Ailleurs : Planches de Deauville et Bains Pompéiens, promenade mythique, souvenir des Années Folles et mémoire du Cinéma

 

Les Planches de Deauville et les Bains Pompéiens, lieux mythiques de la station balnéaire inaugurés en 1924, forment une promenade classée à l'inventaire des Monuments historiques en 2019. Aux beaux jours, les parasols aux couleurs de la ville ponctuent les deux kilomètres de plage. A l'Ouest, les Planches se prolongent depuis 2022 jusqu'au port de Deauville, tandis qu'à l'Est, un tronçon dallé poursuit le cheminement jusqu'à Tourguéville et Bénerville-sur-Mer. Ce décor unique, l'un des les plus connus de Deauville, séduit par son pittoresque les touristes du monde entier. Deux cafés, le Bar de la mer et le Bar du Soleil, un restaurant le Ciro's, propriétés du groupe Lucien Barrière, ajoutent à l'agrément. 








Deauville, perle de la Côte fleurie, littoral du Pays d'Auge sur la baie de Seine en Normandie, se développe au cours du Second Empire. La bourgade calvadosienne séduit les grandes familles de la cour impériale qui s'y font bâtir de belles maisons, villégiature de choix. Désormais rendez-vous de la haute société européenne, Deauville attire barons de l'industrie naissante, aristocrates, courtisanes, artistes, écrivains. La station balnéaire prend de l'ampleur sous l'impulsion du duc Charles de Morny (1811-1865), politicien, homme d'affaires, demi-frère de Napoléon III. Les courses hippiques qui se tiennent à l'hippodrome de Deauville-La-Touque ouvert en 1863 rythment la saison mondaine. Les établissements d'hydrothérapie proposent des soins très prisés. En 1912, l'inauguration du Casino, puis en 1913 de l'hôtel Normandy accroissent la désidérabilité de la ville. En 1912, l'architecte Georges Wybo (1880-1943) conçoit aux abords de la plage de Deauville un ensemble de cabines de bain et un chemin de promenade succinct. La Première Guerre Mondiale interrompt les activités de loisir.

Au lendemain du conflit, les Années Folles entretiennent la mode les bains de mer, l'hygiène. Les élégantes prisent les promenades au grand air iodé. En 1921, le maire de Deauville, Eugène Colas envisage de reconstruire les anciennes cabines de plage dégradées. La municipalité lance un concours qui réunit quinze architectes afin de créer un établissement de bain à la pointe de la modernité. La proposition de Charles Adda (1873-1938), architecte attitré de la Société d'encouragement des champs de course et auteur dans la région de villas variées dans un style régionaliste, est retenue. Il imagine le complexe des "Bains pompéiens" dans un style Art déco associant béton et décor de mosaïque réalisé par la maison Gentil & Bourdet. Atriums, colonnades d'inspiration antique et bassins, bains de vapeur, réseau de galeries à portiques, se distinguent par la sobriété des lignes, la modernité des volumes. Achevé en 1922, l'ensemble comporte également 250 cabines, vestiaires de plage, auxquelles s'ajoutent un café, des boutiques. Gabrielle Chanel, alors jeune modiste, y ouvre sa première échoppe où elle vend des chapeaux aux dames de la bonne société. 









En 1923, le long de la plage, Charles Adda compose un chemin de 444 mètres, afin que les élégantes en robes longues puissent se promener en bord de mer sans l'inconvénient du sable. Le chemin est constitué de lattes en azobé, bois originaire du Gabon, de Côte d'Ivoire, du Cameroun, réputé imputrescible. Les Planches et les Bains pompéiens inaugurés le 5 juillet 1924 rencontrent un tel succès que des agrandissements sont menés dès 1928.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les bâtiments de la promenade deauvillaise sont réquisitionnés. Les grandes cabines familiales accueillent des aménagements de défense. Le chemin de planches démonté, le bois sert à étayer des tranchées. La paix revenue, la remise en état de l'établissement prend de nombreuses années faute de financement et en absence de matériaux. La réhabilitation s'étend jusqu'aux années 1960. A cette occasion, la promenade est prolongée à ses extrémités, tout en préservant unité architecturale, esthétique des couleurs et volumes. Au cours du XXème siècle, Les Planches feront l'objet d'extensions successives. 









En 1966, le film "Un homme et une femme" réalisé par Claude Lelouch assoit la renommée mondiale de la plage de Deauville comme lieu romantique par excellence.  A l'écran, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant s'aiment sur les Planches. Distingué par la Palme d'or au Festival de Cannes en 1966, Oscar du meilleur film international et Oscar du meilleur scénario en 1967, le film associe définitivement la station balnéaire à l'amour.

Depuis 1975, le Festival du cinéma américain de Deauville célèbre le Septième Art chaque année en septembre. A partir de 1991, à l'initiative de la maire Anne d'Ornano, les noms des acteurs et des réalisateurs accueillis ou célébrés dans le cadre du festival sont peints en lettres noires sur les lices ajourées qui séparent les différentes cabines sur la promenade.  






L'ensemble du complexe des "Bains pompéiens", cours intérieures et leurs bancs, les bassins, décors de mosaïque, lavabos, baignoires, robinetterie d'origine, la promenade de planches, les gardes corps, fait l'objet d'un classement aux Monuments historiques par arrêté du 11 juin 2019.

Le chantier hivernal traditionnel permet d'entretenir Les Planches par tronçon. A l'hiver 2022, une extension rallonge le chemin de bois vers l'ouest côté port de Deauville. En prévision des célébrations du centenaire du complexe, 63 mètres sont ajoutés aux 656 mètres préexistants, portant la promenade à 719 mètres de long. Composées de 2100 lattes de 4 mètres de long, pour un total de 45 tonnes de bois d'azobé, les Planches de Deauville sont désormais bordées de 450 cabines.

Les bains Pompéiens et les Planches de Deauville 
Boulevard de la Mer - 14800 Deauville

Deauville Tourisme
Quai de l'Impératrice Eugénie - 14800 Deauville 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.