Paris : Atelier Brancusi, annexe du Centre Pompidou, reconstitution de l'atelier du sculpteur - IVème



Sur la piazza du Centre Pompidou, l'Atelier Brancusi, rend hommage à un artiste essentiel de l'histoire de la sculpture moderne. Ce curieux édifice, bicoque perdue dans l'immensité minérale de Beaubourg, accueille, depuis 1997 et à la suite d'une histoire un peu compliquée, une impressionnante collection léguée par Constantin Brancusi à l'Etat. 137 sculptures, 87 socles, de nombreux plâtres, 41 dessins, plus de 1 600 plaques photographiques de verre et tirages originaux composent un ensemble foisonnant. Il s'y trouve certaines des œuvres majeures de l'artiste telles que L'Oiselet en marbre veiné, Le Baiser en calcaire, L'Oiseau dans l'espace en bronze, Mademoiselle Pogany III en bronze également. Cette reconstitution de l'atelier du 11 impasse Ronsin dans le XVème arrondissement de Paris a été pensée par l'architecte Renzo Piano. Espace muséal, sanctuaire, l'Atelier Brancusi est une étape de charme dans le quartier.











Né en Roumanie en 1876, Constantin Brancusi rejoint la France en 1904 après avoir suivi les cours des Beaux-Arts de Bucarest. A la suite d'un séjour au Bateau Lavoir à Montmartre, il s'installe à Montparnasse, nouveau quartier des artistes, en 1916. Son atelier se trouve alors au numéro 8 de l'impasse Rondin mais bientôt sous le poids des sculptures le parquet s'effondre l'obligeant à déménager au numéro 11 de l'impasse en 1927. Avec le succès, l'espace s'agrandit et le numéro 9 est annexé en 1930, complété ensuite par une réserve en 1941.

De 1909 à 1925, Constantin Brancusi aborde les thèmes majeurs de son oeuvre Le Baiser, la Colonne sans fin, le Coq qu'il déclinera dans une sérialité compulsive. L'atelier où il conçoit ses sculptures est également son cadre de vie. Dès les années 1920, il devient un lieu de présentation de son travail pour lequel Brancusi soigne la mise en scène, étudiant précisément la perception des sculptures comme ensemble liés par des relations spatiales. Peu à peu l'atelier devient lui-même une oeuvre à part entière. L'artiste va jusqu'à réaliser lui-même tous les meubles, poêle à bois inclus. 










A la fin de sa vie, diminué - il ne produit plus de sculptures depuis 1949 - Brancusi qui peine à déplacer ses outils et les sculptures, invente un système de poulies pour pouvoir continuer de remanier quotidiennement la scénographie de son atelier.  S'il ne souhaite plus exposer, l'atelier reste ouvert à une nouvelle communauté d'artistes qui se constitue autour de lui. Claude et François-Xavier Lalanne ses voisins. Yves Klein, Max Ernst, Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle, des habitués des lieux. Brancusi considère alors chacune de ses œuvres comme partie intégrante d'un tout harmonieux et remplace les sculptures vendues par des plâtres afin de ne pas en perdre l'unité.

En 1956, Constantin Brancusi lègue par testament la totalité de son atelier à l'Etat, à charge pour le musée national d'Art Moderne d'en assurer la reconstitution à l'identique dans sa toute dernière configuration et dans les moindres détails. L'exigence est délicate à satisfaire. Un premier atelier est partiellement recomposé en 1962 au palais de Tokyo mais le résultat est décevant.











Au début 1970, le projet d'un nouveau grand musée au cœur de Paris voit le jour. Le Centre Georges Pompidou, conçu par les architectes Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini, accueillera les collections d'art contemporain dont fait partie le legs Brancusi. Une nouvelle reconstitution de l'atelier est inaugurée sur la piazza en même temps que le centre en 1977. Mais l'espace ne convainc pas. Boudé par le public, il est assez rapidement délaissé et ferme définitivement en 1990 à la suite d'une inondation. Il faudra attendre 1997 et les travaux de rénovation du Centre Pompidou pour que l'atelier Brancusi soit entièrement repensé par Renzo Piano.

Derrière les vitres qui préservent le fragile équilibre de cet atelier privé reconstitué, l'architecte a choisi de restituer une atmosphère propre au lieu original au-delà du simple cadre privé qu'évoquent photographies, livres, manuels, disques, outils. Si les différentes pièces sont exposées selon les exigences précises du sculpteur qui avait fait de cette scénographie sa toute dernière oeuvre, objets personnels et désordre savamment orchestré côté établi donnent l'illusion de pénétrer dans l'intimité d'une vie consacrée à l'art.

Atelier Brancusi
Place Georges Pompidou - Paris 4
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 14h à 18h
Entrée par la piazza côté rue Rambuteau
Tél : 01 44 78 12 33



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.