Paris : Le IXème arrondissement en 20 étapes patrimoniales, de l'Opéra au Bas-Montmartre en passant par la Nouvelle-Athènes et la Chaussée d'Antin, du réseau des passages couverts jusqu'aux Grands Magasins et le Faubourg Montmartre


Le IXème arrondissement se distingue par sa physionomie contrastée Arrondissement éclectique à la fois sur le plan architectural et sociologique associe les contraires. La bourgeoisie de la Nouvelle Athènes et du quartier Saint Georges, les secteurs entièrement dédiés aux bureaux derrière la Chaussée d'Antin, le centre des affaires et les quartiers plus populaires le Faubourg Poissonnière, le Faubourg Montmartre et le Faubourg Saint Denis.D'une superficie 217,9 hectares, il se compose de quatre quartiers administratifs Chaussée d'Antin, Faubourg-Montmartre, Rochechouart, Saint-Georges

À la fin du XIXème siècle, il est parfois désigné sous le nom "d'arrondissement de l'opéra". Mais cet opéra ne fait pas référence à Garnier construit de 1861 à 1875, mais à l'Opéra Le Peletier inauguré en 1821, disparu dans un incendie en 1873. Les boulevards Poissonnière, Montmartre, des Italiens, Capucine, la Madeleine au Sud, la rue du Faubourg Poissonnière à l'Est, les rues d'Amsterdam, du havre, Tronchet et Vignon à l'Ouest circonscrivent le IXème arrondissement.

L'offre culturelle importante entretient l'idée idyllique d'un arrondissement artistique et intellectuel héritée du XIXème siècle. Les salles de spectacle proposent une offre variée, Opéra Garnier, Casino de Paris, Folies Bergères, L'Olympia, et théâtres, Edouard VII, Mogador, de Paris, La Bruyère, Fontaine. L'Hôtel Drouot, prestigieux hôtel de ventes aux enchères fait rayonner le marché français à l'international. Les musées, Musée de la Vie Romantique, Musée Gustave Moreau, Musée Grévin attirent de nombreux visiteurs. Pourtant la paupérisation progressive d'une partie du IXème éclipse presque la belle façade au cours du XXème. L'image touristique lustrée des grands boulevards, l'Opéra et les grands magasins tranche avec la facette plus interlope des nuits de Pigalle. La multiplication des commerces liés au tourisme de masse, restauration rapide, échoppes miteuses de souvenirs made in China détonnent. De plus une grande partie du parc immobilier a été dévolu aux bureaux notamment autour de la rue Taitbout vidant des quartiers entiers de leur population. 

L'histoire du IXème s'inscrit en parallèle de celle de l'abbaye bénédictine de Montmartre fondée par le roi Louis VI en 1133-1134, sur les terres libérées par un ancien prieuré clunisien relevant de Saint-Martin-des-Champs. Les vastes parcelles maraîchères notamment le domaine viticole important du Bas-Montmartre limitent l'urbanisation jusqu'à la Révolution et le démantèlement de l'abbaye. À la fin du XVIIIème siècle, une rupture se créé entre le Haut-Montmartre et le Bas-Montmartre. Ce dernier se constitue essentiellement de maisons de campagne, de folies et de petits domaines. 

L'abbaye de Montmartre n'est pas la seule à voir ses propriétés nationalisées. Sous le Premier Empire, à la suite de la démolition du Couvent des Capucines, en 1806, les terrains libérés font l'objet de vastes lotissements depuis notre actuelle place Vendôme jusqu'à la Madeleine et l'actuel boulevard des Capucines. À partir des années 1820, le démembrement des grands hôtels particuliers autour de la Bourse transforme sensiblement l'arrondissement.

Au cours de la Monarchie de Juillet, l'urbanisation touche enfin le IXème arrondissement est touché, dans le cadre de lotissement lié la disparition des grands domaines du clergé et de l'aristocratie. La Nouvelle Athènes, "la république des Arts et des Lettres", épicentre du mouvement romantique, nouvel ensemble homogène, voit le jour. Hommes de lettres, musiciens, actrices à succès, cantatrices font appellent aux plus célèbres architectes afin d'y construire leurs hôtels particuliers.

