La station balnéaire de Deauville, création du Second Empire en 1864, est surnommée le XXIème arrondissement de Paris tant elle est prisée des résidents de la Capitale. Perle de la Côte Fleurie, prisée des peintres, la cité normande séduit pour la beauté de ses plages, le charme d'une architecture néo-normande, le prestige de ses Grands Prix hippiques, le glamour de ses festivals et de son casino, l'élégance de ses grands hôtels. Ici tout n'est que luxe, calme et volupté. Le style régionaliste inspiré de l'architecture du Pays d'Auge du XVIIIème siècle et réinventé à l'aune des techniques modernes sous le Second Empire lors de la création de la station balnéaire, caractérise le paysage urbain. Le centre-ville s'articule autour de nombreuses villas édifiées pour les grandes fortunes des années 1860 puis 1920. L'offre culturelle pléthorique compte à la fois sur la programmation des Franciscaines établissement hybride et convivial, la renommée du Festival du film américain en septembre et l'envergure du festival photographique Planches Contact d'octobre à janvier.
La rédaction a sélectionné pour vous 15 étapes patrimoniales afin de partir à la découverte de Deauville, le temps d'une journée ou d'un week-end, une échappée belle en Normandie.
L'histoire de Deauville est intimement liée à celle d'un homme, le duc Charles de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III, politicien et homme d'affaires. Propriétaire d'une résidence secondaire à Trouville depuis 1844, le docteur Joseph Francis Olliffe (1808-1869), médecin personnel du duc, lui fait découvrir la région. Morny, séduit, s'intéresse au village de Dosville voisin, perché sur les flancs du Mont Canisy, une colline au pied de laquelle se trouvent des marais le long du rivage. À partir du hameau modeste, il souhaite développer une station balnéaire prestigieuse et un port de commerce moderne. Le duc de Morny conçoit la future ville de Deauville comme la rivale des prestigieux centres d'hydrothérapie qu'il fréquente à Baden-Baden et Karlsbad en Bohême. Le projet de bassin à flot de Trouville lui permet de réunir les deux projets, le creusement du bassin et le lancement de la station balnéaire. Charles de Morny s'associe au docteur Olliffe et au banquier Armand Donon (1818-1902). En avril-août 1859, en leur nom, l'architecte Desle-François Breney (1804-1891) négocie auprès de la municipalité du village de Deauville l'acquisition des marais et terrains à l'ouest de la Touques pour la somme de 800 000 francs. La vente est validée à la suite d'une enquête publique le 29 septembre 1859.
Charles de Morny imagine lui-même les aménagements initiaux qui transformeront le village de Deauville en villégiature élégante. Enthousiaste, il trace avec Breney les plans originels, dessine notamment l'hippodrome. Il s'agit de trouver le juste l'équilibre entre la station balnéaire et le port. Parmi les premières infrastructures sur le front de mer, centre de la vie deauvillaise, se trouvent le casino, la promenade sur la plage, l'établissement de bains, des hôtels de prestige et des villas privées qui donnent le ton. En parallèle, Morny investit dans la création d'un port commercial d'envergure sur les bords de la Touque susceptible d'accueillir navires anglais chargés de houilles, bateaux norvégiens aux cargaisons de bois, paquebots à vapeur du service postal, et les navettes quotidiennes de voyageurs navette entre Le Havre et Trouville.
Deauville attire l'aristocratie et la bourgeoisie d'affaires. Elle devient une destination de villégiature très prisée. Mais cet engouement décline avec la chute du Second Empire en 1871. Boudée un temps par sa clientèle parisienne et internationale, la station balnéaire retrouve son lustre, à la fin des années 1910, sous l'impulsion d'un homme d'affaires, Eugène Cornuché (1867-1929) et du maire Désiré Le Hoc (1851-1919) avec la construction d'un casino moderne attractif, d'hôtels hauts de gamme ainsi que la rénovation de l'hippodrome. Depuis, elle conserve un statut particulier qui lui vaut le surnom de XXIème arrondissement de Paris.
Place Louis Armand - 14800 Deauville
La gare de Trouville-Deauville témoigne du style néo-normand - architecture locale mâtinée d'Art déco - largement diffusé dans la région au cours des années 1930. Son auteur, l'architecte Jean Philippot (1901-1988), se fait connaître grâce à ses gares, celle de Pointe Noire en République du Congo, de Vanves-Malakoff, de Meudon. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, il participe à la reconstruction de la ville de Compiègne. La gare de Trouville-Deauville associe des éléments régionalistes tels que les briques et les tuiles plates, à la modernité des volumes généraux et des matériaux, béton armé, colombages en ciment enduit.
45 avenue Hocquart-de-Turtot - 14800 Deauville
L'hippodrome de Deauville - La Touques fait vibrer le coeur de la station balnéaire moderne, développée au XIXème siècle, sous l'impulsion du duc Charles de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III et homme de cheval. Champ de courses prestigieux inauguré en 1864, il s'étend aujourd'hui sur soixante-quinze hectares dont vingt dédiés aux trois pistes, deux en gazon et une en sable fibré auxquelles s'ajoutent trois terrains de polo. Les infrastructures de l'hippodrome de Deauville La Touques associent la modernité et la tradition d'une institution historique. Elles permettent d'accueillir près de dix-mille visiteurs, deux-mille en tribunes. Chaque année s'y tiennent des prix d'envergure internationale, Prix Rothschild, ARC Prix Maurice de Gheest, Al Rayyan Cup Prix Kesberoy & Doha Cup Prix Manganate, Prix Jacques Le Marois Aga Khan Studs et en clôture de la saison estivale, le Lucien Barrière Grand Prix de Deauville.
14800 Deauville
Le Port de Deauville, développé depuis le port historique de Trouville, est intimement lié à la création de la station balnéaire à la fin du XIXème siècle. Sa conception originelle renvoie à la double entreprise menée par le duc Charles de Morny (1811-1865). Demi-frère de Napoléon III, politicien et homme d'affaires, il imagine un vaste projet immobilier qui donne naissance au Deauville moderne, villégiature des heureux du monde. Il planifie la réinvention d'une ville tournée entièrement vers les loisirs de la haute société européenne, et l'établissement concomitant d'un port commercial d'envergure, à la pointe de la technologie. Les activités mercantiles triviales font rapidement place à la navigation de plaisance à laquelle se dédie entièrement le port, de nos jours.
8 rue Olliffe - 14800 Deauville
La Villa Breloque à Deauville, désignée au gré des propriétaires, Les Ajoncs, Villa Juliette, Fancy Cottage, a été édifiée en 1884, à l'initiative du peintre honfleurais Eugène Boudin (1824-1898). Précurseur de l'impressionnisme, ami de Claude Monet (1840-1926), il l'initie à la peinture en plein air. Boudin fait partie des premiers artistes à déplacer leur chevalet hors de l'atelier pour travailler en pleine nature, sur le motif. Eugène Boudin, enfant du pays d'Auge, peint souvent Deauville, son port, sa plage. Le succès et ses mannes financières lui permettent de faire construire une maison au coeur de Deauville, "Les Ajoncs", villa renommée rapidement "La Breloque". Il y reçoit ses amis, Claude Monet, Gustave Courbet, Charles Baudelaire.
Place du Marché - 14800 Deauville
Le marché couvert de Deauville se distingue par le charme de ses halles à colombages de style normand, édifiées en 1923. Architecture typique du pays d'Auge, l'ensemble déploie des motifs caractéristiques : charpente à pans de bois, toiture à long pan et demi-croupe surmontée d'éléments décoratifs en céramique, couverture de tuiles plates. Les épis de faîtage, chouette, faucon, triton, écureuil, cavalier, illustrent le savoir-faire des artisans potiers qui donnent vie à l'argile de la région. Une discrète horloge de l'entreprise Bodet, évoque une emblématique success story locale. En 1868, Paul Bodet, jusqu'alors ébéniste, fonde à Trémentines une société d'horlogerie spécialiste des commandes publiques. Cinq générations plus tard, la société normande est devenue un groupe précurseur au rayonnement international, dans le domaine de l'électronique et de l'informatique dès les années 1990.
Boulevard de la Mer - 14800 Deauville
Les Planches de Deauville et les Bains Pompéiens, lieux mythiques de la station balnéaire inaugurés en 1924, forment une promenade classée à l'inventaire des Monuments historiques en 2019. Aux beaux jours, les parasols aux couleurs de la ville ponctuent les deux kilomètres de plage. A l'Ouest, les Planches se prolongent depuis 2022 jusqu'au port de Deauville, tandis qu'à l'Est, un tronçon dallé poursuit le cheminement jusqu'à Tourguéville et Bénerville-sur-Mer. Ce décor unique, l'un des les plus connus de Deauville, séduit par son pittoresque les touristes du monde entier. Deux cafés, le Bar de la mer et le Bar du Soleil, un restaurant le Ciro's, propriétés du groupe Lucien Barrière, ajoutent à l'agrément.
38 Rue Jean Mermoz - 14800 Deauville
L'Hôtel Normandy Deauville, monument incontournable de la station balnéaire, dresse sa silhouette caractéristique sur le front de mer depuis son inauguration le 11 juillet 1912. Premier grand hôtel de Deauville, le Normandy est également le premier établissement hôtelier de la côte normande à obtenir cinq étoiles en décembre 2009. 271 chambres, 40 suites, deux suites prestige, la suite Présidentielle et la suite Un homme et une femme, en hommage au film de Claude Lelouch de 1962, l'établissement voit grand et ses équipements aussi : spa Diane Barrière et sa piscine, le club enfant, la salle de sport, les courts de tennis. Il compte dix-neuf salons de réception, un restaurant la Belle Époque et le célèbre Bar du Normandy, conçu à la façon d'un club anglais.
2 rue Edmond Blanc - 14800 Deauville
Tél : 02 31 14 31 14
Horaires : Du lundi au jeudi et le dimanche de 10h à 2h - Vendredi de 10h à 3h - Samedi de 10h à 4h
Le Casino de Deauville participe du mythe de la station balnéaire. Propriété du groupe Barrière, il est indissociable de son image et de son prestige. Sa silhouette caractéristique s'inspire du Grand et du Petit Trianon de Versailles. Développé sur un plan symétrique, le rez-de-chaussée surélevé prend appui sur un sous-sol apparent. Une balustrade galbée couronne le toit couvert. L'architecte Georges Wybo (1880-1943) conçoit l'établissement originel à la demande de l'homme d'affaires, Eugène Cornuché (1867-1926), alors propriétaire du très festif restaurant Maxim's à Paris, et directeur tout juste démissionnaire du Casino Salon de Trouville. Le Casino dispose de trois restaurants, le Plaza Café, le Brummel et le Cercle, trois bars, le Plaza Café, le Cercle et un bar lounge l'O2 et une boîte de nuit le Club 13.
20 rue Robert Fossorier - 14800 Deauville
Horaires d'ouverture : Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h
La Mairie de Deauville, au style néo-normand marqué, participe de l'identité régionale de la station balnéaire. Le bâtiment originel construit entre 1879 et 1881 fait l'objet d'extensions et de modifications successives jusqu'en 1961. Édifié en briques, il est "normandisé" au tournant des années 1960, afin de correspondre à l'esthétique général de la ville. Briques, pierre de taille, faux pan de bois, couverture ardoise, tuiles plates et zinc, la silhouette caractéristique de la Mairie de Deauville s'inscrit dans un ensemble urbain harmonieux.
20 C rue Robert Fossorier - 14800 Deauville
Horaires : Du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h - Le samedi de 9h à 12h - Fermé le dimanche
Le Bureau de Poste de Deauville, situé au 20 C rue Robert Fossorier, est l'un des rares témoignages du style Art déco, mâtiné de régionalisme, de la cité normande. Pierre Chirol (1881-1951) dessine les plans. Nommé architecte régional des PTT en 1924, ce dernier signe, au cours de sa carrière, une trentaine de bureaux de poste parmi lesquels celui du Mont Saint Michel, de Caen, de Trouville et de Rouen. Le Bureau de Poste de Deauville, caractérisé par sa structure de béton armé, et un enduit de ciment, est inauguré en 1930.
2 rue Robert Fossorier / boulevard Eugène Cornuché - 14800 Deauville
La Villa Camélia, l'une des plus anciennes de Deauville, a été édifiée lors du développement de la station balnéaire au début des années 1860. Deauville dispose d'un patrimoine architectural remarquable, plus de trois-cents villas recensées, entre le front de mer et le centre-ville. À l'instar d'un ensemble de maisons élégantes déployées le long de l'actuel boulevard Eugène Cornuché, la Villa Camélia voit le jour vers 1864, sur les plans de l'architecte Desle-François Breney (1804-1891). Son premier propriétaire, le marquis de Salamanque (1911-1883) - José de Salamanca y Mayol - homme politique espagnol, financier, entrepreneur, pionnier des chemins de fer, fréquente assidument la station balnéaire. La maison de villégiature change de nom au gré des acquéreurs, Villa Salamanca, puis Villa Poilly et enfin Villa Camélia.
Square de l'Église - 14800 Deauville
L'église Saint Augustin de Deauville, inaugurée en 1865, consacre la création de la nouvelle station balnéaire sous l'impulsion du duc Charles de Morny (1811-1865) et de son associé, également son médecin personnel, le docteur Joseph-Francis Olliffe (1808-1869). Les architectes Desle-François Breney (1804-1891) et Anatole Jal (1823-après 1888) conçoivent un ouvrage en plan allongé à trois vaisseaux, orienté vers le Sud-Sud-Est. Ils choisissent d'associer la brique et la pierre calcaire. Aujourd'hui, après extension à la fin des années 1920, le vaisseau central se déploie sur huit travées. Des baies cintrées percent les parties hautes. L'esthétique générale, témoigne du goût de l'éclectisme Second Empire, variation de styles, néo-gothique, néo-roman, en particulier pour le programme décoratif.
145 b avenue de la République - 14800 Deauville
Accueil : 02 61 52 29 20
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30 - Fermé le lundi
Les Franciscaines, inaugurées en 2021, associent dans un même lieu transversal, musée, espaces d'exposition, auditorium, médiathèque, bibliothèque et centre de documentation. Les savoirs et les arts, cinéma, photographie, littérature, peinture, sculpture, spectacle vivant, musique, coexistent et dialoguent par le biais de ce nouveau pôle d'attractivité de la région Normandie. En 2012, la municipalité rachète l'ancien orphelinat Saint Joseph de la congrégation des sœurs Franciscaines Notre-Dame de la Pitié de Deauville, bâtiment du XIXème siècle, édifié en 1876. Dans le cadre d'une valorisation du patrimoine architectural deauvillais, il est réhabilité sous la houlette de l'agence Moatti-Rivière.
Avenue Strassburger - 14800 Deauville
La Villa Strassburger, archétype de l’architecture néo-normande, trône au cœur d’un parc vallonné. Les deux hectares plantés de pommiers accrochés à la colline du Vieux Deauville, les ainsi que la maison appartiennent à la municipalité. Édifiée entre 1907 et 1912 sur les plans de l’architecte Georges Pichereau pour le baron Henri de Rothschild (1872-1947), la Villa du Coteau future Villa Strassburger emprunte le programme pittoresque d’une forme normande du régionalisme. Le magnat de la presse américain Ralph Beaver Strassburger (1883-1959), candidat malheureux à la présidence des Etats-Unis en 1914 se porte acquéreur de la Villa du Coteau, en 1924. Symbole du Deauville Belle Epoque, elle devient Villa Strassburger. Façades et toitures sont classées aux Monuments historiques par arrêté du 29 octobre 1975. Ouverte de juin à septembre à l’occasion de visites patrimoniales sur inscription obligatoire, la Villa Strassburger accueille toute l’année réceptions privées et manifestations culturelles.
Le Coteau - 14800 Deauville
L'Église Saint Laurent de Deauville, église paroissiale originelle de l'ancien village de Dosville, s'accroche à la colline qui domine la ville nouvelle, station balnéaire créée sous le Second Empire. Au XVème siècle, le sanctuaire accueillait de nombreux pèlerins venus goûter les eaux d'une source miraculeuse aux propriétés thérapeutiques, associée à la guérison des maladies de peau. Abandonnée à la Révolution, remplacée dans son statut d'église paroissiale à l'inauguration de l''église Saint Augustin, elle est rendue au culte à la suite d'une restauration menée entre 1975 et 1977.
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.








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