Paris : Grande Pagode du bois de Vincennes, le plus important Centre Bouddhique parisien installé dans les vestiges de l'Exposition Coloniale de 1931 - XIIème

 

La Grande Pagode du bois de Vincennes, plus important lieu de culte bouddhique de Paris, se loge au sein de deux curieux bâtiments, vestiges de l'Exposition Coloniale de 1931. Le long de la route de la ceinture du lac Daumesnil, l'entrée de l'enceinte vaste de 8000m2 est marquée par un groupe sculpté installé en 1972. Ce bronze de l'artiste japonais Torao Yazaki, réalisé en 1971, "Pèlerins des nuages et de l'eau", est la copie d'une œuvre dont l'original se trouve au temple de Sojiji, sur la péninsule de Noto. L'oeuvre représente sept pèlerins zen "Unsui". 








En 1930, Louis Hippolyte Boileau (1878-1948), héritier d'une longue lignée d'architectes intervenus sur le Bon Marché, le restaurant Prunier, l'Hôtel Plaza à Biarritz, et son confrère Charles Carrière remportent le concours concernant la réalisation d'édifices destinés à l'Exposition Coloniale. Au coeur du bois de Vincennes, ils réalisent un ensemble de six édifices inspirés des palais royaux africains parmi lesquels les pavillons du Togo et du Cameroun qui nous sont parvenus. La façade originelle du plus grand, haut de vingt-huit mètres, celui du Cameroun, est ornée de peintures de style Bamoun et Bamiléké. Un toit de pin du nord remplace la couverture bombée de chaume lorsque le bâtiment est affecté au Musée des Industries du Bois en 1933. Cette institution ferme définitivement en 1971. La porte d'entrée du pavillon plus petit, consacré au Togo, était surmontée d'une tête de buffle sculptée par Gustave Le Sage, aujourd'hui disparue. Sur la façade, se trouvaient des scènes de chasse peintes par Jean Lefeuvre (1882-1974).

En 1973, le pavillon du Cameroun est réaffecté. Inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 29 octobre 1975, il est réhabilité pour devenir pagode bouddhiste. Le site original empreint de spiritualité abrite le Centre bouddhique au bois de Vincennes, site naturel classé par décret du 22 novembre 1960. Le sculpteur François Mozès, travaille entre 1975 et 1977 dans les ateliers du peintre Mirò dans le XVème arrondissement, afin d'exécuter une statue de Bouddha dorée à la feuille. Haute avec son socle de plus de neuf mètres, elle est réputée comme la plus grande d'Europe. Inauguré le 28 octobre 1977 par Jacques Chirac (1932-2019), alors maire de Paris, le lieu de culte, est alors géré par l'Institut international bouddhique, association fondée en 1969 par l'ancien ministre Jean Sainteny (1907-1978).  









Dans l'enceinte, l'architecte Jean-Luc Massot conçoit le Temple bouddhiste tibétain Kagyu Dzong, entre 1983 et 1985, selon les instructions du maître Kalou Rinpoché (1905-1989), moine appartenant de l'école des Kagyüpa, l'un des premiers maîtres tibétains à enseigner en Occident. Le bâtiment est construit selon les règles traditionnelles, reflet de la philosophie bouddhiste. Les marches du porche représentent les quatre attentions parfaites au monde extérieur, au corps, aux sensations, aux phénomènes mentaux. Les quatre piliers, les quatre vérités énoncées par le Bouddha. La marquise au-dessus du porche affirme la prééminence du spirituel sur le temporel. La frise rouge symbolise l'établissement des êtres dans les lieux de grande félicité. 

L'Institut international bouddhique est dissout en 2003. En juin 2004, l'Union Bouddhiste de France lui succède dans la gestion de la Pagode de Vincennes. Les communautés du Sud-Est asiatique la considèrent comme un haut lieu spirituel et cultuel. Les fêtes religieuses, telles que Fête du Nouvel An Khmer en avril, Fête du Bouddhisme en mai, le Festival du Tibet en juin, y sont organisées selon les diverses traditions bouddhistes, zen coréen et japonais, theravada vietnamien et thaïlandais, ou tibétain. Le site classé demeure la propriété de la Ville de Paris. En gage d'amitié, la Thaïlande dépose lors d'une cérémonie officielle le 17 mai 2009 les reliques du Bouddha historique, issues du site sacré de Wat Saket à Bangkok. 







En 2015, la Ville de Paris accorde des subventions afin d'entretenir les bâtiments vétustes. Un million d'euros est affecté à la restauration du pavillon principal. Cette manne permet de financer le nouvel enduit des façades, mélange de plâtre et de fibres végétales, les piliers en mélèze autour du bâtiment ainsi que la roue du dharma à l'entrée de la pagode, symbole de sagesse. L'ancien pavillon du Togo, le plus petit, est transformé en bibliothèque.  

Grande Pagode du bois de Vincennes
Centre Bouddhique Kagyu-Dzong
40bis route du Lac Daumesnil - Paris 12
Métro Porte Dorée ligne 8



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Éditions Rivages
Le guide du promeneur 12è arrondissement - Danielle Chadych - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette