Paris : 23 avenue de Messine et 6 rue de Messine, deux immeubles Art Nouveau tardif, oeuvres de l'architecte Jules Lavirotte - VIIIème

 

Au 23 avenue de Messine et 6 rue de Messine, s’élèvent deux immeubles signés Jules Lavirotte (1864- 1929), figure majeure de l’Art Nouveau, architecte épris d’un symbolisme foisonnant. Son travail est distingué à trois reprises lors du concours annuel de façades de la Ville de Paris : l’immeuble Lavirotte de l’avenue Rapp en 1903, le Ceramic Hotel en 1904 et enfin pour l’hôtel particulier du 23 avenue de Messine. La façade primée en 1907 plus classique laisse présager un tournant dans sa vision esthétique. A partir de 1907, il renonce aux fantaisies exubérantes de l’Art Nouveau, pour suivre une voie plus assagie, une recherche plastique moins flamboyante. 











Dès 1830, le duo de promoteurs immobilier à l’origine de la création du quartier de l’Europe Jonas-Philip Hagerman, banquier et homme d’affaires et Sylvain Mignon, entrepreneur, lotissent une grande partie des terrains de l’avenue de Messine. A proximité du parc Monceau, ancienne propriété du duc d’Orléans qui avait ses écuries sur les parcelles de l'avenue, le périmètre est marqué par la présence ancienne d’une congrégation de Carmélites comprenant un grand jardin attenant à un vaste couvent et des annexes variées. 

A l’angle de l’avenue et rue de Messine, se tenait un hospice lié au couvent, destiné à l'accueil des personnes âgées et une petite chapelle. L’ensemble est démoli à l’occasion de la construction des deux édifices de Jules Lavirotte. L'urbanisation du quartier se poursuit dans une lignée toute haussmanienne avant de prendre un tournant moins uniforme à l'occasion de l'assouplissement des règlements d'urbanisme en 1892, 1894 et 1902.


1907

1907 Toit terrasse

1907 Salle des fêtes

Entre 1916 et 1922 Photographie de Charles Joseph Antoine Lansiaux


Les commanditaires Albert Noël (1855-1940), éditeur de musique et monsieur Reverdy déposent une demande de permis de construire le 26 novembre 1906, pour un immeuble de rapport au 6 rue Messine et un hôtel particulier de deux étages sur rez-de-chaussée et toit-terrasse à l’angle de l’avenue au numéro 23. Afin de peaufiner l’esthétique de ces constructions, Jules Lavirotte fait appel à des collaborateurs de longue date, deux artisans de renom. 

Léon Binet sculpte le programme décoratif, élégantes floraisons, végétation de pierre courant sur la façade. Auguste Dondelinger signe des ferronneries remarquables dont les volutes assument leur inspiration Art Nouveau tardif. Les deux travaillent également sur le décor de l’immeuble de rapport au numéro 6 rue de Messine dont la façade sur cour en gré flammé est l’oeuvre du céramiste Alexandre Bigot, autre collaborateur récurrent de Lavirotte.











Au début des années 1930, à l’initiative d'Albert Noël et de son associé Reverdy, l’hôtel particulier du 23 avenue de Messine fait l’objet d’une surélévation. La demande de permis de construire est déposée le 30 janvier 1931. Le bâtiment est rehaussé de quatre étages, une tourelle d’angle est ajoutée. Les modifications traduisent un souci d’harmonie générale. Les variations subtiles s’inscrivent dans une certaine homogénéité. 

23 avenue de Messine et 6 rue de Messine - Paris 8



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur - Philippe Sorel - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette