Paris : Église du Saint Esprit, influences stambouliotes avenue Daumesnil pour un lieu de culte de l'Entre-deux-guerres - XIIème

 

L'église du Saint Esprit réserve son entrée sur sa façade la plus étroite large de seize mètres au 186 avenue Daumesnil dans le XIIème arrondissement. Oeuvre de l'architecte Paul Tournon (1881-1964), auteur des plans de la cathédrale de Casablanca au Maroc, de l'église de Lubumbashi en République Démocratique du Congo, ce lieu de culte catholique étonnant est édifié entre 1928 et 1935. La construction intervient dans le contexte d'une croissance de la population du quartier au lendemain de la Première Guerre Mondiale. À l'origine du projet, se trouve le cardinal Verdier (1864-1940) archevêque de Paris de 1929 à sa mort. Fondateur de l'oeuvre les "Chantiers du cardinal" en 1931, il intervient dans la création de nombreuses paroisses en banlieue parisienne et dans les quartiers ouvriers. Dans le contexte de la crise économique des années 1930, bâtir des églises permet de créer des emplois. L'église est classée en totalité au titre des monuments historiques par arrêté du 5 juillet 2016.









En 1928, Paul Tournon imagine pour l'église du Saint Esprit un plan inspiré du modèle byzantin de l'église Sainte Sophie à Istanbul, notamment sa célèbre coupole. Il choisit un matériau moderne le béton armé et confie la structure au spécialiste du genre l'entrepreneur François Hennebique.

La façade en briques rouges de Bourgogne s'orne de bas-reliefs extérieurs sur le thème des arts et métiers. Le sculpteur Carlos Sarrabezolles (1888-1971)  emploie sa technique emblématique de la taille directe dans le béton en prise, qui nécessite précision et rapidité. Les bas-reliefs de Lucien Gibert (1904-1988), Fernand Guignier (1902-1980) ainsi que Maurice Muntzinger, Noël Feurstein ponctuent les ouvertures.

Paul Tournon compense par son inventivité les contraintes de la parcelle triangulaire en pente. L'escalier monumental de l'entrée compense le dénivellement de la parcelle entre l'avenue Daumesnil en contrebas et les rues Lannebière et Decaen. Le petit vestibule rattrape la symétrie du décalage de l'entrée par rapport au reste de l'édifice.








La coupole en béton armé, vaste de vingt-deux mètres de diamètre, conçue sans poussée, symbolise le Saint Esprit. Elle surmonté à trente-trois mètres de hauteur une nef carrée dont l'ordonnancement intérieur reprend celui de Sainte-Sophie. Quatre pendentifs et quatre demies coupoles à l'effigies des quatre grands prophètes et des évangélistes portent la grande coupole. Ils s'appuient sur douze petites demies coupoles, scandées par douze arches références aux apôtres. 

L'église du Saint Esprit fait l'objet d'une première inscription aux monuments historiques pour ses décors intérieurs en 1979. Le programme décoratif foisonnant associe mosaïques, vitraux, peintures, sculptures, ferronneries. Il est confié à des groupes d'artistes catholiques, L'Arche et surtout les Ateliers d'art sacré créés en 1916 par Maurice Denis (1870-1943) et Georges Desvallières (1861-1950). 

De 1935 à 1940, une quarantaine d'artistes parmi lesquels Nicolas Untersteller, Elizabeth Branly, Robert Paughéon interviennent sur les fresques et peintures murales qui retracent l'Histoire de l'Église. Maurice Denis peint "La Pentecôte" pour l'abside dans la chapelle de la Vierge, Jean Dupas "le Concile de Trente" pour le bras droit. Jean Gaudin réalise les mosaïques d'après les cartons du peintre Marcel Imbs qui signent également ceux des vitraux de la crypte. Déployés sur les murs, la Colombe du Saint Esprit, les quatre prophètes de l'Ancien Testament, les quatre évangélistes du Nouveau Testament, les douze apôtres et les douze prophètes.








Les vitraux sont créés par les peintres-verriers Louis Barillet, Paul Louzier, Jean Herbert-Stevens. Raymonds Subes réalisent les ferronneries d'art notamment la clôture du choeur et Jean Dunand dessine le mobilier liturgique. L'église du Saint Esprit est placée sous la direction des Eudistes. Le clocher plus tardif, achevé en 1963, comporte quatre cloches ainsi que des logements. 

Église du Saint Esprit
186 avenue Daumesnil - Paris 12 
Métro Daumesnil ligne 8



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Éditions Rivages
Le guide du promeneur 12è arrondissement - Danielle Chadych - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette