Paris : Impasse Mousset, devenir radieux d'un ancien passage industriel de la rue de Reuilly - XIIème



L’impasse Mousset, dans le quartier Picpus Daumesnil a des allures radieuses de campagne à Paris. Venelle s’échappant de la rue de Reuilly, elle cahote sur des pavés disjoints au charme authentique. Les bicoques colorées pas trop retapées, façades envahies de végatation, joliment conservées dans un certain jus, bordent cette curiosité du vieux Paris toujours vivace. Ici, peu de changements sont survenus depuis le XIXème siècle. L’impasse Mousset est l’une des nombreuses échappées pittoresques qui débouchent sur la rue de Reuilly, ancien chemin médiéval, axe important du commerce de Paris jusqu’à Charenton et Saint-Maur. Passages et courettes, soigneusement planquées derrières des grilles, dissimulés au fond de profonds passages cochers, ne se laissent pas toujours approcher, jalousement gardés. L’impasse Mousset, ainsi que la cour d’Alsace-Lorraine dont je vous parlais ici font exception. Ancien passage industriel typique du faubourg, l’impasse Mousset est toujours largement ouverte sur la voie principale. Si l’activité a évolué, l’animation dans les ateliers perdurent. Aujourd’hui, ils sont occupés par des artisans ou bien ils ont été repensés dans les années 1990, à la suite d’une campagne de réhabilitation, pour devenir des habitations, des lofts et des espaces de travail.











Au Xème siècle, le chemin médiéval qui deviendra la rue de Reuilly est l’artère principale du fief de Reuilly lequel relève du domaine royal jusqu’au Moyen-âge. Bordé d’exploitations agricoles, les céréales, la vigne et l’élevage sont au centre des activité. Peu à peu, les cultures maraîchères se développent. Au XIIème siècle, le domaine dépend du Grand Prieuré du Temple. Ce sont les congrégations religieuses qui organisent son exploitation jusqu’au XVème siècle, époque à laquelle le fief est loué à la famille de Vitry.

Au XVIIème, en plein Paris le quartier possède encore une structure agricole. Incluse dans les anciennes limites de Paris, matérialisée par l’ancien Mur des Fermiers Généraux, la rue de Reuilly débute Faubourg Saint Antoine à côté de l’abbaye Saint Antoine et termine rue Lomblardie, formant un axe traversant. De nombreux couvents et maisons d’éducation s’établissent sur ses rives. Néanmoins, au XVIIIème siècle la rue de Reuilly, alors Grande rue de Reuilly, demeure peu construite. Elle est bordée de jardins, de vignes, de prés.










Au XIXème, le développement de l’industrie modifie la topographie de la rue de Reuilly tandis que sont percés passages, impasses et cours destinés à accueillir des ateliers et des petites manufactures. Les métiers du bois et du meuble par capillarité avec le faubourg Saint Antoine s’y développent. A proximité de l’impasse Mousset, se trouve d’ailleurs square Saint Charles, l’Ecole Boulle qui a déménagé à cet emplacement en 1889. Elle a pris le nom du premier ébéniste de Louis XIV, André Charles Boulle (1642-1732) en 1891 et dispense toujours de nos jours une formation aux artisanats d’art.

L’impasse Mousset, sa voisine, surprend par sa profondeur inattendue, 203 mètres de long, impression renforcée par la faible hauteur des édifices qui la bordent. Au printemps, vigne vierge, clématites, rosiers grimpants peinent à faire concurrence à l’explosion de glycine. L’abondante végétation passant par-dessus grilles et murs trahit la présence de coquets jardins de ville. 











Les anciennes manufactures transformées de l'impasse Mousset dressent fièrement leurs façades repeintes dans un camaïeu de couleurs pimpantes. Quelques exemples de briques rouges, des arbres plantés devant les maisons, des ateliers d’artistes, l'ancienne venelle industrielle joue la carte charme dans des détails tels que cette vieille enseigne rouillée annonçant hôtel, vins, liqueurs. Une communauté de cinéastes et décorateurs est venue y installer diverses sociétés de production, de doublage, de distribution. Tout au fond du cul-de-sac, la présence d’un club de tennis avec terrain intérieur créé la surprise.

Impasse Mousset - Paris 12
Accès 83 rue de Reuilly 
Métro Montgallet ligne 8



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie 
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouillet - Parigramme
Le guide du promeneur 12è arrondissement - Danielle Chadych - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Éditions de Minuit

Sites référents