Paris : Grand Lavoir du Marché Lenoir, dernier vestige de l'établissement de la rue Cotte - XIIème

 

La façade de l'ancien Grand lavoir du Marché Lenoir, est l'ultime vestige de l'établissement édifié vers 1830 au numéro 9 de la rue Cotte dans le XIIème arrondissement. Elle se trouve désormais au numéro 3, à la suite d'une opération de sauvegarde du patrimoine industriel menée en 1989. Au XIXème siècle, blanchisseuses indépendantes et ménagères de ce quartier populaire fréquentent le lieu qui leur donne accès notamment à l'eau chaude. Structure de bois et de métal surmontée d'une cheminée de brique, système d'aération par des persiennes, séchoir en coeur de chêne, chaudière, sa conception originelle répond aux critères industriels les plus modernes de l'époque. Le Grand Lavoir du Marché Lenoir apparaît dans "Histoire d'un crime" de Victor Hugo, rédigé en exil entre 1851 et 1852, lors d'une scène évoquant les barricades du Faubourg Saint Antoine liées au coup d'État du 2 décembre 1851 par lequel Louis-Napoléon Bonaparte, président de la république depuis 1848 conserve le pouvoir alors que la Constitution l'en empêchait. 



En 1850 Paris compte seulement quatre-vingt-dix lavoirs intramuros. À la suite de la diffusion des préceptes hygiénistes, du développement des infrastructures liées à l'alimentation en eau de la ville, leur nombre augmente de façon importante. En 1884, il en existe près de trois-cents. Il s'agit de lieux populaires où se retrouvent des personnes de milieu modeste. Les familles aisées confient leur linge à de grands établissements situés en banlieue. 

Les lavoirs parisiens disparaissent avec la progression des technologies. Ils sont remplacés par des laveries industrielles, l'apparition des lavoirs mécaniques, puis à partir de la seconde moitié du XXème siècle des machines à laver et des laveries automatiques. Le dernier lavoir de Paris ferme ses portes dans les années 1970.

Malgré son activité florissante, le Grand Lavoir du Marché Lenoir est menacé de destruction lors de la reconstruction du Marché Beauvau en 1843. La bâtisse est finalement intégrée au plan de réhabilitation des halles couvertes et leurs alentours. Il demeure en activité jusque dans les années 1960. Une laverie industrielle s'installe dans les murs. Elle met la clé sous la porte en 1977. 






Au début des années 1980, la Mairie envisage la démolition de ce vestige du passé désormais sans vocation afin de construire une crèche et des logements sur la parcelle libérée. Les riverains amoureux du patrimoine se mobilisent pour sauver le Grand Lavoir du Marché Lenoir et parviennent à faire inscrire la façade au titre des Monuments historiques par arrêté du 1988. À la suite du compromis signé avec la municipalité, la façade au fronton néoclassique est déplacée, en 1989, en une seule matinée grâce à un système de rails. Elle glisse sur quarante mètres du numéro 9 au numéro 3 pour être insérée dans le mur qui clôt la cour de récréation d'une école. 

Façade du Grand Lavoir du Marché Lenoir
3 rue Cotte - Paris 12
Métro Ledru Rollin ligne 8




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Éditions Rivages
Le guide du promeneur 12è arrondissement - Danielle Chadych - Éditions Parigramme