Armelle Caron interroge les lieux où s'ancre la mémoire, géographie sensible éprise de couleurs, distillation d'une poésie chromatique. Au Mrac Occitanie, dans le cadre de l'exposition "Le ressac des carnets jaunes", elle investit le cabinet d'arts graphiques du musée. Le site devient alors lieu privé, intime, prolongement de son atelier, l'exposition cartographie personnelle traduit plastiquement l'expression d'une expérience des lieux, des couleurs, support de la mémoire. Aux oeuvres issues de séries emblématiques, de vidéos, d'éléments de recherche, de carnets jaunes, Armelle Caron associe les objets de son atelier, une collection de naturalia à la façon des cabinets de curiosité, des herbiers autant de matériaux, des carnets autant de bases de travail habituellement exemptés d'exposition.
Armelle Caron, née en 1978 à Épernay, diplômée des Beaux-Arts d'Avignon, de Nantes et de l'Université de Central Lancashire en Angleterre, vit et travaille à Sète. Habituée du Mrac Occitanie, où elle a présenté une oeuvre in situ en 2014, elle réunit à l'occasion de l'exposition "Les cahiers jaunes" dessins, esquisses, objets, maquettes. Ces éléments convoquent l'idée du passage du temps, ressac à la surface de nos existences, fragments de récit. L'ensemble éclaire les protocoles mis en place par l'artiste, les gestes, le regard. Il souligne le principe de collection dont procèdent les compositions.
Fruits d'une résidence débutée en 2020 au Centre d'art Le Lait à Albi, une partie des oeuvres exposées au Mrac a d'abord été présenté à la Maison Salvana de Labège en 2024. Inspirée par la Mappa Mundi d'Albi, l'une des premières représentations du monde, des espaces géographiques, réalisée par un cartographe n'ayant jamais voyagé, Armelle Caron explore le caractère subjectif de la charte graphique et de la palette chromatique. La carte médiévale présentée dans un ouvrage manuscrit du VIIIème siècle est conservée au fonds ancien de la médiathèque Pierre Amalric d'Albi.
Une vidéo de douze minutes, produite pour le Mrac en collaboration avec Matthieu Kleyobe Abonnenc capture le passage de la nuit au jour sur une plage de Méditerranée. L'ensemble de cinq tapisseries aux couleurs de lever de soleil, parmi lesquelles "Le surgissement du bleu" (2023) prolonge la démarche. À Aubusson, Armelle Caron a confié à une lissière la retranscription en tapisserie de cinq affiches, ouvrant ainsi des espaces cartographiés chromatiques alternatifs.
À la suite des "Chambres", série initiée en 2005, Armelle Caron imagine un protocole minimaliste établi dans la lignée de l'ouvrage inachevé de Georges Pérec "Lieux où j'ai dormi". Elle réalise les plans de chambres dans lesquelles elle a vécu, plans commentés des textes descriptifs succincts, évocation des matières, des textures, des couleurs et des souvenirs expérimentés entre ces murs. "Les nouvelles chambres" (2025) se compose de trente-deux plans inédits.
La série "Les villes rangées" propose une lecture alternative des cités traversées depuis "Berlin" (2005), oeuvre réalisée à l'occasion d'une résidence originelle, jusqu'à la plus récente "Rome rangée" (2025). Armelle Caron déconstruit les plans de ville, les morcèle en blocs, les décompose en modules qui sont par la suite organisés par taille, structure, forme.
Avec la série "Herbiers" (2020-25), pratique traditionnelle, héritée de l'enfance, Armelle conserve le souvenir des lieux, des paysages par la collecte de végétaux, échos au territoire, auxquelles elle ajoute données scientifiques, coordonnées géographiques. Les "Paysages froissés" chiffonnent la matière, tourments vallonnés. Elle aborde l'élaboration d'un nuancier, prémices d'un projet collaboratif avec l'artiste Suzy Lelièvre. À l'exposition, s'ajoute une application "Chromogram #1" ou "Tangram des couleurs" quête autour de l'exposition de collection "Allons".
Armelle Caron a fait appel au public pour recueillir des souvenirs associés à des couleurs. Sur les 700 contributions, elle a sélectionné vingt souvenirs afin de développer "Chromos et Topos", présentés sous forme de blocs détachables parcourus de phrases sibyllines et poétiques débutant par "Je me souviens...", traces mémorielles des couleurs.
Armelle Caron. Le ressac des cahiers jaunes
Jusqu'au 22 mars 2026
Mrac Occitanie - Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
146 avenue de la plage - 34410 Sérignan
Tél : +33 (0)4 67 17 88 95
Horaires :
- Été juillet et août : Du mardi au vendredi de 11h à 9h - Samedi et dimanche de 13h à 19h. Dernière entrée au musée à 18h30.
- Septembre à juin : Du mardi au vendredi de 10h à 18h -Samedi et dimanche de 13h à 18h. Dernière entrée au musée à 17h30.
Fermé le lundi et les jours fériés.
Fermeture exceptionnelle du Mrac les 24 et 31 décembre à 16h.
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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