Bientôt les limites administratives évoluent. Le mur des Fermiers Généraux, mur d'octroi édifié de 1784 à 1790, du boulevard de Rochechouart jusqu'au boulevard de Clichy est repoussé. L'enceinte de Thiers entre 1841 et 1844, muraille défensive longue de trente-six kilomètres, le remplace. Le Second Empire détermine les frontières des nouveaux arrondissements à la suite de l'annexion des communes limitrophes au territoire de Paris, la loi du 16 juin 1859 appliquée à partir du 1er janvier 1860. Les grands travaux haussmanniens destinés à moderniser la ville transforme en profondeur le Sud du IXème avec la percée des grands axes, les boulevards bordés d'immeubles bourgeois à l'esthétique homogène. Au XIXème siècle, les immeubles résidentiels sont réhabilités en immeubles de bureaux tandis que les banques d'affaires, Laffitte, Rothschild, le Comptoir d'Escompte, le Crédit de France, la Société Générale, la Compagnie d'assurance y font construire de prestigieux sièges. La population diminue

Nos actuels grands boulevards entretiennent la mémoire des anciennes fortifications défensives successives en particulier la dernière l'enceinte de Thiers démolie entre 1919 et 1929. À la fin des années 1990, la Mairie soutient une reconversion des ensembles de bureaux en logements. Des opérations de rénovation, de modernisation, de revalorisation notamment de l'ensemble des grands boulevards entre Madeleine et République dégradés progressivement depuis le XIXème, redonnent vie à l'arrondissement. Le Comité des Grands Boulevards oeuvre à la protection des immeubles remarquables, la limitation de la circulation automobile. La rédaction vous invite à découvrir le IXème arrondissement en 20 étapes patrimoniales.




1/ Passage Jouffroy
Accès 10 boulevard Montmartre au sud et 9 rue de la Grange-Batelière au nord - Paris 9
Métro Grands Boulevards lignes 8 et 9

Le passage Jouffroy, premier passage parisien entièrement conçu en métal et en verre - seuls les éléments décoratifs sont en bois - mais aussi l’un des plus tardifs à avoir été percé, bénéficie des avancées technologiques et architecturales du XIXème siècle. Son inscription aux monuments historiques par arrêté date du 7 juillet 1974. Tracé dans l’axe de celui des Panoramas comme une invitation à poursuivre une promenade à couvert, ses amples proportions, 140 mètres de long et 4 mètres de large bénéficient d’une belle luminosité grâce à sa verrière autoportante résolument moderne. Son charme suranné doit beaucoup à la présence de jolies échoppes, petits commerces originaux, tels ce vendeur de cannes de collection, cette librairie spécialisée dans les livres d’art rares ou encore l’amusant Palais Oriental à la façade stuquée. Le passage Jouffroy fait partie de ces trésors parisiens en léger décalage avec l’effervescence de la ville contemporaine survoltée. Et le temps suspendu bruit encore du frou-frou des robes des belles du Second Empire.




2/ Passage Verdeau 
Accès 6 rue de la Grange-Batelière - 31 bis du Faubourg - Paris 9
Métro Grands Boulevards lignes 8 et 9

Le passage Verdeau, dernier tronçon de l’enfilade Panoramas, Jouffroy, a longtemps été délaissé par les flâneurs malgré son charme pittoresque, au profit de ses aînés. L’affluence générée par une annexe de l’hôtel Drouot installée en 1980 a relancé son activité. Nombreux antiquaires, galeristes, librairies ont rejoint les échoppes de cette galerie couverte où se pressent aujourd’hui amateurs d’art, chineurs, et collectionneurs. Pratiquement inchangé depuis son percement en 1847, il appartient au Ministère de la Culture et a été inscrit par arrêté du 7 juillet 1974 aux Monuments Historiques. Long de 75 mètres et large de 3,75 mètres, il appartient au réseau de ces promenades abritées des intempéries qui forment un maillage d’ilots fermés parallèle aux rues.




3/ À la Mère de Famille
35 rue du Faubourg Montmartre - Paris 9
Métro Richelieu Drouot lignes 8, 9 / Le Peletier ligne 7

"À la Mère de Famille" revendique le titre de plus ancienne confiserie de Paris. La boutique patrimoniale du 35 rue du Faubourg Montmartre annonce au fronton "depuis 1761". La façade vert bouteille, au décor de verres églomisés à la feuille d'or, est inscrite aux monuments historiques depuis 1984. A l'intérieur, le décor du XIXème siècle, intact, confère un charme particulier au lieu, comptoir et guichet de bois patiné par les ans, carreaux de ciment au sol et achalandage pléthorique de confiseries. Les friandises traditionnelles, pâtes d'amandes, fruits confits, guimauves, chocolats, confitures, côtoient des ajouts plus récents, crèmes glacées, biscuits régionaux, cakes. Depuis 2000, la famille Dolfi a repris les rênes de ce beau vaisseau gourmand dont l'histoire remonte au XVIIIème siècle. L'enseigne "À la Mère de Famille" est devenue une véritable marque dont la réputation traverse les frontières de l'Hexagone. Le groupe égrène les filiales à travers toute la France. En région, il reprend les belles maisons patrimoniales en péril afin de faire vivre les savoir-faire. 




4/ Église Saint Eugène Sainte Cécile
4 rue du Conservatoire - Paris 9
Métro Bonne Nouvelle lignes 8, 9 - Grands Boulevard lignes 8, 9

L'église Saint Eugène Sainte Cécile associe une structure métallique, ossature de fonte et de fer autoportée, peu coûteuse, à une enveloppe de pierre de style néo-gothique. Édifiée en vingt mois, du 6 mars 1854 au 9 décembre 1855, dans l'urgence et à l'économie, elle est, en son temps, admirée pour l'inventivité de sa structure, mais fustigée pour son historicisme.  Tour à tour qualifié de pastiche ou de réinvention, l'église Saint Eugène Sainte Cécile témoigne de la première utilisation d'une charpente métallique dans le cadre d'un édifice religieux, technique alors déjà répandue dans l'architecture civile. Espace, lumière et polychromie caractérisent ce lieu de culte à l'esthétique marquée d'historicisme éclectique propre au XIXème siècle. Les matériaux modernes, fonte, verre rencontrent les formes empruntées au gothique ogival de la fin du XIIIème siècle. D'aspect ancien, elle dispose des installations à la pointe de la modernité, éclairage au gaz, chauffage par calorifère. Depuis 1952, l'église Saint Eugène Sainte Cécile a adopté un double vocable, sainte Cécile patronne des musiciens, ayant été ajouté en raison de la proximité du Conservatoire. L'église est entièrement classée au titre des Monuments historiques par arrêté du 21 mars 1983, protection remplaçant l'inscription du 15 janvier 1975.




5/ Square d’Anvers 
10 bis avenue Trudaine – Paris 9
Métro Anvers ligne 2
Horaires : 
- Ouverture : Du lundi au vendredi 8h - Samedi et dimanche 9h
- Fermeture : Du 1er octobre à l'heure d'hiver 19h30 / De l'heure d'hiver à fin février 17h45 / Du 1er mars à l'heure d'été 19h / De l'heure d'été au 30 avril 20h30 / Du 1er mai au 31 août 21h30 / Du 1er septembre au 30 septembre 20h30

Le square d'Anvers, ouvert en 1877, occupe des terrains dont l'histoire ne manque pas d'intérêt. A cet emplacement au XVème siècle, se trouve le débouché du chemin du Pressoir Bénédicité, pressoir propriété de l'abbaye de Saint Denis du XIVème au XVIIIème siècle, situé au niveau de l'actuelle place Charles Dullin. Au cours du règne de Napoléon Ier (1769-1821), la Ville de Paris mène une politique d'embellissement et d'assainissement. Canaux d'approvisionnement en eau, égouts, fontaines à boire, et création d'abattoirs officiels participent du grand projet hygiéniste. Un décret impérial de 1810 interdit l'abattage des animaux au sein de la ville. Les "tueries", lieux non-réglementés sont fermés. Cinq grands abattoirs sont créés aux frontières de Paris, par-delà les fortifications. Les abattoirs de Montmartre, dits aussi abattoirs de Rochechouart sont inaugurés en 1818. Ils sont désaffectés à la suite de l'inauguration des abattoirs généraux de la Villette en 1867. Le square d'Anvers est aménagé sur les terrains libérés par leur démolition. 



