Ailleurs : Casino de Deauville, une institution emblématique de la station balnéaire normande

Le Casino de Deauville participe du mythe de la station balnéaire. Propriété du groupe Barrière, il est indissociable de son image et de son prestige. Sa silhouette caractéristique s'inspire du Grand et du Petit Trianon de Versailles. Développé sur un plan symétrique, le rez-de-chaussée surélevé prend appui sur un sous-sol apparent. Une balustrade galbée couronne le toit couvert. L'architecte Georges Wybo (1880-1943) conçoit l'établissement originel à la demande de l'homme d'affaires, Eugène Cornuché (1867-1926), alors propriétaire du très festif restaurant Maxim's à Paris, et directeur tout juste démissionnaire du Casino Salon de Trouville.

Le gros-œuvre de béton armé système Hennebique est recouvert d'un enduit de ciment qui confère à l'ensemble un aspect lisse immaculé. En façade principale sur le front de mer, deux rotondes flanquent un corps central marqué d'une verrière. Les escaliers à double volée convergente mènent à une large terrasse d'où admirer le coucher de soleil. À l'étage attique, se trouve un groupe sculpté en ciment moulé, oeuvre d'entreprises locales Wast & Lamp, Brodecker et Jégoudez fils. Le remarquable petit théâtre à l'italienne reprend les codes de l'Opéra du château de Versailles. Le peintre Fernand Truffaut (1866-1955), signe le rideau d'avant-scène, évocation de l'ancienne salle des Ambassadeurs à Paris. L'intérieur du casino, restauré au début des années 1990 sous la houlette du décorateur Jacques Garcia, s'inscrit dans un programme décoratif aux accents baroques. Tapis et mobilier proviennent des magasins du Printemps et Studio Van Den Akker. Le Grand Hall, ancienne salle de bal, accueille aujourd'hui les machines à sou. Le Casino dispose de trois restaurants, le Plaza Café, le Brummel et le Cercle, trois bars, le Plaza Café, le Cercle et un bar lounge l'O2 et une boîte de nuit le Club 13.



Le tout premier casino de Deauville voit le jour en 1864. Les établissements de jeux d'argent sont autorisés officiellement, depuis 1806, dans les stations balnéaires et thermales. À la chute du Second Empire en 1870, boudée par les Parisiens, Deauville n'attire plus les foules. L'établissement ferme ses portes en 1889. Propriété de la Caisse de Deauville depuis 1882, le bâtiment est vendu en 1893 à Edmond Blanc, homme d'affaires et grand propriétaire d'écuries. Sur les terrains libérés par la démolition du casino en 1895, ce dernier développe un lotissement de prestige. Six villas y sont construites avant 1904. Des accords signés entre Trouville et Deauville, en 1907, concèdent le monopole des jeux d'argent à Trouville en contrepartie d'importants royalties, un tiers des recettes. 

En 1905, Eugène Cornuché accepte la direction du Casino Salon de Trouville. À la fin des années 1900, il est envisagé de reconstruire l'institution. La proposition de Cornuché jugée trop onéreuse est repoussée. L'entrepreneur prend la mouche et démissionne en 1909. Il présente alors son projet somptuaire à Désiré Le Hoc (1851-1919), le maire de Deauville. Ce dernier cherche à redorer l'image de la station balnéaire, de la rendre à nouveau attractive pour les élites parisiennes et internationales. Cornuché fait miroiter un carnet d'adresse prestigieux et la promesse de construction d'un casino luxueux. En 1910, le conseil municipal deauvillais rompt l'accord de monopole signé avec Trouville. 

Eugène Cornuché fonde les Grands Établissements de Deauville. Avec un budget de deux millions de francs dont 350 000 consacrés aux décors et mobiliers, il lance le chantier du nouveau Casino de Deauville en 1911. Il confie l'entreprise à l'architecte Georges Wybo, assisté de Charles Rabussier et Leclerc, relayés par les entrepreneurs Perrin et A. Rouard en charge plus particulièrement de la maçonnerie, des planchers, des terrasses, des structures intérieures, du grand escalier en béton armé. Jean-Claude Nicolas Forestier (1861-1930), futur inspecteur générale des jardins et promenades de Paris, trace les plans du jardin d'agrément sur le front de mer. La parcelle louée à la municipalité est plantée sous la direction du jardinier Loizeau. 

Le Casino de Deauville est inauguré le 11 juillet 1912, en même temps le Normandy Hôtel, à quelques mois d'intervalle du nouveau Casino de Trouville. S'ouvre alors une ère de guerre des casinos sur fonds de concurrence commerciale acharnée. L'année suivante, Georges Wybo propose des modifications partiellement exécutées. La façade est avancée de six travées tandis que le projet de boutiques additionnelles est abandonné. 






En 1927, François André (1879-1962) succède à son associé Eugène Cornuché à la tête des Grands Établissements de Deauville. Le groupe devient la Société des hôtels et casino de Deauville - SHCD. En 1928, Wybo imagine un nouveau décor destiné au Café de la Boule, un triptyque dont la réalisation est confiée au peintre André Lagrange (1889-1958). À cette époque, le restaurant Grill-Room est abandonné au profit d'un cinéma. 

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Casino de Deauville se refait une beauté. En 1951, un architecte - qui n'est pas Georges Madeline (1863-1924) comme souvent indiqué - réinvente la façade sur le front de mer. Il trace une nouvelle galerie transversale qui relie alors les restaurants des rotondes. Cette année-là, Lucien Barrière, neveu de François André, rejoint l'entreprise familiale. Légataire universel de son oncle, il prend la relève en 1961. 






En 1970, les boutiques latérales du Casino de Deauville sont modernisées. Entre 1991 et 1993, le Casino de Deauville fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration et d'aménagement. L'entrée principale est déplacée sous la terrasse. L'ancienne, agrandie et agrémentée de colonnes, se dote d'une verrière d'envergure. Le décorateur Jacques Garcia intervient sur les décors intérieurs, imprimant sa touche baroque à l'établissement. Il signe en 1999, de nouveaux décors pour les salles de jeux et les axes de circulation.

Casino de Deauville
2 rue Edmond Blanc - 14800 Deauville
Tél : 02 31 14 31 14
Horaires : Du lundi au jeudi et le dimanche de 10h à 2h - Vendredi de 10h à 3h - Samedi de 10h à 4h