Paris : Le XIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales, de la Bastille à la place de la Nation en passant par le Faubourg Saint Antoine et le quartier d'Aligre, du bois de Vincennes et Bercy jusqu'à Daumesnil, Reuilly et la gare de Lyon

Place de la Nation - Paris 12


Le XIIème arrondissement est le plus grand de Paris, avec une superficie totale de 1632,4 hectares. Il obtient cette première place grâce au rattachement du bois de Vincennes, vaste de 994 hectares, à la ville par décret du 18 avril 1929. Désigné sous l'appellation peu usité d'arrondissement de Reuilly, il comporte quatre quartiers administratifs : quartier du Bel-Air, quartier de Picpus, quartier de Bercy, quartier des Quinze-Vingts. Le périmètre du XIIème arrondissement, établi par la loi du 16 juin 1859, est délimité par la place de la Bastille, la rue du Faubourg-Saint-Antoine, la place de la Nation, l'avenue du Trône, le cours de Vincennes, le boulevard de la Guyane, le Bois de Vincennes, le boulevard périphérique, le quai de Bercy, le quai de la Rapée, le boulevard de la Bastille. Ce découpage témoigne de la détermination des frontières de la ville par la succession des enceintes défensives et fiscales. Les contours de la capitale se sont développés progressivement par incorporation des faubourgs, des communes au territoire administratif originel. L'ancienne barrière de Reuilly vers la rue de Charenton, la rue Montgallet, la rue de Reuilly, la rue de Picpus jusqu'au cours de Vincennes, illustration concrète du principe d'extension la ville entre le Mur des Fermiers Généraux de 1785 et l'enceinte de Thiers de 1840.

Le XIIème traverse la moitié du Faubourg Saint Antoine, l'autre moitié ayant été incorporée au XIème arrondissement. Haut-lieu des soulèvements populaires et des révolutions de 1789, 1830 et 1848, il se trouve entre la place de la Bastille et la place de la Nation à l'orée de plusieurs arrondissements. Ce quartier artisanal et ouvrier s'est développé autour de l'abbaye Saint Antoine des Champs, fondée au début du XIIIème siècle. Longtemps fief des métiers du bois et du métal, le faubourg annexé à la ville de Paris en 1702, conserve aujourd'hui dans sa physionomie tout en cours et passages le souvenir d'un passé industrieux. La gare de Lyon, édifiée sur les plans de l'architecte Marius Toudoire (1852-1922) et mise en service en 1849, est l'un des points vitaux du XIIème. 

La barrière du Trône entre Nation et le cours de Vincennes rappelle les noces de Louis XIV tandis que l'hospice Saint Michel à la lisière de Saint Mandé, évoque le rattachement d'une portion de la petite commune à Paris en 1860. Autre bourg annexé à cette occasion, Bercy s'était spécialisé dans le négoce du vin. Le centre commercial Bercy Village et le parc de Bercy conserve la mémoire des chais et des anciens entrepôts. Cette halle aux vins du fait de sa situation à l'extérieur du mur des Fermiers Généraux au niveau de la barrière de la Rapée était exemptée d'octroi jusqu'au Second Empire. De nos jours, le Musée des Arts forains et la Cinémathèque française complètent l'offre culturelle du quartier réhabilité dans les années 1990.

Arrondissement très vert, le XIIème réjouit promeneurs et sportifs grâce à ses parcs et jardins. Dans le bois de Vincennes, se trouvent le parc Floral et le parc zoologique, ainsi que le célèbre théâtre de la Cartoucherie. La Coulée verte René Dumont. Créée entre 1988 et 1993, elle a été tracée sur les vestiges de l'ancienne ligne de chemin de fer qui reliait depuis 1859 la place de la Bastille à la Varenne-Saint-Maur.

Aujourd'hui, le quartier de la Porte Dorée et le bois de Vincennes marqués par les constructions de l'Exposition Coloniale de 1931, invitent à questionner le passé. Le Palais de la Porte Dorée comporte désormais deux institutions, le Musée de l’histoire de l’immigration et l'Aquarium tropical. La rédaction vous invite à découvrir le XIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales.





