Paris : Ancienne caserne Château Landon devenue lieu de la mode éthique et écoresponsable, pépinière d'entreprises émergentes - Xème

 

L'ancienne caserne de sapeurs-pompiers Château Landon, à l'angle des rues Philippe de Girard, Louis Blanc, de l'Aqueduc, connait une deuxième vie à la suite de sa réhabilitation en nouveau lieu de vie et de travail. Valorisation du patrimoine architectural et restructuration d'ensemble ont été confiées à l'agence Chaix & Morel et associés qui a repensé ce vaste espace de 4000m2. Désormais, cette pépinière d'entreprises de la mode écoresponsable joue un rôle d'accompagnateur auprès d'une quarantaine d'entre elles. La Caserne met à leur disposition les infrastructures et tout l'écosystème propice au développement écoresponsable de leurs activités : bureaux, ateliers de formation, ateliers de fabrication aménagés par l'agence Sisto Studios, showroom de matières écoresponsables, agence de presse et studio photo. Inaugurée en 2021 après deux ans et demi de travaux, La Caserne, se revendique plateforme d'innovation, espace culturel et évènementiel. Le programme d'animation a pour objectif de sensibiliser le public à la mode éthique par le biais d'ateliers, d'expositions, de concerts tout en proposant en parallèle restauration, club et autres pop-up stores tel que celui de la YouTubeuse Léna Situations installée durant tout l'été 2023. Dans un quartier en pleine mutation, entre la gare de l'Est et le canal Saint Martin, La Caserne s'inscrit dans le nouveau paysage culturel comme un incubateur de mode durable et éthique, à vocation locale et sociale.








L'histoire de la modernisation de Paris au XIXème siècle a modelé le site de l'ancienne caserne de Château-Landon. En 1867, les cinq grands abattoirs, créés par décret impérial en 1806, aussi que les annexes plus petites, sont remplacés par l'abattoir général de la Villette. À l'angle des rues Philippe de Girard, Louis Blanc, de l'Aqueduc, l'ancienne tuerie de quartier, propriété de la Ville est abandonnée. L'architecte Antoine Soudée (1839-1909), élève d'Henri Labrouste, présente en 1878 lors de l'Exposition Universelle, les plans d'un bâtiment, premier du genre à Paris, spécifiquement conçu pour accueillir une compagnie de pompiers. Sur la parcelle libérée par la démolition de l'ancien abattoir de quartier, une caserne est construite selon les plans de Soudée entre 1876 et 1879. Destiné à accueillir cent-cinquante hommes, l'ensemble se compose de six corps de bâtiments, chambrées, réfectoire, cuisines, gymnase et à l'origine des écuries bientôt transformés en garage. 

En 2005, la caserne vétuste est désaffectée. La compagnie de pompiers déménage quai de Valmy. Le lieu peine à trouver une nouvelle affectation. L'Armée du salut distribue des repas dans la cour. En 2015, le bâtiment est occupé par des migrants qui sont expulsés par les forces de l'ordre. En 2019, la Régie Immobilière de la Ville de Paris lance un projet de réhabilitation local et social dans le cadre de l'Arc d'innovation. Depuis 2015, la Ville de Paris et une vingtaine de communes du Grand Paris mènent une action commune afin développer le potentiel de l'Est parisien et de sa périphérie. Il s'agit de rééquilibrer les zones d'attractivité entre l'Ouest et l'Est en favorisant l'innovation vertueuse ainsi qu'une forme d'économie collaborative. 

Dans le cadre de l'ancienne caserne Château Landon, la RIVP envisage la création d'un espace dynamique ouvert sur le quartier, incubateur de mode écoresponsable susceptible de soutenir les créateurs émergents. La mise en oeuvre est soutenue par L'Exception, concept store de référence en France pour les marques créatives, Le Consulat, centre culturel indépendant imaginé par l’association G.A.N.G, Groupe d’Action Néo Green, et Impala, holding d'investissement responsable et engagée auprès d'acteurs de la transition énergétique et de la mode écologique. 








Les bâtiments de l'ancienne caserne n'avaient pas évolué depuis 1879. Sur le plan architectural, l'agence Chaix & Morel et associés s'est attachée à valoriser l'ancien bâti pour l'adapter aux besoins contemporains. Seul ajout sur la façade intérieure, une passerelle court désormais entre les six modules, jonction entre les différents corps de bâtiment. Les grands escaliers de bois massif situés sur les corps latéraux, les rampes industrielles ont été conservés. Les anciens dortoirs ont été transformés en résidence pour les jeunes créateurs.

Lors de la rénovation, une pittoresque peinture murale "Connaissance pratique du cheval" a été redécouverte dans une pièce dépendante des anciennes écuries. Ces dernières ont été aménagées en espace de restauration et les murs recouverts de tuiles de terre cuite produites dans la région de Millau. Au sous-sol, le club pensé comme une salle de bal des pompiers se veut tout aussi écoresponsable avec un sol en macadam de récupération et une insonorisation en fibre de bois recyclée 

En partenariat avec Merci Raymond, collectif qui redonne place au végétal en milieu urbain, le rooftop présente une sélection de végétaux tinctoriaux, qui servent à produire les pigments naturels pour teindre les vêtements, ainsi que plantes comestibles et aromatiques destinées au restaurant et au bar de la Caserne. Un mur de houblon fournit la matière première à la production d'une bière locale, La Petite Charonne, en plus de celui planté rue de Charonne sur les murs de la piscine Georges Rigal.

Lieu de fête et de rencontres, la nouvelle Caserne organise concerts, performances, spectacle de danse, animations variées tout au long de l'année. 

Ancienne caserne Château Landon
12 rue Philippe de Girard - Paris 10
Métro Louis Blanc lignes 7, 7bis



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie