Paris : Musée de la Vie Romantique, institution culturelle dédiée aux artistes du XIXème siècle - IXème

 

Le Musée de la Vie Romantique, ancienne demeure parisienne du peintre Ary Scheffer (1795-1858), également son atelier, propose au visiteur une parenthèse champêtre hors du temps. Pavillon dans son écrin de verdure, ravissant jardin, salon de thé niché dans la serre restaurée, jolie cour pavée, deux ateliers reconstitués, ce cadre historique et patrimonial, l'un des musées de la Ville de Paris, est géré par Paris Musées depuis 2013. L'institution consacrée à l'art du XIXème siècle témoigne dans ses murs préservés du cadre de vie typique du quartier de la Nouvelle Athènes développé dans les années 1830.

Inauguré en 1982, alors annexe du Musée Carnavalet, le Musée de la Vie Romantique ne prend son nom qu'en trouvant sa nouvelle vocation autonome en 1987. Le rez-de-chaussée de l'hôtel réunit un ensemble de memorabilia de George Sand, cent-soixante-dix pièces léguées en 1928 par sa petite-fille Aurore Lauth. Mobilier, objets personnels parmi lesquels la tabatière du maréchal de Saxe, bijoux, aquarelles peintes par la femme de lettres à la fin de sa vie, et le célèbre portrait peint par Auguste Charpentier sont mis en scène dans des reconstitutions signées Jacques Garcia, du salon jaune et de la chambre bleue de la propriété Nohant en Berry.

Au premier étage se trouvent les salles consacrées aux collections Scheffer-Renan léguées à la Ville de Paris par Corrie Psichari, petite-fille de la nièce d'Ary Scheffer et petite-fille d'Ernest Renan, philosophe, historien des religions. Aux meubles et souvenirs de ce dernier, s'ajoute le premier fonds Ary Scheffer constitué en 1953 de deux dépôts, pièces issues des collections du musée Carnavalet et de la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Les prêts du musée de Dordrecht auquel la fille d'Ary Scheffer lègue, en 1898, le fonds d'atelier de son père, complètent cet ensemble. En 1995, Pierre Bergé dépose au musée la collection romantique assemblée par Jacques Chazot (1928-1993), autour de La Malibran, George Sand, Rachel, Sarah Bernhardt, dessins et peintures du XIXème siècle, oeuvres du peintre Ary Renan, bronze de Marie d'Orléans, deux huiles de Louise Abbéma. 








Ary Scheffer, portraitiste de renom, figure majeure du mouvement romantique nait à Dordrecht en Hollande en 1795. Issu d'une famille d'artistes, son père Johan Bernard Scheffer est un peintre et graveur allemand, sa mère Cornelia Lamme une peintre néerlandaise, il perpétue la tradition ainsi que son frère Henry Scheffer puis sa fille Cornélia Scheffer. Ary Scheffer s'installe à Paris en 1811. Son talent et son entregent le distinguent. A partir de 1824, il devient professeur de dessin pour les enfants du duc d'Orléans, futur Louis-Philippe. Alors qu'il enseigne notamment à Marie et Ferdinand, il noue des liens étroits avec la famille royale de la Monarchie de Juillet (1830-1848).

En 1830, Ary et Henry Scheffer louent la maison construite pour Abraham Wormser commissaire aux marchandises lors du lotissement de la rue Chaptal en 1825. Deux ateliers sont aménagés dans la cour. Ary Scheffer ne tarde pas à acheter l'hôtel particulier. Il y reçoit ses élèves, ses amis du monde artistique et littéraire. Véritable foyer d'inspiration, ce salon romantique est fréquenté par l'écrivain George Sand, le peintre Eugène Delacroix, voisin dont l'atelier se trouve à Notre-Dame-de-Lorette, les compositeurs Gioachino Rossini, Charles Gounod, Franz Liszt, Frédéric Chopin, Pauline Viardot, les écrivains Ivan Tourgueniev et Charles Dickens, le philosophe Ernest Renan qui fait connaissance de Cornélie Scheffer fille d'Henry Scheffer. 








Au décès d'Ary Scheffer, la propriété demeure dans la famille. Sa fille Cornélia disparue sans descendance, lègue la maison à sa nièce Noémi Renan-Psichari qui a quatre enfants. La benjamine de cette fratrie, Corrie Psichari-Siohan formule l'idée avec l'accord de sa soeur aînée Henriette Psichari de transformer la maison de famille en lieu patrimonial inaliénable. En 1956, la gestion de "l'enclos Chaptal" est confiée à l'État français, projet soutenu par André Malraux ministre de la Culture puis Jacques Chirac maire de Paris en 1977.

L'État devient pleinement propriétaire de l'hôtel particulier en 1981. Placé sous la tutelle du Musée Carnavalet, le Musée Renan-Scheffer est inauguré en 1983. L'institution culturelle rouvre sous le nom de Musée de la Vie Romantique en 1987, à la suite d'une rénovation dans un style XIXème siècle supervisée par l'architecte d'intérieur et décorateur Jacques Garcia. Anne-Marie de Brem, conservatrice du patrimoine et historienne de l'art spécialiste d'Ary Scheffer prend la direction de l'établissement jusqu'en 1998. 









Daniel Marchesseau, conservateur général du patrimoine, prend sa suite. En 2003, le Musée de la Vie Romantique fait appel au décorateur François-Joseph Graf pour mener des aménagements complémentaires. Il redonne vie aux deux ateliers de peintre, désormais espaces dédiés aux expositions temporaires. Le grand atelier d'Ary Scheffer reconstitué, retrouve des éléments originels, poêle, bibliothèque d'acajou et le gisant de la mère de l'artiste, sculpté en 1839, qu'il conservait avec lui. L'État confie définitivement, en 2002, la propriété, maison et jardin, à la Ville de Paris. En 2013, Daniel Marchesseau cède sa place à Jérôme Farigoule, (depuis avril 2023, conservateur en chef de la période moderne, Renaissance-XIXᵉ siècle, au Louvre Abu Dhabi). En janvier 2019, Gaëlle Rio lui succède à la direction du musée.

Musée de la Vie Romantique 
16 rue Chaptal - Paris 9
Métro Pigalle lignes 2, 12



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos
Le guide du promeneur 9è arrondissement - Maryse Goldemberg - Parigramme