Le IVème arrondissement se déploie depuis la partie orientale de l'île de la Cité, où se trouve la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l'île Saint-Louis et jusqu’au Bas Marais. Le décret de 1860, promulgué à l’occasion de l’annexion des communes limitrophes au territoire de la ville de Paris, définit ses frontières actuelles. Elles englobent quatre quartiers administratifs, Saint-Merri, Saint-Gervais, Notre-Dame, Arsenal, pour une superficie totale de 160 hectares. L’arrondissement conserve, ancré dans la pierre, la traces de strates successives de l’Histoire depuis l’Antiquité, jusqu’au Moyen-Âge et la Renaissance, du Grand Siècle au XIXème siècle. Le IVème arrondissement possède le charme du Vieux Paris, relativement préservé, durant le Second Empire et la IIIème République, des grands travaux du baron Haussmann, épargné par les velléités modernistes au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale grâce la loi Malraux de 1962 qui créé le concept de « secteur sauvegardé ». Son urbanisation depuis la ville celte originelle, fief de la tribu des Parisii, mariniers gaulois devenus les Nautes de Lutèce sous l’Empire romain, est marqué par la christianisation de ce territoire, le développement des congrégations religieuses, abbaye de Saint Martin des Champs et Temple rive droite, abbaye de Notre-Dame sur l’île de la Cité. Henri IV, roi-bâtisseur, a marqué l’arrondissement de son empreinte avec la création de la place Royale, future place des Vosges à la fin du XVIème siècle. Le Marais connait un essor particulier sous le règne de Louis XIV. Le Grand Siècle sonne comme l’âge d’or du quartier, où aristocrates nouvellement anoblis, conseillers royaux, architectes, artisans d’art et artistes se font construire de prestigieux hôtels particuliers.
Le IVème arrondissement révèle au fil de ses ruelles étroites, les séductions et la complexité d’une ville ancrée dans l’Histoire et ses soubresauts. Les grands personnages semblent s’y succéder au rythme régulier des siècles, Héloïse et Abélard, Henri IV, la reine Margot, Mme de Sévigné, Ninon de Lenclos, Victor Hugo. Aujourd’hui, arrondissement très prisé, le IVème fait les délices des touristes comme des Parisiens. La rédaction vous emmène visiter le IVème arrondissement en 20 étapes patrimoniales remarquables.
1/ Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges - Paris 4
Tél : 01 42 72 10 16
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Saint Paul ligne 1 / Bastille ligne 1, 5, 8 / Chemin Vert ligne 8
La Maison de Victor Hugo retrace la vie du grand homme à travers les éléments clés de sa carrière littéraire, de son engagement politique. Niché dans l’ancien hôtel Rohan-Guéméné, au 6 place des Vosges, le musée consacré à l’écrivain aborde également des facettes plus méconnues de son talent, le dessinateur et le peintre, son goût pour la décoration et l’architecture d’intérieur. L’auteur des « Misérables » et de « Notre Dame de Paris » est évoqué dans un lieu qui fut de 1832 à 1848 son domicile parisien et celui de sa famille. Durant dix-huit mois, de 2019 à 2020, une vaste campagne de restauration a été menée pour un budget de 4,7 millions d’euros. La maison-musée dont la réouverture a été retardée par la crise sanitaire a retrouvé son public en juin 2021. L’accueil repensé donne désormais accès à la cour intérieur arborée. Elle sert de terrasse au nouveau salon de thé aménagé dans les anciennes remises à carrosses. La rénovation des salles a permis de repenser le parcours muséal en le complétant d’innovations numériques.
2/ Place des Vosges
Accès rue de Birague / rue du Pas de la Mule / rue de Béarn / rue des Francs Bourgeois - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1 / Bastille ligne 1, 5, 8 / Chemin Vert ligne 8
La place des Vosges, établie par la volonté du roi Henri IV, à deux pas de la Bastille, sous le nom de place Royale, est la plus ancienne de Paris. Tracée juste avant la place Dauphine dont je vous parlais ici, sœur de la place Ducale de Charleville Mézières, construite celle-ci en 1606 par Clément Métezeau, frère de Louis Métezeau l’un des architectes de la place parisienne, elle présente un exemple rare d’unité de style préservé. Elle constitue lors de son édification une ouverture dans le tissu urbain compact du Marais médiéval aux limites de la ville. L’idée originelle portée par Henri IV est de créer une enclave marchande et artisanale autour de manufactures censées concurrencer celles de Lyon et Milan. Mais propriétaires de terrains et aristocrates en décident autrement. Ils transforment cette place publique en enceinte résidentielle à caractère privé. Depuis ses origines, la place Royale devenue place des Vosges accueille sur ses rives, personnalités du monde politique, médiatique et artistique. Madame de Sévigné, Bossuet, Victor Hugo, le duc de Sully, Colette, Isadora Duncan, Georges Simenon, Francis Blanche, Jean-Edern Hallier, DSK, Jack Lang, depuis peu Xavier Niel, la place des Vosges est le rendez-vous des puissants et des célèbres. Elle est aussi celui des amoureux du monde entier, séduits par sa photogénie.
3/ Jardin des Rosiers Joseph Migneret
Accès 35-37 rue des Francs-Bourgeois ou 10 rue des Rosiers - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
Le jardin des Rosiers Joseph Migneret, créé en 2007, achevé en 2014, est un havre de paix verdoyant à l'abri des regards. Aménagée en retrait de la rumeur urbaine, cette oasis de verdure au cœur du Marais est née de la réunion des jardins privés de trois beaux hôtels particuliers typiques du quartier datant du XVIIème siècle, les hôtels de Coulanges, Barbes et d'Albret. Appelé jardin Francs-Bourgeois-Rosiers à l'ouverture de la première parcelle en 2007, il a été renommé en 2014 jardin des Rosiers Joseph Migneret en l'honneur du directeur de 1920 à 1944 de l'école communale voisine 8-10 rue des Hospitalières Saint Gervais, résistant actif pendant la Seconde Guerre Mondiale, Juste parmi les nations qui sauva des enfants juifs de la déportation. Visite depuis l'entrée de la rue des Rosiers.
4/ Place du Marché-Sainte-Catherine
Accès rue d'Ormesson et rue Caron - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
La place du Marché Sainte Catherine, jolie enclave pavée du Marais, déploie des charmes champêtres sous les mûriers de Chine dont elle est parée. L’atmosphère singulière des villages parisiens y trouve toute son expression dans la quiétude d’un lieu presque piéton tant les voitures s’y font rares. Les amoureux s’y bécotent sur les bancs publics. Les Parisiens déjeunent en terrasse. Les amateurs de théâtre populaire s’y pressent. Les riverains grognent que cela fait bien trop de monde, trop de bruit. Ceinte d’immeubles édifiés à la fin du XVIIIème siècle au moment de sa construction, la place forme un ensemble homogène à l’esthétique classique. A la veille de la Révolution, la place du Marché Sainte Catherine est percée afin d’abriter un nouveau marché couvert. Elle doit son nom aux halles inaugurées en 1789 et disparues en 1939 ainsi qu’à l’ancienne Couture Sainte Catherine, un important prieuré historique du Marais dont il reste peu de traces.
5/ Rue de Jarente
Accès 13 rue de Turenne / 12 rue de Sévigné - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
La rue de Jarente, attrayante voie du Marais, dissimule aux regards, derrière les rigoureuses façades de style Louis XVI de nombreuses petites cours antérieures. La présence de ces enclaves pavées typiques du XVIIème siècle illustre avec charme l’histoire du quartier. En 1773, le prieuré royal de la Couture-Sainte-Catherine sous l’impulsion de son prieur commendataire Louis de Jarente offre d’importants terrains à la Couronne afin que soit notamment créer un nouveau marché couvert. Les travaux débutent en 1781 et la rue de Jarente est ouverte en 1783. La ruelle a peu changé depuis. C’est un vrai plaisir d’y déambuler nez au vent, de se glisser discrètement derrière une porte entrouverte.
6/ Rue du Trésor
Accès 28 rue Vieille du Temple - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11
La rue du Trésor, en réalité d’une impasse, débute au 26 rue Vieille du Temple. L’exquise enclave arborée fait les délices des amateurs de terrasses. Sa quiétude hors du temps semble à peine troublée les soirs d’été par l’enthousiasme de ces derniers. Plates-bandes fleuries, buissons foisonnants distillent de doux parfums champêtres. La faible hauteur du bâti et son élégante largeur de douze mètres laissent à la lumière naturelle le champ libre. Les boutiques du rez-de-chaussée en rajoutent dans la luxuriance des couleurs. Les cafés et restaurants animés, tables débordant sur les pavés, font de cette discrète venelle l’un des lieux des plus prisés du Marais. La rue du Trésor ouverte en 1882 a été percée à travers des terrains de l’hôtel d’Effiat. En 1634, cette demeure est la propriété de Marie de Fourcy la veuve du maréchal d’Effiat. Au début de la IIIème République, la Société de l’Hôtel de Ville, une société de secours mutuel, ancêtres de nos mutuelles ou des fonds de pension, développe un projet immobilier de jonction entre la rue Vieille du Temples et la rue des Ecouffes. Lors du chantier de démolition de l'hôtel d’Effiat vétuste, un trésor mystérieux composé de pièces d'or du XIVème siècle est découvert. Et donne son nom à la ruelle actuelle. En 2004, la rénovation méticuleuse de l'impasse lui rend un lustre très prisé des riverains comme des touristes.
7/ Syndicat de l'épicerie française
12 rue du Renard - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11
L’ancien immeuble du Syndicat de l’épicerie française situé au numéro 12 de la rue du Renard appartient au patrimoine architectural du début du XXème siècle. Le permis de construire est délivré le 18 juin 1900. Mené par un tandem d’architectes Raymond Barbaud (1860-1927) et Edouard Bauchain (1864-1930), le chantier débute en 1901. Le sculpteur Jules Louis Rispal (1871-1910) signe le riche décor de la façade d’inspiration Art Nouveau. Il s’inscrit dans la lignée du mouvement moderniste, féru de volutes végétales, fasciné par l’esthétique des lignes courbes. Il ponctue la façade de grosses têtes, de symboles notamment la truelle et la hache, les outils emblématiques du marchand d’épices et de textes inscrits dans des cartouches à encadrements fleuris. Une devise étonnante se déploie entre le rez-de-chaussée et le premier étage sur les larges arches qui surmontent les entrées monumentales. « Tous pour un » frappé au linteau en symétrie encadre la mention « Syndicat de l’épicerie française ». Le travail soigné des ferronneries et des portes attire l’œil autant que celui de la pierre. Des bas-reliefs remarquables représentant les quatre saisons soutiennent le soubassement du balcon du deuxième étage. La partie supérieure de la façade s’orne de fenêtres à lanternon, et de balcons en fer forgé ouvragé.
8/ Atelier Brancusi
Place Georges Pompidou - Paris 4
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 14h à 18h
Entrée par la piazza côté rue Rambuteau
Tél : 01 44 78 12 33
Métro Rambuteau ligne 11
Sur la piazza du Centre Pompidou, l'Atelier Brancusi, rend hommage à un artiste essentiel de l'histoire de la sculpture moderne. Ce curieux édifice, bicoque perdue dans l'immensité minérale de Beaubourg, accueille, depuis 1997 et à la suite d'une histoire un peu compliquée, une impressionnante collection léguée par Constantin Brancusi à l'Etat. 137 sculptures, 87 socles, de nombreux plâtres, 41 dessins, plus de 1 600 plaques photographiques de verre et tirages originaux composent un ensemble foisonnant. Il s'y trouve certaines des œuvres majeures de l'artiste telles que L'Oiselet en marbre veiné, Le Baiser en calcaire, L'Oiseau dans l'espace en bronze, Mademoiselle Pogany III en bronze également. Cette reconstitution de l'atelier du 11 impasse Ronsin dans le XVème arrondissement de Paris a été pensée par l'architecte Renzo Piano. Espace muséal, sanctuaire, l'Atelier Brancusi est une étape de charme dans le quartier.
9/ Centre Pompidou
Place Georges Pompidou - Paris 4
Horaires : Tous les jours sauf le mardi - De 11h à 21h - Nocturne jusqu'à 23h tous les jeudis
Métro Rambuteau ligne 11 ou Hôtel de Ville lignes 1, 11
Oeuvre des architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment Centre Pompidou a ouvert ses portes en 1977. Le musée réunit dans ses collections permanentes près de cent-vingt-mille œuvres modernes et contemporaines, la plus grande d’Europe. Parmi les trésors exposés, se trouvent : « Mit dem schwarzen Bogen (Avec l'Arc noir) », (1912) de Vassily Kandinsky, « Manège de cochons », (1922) de Robert Delaunay, « Les mariés de la Tour Eiffel », (1938-1939) de Marc Chagall, « La Blouse roumaine », (avril 1940) d’Henri Matisse, « New York City », (1942) de Piet Mondrian, « Phoque II », (1943) de Constantin Brancusi, « Triptyque Bleu I, Bleu II, Bleu III », (1961) de Joan Miró, « SE 71, L'Arbre, grande éponge bleue », (1962) de Yves Klein, « Le jardin d'hiver », (1968-1970) de Jean Dubuffet, « Plight », (1985) de Joseph Beuys, « Precious Liquids », (1992) de Louise Bourgeois, « Les Piques », (1992-1993) d’Annette Messager, « Respirare l'ombra », (1999-2000) de Giuseppe Penone, « Für Velimir Chlebnikow : Schicksale der Völker (Pour Velimir Khlebnikov : destins des peuples) », (2013-2018) d’Anselm Kiefer.
10/ Rue de Venise
Accès 129 rue Saint-Martin et 54 rue Quincampoix - Paris 4
Métro Hôtel de Ville
La rue de Venise l’une des plus étroites de Paris débouche depuis la rue Quincampoix sur le parvis de Beaubourg, étroite fente entre deux murs de guingois qui s’élargit à mi-chemin de ses 52 mètres de long. Cette vénérable voie publique illustre par sa physionomie l’histoire du quartier Saint-Merri. Ce dernier, l’un des plus anciens de la ville, a vécu des transformations et des réinventions plus ou moins heureuses. Drastiquement remanié dès les années 1930, rasé en grande partie, il a été partiellement repensé dans les années 1970 selon les préceptes esthétiques et architecturaux de l’époque. La rue de Venise a su préserver certaines particularités charmantes. Les éléments singuliers de cette venelle convoquent la mémoire d’un Paris médiéval disparu. L’angle d’une façade, ses proportions, l’avancée d’un balcon, la survivance d’une fontaine nous parlent d’une ville tout autre, d’un temps jadis. Ces fragments historiques contrastent avec les créations du XXème siècle qui ont durablement investi le tissu urbain pour en changer radicalement l'apparence.
11/ Village Saint Paul
Accès sous les porches des rues Saint-Paul, des Jardins-Saint-Paul, de l’Ave Maria, Charlemagne - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
Le Village Saint-Paul, pittoresque dédale de courettes pavées et de ruelles intérieures, séduit, depuis son inauguration au début des années 1980, les touristes du monde entier et les Américains en particulier. Ce réseau discret de galeries d’art et boutiques d’antiquités, accessible depuis les passages sous porche depuis les rues Saint-Paul, des Jardins-Saint-Paul, de l’Ave Maria, Charlemagne, est devenu le rendez-vous incontournable des collectionneurs. Au cœur du Marais historique, sa renommée dépasse largement les frontières. Pourtant longtemps boudé par les Parisiens eux-mêmes, le Village Saint-Paul annonce aujourd’hui sa renaissance après un vaste chantier de trois ans et demi. Plus vert, plus écologique, plus beau, il se tourne désormais résolument vers les riverains. Les commerces de bouche, épiceries, restaurants participent de la diversification des propositions. L’attractivité renouvelée touche désormais un public local et non plus seulement les visiteurs étrangers de passage. Galeries d’art, atelier de céramiques, bijouterie, antiquaires, librairie consacrée aux livres anciens, boutiques de décoration et de mobilier, échoppes de prêt-à-porter perpétuent la tradition.
12/ Passage Saint Paul
Accès 43 rue Saint Paul - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
Le passage Saint Paul, débute au 43 de la rue du même nom, dans le quartier Saint Gervais du Marais. La pittoresque venelle débouche en impasse sur la porte de l’église Saint-Paul-Saint-Louis qui ouvre vers la nef par le transept de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, côté gauche. Cette église édifiée par la Compagnie de Jésus au début du XVIIème siècle sous le nom Saint-Louis-des-Jésuites est coiffée du premier grand dôme monumental élevé à Paris qui domine à près de 55 mètres de hauteur. A cette époque, l’ordre est si puissant qu’il semble constituer au cœur de la ville une véritable principauté cléricale rattachée directement au Vatican et non soumise à l’autorité du Parlement de Paris. Le passage date également du XVIIème siècle. Il est indiqué sur le plan de Gomboust de 1652. Avenue des Jésuites à l'origine, la ruelle est déclassée et rebaptisée passage Saint-Louis en 1762 quand Louis XV supprime l’ordre des Jésuites à la demande du Parlement de Paris. La voie ne prendra le nom de Saint Paul par arrêté de la ville que le 1er février 1877. La géographie curieuse du passage Saint Paul distille une atmosphère singulière hors du temps. S’il nous transporte à travers les siècles, il évoque également, à l’ombre d’une église, préservé dans sa rusticité de pierre, les ambiances des contrallées italiennes. Long de 60 mètres et large d’à peine 3 mètres, il est ponctué sur chacune de ses rives des séries de chasse-roues, d’anciennes bornes qui protégeaient piétons comme bâtiments des moyeux des carrioles, des carrosses et autres cavaliers pressés.
13/ Portail de l'Hôtel Raoul
6 rue Beautreillis - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1
Le Portail de l’hôtel Jean-Louis Raoul est le dernier vestige d’un hôtel particulier qui datait de 1606. Plus tardif, le porche du XVIIIème surmonté d’un fronton triangulaire, s’inscrit curieusement à l’avant d’un immeuble moderne typique des années 1960. Naufragé anachronique, délicieuse incursion du temps passé dans notre quotidien contemporain. Dans un état de délabrement certain, le portail à refends est la cible régulière de vandalisme. La porte en bois et les vantaux ouvragés semblent inspirer les taggueurs sans talent. Démoli au milieu des années 1960, l’hôtel Raoul est probablement le dernier hôtel particulier du Marais à subir ce sort avant l’application de la loi Malraux promulguée en 1962, en faveur de la préservation du patrimoine architectural du Marais, désormais secteur sauvegardé. L’inscription gravée au tympan du portail « Hôtel de Jean-Louis Raoul », apposée à l’occasion de sa disparition, préserve le souvenir de ce qui fut. Mais l’élégante décrépitude cache un véritable casse-tête concernant le financement d’une très souhaitable restauration. En attente d’une solution, de mécènes, d’un bienfaiteur, Le Portail de l’ancien hôtel Jean-Louis Raoul patiente encore un peu.
14/ Marché aux Fleurs
Place Louis Lépine - Quai de la Corse - Paris 4
Horaires : Ouvert tous les jours de 8h à 19h30
Métro Cité ligne 4
Le Marché aux fleurs et aux oiseaux de l’ile de la Cité, embrasse le cœur historique de la ville. Lieu pittoresque de promenade, il attire touristes en goguette, promeneurs parisiens ou bien encore amateurs distingués de botanique. L’enclave enchantée claquemurée entre trois constructions massives, la Préfecture de Police, le Tribunal de Commerce et l’Hôtel-Dieu, intrigue autant qu’elle charme. Son atmosphère bucolique de joli village à deux pas de Notre Dame et de la Sainte Chapelle séduit les flâneurs avides d’authenticité. Avec cet insolite souvenir de la Belle Epoque, la halte hors du temps ravit les plus réfractaires. Mi-plein air, mi-couvert, ce marché hybride se déploie sur trois travées à l’ombre de vénérables arbres. Les six pavillons à la structure de fonte de type Eiffel du début du XXème siècle abritent des commerces aux couleurs chatoyantes. Exubérance de couleurs, de parfums, fleurs de saison franciliennes, raretés exotiques, le foisonnement végétal propose une large sélection de plantes et arbustes complétée par des articles de décoration et de jardinage. Si les structures originelles accueillaient jusqu’à quarante commerçants, il en n’en demeure de nos jours qu’une petite quinzaine. Les allures de carte postale dissimulent mal la vétusté des installations et les conditions de travail toujours plus difficiles. La question d’une vaste campagne de restauration se pose depuis cinq ans. Cette année devait marquer le début de la rénovation pour l’instant suspendue.
15/ Crypte archéologique de l'Ile de la Cité
7 place Jean Paul II - Paris 4
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi et certains jours fériés
Métro Cité ligne 4
La Crypte archéologique de l’Île de la Cité, la plus importante d’Europe, invite au voyage à travers les âges, de Lutèce au Paris haussmannien. Ce musée de la Ville de Paris témoigne par la richesse des vestiges présentés in sitù de l’évolution urbanistique de l’Île de la Cité de l’Antiquité jusqu’au XIXème siècle. Site remarquable, il retrace dans ses pierres deux mille ans d’histoire. Sur le vaste parvis de Notre Dame remodelé par les grands travaux du préfet Haussmann sous le Second Empire, son accès discret lui confère un statut particulier. A moins de la chercher, d’en être averti, l’entrée du site se fond dans le paysage. La Crypte archéologique de l’Île de la Cité, site unique, mériterait de rayonner plus grand. Le parcours récemment repensé pourrait déclencher l’engouement des foules. Aux éléments pédagogiques classiques, maquettes, plans, vitrines, visites guidées, ont été ajoutés des dispositifs empruntant aux nouvelles technologies, écrans tactiles, reconstitutions virtuelles en 3D et projections holographiques. Un musée fascinant.
16/ Rue Chanoinesse
Accès 9 rue d'Arcole / 6 bis rue du Cloître Notre Dame - Paris 4
Métro Cité ligne 4
La rue Chanoinesse a longtemps été l’artère principale de l’ancien Cloître Notre-Dame, vieux quartier du nord-est de l’île de la Cité, prolongée à partir du XIIIème siècle au-delà du cloître par la rue des Marmousets. Désormais, son charme singulier, sa situation attenante à la cathédrale et ses bistrots photogéniques séduisent les touristes du monde entier. Légendes urbaines, faits divers sanglants, résidence de nombreux hommes de lettres, mémoire du Paris médiéval, la rue Chanoinesse séduit aussi bien par ses caractéristiques pittoresques que son riche patrimoine lié notamment à l’enclos canonial. Lors de fouilles archéologiques menées au XIXème siècle, la rue Chanoinesse, infusée de l’histoire séculaire de Paris, intimement liée à la mémoire du Cloître Notre-Dame, a révélé une origine gallo-romaine avec la découverte d’un pan de l’ancien mur défensif de Lutèce placé sur son tracé. En 1874, elle entre dans une nouvelle ère. La rue Chanoinesse absorbe une partie de la rue des Marmouset qui disparaît, sa seconde moitié tronquée par l’extension des terrains de l’Hôtel Dieu lors de la reconstruction de l’hospice entre 1867 et 1878.
17/ Rue de la Colombe
Accès quai aux Fleurs / rue Chanoinesse - Paris 4
Métro Cité ligne 4
La rue de la Colombe a conservé le charme des venelles médiévales. Son tracé sur la partie de l’île de la Cité préservée a échappé aux projets d’Haussmann qui ont profondément modifié les abords du Palais de la Cité. Située dans l’ancien quartier du chapitre de Notre-Dame, cette ruelle pavée se caractérise par la présence de vieilles maisons intéressantes sur la rive impaire aux numéros 3, 5, 7. Son nom proviendrait de l’enseigne d’un commerce du XIIIème siècle. La légende des deux colombes, largement diffusée à partir des années 1950, serait plutôt une poétique invention de Michel Valette, célèbre cabaretier qui y tint commerce de 1954 à 1985. La rue de la Colombe se trouve mentionnée dans « Le Dit des rues de Paris » de Guyot vers 1300 sous l’appellation rue de la Coulombe, orthographe qui pourrait renvoyer à la « colonne » en vieux français plutôt qu’à l’oiseau. Un manuscrit de 1636, « Estats, noms et nombre de toutes les rues de Paris » cite la rue de la Colombe. En 1702, la venelle comporte six maisons et deux lanternes. Ce n’est qu’au XIXème siècle qu’est ouvert le segment compris entre la rue Basse des Ursins et le quai, en 1811.
18/ Maison pseudo-médiévale des Ursins, pastiche de l'architecte Fernand Pouillon
1 rue des Ursins - Paris 4
Métro Cité ligne 4
La maison pseudo-médiévale de la rue des Ursins, tourelles et fenêtres à meneaux, dresse une silhouette digne de la grande histoire de l’île de la Cité. Allure trompeuse, contrefaçon délectable. L’apparence actuelle de la maison est l’expression du talent de l’architecte Fernand Pouillon (1912-1986). En 1958, il acquiert une parcelle à l’angle de la rue des Chantres et de la rue des Ursins, l’une des rares venelles du quartier rescapée des grands travaux d’Haussmann. A l’emplacement même de l’ancien hôtel de Jean de Jouvenel des Ursins, prévôt des marchands en 1388, construction rasée en 1637 dont il ne demeure aucun vestige, Fernand Pouillon se laisse porter par son imagination. Il s’empare de la vieille bâtisse sans intérêt historique qui occupe la place pour réinventer un pastiche médiéval. Il associe des éléments anciens d’origines diverses, portes rivetées, chambranles ouvragés, à la nouvelle structure plus sage, plus classique. Parfaitement intégrée dans son environnement, la maison des Ursins se fond idéalement dans le paysage urbain, copie plus vraie que nature, reconstitution inspirée.
19/ Île Saint Louis
Accès par les 5 ponts - Paris 4
- Pont Saint-Louis depuis l’île de la Cité
- Pont de la Tournelle depuis la rive gauche
- Pont de Sully entre la rive gauche et la rive droite, traverse l’île
- Pont Louis-Philippe depuis la rive droite
- Pont Marie depuis la rive droite
Métro Pont Marie ligne 7
L’Île Saint Louis, lieu propice à la flânerie, attire par son atmosphère si singulière amoureux du Vieux Paris, promeneurs et touristes du monde entier. La Maison Berthillon et ses célèbres glaces, les belles librairies, les jolies échoppes et les coquets cafés rivalisent de charme. L’Île Saint Louis, desservie par cinq ponts reconstruits à plusieurs reprises, hormis le Pont Marie seul ouvrage d’origine, offre un passage privilégié entre la rive droite et la rive gauche. Malgré les nombreuses transformations et les destructions du XIXème siècle, ce confetti d’à peine cinq hectares conserve l’un des plus remarquables ensembles d’hôtels particuliers du XVIIème siècle. Préservées, les façades sur les quais présentent un alignement conforme au tracé d’origine. Les ruelles intérieures consacrées dès leur création au commerce et à l’artisanat perpétuent ce souvenir par leur morphologie inchangée. Fruit d’une opération immobilière d’envergure menée entre 1616 et 1660, l’Île Saint Louis témoigne de l’urbanisation parisienne au XVIIème siècle. Elle est alors constituée par la réunion de deux îlots - l’Île Notre Dame dont elle conserve le nom jusqu’au XVIIIème siècle et l’Île aux Vaches - séparés au XIVème siècle par un chenal artificiel. Son histoire contrastée entre gloire, désamour et renaissance s’inscrit dans celle d’un patrimoine parisien à préserver.
20/ Hôtel de Lauzun
17 quai d’Anjou - Paris 4
Les visites : Attention ! L’hôtel n’est pas ouvert au public. Il n’est accessible que lors de très ponctuelles visites groupées en compagnie d’un guide conférencier
Métro Pont Marie ligne 7
L’hôtel de Lauzun est un l’un des rares hôtels particuliers du XVIIème siècle ayant conservé la richesse de son décor intérieur. Il fait partie de ceux ayant le moins subi de transformation depuis sa construction. Il offre encore de nos jours un témoignage vibrant de la vie des aristocrates du Grand Siècle. Longtemps attribué à Louis Le Vau, de récents travaux ont permis de découvrir le nom de son véritable architecte, Charles Chamois. Edifié pour Charles Gruÿn des Bordes, homme d'affaires enrichi sous Mazarin, il devient en 1682 la propriété du duc de Lauzun, qui n’est alors que comte. Il le cède rapidement en 1685 au marquis de Richelieu. Après la Révolution, l’hôtel de Lauzun divisé, cloisonné, devient, un temps, immeuble de rapport avant d’être acquis en 1850 par Jérôme Pichon (1812-1886). Baron de la noblesse d’Empire, diplomate, collectionneur d’art, bibliophile, il développe une véritable passion pour ce bien unique qu’il transmet à son petit-fils Louis Pichon. Collectionneurs, ils s’appliquent à rétablir la splendeur originelle des appartements d’apparat ce qui explique leur exceptionnel état de préservation. Parfois sous leur férule enthousiaste, l’idée d’un XVIIème siècle fantasmé par le XIXème siècle prend le pas sur la fidélité historique. Propriété de la Ville de Paris depuis 1928, l’hôtel de Lauzun classé au titre des monuments historiques par arrêté du 12 février 1906, abrite depuis 2013, l’Institut d’études avancées de Paris.
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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