Ailleurs : Gare de Trouville-Deauville, l'architecture néo-normande des années 1930, un style régionaliste traditionnel associé à la modernité Art déco


 
La gare de Trouville-Deauville illustre le style néo-normand - architecture traditionnelle mâtinée d'Art déco - largement diffusé dans la région au cours des années 1930. Son auteur, l'architecte Jean Philippot (1901-1988), se fait connaître grâce à ses gares, celle de Pointe Noire en République du Congo, de Vanves-Malakoff, de Meudon. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, il participe à la reconstruction de la ville de Compiègne. 

La gare de Trouville-Deauville associe des éléments régionalistes tels que les briques et les tuiles plates, à la modernité des volumes généraux et des matériaux, béton armé, colombages en ciment enduit. La façade de béton armé se caractérise par des parements de briques dans les parties basses et des faux pans de bois en mortier moulé et peint pour les parties hautes. Les blasons de Deauville, de Trouville et une horloge ornent les trois pignons principaux. Des lucarnes rampantes ponctuent l'imposante toiture en tuiles de Bavent. 

L'édifice répond à un plan symétrique en U organisé autour du grand hall des voyageurs. A l'intérieur, des voûtes en berceau soutiennent la charpente de béton apparente. Deux fresques, peintures sur toile marouflée réalisées en 1932 par Louis Houpin, "Plan de Trouville Deauville" et "Carte de la Normandie" ornent les deux pignons intérieurs. Les trois quais longs de trois-cents mètres déploient six voies principales auxquelles répondent cinq voies annexes dédiées à l'entretien des rames. Au sol, le pavage de grès de Beugin, revêtement en damier rouge et jaune, s'inscrit dans la veine régionaliste. Des abris en béton armé à couverture de tuiles plates destinés aux voyageurs éclairent l'esprit néo-normand de l'ensemble. 








Au cours du Second Empire, la mode des bains de mer séduit les élites de la cour. Deauville se développe sous l'impulsion de projets immobiliers menés, un proche de la famille impériale. Le duc Charles de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III, richissime financier et politicien, investit dans l'urbanisation de la nouvelle station balnéaire. Il intervient pour obtenir le prolongement de la ligne de chemin de fer Paris Saint Lazare Lisieux Pont-l'Évêque. 

La première gare de Trouville-Deauville inaugurée le 1er juillet 1863 s'avère rapidement trop modeste, l'afflux de voyageurs ne cessant de croître. En 1909, la municipalité de Deauville envisage d'agrandir la gare en collaboration avec la ville de Trouville et le Réseau des chemins de fer de l'État. Mais les trois partenaires peinent à s'accorder sur le budget. En 1913 l'administration ferroviaire établit un plan de financement viable. Le conflit mondial reporte l'entreprise. 








Au lendemain de la Grande Guerre, l'idée d'agrandissement est abandonnée au profit d'une reconstruction complète. Les projets trop onéreux de l'architecte conseil du réseau de l'administration des chemins de fer de l'État Julien Polti en 1920, puis de l'architecte J. Laynaud en 1922 sont rejetés. En 1929, un quai de débarquement destiné au transport des chevaux de course est néanmoins aménagé. 

Finalement les trois parties, municipalités de Deauville et de Trouville, chemins de fer retiennent en janvier 1930, le projet de l'architecte Jean Philippot, gendre de Raoul Dautry (1880-1951) directeur général de l'Administration des chemins de fer de l'État. Plans et devis sont approuvés par le Ministère des Travaux publics le 12 janvier 1931. 








La nouvelle gare construite en retrait de l'ancienne permet de dégager la place Louis Armand, aménagée ultérieurement, après tergiversations, en aire de stationnement par l'architecte voyer Léopold Mias en 1932. Le chantier mené par l'entreprise rouennaise Chard s'achève en six mois. La gare comporte désormais un bâtiment principal et deux annexes l'une dédiées au service des messageries, l'autre aux bureaux, ainsi qu'une cour des voyageurs. 

La gare de Trouville-Deauville est inaugurée le 26 juillet 1931 en présence de Raoul Dautry (1880-1951) alors directeur général de l'Administration des chemins de fer de l'État, et beau-père de l'architecte. Elle fait l'objet de modifications intérieures tout au long du XXème siècle. Les salles d'attente des première et deuxième classes, la salle des bagages et la bibliothèque disparaissent. 









La gare de Trouville-Deauville est inscrite à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 5 juillet 2010. La protection concerne façades et toitures, grand hall des voyageurs, quais et abris, pavements, lampadaires.  

Gare Trouville Deauville
Place Louis Armand - 14800 Deauville

Deauville Tourisme
Quai de l'Impératrice Eugénie - 14800 Deauville 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.