Ailleurs : Villa Strassburger, icône du style néo-normand à Deauville



La Villa Strassburger, archétype de l’architecture néo-normande, trône au cœur d’un parc vallonné. Les deux hectares plantés de pommiers accrochés à la colline du Vieux Deauville, les ainsi que la maison appartiennent à la municipalité. Les cent-quatre-vingt-quatorze arbres fruitiers produisent depuis 2007 un cidre vendu à l’Office de tourisme auquel s’ajoute un miel issu des neuf ruches installées sur la propriété. Edifiée entre 1907 et 1912 sur les plans de l’architecte Georges Pichereau pour le baron Henri de Rothschild (1872-1947), la Villa du Coteau future Villa Strassburger emprunte le programme pittoresque d’une forme normande du régionalisme. Le style néo-normand, caractéristique du patrimoine deauvillais de la fin du XIXème / début du XXème siècle, associe matériaux modernes et traditionnelle structure augeronne à pans de bois doublée d’un appareillage de briques en damier. 

Le magnat de la presse américain Ralph Beaver Strassburger (1883-1959), candidat malheureux à la présidence des Etats-Unis en 1914 se porte acquéreur de la Villa du Coteau, en 1924. Symbole du Deauville Belle Epoque, elle devient Villa Strassburger. Son architecture évoque les petits manoirs du pays d’Auge avec ses tourelles, ses toits en tuiles plates hérissés de clochetons, ses épis de faîtage en céramique. Les toitures à l’impériale, en pavillon, à longs pans, jouent les décrochements de pyramidions en auvents. Encorbellements, bow-windows, balconnets rythment des façades au foisonnement baroque. Cette exubérance formelle contraste avec la simplicité des volumes intérieurs. Ils répondent à la classique répartition verticale, pièces de service au sous-sol, réception au rez-de-chaussée, appartements privés à l’étage, chambres des domestiques sous les toits desservis par un escalier de service. De nos jours, la maison a conservé une partie de ses décors et de son mobilier d’époque. Façades et toitures sont classées aux Monuments historiques par arrêté du 29 octobre 1975. Ouverte de juin à septembre à l’occasion de visites patrimoniales sur inscription obligatoire, la Villa Strassburger accueille toute l’année réceptions privées et manifestations culturelles. 










Le docteur Achille Flaubert (1784-1846), père du romancier Gustave Flaubert (1821-1880), acquiert la ferme du Coteau en 1838. La propriété demeure dans la famille jusqu’en 1875, date à laquelle elle est cédée à Delahante, actionnaire de la Société immobilière de Deauville. Le baron Henri de Rothschild la rachète en 1907. Il confie la construction d’une villa à l’architecte Georges Pichereau, élève de René Jacques Baumier, chantres du style néo-normand. Mais la baronne de Rothschild, née Mathilde de Weisweiller (1872-1926) ne goûte pas la vue qu’elle aurait souhaité directe sur la mer. Le fils aîné du couple, James Henri de Rothschild (1896-1984), banquier et futur vétéran des deux conflits mondiaux, futur maire de Compiègne, occupe sporadiquement cette villégiature balnéaire boudée par sa mère.

Le 19 février 1924, le manoir est vendu à Ralph B. Strassburger, homme de presse et milliardaire américain, propriétaire d’une écurie de course à Lisieux, le haras Monceaux et son épouse May Bourne (1881-1975) héritière du groupe Singer, l'une des toutes premières entreprises mondialisées. La propriété s’élargit au sud d’une nouvelle parcelle. Une serre et une maison de jardinier sont aménagés dans le parc. Bertie Stopford (1860-1939) antiquaire et marchand d’art britannique oeuvre à la décoration. Entre 1924 et 1930, il constitue un cadre somptueux, dont le faste reflète le train de vie de la famille Strassburger. Celle-ci emploie une trentaine de domestiques à demeure toute l’année, parmi lesquels huit jardiniers et six cuisiniers. Pourtant les Strassburger ne séjourne à Deauville qu’un mois par an, en août, à l’occasion de la saison hippique. Ils reçoivent de nombreuses personnalités des arts et des affaires lors de réceptions réputées. 









Durant l’Occupation, la Villa Strassburger réquisitionnée devient le siège de la Kommandantur allemande locale. En 1942, un souterrain est creusé à l’arrière de la maison afin de faciliter l’évacuation des occupants. Très abîmé au lendemain du conflit, les intérieurs du manoir, décor et mobilier, sont restaurés par un certain Vignac, tapissier et ébéniste, mentionné dans la base Mérimée. Ralph B. Strassburger décède en 1959. May Bourne Strassburger en 1975. La Villa est classée aux Monuments historiques cette même année. En 1980, Johan Peter Strassburger (1916-1993), le fils de Ralph et May, fait don de la maison à la ville de Deauville

Au deuxième étage, un ensemble d’œuvres signée Enrico Campagnola (1911-1984), sculpteur devenu peintre est exposé. Distingué lors du Grand Prix international de Deauville 1955 par une mention spéciale, l’artiste a conservé en mémoire de cette récompense, un attachement particulier pour la cité balnéaire. A la suite de son décès, l’association Enrico Campagnola offre à la ville en 1985, une trentaine de peintures et sculptures.

Villa Strassburger 
Avenue Strassburger - 14800 Deauville

Deauville Tourisme
Quai de l'Impératrice Eugénie - 14800 Deauville 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.

Bibliographie