Ailleurs : Hôtel Normandy Barrière, un établissement historique de Deauville, symbole du renouveau de la station balnéaire au début du XXème siècle

 

L'Hôtel Normandy Deauville, monument incontournable de la station balnéaire, dresse sa silhouette caractéristique sur le front de mer depuis son inauguration le 11 juillet 1912. L'aboutissement de cette entreprise menée par l'homme d'affaires Eugène Cornuché (1867-1926) avec le soutien de la municipalité deauvillaise, marque le retour en grâce au début du XXème siècle de la station balnéaire boudée depuis la chute du Second Empire les Parisiens fortunés et la clientèle internationale.

Premier grand hôtel de Deauville, le Normandy est également le premier établissement hôtelier de la côte normande à obtenir cinq étoiles en décembre 2009. 271 chambres, 40 suites, deux suites prestige, la suite Présidentielle et la suite Un homme et une femme, en hommage au film de Claude Lelouch de 1962, l'établissement voit grand et ses équipements aussi : spa Diane Barrière et sa piscine, le club enfant, la salle de sport, les courts de tennis. Il compte dix-neuf salons de réception, un restaurant la Belle Époque et le célèbre Bar du Normandy façon club anglais dont la sélection unique de whiskys comporte près 123 références.  Un indispensable deauvillais.







Eugène Cornuché prend la direction du Casino Salon de Trouville en 1905. L'institution vénérable est sur le point de se réinventer afin de répondre aux goûts modernes. Cornuché soumet une proposition luxueuse, repoussée par les édiles de Trouville car trop onéreuse est repoussée. Il choisit de démissionner en 1909 afin de présenter son projet à Désiré Le Hoc (1851-1919), le maire de Deauville. Sous son impulsion, la station balnéaire cherche alors à redorer son image auprès des clientèles parisiennes et internationales. Le carnet d'adresse prestigieux de Cornuché et la promesse d'un nouveau casino rutilant doublé d'un hôtel à l'avenant séduit le maire. 

En 1910, le conseil municipal deauvillais rompt l'accord de monopole signé avec Trouville. Eugène Cornuché fonde les Grands Établissements de Deauville qui deviendront rapidement la Société des Hôtels et Casinos de Deauville. En 1911, l'entreprise se porte acquéreur de la propriété en front de mer sur laquelle se trouve alors la Villa des Flots. Sur les terrains libérés par la démolition de cette dernière, l'architecte Théo Petit (1865-1930), assisté possiblement par son confrère Georges Wybo (1880-1943) avec lequel il édifie l'Hôtel Royal en 1913, conçoit un palace au style régionaliste. L'Hôtel Normandy embrasse l'esprit cottage anglo-normand associé aux codes de la villégiature de luxe. Le chantier débute à l'hiver 1911 sous la direction de Joseph Guillard, inspecteur des travaux.

Le bâtiment à structure de béton armé se développe sur un plan en H autour de deux cours distinctes, dont la Cour normande sa pelouse centrale, ses pommiers. Les façades néo-normandes, à faux pan de bois plaqué évoquent l'architecture augeronne de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Elles sont recensées à l'inventaire générale du patrimoine culturel. Le bâtiment se compose d'un rez-de-chaussée, parement de pierre à damier, surélevé sur un sous-sol, un étage carré, deux étages de combles. Dans les élévations, de nombreux décrochements scandent les façades, balcons, loggias sur des corbeaux moulurés, pignons à ferme débordante. Des tuiles plates vernaculaires couvrent les toitures percées de lucarnes variées. Un bestiaire local - mouette, cheval - anime les épis de faîtage en céramique.







L'Hôtel Normandy Deauville est inauguré le 11 juillet 1912, en même temps que le Casino voisin. L'année suivante, Gabrielle Chanel ouvre au sein de cet établissement prestigieux sa toute première boutique de chapeaux, financée par son amant anglais Boy Capel. 

Le succès au rendez-vous, l'Hôtel Normandy se trouve un peu à l'étroit dans ses murs. En 1925, afin de procéder aux extensions nécessaires, les parcelles voisines sur lesquelles se trouvent la Villa Sipière et la Villa Suzalaine dont le propriétaire se montre tout d'abord récalcitrant, sont achetées à grands frais. Le chantier débute en 1926 sous la direction de Théo Petit. 

En 1927, François André (1879-1962) succède à son associé Eugène Cornuché à la tête des Grands Établissements de Deauville. Le groupe devient la Société des hôtels et casino de Deauville - SHCD. 

Durant l'Occupation, l'Hôtel Normandy est réquisitionné par l'armée Allemande pour abriter des garnisons. À la Libération, les Alliés s'y installent provisoirement. La SHCD mène une campagne de rénovation en 1945 afin de pallier aux dégradations subies par l'établissement durant le conflit mondial. L'Hôtel Normandy rouvre au public en 1946. Lucien Barrière, neveu de François André, rejoint l'entreprise familiale en 1951. Légataire universel de son oncle, il prend la relève en 1961.






Dans les années 1990, Jacques Garcia intervient sur les décors de l'Hôtel Normandy et imagine des espaces entre baroque et néo-Louis XVI, en harmonie avec les stucs et les staffs néo-pompéiens. Il fait ajouter une cheminée au sein du bar anglais mais conserve le cadre originel du restaurant La Belle Époque. 

En 2004, les chambres font l'objet de rénovations mineures dans le cadre d'un chantier progressif qui ne nécessite pas la fermeture de l'établissement.

En 2015-2016, période de six mois au cours de laquelle l'Hôtel Normandy est clos, se déroule la première campagne de rénovation d'ensemble depuis l'inauguration en 1912. 

En 2024, le studio d'architecture d'intérieur Friedmann & Versace rénove le cadre du restaurant, la Belle Époque et le Bar du Normandy ainsi que les annexes sur les planches de Deauville, le Ciro's et la Villa sur la plage, Bar de la Mer et Bar du Soleil,

Hôtel Normandy Barrière Deauville
38 Rue Jean Mermoz - 14800 Deauville
Tél : 02 31 98 66 22


Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.