6/ Maison Viollet-le-Duc 
68 rue Condorcet - Paris 9
Métro Anvers ligne 2 / Pigalle lignes 2, 12

Au 68 rue Condorcet, immeuble inscrit aux Monuments historiques le 16 décembre 2014, le Grand-Duc veille, perché sur le meneau de deux grandes baies, de l'avant-dernier étage. Motif de rapace repris pour le pavement en mosaïque du vestibule. Oeuvre de l'architecte, Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), cette maison, construite en 1862, fut son domicile, durant dix-sept ans, jusqu'à la fin de sa vie. Le cabinet de l'architecte se trouvait au troisième, là où niche le rapace de pierre, sous le sous le balcon filant de l'attique. Héritier du mouvement romantique, goût pour l'historicisme, un Moyen-Âge fantasmé, une forme de pittoresque devenu esthétique néo-gothique, le rationalisme constructif théorisé par Viollet-le-Duc adapte la forme et le décor à la fonction et à l’environnement. Les préceptes du rationalisme constructif nourrissent une véritable réflexion sur la structure architecturale. Ils inspirent une génération d'architecte à sa suite. Le 68 rue Condorcet se distingue par la sobriété de sa façade dynamisée par le jeu des baies cintrées et rectangulaires, un portail décentré. Consoles massives, arcades légères des fenêtres et du portail caractérise le style Viollet-le-Duc. 



7/ Hôtel Judic
12 rue Cardinal Mercier - Paris 9
Métro Place Clichy lignes 2, 13 / Liège ligne 13

L'Hôtel Judic, au 12 rue Cardinal Mercier, porte le nom de sa commanditaire Anna Judic (1849-1911), comédienne et chanteuse à succès de la Belle Époque. Elle confie le dessin de sa prestigieuse résidence parisienne à l'architecte Jacques Devret (1832-1900). Celui-ci intervient à plusieurs reprises dans la rue. Il invite le sculpteur Georges Trugard (1848-1904) pour réaliser le programme décoratif d'une façade néo-renaissance éclectique. Originale, elle se divise en deux parties asymétriques. À gauche, le portail en bois sculpté, surmonté d'un cadre fleuri dans lequel un putto joue de la lyre, est encadré de lanternes ouvragées. Chimères, sphinx, bestiaire fantastique, soulignent les balustrades des balcons. Motifs végétaux et guirlandes variés ont des inflexions Art Nouveau. À droite sur deux étages, se déploie une immense verrière, vitrail réalisé par le maître-verrier Charles Champigneulle (1853-1905), d'après la fresque "La rencontre d'Antoine et Cléopâtre" de Giambattista Tiepolo (1696-1770) au Palais Labia de Venise. 




8/ Immeuble 9 rue Victor Massé Paris 9
Métro Pigalle lignes 2, 12

L'immeuble néo-renaissance du 9 rue Victor Massé témoigne de l'essor sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) du quartier de la Nouvelle Athènes. L'architecte Victor Coutiller signe la façade en 1840. A cette époque, le goût pour l'historicisme favorisé par le mouvement romantique, et l'influence de l'architecte Viollet-le-Duc (1814-1879), engagé dans des campagnes importantes de conservation du patrimoine, se font ressentir jusque dans les constructions résidentielles. Le style Louis-Philippe, esthétique éclectique alors en vogue, incorpore des éléments empruntés aux répertoires néorenaissance, néogothique, Louis XIII, Rocaille. Au 9 rue Victor Massé, Courtiller recherche le pittoresque et les associations audacieuses. Le programme décoratif foisonne de motifs ornementaux, guirlandes, fruits, oiseaux, masques et putti. L'abondance de détails sculptés, pilastres composites, frises donne une impression de profusion caractéristique. Embauché par l'avocat François Rosaz, Victor Coutiller signe, en parallèle, les plans des pavillons d'inspiration palladiennes édifiés aux numéros 3, 5 et 7 de l'avenue Frochot. Ils sont réalisés par son confrère architecte-entrepreneur Veniez en 1839 et 1842. Victor Coutiller et son épouse Rosalie Lavaud demeurent au numéro 4 avenue Frochot dans une villa construite en 1838.




9/ Avenue Frochot - Paris 9
Métro Pigalle lignes 2, 12

L'avenue Frochot voie privée inaccessible aux non-résidents, trottine en pente douce depuis le 26 rue Victor Massé, et s'achève en impasse sur le 3 place Pigalle, ancienne entrée condamnée. Au carrefour de trois voies du quartier de la Nouvelle Athènes, elle ouvre sur la place Gabriel Kaspereit, immortalisée par le réalisateur François Truffaut (1932-1984), dans une scène du film "Les Quatre-cents coups" en 1959. Le chemin pavé dessert une série cohérente de pavillons du XIXème siècle, pour la plupart construite lors du lotissement en 1836, sous la direction de Charles Picot (1795-1870), magistrat et spéculateur. Les règles de construction ont permis de préserver l'atmosphère hors du temps de l'avenue Frochot, large de sept mètres et bordée de trottoir. Les servitudes originelles de la copropriété limitent la hauteur du bâti à onze mètres. Obligation est faite de maintenir des jardins en façade ouverts sur la voie. La location chambres et appartements garnis est interdite ainsi que le placement d'écriteaux ou d'enseignes. La circulation des voitures y est limitée et le stationnement prohibé. L'unité de volume ne dispense pas de la diversité stylistique. Villas, hôtels particuliers, pavillons, proposent des variations néoclassiques, néorenaissances, néogothiques, palladiennes. Oasis de quiétude, prisée des artistes, l'avenue Frochot n'ouvre ses portes qu'à ses habitants. 




10/ Immeuble Louis-Philippe
27 rue Victor Massé / 34 rue Henry Monnier - Paris 9
Métro Pigalle lignes 2, 12

L'immeuble de style Louis-Philippe à double façade, 27 rue Victor Massé et 34 rue Henry Monnier, est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 30 décembre 1977. La protection porte sur les façades et la toiture. D'inspiration néo-renaissance, il a été édifié entre 1847 et 1850 dans le cadre d'un projet d'ensemble comportant trois immeubles sur la rue Victor Massé, alors rue Laval, aux numéros 23, 25 et 27. Attribué aux architectes D'Avrange et Durupt, au sujet desquels aucun élément n'est disponible en ligne, ces édifices répondent à une mode architecturale développée en parallèle du mouvement romantique et le goût pour l'historicisme. Cette esthétique éclectique incorpore des éléments empruntés aux répertoires néo-renaissance, néogothique, Louis XIII, Rocaille.




11/ Musée de la Vie Romantique 
16 rue Chaptal - Paris 9
Métro Pigalle lignes 2, 12

Le Musée de la Vie Romantique, ancienne demeure parisienne du peintre Ary Scheffer (1795-1858), également son atelier, propose au visiteur une parenthèse champêtre hors du temps. Pavillon dans son écrin de verdure, ravissant jardin, salon de thé niché dans la serre restaurée, jolie cour pavée, deux ateliers reconstitués, ce cadre historique et patrimonial, l'un des musées de la Ville de Paris, est géré par Paris Musées depuis 2013. L'institution consacrée à l'art du XIXème siècle témoigne dans ses murs préservés du cadre de vie typique du quartier de la Nouvelle Athènes développé dans les années 1830. Inauguré en 1982, alors annexe du Musée Carnavalet, le Musée de la Vie Romantique ne prend son nom qu'en trouvant sa nouvelle vocation autonome en 1987 




12/ Villa Ballu 
23 rue Ballu - Paris 9
Métro Place de Clichy lignes 2, 13 - Blanche ligne 2

La Villa Ballu, enclave champêtre caractéristique du quartier de la Nouvelle Athènes, se dissimule derrière l'immeuble du numéro 23 rue Ballu. L'intéressante façade de celui-ci, développe un décor éclectique, aux inflexions Art Nouveau marquées. Le rez-de-chaussée se compose autour de deux arcades, l'une ouverte sur un porche fermé à l'occasion par une grille, qui mène à la villa Ballu, la seconde close par une porte modern style. L'immeuble du 23 rue Ballu, propriété de Mme Petit de Gâtines en 1856, accueille à l'origine un atelier de sculpteur et un second de peintre. Résidence personnelle de l'écrivain Émile Zola (1840-1902), il habite au deuxième puis au premier étage. Il quitte la rue Ballu en 1889 pour la rue de Bruxelles. Le peintre Edgar Degas (1834-1917) y habite quelque temps. Le poète Stéphane Mallarmé évoque l'adresse dans son poème dédié à ses amis, "Les loisirs de la Poste" : "Rue, au 23, Ballu. / J'exprime / Sitôt juin à Monsieur Degas / La satisfaction qu'il rime / Avec la fleur des syringas".




13/ Musée Gustave Moreau 
14 rue de La Rochefoucauld - Paris 9
Tél : 01 83 62 78 72
Horaires : Ouvert du mercredi au lundi de 10h à 18h - Fermé le mardi - Visites commentées sur réservation
Métro Trinité - d'Estienne-d'Orves ligne 12 / Saint-Georges ligne 12

Le Musée Gustave Moreau, au coeur du quartier de la Nouvelle Athènes, témoigne de la démarche du peintre symboliste dans un cadre intime, rare exemple d'une maison-atelier transformée en musée monographique, pensé et scénographié par l'artiste lui-même. Oeuvres lyriques, thématiques bibliques, mythologiques, littéraires, l'institution conserve près de 25 000 pièces, productions de jeunesse et dernières esquisses, vastes collections de plus de 1 200 peintures, des pastels, des aquarelles. 4830 dessins sont présentés dans les armoires et placards à volets pivotants et plus de 7800 conservés en réserve. L'accrochage esthétique par format, muséographie inchangée depuis l'ouverture du musée en 1903, reflète la personnalité de Gustave Moreau (1826-1898), son érudition, sa curiosité vis-à-vis de ses pairs et des jeunes générations. 




14/ Square d'Orléans
80 rue Taitbout - Paris 9
Métro Saint Georges ligne 12

Le Square d'Orléans, situé au 80 rue Taitbout, prend sa forme actuelle sous la houlette de l'architecte anglais Edward Cresy (1792-1858) dans les années 1830. Cette cité privée du quartier de la Nouvelle Athènes, résidence au XIXème de nombreux artistes, est depuis 2020 la propriété du fonds de pension danois PFA. Une restauration d'envergure a favorisé le développement de bureaux de prestige en conservant un nombre plus restreint de logements. L'ensemble immobilier, 14 000m2 sur une parcelle de 5 700m2, se déploie sur trois cours, deux modestes l'entrée et la cour George Sand, une troisième plus importante au coeur de la composition, le Square d'Orléans à proprement parler. La cité surprend par sa quiétude et ses allures résolument britanniques. Quatre corps de bâtiments délimitent la cour principale déployée autour d'un jardinet ovale où chante une fontaine. L'utilisation de colonnes ioniques, assez courantes en Angleterre, plus rares en France, confère à l'ensemble cet esprit anglo-saxon, très exotique à Paris. Le Square d'Orléans est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 30 décembre 1977.




15/ Cité de Trévise
Accès 14/18 rue Richer - 7 rue Bleue - Paris 9
Métro Cadet ligne 7

La Cité de Trévise, édifiée entre 1840 et 1844 sur les plans de l'architecte Édouard Moll (1797-1876), a vu le jour dans le cadre d'une opération immobilière empreinte d'anglophilie. Londres est alors la ville moderne par excellence, modernité qui inspirera Napoléon III et le baron Haussmann à partir de 1856. Le secteur loti à partir du Premier Empire (1804-1815) et de la Restauration (1814-1830) se couvre d'hôtels particuliers, pavillons, petits immeubles entre cours et jardins. Au Sud de la parcelle, sur le plan Maire de 1808 indique une brasserie flamande. Une maison de rendez-vous galants nourrit alors la mauvaise réputation du quartier. À partir de 1840, la Cité de Trévise, placette ouverte entre le nouveau quartier de la Boule Rouge et le Faubourg Poissonnière, se développe sur les terrains libérés par la disparition de l'hôtel Margantin. Celui-ci a été édifié en 1786 par l'architecte Nicolas Lenoir (1733-1810), spéculateur important du quartier d'Aligre au Faubourg Poissonnière, pour son associé dans le cadre des opérations menées autour du Clos-Cadet, le notaire Margantin.




16/ Les Folies Bergère
32 rue Richer - Paris 9
Métro Cadet ligne 7

Les Folies Bergère, mythique salle de music-hall inaugurée en 1869, perpétuent la légende depuis plus de cent-cinquante ans. La façade Art Déco aux lignes épurées, les bas-reliefs dorés signés Maurice Pico sont reconnus dans le monde entier. Le cabaret a inspiré "Un bar aux Folies Bergère" (1882) tableau d'Édouard Manet, des pages de l'histoire littéraire dans "Bel Ami" de Maupassant en 1885. Sur scène, les plus grands se sont produits : Loïe Fuller, Mistinguett, Joséphine Baker, Maurice Chevalier, Charles Trenet, Jean Gabin, Charlie Chaplin. Aujourd'hui, Les Folies Bergère s'illustrent par les comédies musicales, les concerts et les spectacles d'humour. Récemment le "Fashion Freak Show" de Jean-Paul Gaultier, les revues de Dita Von Teese, les concerts de Vincent Delerm, Ben Harper, Zazie, Benjamin Biolay, le seul-en-scène d'Alex Lutz ont enflammé les spectateurs. Aujourd'hui, Les Folies Bergère sont inscrites aux Monuments historiques, par arrêté du 7 novembre 1990. Show must go on !




17/ Ancien Siège de la Société Française des Eaux Minérales
30 rue de Londres - Paris 9
Métro Saint Lazare lignes 3, 12, 13, 14

Au 30 rue de Londres, derrière la gare Saint Lazare, une façade de céramique émaillée signale l’ancien Siège de la Société Française des Eaux Minérales créée au début du XXème siècle. L’immeuble édifiée sur les plans de l’architecte Henri Baranton vers 1920 se distingue par ces vibrantes couleurs, bleu, vert. Mentions et symboles ponctuent le décor de grès cérame, oeuvre de la manufacture Fourmaintraux-Delassus de Desvres. Ils évoquent la vocation de l’entreprise. Deux colonnes de bulles filant le long du mur encadrent la façade et rappellent le pétillant des eaux minérales, dans une association perles et bulles. Les couronnes rehaussées de perles sigle de l’entreprise ont été placées au-dessus de la porte d’entrée et de deux fenêtres du cinquième étage. Entre la corniche et les trois fenêtres centrales du premier étage, se trouve inscrit "Vals sources Perles", référence aux sources exploités par la Société Française des Eaux Minérales.




18/ Maison Dorée
20 boulevard des Italiens - Paris 9
Métro Richelieu-Drouot lignes 8, 9