1/ Jardin du Port de l’Arsenal - Paris 12
Accès : 11 boulevard de la Bastille - 53 boulevard de la Bastille
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

Le jardin du Port de l’Arsenal, discret espace vert accessible en contrebas de la place de la Bastille s’étend jusqu’au pont Morland. Etabli le long d’un charmant port de plaisance, hors du chaos de la ville, il s’étend, préservé des crues de la Seine par les écluses, sur le quai est de l’Arsenal sur environ un hectare. Conçu par l’architecte paysagiste Serge Eyzat et l’architecte Philippe Mathieux, il se déploie en un système de terrasses comme dans le Sud de la France le long d’une promenade plantée d’arbres, érables, arbres à soie et saules. Espaces ensoleillés et ombragés alternent sur les rives du canal, lieu privilégié de flânerie très apprécié des Parisiens. Un amphithéâtre végétal, abondance de lavandes et de céanothes bleues, mène jusqu’à la pergola sur laquelle chèvrefeuilles et bignones prospèrent. Sur la jetée, un café-restaurant dont l’architecture est inspirée des serres du XIXème siècle, rêve des villégiatures de bord de mer avec transats rayés de bleu et parasols idoines.  




2/ Immeuble industriel 
30 rue du Faubourg Saint Antoine - Paris 12
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

Au 30 rue du Faubourg Saint Antoine se trouve un immeuble édifié en 1885, sur les plans de l'architecte Victor Calemard (1831- circa 1897/1906). Formé aux Beaux-Arts de Paris, élève d'Augustin Eugène Rebout (1812- avant 1895), il a été commissaire voyer de la Ville de Paris pour le XIIème arrondissement. En activité à Paris entre 1875 et 1894, il réalise notamment une école de fille au 56 rue du Faubourg Saint Antoine, puis à la fin de sa carrière, devient architecte honoraire de la Ville de Paris. L'immeuble du 30 rue du Faubourg Saint Antoine, développé à usage commercial, témoigne du style d'architecture d'inspiration industrielle, caractéristique au tournant du siècle. En venant de la Bastille, ce bâtiment, structure métallique et larges baies vitrées, quatre étages sur rez-de-chaussée, rompt avec l'esthétique XVIIIème de la rue du Faubourg Saint Antoine. De fines poutrelles achevées sur des chapiteaux corinthiens scandent la façade. Les montants en pierre de taille alternent le blanc et le noir dans un singulier effet graphique. L'œil de bœuf en attique est un ajout récent. 




3/ Passage de la Boule Blanche 
50 rue du Faubourg Saint Antoine / 47 rue de Charenton - Paris 12
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

Le passage de la Boule Blanche ouvert par arrêt du Conseil du Roi du 5 juin 1700, est percé à travers une maison à l'enseigne de la Boule Blanche qui lui donne son nom. Ateliers d'artisans du bois et du meuble bordent ce passage typique du quartier. Au XVIIIème siècle, deux ébénistes de prestige occupent les lieux, Pierre Boichod réputé pour ses commodes et Charles Bernard Provost pour ses meubles rocailles et néoclassiques. La voie privée longue de quatre-vingt mètres sert de raccourci entre la rue du Faubourg Saint Antoine et la rue de Charenton. 




4/ Cour du Bel-Air
Accès 56 rue du Faubourg Saint-Antoine - Paris 12
Métro Bastille lignes 1,5,8

La Cour du Bel-Air, pittoresque ensemble du XVIIème siècle, fait partie de ces nombreuses cours artisanales du faubourg Saint-Antoine dont le destin a pris des inflexions moins manuelles. Dans cet ancien quartier des artisans du bois, les spécialistes du mobilier ébénistes, tapissiers, vernisseurs, laqueurs ont été éclipsés, au cours du XXème siècle, par des boutiques élégantes et des studios de professions libérales. Aujourd’hui, les courettes du faubourg, lieux de mémoire, ne font plus entendre le brouhaha des ouvriers au travail. Dans l’enceinte de la cour du Bel-Air, la quiétude est toute champêtre tandis que sur les pavés ne résonnent plus l’industrieuse activité. La cour du Bel Air est célèbre pour l’un de ses pavés qui aurait été la table de jeu préférée des Mousquetaires-Noirs, deuxième compagnie de mousquetaires dont le surnom provenait de la robe de leurs chevaux (compagnie dissoute en 1775). Ceux-ci cantonnés dans leur caserne située au 26 rue de Charenton se rendaient cour du Bel-Air pour y lancer le dé. 





5/ Passage du Chantier - Paris 12
Accès 66 rue du Faubourg Saint Antoine et 53 rue de Charenton 
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

Le passage du Chantier surgit au fond de porches profonds, vestige animé de la grande époque des métiers du bois du Faubourg Saint Antoine. Jetée à travers le pâté de maison jusqu’à la rue de Charenton, cette étroite ruelle pavée perpétue la tradition. Peu d’artisans en arrière-boutique demeurent. Seules les échoppes de restaurateurs résistent. Les magasins de meubles perdurent joliment achalandés, vifs et colorés. Enseignes en fer forgé, grilles richement ouvragées évoquent la complémentarité des artisanats et la présence des ferronniers auprès des ébénistes. Ouvert en 1842, classé dans la voirie parisienne par arrêté municipal du 9 février 1995, le passage du Chantier sinue à l’ombre des petits immeubles ponctués de courettes pittoresques, arrière-cours, jardinets que les boutiques ont transformé en lieu d’exposition. Son nom fait référence aux chantiers du bois proches des ateliers où étaient entreposés les matériaux nécessaires au travail des métiers du meuble. 




6/ Marché Beauvau Marché d'Aligre
Rue et place d'Aligre - Paris 12
Tarifs & Horaires : Accès libre et gratuit
Marché couvert : mardi-vendredi 9h-13h et 16h-19h30, samedi 9h-13h et 15h30-19h30, dimanche 9h-13h30
Marché découvert : mardi-vendredi 7h30-13h30, samedi-dimanche 7h30-14h30
Métro Ledru Rollin ligne 8

Le Marché Beauvau ou Marché d'Aligre, l'un des plus anciens de Paris, l'un des plus populaires, accueille les visiteurs six jours par semaine. À la structure couverte édifiée en 1843, vaste de 2000m2, s'ajoute un marché découvert sur la place d'Aligre. La halle est inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 8 mars 1982. Repaire des adeptes de la bistronomie, les étals plantureux y rivalisent de couleurs, de parfums. L'atmosphère conviviale nourrit une animation chaleureuse, véritable vie de quartier. Les marchands historiques font recette, "Le Poisson d'Aligre", la poissonnerie de Patrick Dubuisson spécialiste poisson de ligne ou de pleine mer, côtoie "Au Chapon d'Aligre", tripier volailler, maison créée en 1948, gérée depuis 2022 par Cédric Gidel. Paul Vautrin tient l'épicerie fine "Sur les quais". Ingénieur de formation, il imagine des contenants originaux pour conserver épices, huiles, condiments. Non loin, Corossol restaurant et traiteur créole régale les gourmands. Si les commerces de bouche tiennent le haut du pavé, fleuristes, brocanteurs et bouquinistes remportent également un franc-succès.




7/ Façade du Grand Lavoir du Marché Lenoir
3 rue Cotte - Paris 12
Métro Ledru Rollin ligne 8

La façade de l'ancien Grand lavoir du Marché Lenoir, est l'ultime vestige de l'établissement édifié vers 1830 au numéro 9 de la rue Cotte dans le XIIème arrondissement. Elle se trouve désormais au numéro 3, à la suite d'une opération de sauvegarde du patrimoine industriel menée en 1989. Au XIXème siècle, blanchisseuses indépendantes et ménagères de ce quartier populaire fréquentent le lieu qui leur donne accès notamment à l'eau chaude. Structure de bois et de métal surmontée d'une cheminée de brique, système d'aération par des persiennes, séchoir en coeur de chêne, chaudière, sa conception originelle répond aux critères industriels les plus modernes de l'époque. Le Grand Lavoir du Marché Lenoir apparaît dans "Histoire d'un crime" de Victor Hugo, rédigé en exil entre 1851 et 1852, lors d'une scène évoquant les barricades du Faubourg Saint Antoine liées au coup d'État du 2 décembre 1851 par lequel Louis-Napoléon Bonaparte, président de la république depuis 1848 conserve le pouvoir alors que la Constitution l'en empêchait.




8/ Rue Crémieux
Accès 228 rue de Bercy - 19 rue de Lyon - Paris 12
Métro Gare de Lyon lignes 1, 14

La rue Crémieux, pittoresque rue piétonne aux façades chamarrées, paradis des chats et des blogueurs, se situe dans le quartier des Quinze-Vingts du nom de l’hôpital situé rue de Charenton. Elle relie la rue de Bercy à la rue de Lyon dans le XIIème arrondissement, à quelques encablures de la Gare de Lyon. Son charme bucolique doit beaucoup à l’initiative de ses heureux habitants qui ont repeints les coquettes bicoques de couleurs acidulées et tendres qui ne sont pas sans rappeler Portobello à Londres, l’île de Burano à Venise ou encore Valparaiso au Chili. Jardinières savamment entretenues et arbustes verdoyants, rosiers et hortensias prospèrent pour le plus grand bonheur des promeneurs, halte champêtre en plein cœur de l’émoi urbain.




9/ Impasse Canart 
Accès 34 rue de la Voûte - Paris 12
Métro Porte de Vincennes ligne 1

L'impasse Canart témoigne du charme presque villageois et de la quiétude champêtre du quartier du Bel Air dans le XIIème arrondissement. La dénomination se réfère au nom du propriétaire des terrains lors de l'ouverture de la voie vers 1890. Le soin apporté par les riverains à la végétalisation lui confère un caractère bucolique particulièrement joyeux au printemps. En pente douce, l'impasse Canart trottine sur les pavés nostalgiques d'un Paris d'antan. Coquets pavillons aux volets pastel, aux façades pimpantes, petits immeubles à taille humaine rappellent aux promeneurs ce que fut la ville il y a encore moins d'un siècle.



10/ Passage de la Voûte
Accès 45 rue de la Voûte / 100 cours de Vincennes - Paris 12
Métro Cours de Vincennes ligne 1

Le Passage de la Voûte, ruelle traversante longue de trente-quatre mètres, large de quatre, file de la rue de la Voûte qui lui a donné son nom au cours de Vincennes. Créé en 1887, il marque la transition entre l'animation de la grande artère et la quiétude villageoise du quartier du Bel Air. Les élèves de la filière chaudronnerie du lycée professionnel Chennevière Malézieux, situé avenue Ledru-Rollin, ont rendu hommage au chanteur Charles Trénet (1913-2001), résident du passage en 1930. Ils ont créé un très photogénique portique en fonte dont le design s'inspire des paroles de la chanson "Le soleil et la lune" (1939). Depuis le 23 avril 2013, un chat rouge monumental arque le dos entre les deux volées d'escaliers du passage de la Voûte.




11/ Sentier des Merisiers
Accès 101 boulevard Soult / 3 rue du Niger - Paris 12
Métro Porte de Vincennes ligne 1 / Picpus ligne 6

Le Sentier des Merisiers détient le record de la rue la plus étroite de Paris, avec une moyenne d'un mètre et une largeur de quatre-vingt-sept centimètres au plus étroit du goulot. Cette voie singulière du quartier du Bel-Air dans le XIIème arrondissement remporte ce titre face à la rue du Chat qui Pêche dans le Vème et ses 1,80 mètres au plus large et 1,57 mètres au niveau du passage le plus resserré. Venelle au tracé brisé, le Sentier des Merisiers court entre les immeubles, du 101 boulevard Soult au 3 rue du Niger, fente discrète à travers le pâté de maison. Pavillons et jardins se dissimulent derrière les murs aveugles. Ils font de discrètes apparitions par-dessus un parapet, entre les volutes de fer forgé des portails. Les bâtisses faubouriennes côtoient réalisations d'architecte contemporaines et pittoresque maisons à colombages. Le charme pittoresque du Sentier des Merisiers a inspiré les écrivains, tels que Patrick Modiano qui le mentionne dans "Dora Bruder" (1997), ou Denis Tillinac dans "Boulevards des Maréchaux" (2000). 




