Paris : Crypte archéologique de l'Ile de la Cité, de Lutèce au Paris haussmannien, voyage à travers le temps - IVème


La Crypte archéologique de l’Île de la Cité, la plus importante d’Europe, invite au voyage à travers les âges, de Lutèce au Paris haussmannien. Ce musée de la Ville de Paris témoigne par la richesse des vestiges présentés in sitù de l’évolution urbanistique de l’Île de la Cité de l’Antiquité jusqu’au XIXème siècle. Site remarquable, il retrace dans ses pierres deux mille ans d’histoire. Sur le vaste parvis de Notre Dame remodelé par les grands travaux du préfet Haussmann sous le Second Empire, son accès discret lui confère un statut particulier. A moins de la chercher, d’en être averti, l’entrée du site se fond dans le paysage. La Crypte archéologique de l’Île de la Cité, site unique, mériterait de rayonner plus grand. Le parcours récemment repensé pourrait déclencher l’engouement des foules. Aux éléments pédagogiques classiques, maquettes, plans, vitrines, visites guidées, ont été ajoutés des dispositifs empruntant aux nouvelles technologies, écrans tactiles, reconstitutions virtuelles en 3D et projections holographiques. Un musée fascinant. 









Au début des années 1960 à Paris, la question de la circulation automobile et du stationnement interroge les édiles. Sur l’Île de la Cité, la problématique pourrait être résolue grâce à la création d’un parking souterrain sous le parvis de Notre Dame. Le chantier qui débute en 1963 met rapidement à jour des trésors archéologiques inattendus. Le parking devra être creusé ailleurs. En 1969, le Ministère des Affaires Culturelles envisage d’aménager ce site archéologique exceptionnel et fait appel à deux architectes André Hermant et Jean-Pierre Jouve. De 1970 à 1974, ils créent la Crypte de l’Île de la Cité. Pourtant, le musée n’est ouvert au public qu’en 1980. 

Dans cet espace appréciable de 2200m2, 1800 sont consacrés aux vestiges. Les objets exposés dans les vitrines appartiennent aux collections du Musée Carnavalet. Rattachée à ce dernier de 2000 à 2013, la Crypte archéologique devient en 2013 l’un des quatorze musées de la Ville administrés par l’établissement public Paris Musées. A la suite de l’incendie de la cathédrale du 15 avril 2019, elle demeure fermée de longs mois avant de rouvrir en septembre 2020 avec l’exposition « Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo à Eugène Viollet-le-Duc ». A cette occasion, la muséographie alternative temporaire des éléments archéologiques valorise les vestiges antiques et masque en partie les ruines médiévales et modernes. 









Cœur historique de Lutèce, l’Île de la Cité est considéré comme le berceau de Paris. Les fouilles menées entre 1965 et 1972, révèle toute l’histoire de l’occupation du site et de son évolution urbanistique. Les ruines antiques transportent les visiteurs à l’époque gallo-romaine. Au début du Ier siècle après JC, la ville de Lutèce s’étend. Le pouvoir romain fait réunir des ilots de la Seine pour former une seule entité, la future Île de la Cité. Appartenant à cette époque, se dresse dans une salle à part de la Crypte le fragment remarquable d’un mur de l’ancien port commercial antique. Ce vestige de quai de Seine est recontextualisé par une scénographie immersive qui convoque le souvenir du Pilier des Nautes, colonne monumentale gallo-romaine érigée en l'honneur de Jupiter par les bateliers de Lutèce au Ier siècle, sous le règne de l'empereur Tibère. Découvert au XVIIIème siècle dans le sous-sol de la cathédrale, il est exposé aux Thermes de Cluny. Dans la Crypte archéologique de l’Île de la Cité, un écran diffuse une reconstitution de Lutèce réinventée, habillage visuel troublant qu’une bande son accentue avec émotion.

Le développement économique pousse des commerçants enrichis à se faire bâtir de vastes et luxueuses habitations. Une base de colonne en marbre, deux mille ans plus tard témoigne de cette prospérité. Dès le IIIème siècle, l’Île de la Cité est entièrement lotie. Point stratégique pour l’Empire romain, elle fait bientôt l’objet de raids Germains. Sous la pression des invasions barbares, elle est fortifiée en 308. Le premier mur de fortification parisien est élevé en prélevant des blocs dans la nécropole et les monuments abandonnés de la rive gauche de Lutèce. L’Île de la Cité devient le lieu de pouvoir. De cette construction exceptionnelle demeure un soubassement. Derrière cette enceinte s’établit notamment le camp retranché de la garnison romaine. Les vitrines disposées là évoquent le quotidien par des éléments évocateurs, des pots, des assiettes, des décorations militaires et de curieuses protections pour les sabots des chevaux, ancêtres des fers, devenus nécessaires à la suite du pavage des rues, synonyme d'usure excessive.









Au centre de la Crypte archéologique, les thermes gallo-romains sont puissamment évoqués grâce aux vestiges du système de chauffage par le sol, dit hypocauste. Le luxe de cet établissement de bains publics datant du Vème siècle souligne le pouvoir financier des riverains. Le dispositif numérique explicatif dédié est complété par des vitrines où sont exposés flacons, peignes, épingles à cheveux.  

Le Moyen-Âge apparaît avec de rares éléments de la basilique mérovingienne de Saint Etienne disparue. A partir de 1163, Maurice de Sully, évêque de Paris désireux de doter la ville d’une cathédrale majestueuse digne du statut de la cité, lance le grand chantier de Notre Dame. Au sein de la crypte, se trouve également une parcelle des sous-sols de l’ancienne chapelle de l’ancien Hôtel-Dieu construit du VIIème au XVIIème siècle puis rasé en plusieurs étapes entre 1867 et 1878 pour faire place de l’autre côté du parvis de Notre Dame au nouvel Hôtel Dieu, un ensemble plus conséquent. Les caves et fondations des maisons médiévales de l’ancienne rue Neuve Notre Dame tracée au XIIème siècle pour faciliter le transport des matériaux vers le site de la nouvelle cathédrale, convoque le souvenir émouvant d’un Paris médiéval, aux ruelles étroites, à l’urbanisation dense. 

Plus loin, le XVIIIème siècle rejoint le cortège des mémoires successives avec les soubassements de l’Hospice des Enfants Trouvés, édifice construit par l’architecte Germain Boffrand entre 1746 et 1749. Le tracé des égouts haussmanniens, halte ultime à travers les siècles, transporte les visiteurs au XIXème.  

Crypte archéologique de l'île de la Cité
7 place Jean Paul II - Paris 4
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi et certains jours fériés



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.