La Maison Dorée au 20 boulevard des Italiens, attire le regard par sa façade de style Louis-Philippe, foisonnement de motifs, minutie du détail, beauté des ferronneries. Une frise sculptée, scène de chasse extravagante, ceinture tout le bâtiment. Oeuvre de l'architecte entrepreneur Victor Lemaire sur les plans des frères Kaufman, la bâtisse est édifiée vers 1839 sur la rue tandis qu'à l'arrière se déploie dans le même temps la Cité des Italiens. Les sculpteurs Jean-Baptiste Klagmann (1810-1867), Auguste Jean Baptiste Lechesne (1815-1888), Gabriel-Joseph Garraud (1807-1880) et Pierre-Louis Rouillard (1820-1881) réalisent le programme décoratif. Sous la Monarchie de Juillet, la Maison Dorée, célèbre établissement gastronomique ouvert vers 1841, lieu de bonne chère et de plaisirs, réunit dans ses salons privés, mondains, artistes, politiciens, aristocrates, et courtisanes. Honoré de Balzac, les frères Goncourt, Alexandre Dumas, Victor Hugo appartiennent au cercle des habitués ainsi que le prince de Galles, futur Edouard VII, le baron de Saint Cricq, le marquis britannique Richard Seymour-Conway, Khalil Bey, diplomate turc commanditaire du tableau "L’Origine du monde" (1866) de Gustave Courbet. Aujourd'hui, malgré les apparences, la Maison Dorée a fait l'objet d'une transformation radicale. Exemple troublant de "façadisme", seule la façade néo-renaissance d'origine a été préservée. Les intérieurs entièrement démolis ont été reconstruits en intégralité lors de l'acquisition par la BNP en 1974. L'ensemble de cours intérieures de la Cité des Italiens attenante a disparu dans l'opération immobilière.




19/ Ancien Hammam
18 rue des Mathurins - Paris 9
Métro Opéra lignes 3, 7, 8

Une curieuse façade d'inspiration mauresque se dresse au 18 rue des Mathurins à l'angle de la rue Auber. Seul vestige d'un célèbre établissement de la Belle Époque, "Le Hammam, bains turco-romains", inauguré le 16 mars 1876, définitivement fermé en 1954, la bâtisse témoigne de l'orientalisme architectural, composante de l'éclectisme alors en vogue. Les deux architectes Albert Duclos (1848-1896) et William-Antoine Klein (1836-1915), interviennent en 1875 sur un terrain situé sur la rue Neuve-des-Mathurins qui deviendra rue-des-Mathurins en 1881. Dans ce même style orientaliste, ils signent l'Eden Théâtre édifié en 1883, esthétique de temple hindou et de bazar marocain, disparu en 1893, remplacé par l'actuel Athénée Louis Jouvet. Lieu de soins, de délassement et de mondanités, il est fréquenté par la bonne société, grands bourgeois et aristocrates, politiciens et capitaines d'industrie, banquiers et artistes. Les prospectus publicitaires vantent la présence d'une clientèle prestigieuse, le baron Henri de Rothschild, le duc d'Aumale, le duc de Montpensier, le prince de Galles futur Edouard VII, le prince Napoléon cousin germain de Napoléon III, ou encore le baron Haussmann et Léon Gambetta. Le hammam reçoit également les dames et leur réserve leur propre entrée, aujourd'hui disparue, au 47 boulevard Haussmann.





20/ Place et rue Edouard VII
Accès 22 boulevard des Capucines / Square Opéra Louis Jouvet - Paris 9
Métro Opéra lignes 3, 7, 8

La rue et la place Edouard VII déploient les charmes patrimoniaux d'un ilot conçu entre 1911 et 1913. Le lieu, réinventé au milieu des années 1990 dans l'esprit d'origine, multiplie les jolies boutiques aux devantures de bois, terrasses de cafés et restaurants étendues aux beaux jours sur une voie piétonnière. Depuis le boulevard des Capucines pour rejoindre la rue Boudreau, en passant par la rue et la place Edouard VII et le square de l'Opéra Louis Jouvet, la traversée a des allures d'échappée hors du temps. Sur la place Edouard VII, une statue équestre du souverain (1913), oeuvre de Paul Landowski, converse avec "Le Poète chevauchant Pégase" (1895), d'Alexandre Falguière, côté square. Le nom de la rue et de la place rend hommage au roi d'Angleterre, Edouard VII (1841-1910), fils de la reine Victoria. Demeuré Prince de Galles durant soixante ans, "le plus parisien des Anglais", dont les noces et autres mondanités ont laissé un souvenir tumultueux dans le quartier de l'Opéra, sera une fois couronné en 1901, l'un des instigateurs de l'Entente cordiale entre le Royaume-Uni et la République française, signée en 1904.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.