12/ Fontaine aux lions 
Place Félix Eboué - Paris 12
Métro Daumesnil lignes 6 et 8

La fontaine aux lions de la place Félix Éboué, aussi emblématique qu'inaccessible au public du fait de son implantation, a été conçue entre 1867 et 1874 pour un lieu bien différent. L'architecte Gabriel Davioud (1824-1881) la dessine dans le cadre de la transformation haussmannienne de la place du Château d'eau, future place de la République. Place Félix Éboué, la fontaine aux lions de Davioud tient le coeur d'un vaste rond-point tout dédié à la circulation. Au centre d'un vaste bassin circulaire, 26 mètres de diamètre, se trouvent trois bassins superposés en gradins, soutenus par huit consoles sculptées de têtes de femmes de Louis Villeminot (1826-1914) intervenu également sur la fontaine des Quatre Parties du monde. Une vasque sur pied en fonte couronne la structure. L'abondant programme décoratif comprend huit lions de bronze, majestueuses oeuvres du sculpteur Henri Alfred Jacquemart (1824-1896), également auteur des deux griffons de la fontaine Saint-Michel. Les bronzes sont réalisés par la fonderie d'art Thiébaut frères.





13/ Église du Saint Esprit
186 avenue Daumesnil - Paris 12 
Métro Daumesnil lignes 6, 8

L'église du Saint Esprit réserve son entrée sur sa façade la plus étroite large de seize mètres au 186 avenue Daumesnil dans le XIIème arrondissement. Oeuvre de l'architecte Paul Tournon (1881-1964), auteur des plans de la cathédrale de Casablanca au Maroc, de l'église de Lubumbashi en République Démocratique du Congo, ce lieu de culte catholique étonnant est édifié entre 1928 et 1935. La construction intervient dans le contexte d'une croissance de la population du quartier au lendemain de la Première Guerre Mondiale. À l'origine du projet, se trouve le cardinal Verdier (1864-1940) archevêque de Paris de 1929 à sa mort. Fondateur de l'oeuvre les "Chantiers du cardinal" en 1931, il intervient dans la création de nombreuses paroisses en banlieue parisienne et dans les quartiers ouvriers. Dans le contexte de la crise économique des années 1930, bâtir des églises permet de créer des emplois. L'église est classée en totalité au titre des monuments historiques par arrêté du 5 juillet 2016.




14/ Musée National de l'Histoire de l'Immigration
Palais de la Porte Dorée 
293 avenue Daumesnil - Paris 12
Tél : 01 53 59 58 60
Horaires : Du mardi au vendredi 10h-17h30 - Dimanche et samedi 10h-19h - Fermé le lundi
Métro Porte Dorée ligne 8

Le Musée National de l'Histoire de l'Immigration, établi au sein du Palais de la Porte Dorée, ancien musée des Colonies, se revendique lieu d'apaisement dans un temps de crispations identitaires, idéologiques, politiques. Son propos interroge la façon dont la société française actuelle a été façonnée par les vagues de migration. Selon les dernières données de l'Insee, un Français sur trois est issu de l'immigration, immigré lui-même, fils d'immigré ou petit-enfant d'immigré. Aujourd'hui, les sept millions d'immigrés représentent 10% de la population quand les étrangers représentaient 1% de la population lors du premier recensement en 1851. La collection permanente du MNHI envisage l'histoire de l'immigration sous le jour d'un patrimoine commun, point de vue propice à la lutte contre les discriminations. L'ignorance, terreau des préjugés, engendre des perceptions faussées qui permettent aux discours politiques trompeurs d'éclipser la réalité. Dans un espace vaste de 1800m2, l'accrochage pluridisciplinaire incarne une histoire collective à travers les grandes lignes et les dates marquantes, augmentée de récits humains, trajectoires d'hommes et de femmes sur lesquels poser un visage.




15/ Grande Pagode du bois de Vincennes
Centre Bouddhique Kagyu-Dzong
40bis route du Lac Daumesnil - Paris 12
Métro Porte Dorée ligne 8

La Grande Pagode du bois de Vincennes, plus important lieu de culte bouddhique de Paris, se loge au sein de deux curieux bâtiments, vestiges de l'Exposition Coloniale de 1931. Le long de la route de la ceinture du lac Daumesnil, l'entrée de l'enceinte vaste de 8000m2 est marquée par un groupe sculpté installé en 1972. Ce bronze de l'artiste japonais Torao Yazaki, réalisé en 1971, "Pèlerins des nuages et de l'eau", est la copie d'une œuvre dont l'original se trouve au temple de Sojiji, sur la péninsule de Noto. L'oeuvre représente sept pèlerins zen "Unsui". 





16/ Parc de Bercy
128 quai de Bercy - Paris 12
Accès : rue Paul-Belmondo, rue Joseph-Kessel, rue de l'Ambroisie, rue François-Truffaut, quai, boulevard et rue de Bercy, rue de Cognac, rue de Pommard, cour Chamonard
Horaires : Selon jours et saisons de 8h/9h à 17h45/20h30
Métro Bercy lignes 6, 14

Le parc de Bercy, le long de la Seine sur laquelle glissent filetées de lumière les vedettes du ministère, se déploie sur une superficie de 14 hectares. Conçus par les architectes Bernard Huet, Madeleine Ferrand, Jean-Pierre Feugas, Bernard Leroy et les paysagistes Ian Le Caisne et Philippe Raguin, il a été inauguré en 1997, il rend hommage à un passé qui remonte à la préhistoire. Ancien haut lieu du commerce vinicole surnommé "le cellier du monde", le terrain était parsemé d'entrepôts où se négociait le produit de la vigne. La destruction des fortifications de Thiers annoncent le déclin du "joyeux Bercy" des guinguettes dispensées de l'octroi où se retrouvait le Tout Paris du XIXème siècle, le recul des vignobles francilien, l'évolution des techniques de conservation du précieux nectar et le développement des moyens de transport. Le commerce viticole périclite pour disparaître tout à fait au début des années 1950. Le parc conserve aujourd'hui la trame orthogonale des chais ainsi que de nombreux vestiges. Voies pavées, rails des wagons-citernes menant au fleuve, pavillons et grands arbres centenaires confèrent à cet espace vert un caractère des plus singuliers.




17/ Bercy Village 
Cour Saint Emilion - Paris 12
Horaires : Ouvert de 10h00 à 2h00 / Boutiques : 10h00 - 20h00 / Restaurants : 10h00 - 2h00
Métro Cour Saint-Émilion ligne 14

Bercy Village, lieu propice aux sorties en famille déploie ses charmes uniques le long du cour Saint Emilion. Cet ensemble piéton dédié au shopping et ponctué de restaurants aux terrasses avenantes, propose également de nombreux espaces de loisirs culturels et sportifs. Complexe cinéma, expositions, spectacles, concerts, la programmation s’ouvre à tous les publics. Les vestiges du commerce vinicole dont Bercy fut la place forte à Paris durant près d’un siècle et demi ont été réhabilités au cours des années 1990, par le cabinet d’architecte Valode et Pistre, à l’initiative du promoteur immobilier, Altarea Cogedim. La restauration des anciens chais et entrepôts de meulière, classés à l’inventaire des Monuments historiques en 1986, a permis de repenser et de préserver ce lieu porteur d’une histoire forte. Désormais les 47 chais du cour Saint Emilion, ruelle pavée longue de 280 mètres, côtoient les constructions contemporaines que sont la salle de spectacle de Bercy rebaptisée AccorHotels Arena datant de 1984 et le nouveau Ministère de l’Economie et des Finances achevé en 1990. Le quartier de Bercy conjugue espaces verts, édifices historiques et réalisations récentes. La pierre, le bois, la brique croisent le verre et l’acier. Bercy Village, centre commercial alternatif, de nature inédite France jusqu’au début des années 2000 a conquis grâce à cette idée lumineuse d’un patrimoine valorisé, une place particulière dans le cœur des Parisiens et des touristes de passage.




18/ Square Saint Eloi dit square de la Baleine Bleue
Accès par le 11, rue du Colonel Rozanoff (ruelle piétonne juste à la sortie du métro au niveau de la Poste) ou par la rue Sainte Claire Deville - Paris 12 
Métro Reuilly Diderot lignes 1 et 8

Le jardin de la Baleine Bleue comme le surnomment les riverains est une bouffée d’oxygène au cœur de la cité défigurée par une vision architecturale brutaliste peu préoccupée par la dimension humaine de l’espace urbain. Cèdres bleus de l’Atlas, peupliers d’Italie, érables et pins noirs d’Autriche, la diversité des essences en fait un endroit passionnant pour les amateurs d’arboriculture. Le Square Saint Eloi a été crée en 1974 lors de la réhabilitation du quartier, à l’endroit exact où se dressait le château mérovingien du roi Dagobert. Un couvent de Mathurines occupe les lieux jusqu’au début du XIXème siècle, époque à laquelle il est remplacé par une filature d’étoffes puis par une manufacture de papiers peints. La zone aux environs était jusque dans les années 60, à l’instar du boulevard Saint Antoine, dédiée à l’artisanat comme la ferronnerie d’art et l’ébénisterie. Petits ateliers, modestes fabriques, maisons individuelles formaient un paysage aux rues étroites et fort encombrées. Depuis, elle a évolué vers une approche minérale de la ville, entre barres d’immeubles au vieillissement précoce et bétonnades diverses. De modestes espaces verts ponctuent cet ensemble distillant avec parcimonie des respirations, nécessaires effets de chlorophylle.




19/ Impasse Mousset - Paris 12
Accès 83 rue de Reuilly 
Métro Montgallet ligne 8

L’impasse Mousset, dans le quartier Picpus Daumesnil a des allures radieuses de campagne à Paris. Venelle s’échappant de la rue de Reuilly, elle cahote sur des pavés disjoints au charme authentique. Les bicoques colorées pas trop retapées, façades envahies de végétation, joliment conservées dans un certain jus, bordent cette curiosité du vieux Paris toujours vivace. Ici, peu de changements sont survenus depuis le XIXème siècle. L’impasse Mousset est l’une des nombreuses échappées pittoresques qui débouchent sur la rue de Reuilly, ancien chemin médiéval, axe important du commerce de Paris jusqu’à Charenton et Saint-Maur. Passages et courettes, soigneusement planquées derrières des grilles, dissimulés au fond de profonds passages cochers, ne se laissent pas toujours approcher, jalousement gardés. L’impasse Mousset, ainsi que la cour d’Alsace-Lorraine dont je vous parlais ici font exception. Ancien passage industriel typique du faubourg, l’impasse Mousset est toujours largement ouverte sur la voie principale. Si l’activité a évolué, l’animation dans les ateliers perdurent. Aujourd’hui, ils sont occupés par des artisans ou bien ils ont été repensés dans les années 1990, à la suite d’une campagne de réhabilitation, pour devenir des habitations, des lofts et des espaces de travail.




20/ Cour d’Alsace-Lorraine 
Accès 67 rue de Reuilly - Paris 12
Métro Montgallet ligne 8

La cour d’Alsace-Lorraine, insolite ruelle pavée décrochant depuis la rue de Reuilly, se divise en deux allées terminant en impasses. A Picpus, son atmosphère joyeuse et ses façades aux couleurs vives tranchent avec la grisaille d’un quartier défiguré par les travaux des années 1970-80. Ouverte au public en journée, cette voie privée présente un pittoresque ensemble d’ateliers investis par des artisans et des professions libérales. Ebénistes, menuisiers, ferronnier, côtoient une maison d’édition, un cabinet d’architecte, un studio de design. Selon la légende, la cour en double impasse, destinée à devenir des écuries, aurait été construite aux alentours de 1789 avec les pierres de la Bastille. Son nom de cour d’Alsace-Lorraine lui est donné vers 1889, afin de commémorer la perte par la France des provinces d’Alsace et de Lorraine lors de la guerre contre la Prusse en 1871, provinces recouvrées après la Première Guerre Mondiale en 1918.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.