur Eugène Flachat, elle trouve son emplacement final à l'angle de la rue d'Amsterdam et de la rue Saint-Lazare, dont elle prend le nom.












L’ouverture de la rue du Havre en 1844 et la rue de Rome en 1859 dégage la gare de sa gangue tandis qu’une nouvelle aile vers la rue de Rome est créée en 1852. Eugène Flachat imagine pour la plus grande halle une charpente de 40 mètres de long sans point d’appui. Cette innovation technique incite Napoléon III à choisir le fer plutôt que la pierre pour la construction des Halles centrales. Les voies se multiplient, la gare s’étend et en 1867, la place de l’Europe est réduite à un pont métallique sur fermes, réalisées dans les ateliers de l’industriel Jean-François Cail (1804-1871) l'un des pionniers de la révolution industrielle en France.

A l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889, l’architecte Juste Lisch (1828-1910) est chargé de reconstruire la gare afin de l’adapter aux besoins de son trafic en plein essor. Les travaux menés de 1885 à 1889 vont greffer les nouveaux bâtiments sur le noyau des anciennes halles réaménagées. La Gare Saint Lazare y gagne son actuelle façade néo-classique et ses deux ailes latérales aux voies formant un U, une galerie marchande au rez-de-chaussée, la célèbre salle des pas perdus au premier étage. L’ancienne gare est encastrée entre cinq nouvelles halles métalliques plus étendues, élevées sur l’arrière et le long de la rue de Rome.










Dans le même temps, l’hôtel Terminus est édifié devant le corps central, encadré par les deux cours du Havre et de Rome, aménagées à cette occasion. Luxueusement aménagé par Lisch, il a été conçu pour accueillir les voyageurs fortunés. Premier grand hôtel associé à une gare, il est relié directement à la Gare Saint Lazare par une passerelle couverte dite passerelle Eugénie en hommage à l’impératrice. Aujourd’hui désaffectée, l’hôtel Terminus devenu récemment hôtel Hilton Opéra a fait condamner son accès, la passerelle va bientôt retrouver son activité et devenir un lieu de restauration élégant.

Quand Raoul Dautry (1880-1951) devient le directeur général du Réseau de l’État, il décide d’en faire le principal outil d’une politique commerciale dynamique axée sur le tourisme. La Gare Saint Lazare est rénovée en profondeur entre 1930 et 1936. A cette occasion, la salle des pas perdus est revêtue de marbre par Edgar Brandt. Elle est dotée de 114 verres peints, dessinées pour la plupart par Charles Sarteur (1874-1933), ingénieur chargé des travaux et peintre de talent. Ces œuvres, remises en valeur par les récents aménagements, représentent les destinations du Grand Ouest desservies par le réseau.











Inscrite au titre des monuments historiques, les premiers éléments par arrêté du 14 décembre 1979, complété par une inscription le 28 décembre 1984, en perpétuelle activité la Gare Saint Lazare est un véritable défi lancé aux architectes et ingénieurs chargés d’intervenir sur ses structures. De ce fait, depuis les années 1970, la Gare Saint Lazare s’était un peu endormie et la qualité du service avait pâti du manque de rénovation importante. Le vaste projet de modernisation Demain Saint Lazare lancé en 2009 a redonné à cette gare emblématique tout son lustre.

Rénovation de la façade, réaménagement du parvis, accès facilités pour les personnes à situation de handicap, transformation de la salle des pas perdus et modernisation générale, les travaux ont été menés tout en maintenant l’activité. En mars 2012, une nouvelle galerie marchande sur trois étages, creusés dans les sous-sols de la gare, a été inaugurée. Ce centre commercial lumineux sous la vaste verrière dispose de nombreux commerces et services. Début 2019, de nouveaux espaces détente ont été mis en place afin de permettre aux passagers de profiter des lieux. Espace zen inspiré par les jardins japonais, espace lecture, calme et fauteuils confortables, espace work station pour se connecter et recharger les batteries, prises électriques et ports USB, espace déjeuner pour se retrouver entre amis et espace d'attente avec un nouveau mobilier urbain ultra-design.

Gare Saint Lazare
13 rue d’Amsterdam - Paris 8
Horaires d’ouverture : de 5h à 1h15
www.gares-sncf.com
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 8è arrondissement - Philippe Sorel - Parigramme

Sites référents
Gares SNCF - Gare Saint Lazare
Structurae
Base Mérimée