Paris : Le VIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales - De Saint-Germain-des-Prés à Saint Michel en passant par la place Saint Sulpice et le jardin du Luxembourg, jusqu'au carrefour de l'Odéon et Saint André des Arts



Le VIème arrondissement, sur la rive gauche de la Seine, invite à la flânerie. Le découpage administratif de 1860, établi par la loi du 16 juin 1859 qui annexe les communes limitrophes au territoire de la ville de Paris, lui confère 215,4 hectares. Distribué sur quatre quartiers, Monnaie, Odéon, Notre Dame des Champs, Saint Germain des Prés, l’arrondissement aux dimensions modestes a conservé les spécificités des anciennes bourgades dont il est le fruit. L’abbaye Saint Germain des Prés, autour de laquelle s’est développé le village originel, en marque toujours le cœur. Au-delà de l’enceinte Philippe-Auguste, rempart défensif prolongé rive gauche au début du XIIIème siècle, le territoire de l’actuel VIème a connu une urbanisation tardive. Les domaines agricoles rattachés aux congrégations religieuses et les nobles villégiatures dotés de parcs ont perduré jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. Le faubourg aristocratique supplante alors le Marais auprès des grandes familles. De prestigieux hôtels particuliers, souvent reconvertis en ambassades, s’élèvent entre nos actuels VIème et VIIème arrondissements. Les bourgeois s’avèrent plus modestes dans le choix des proportions. À l’abri des regards, au-delà des portes jalousement fermées, persistent les délicieux secrets des cours et jardins préservés à l’abri des regards. Épicentre de la contestation révolutionnaire, notre actuel carrefour de l’Odéon, concentre à la fois le domicile de Danton, le club des Cordeliers où intervient Marat et le Procope, le café des réunions animées. 

Les percées haussmanniennes au XIXème siècle entament l’ancien urbain sans que les nouvelles avenues ne bouleversent tout à fait l’atmosphère de l’arrondissement. Le VIème rayonne grâce au prestige de ses institutions culturelles et patrimoniales, le palais du Luxembourg, domaine de Marie de Médicis, qui abrite désormais le Sénat, l’Institut de France, l’École des Beaux-Arts, le Théâtre de l’Odéon, le Théâtre du Vieux Colombier, les deux grandes églises, Saint Germain des Prés et Saint Sulpice. D'Eugène Delacroix dont l’atelier est devenu musée rue de Furstemberg à Balthus qui résida cour de Rohan, les peintres apprécient les espaces singuliers du quartier.

Arrondissement des grandes maisons d’édition, c’est ici que s’établit François Didot au tout début du XVIIIème siècle, puis bien plus tard Gallimard, Grasset, les éditions de Minuit etc. La légende de Saint Germain des Prés, rendez-vous des intellectuels, se construit au gré des écrivains et de leurs frasques. Dans les années 1920, la Lost Generation, se réunit autour de la librairie Shakespeare and Company originelle, ouverte au 12 rue de l'Odéon par Sylvia Beach. Ezra Pound, Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald y croisent John Steinbeck, John Dos Passos, Henry Miller, James Joyce.
 
Et puis il y a le Paris littéraire de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, les cafés et autres établissement iconiques, le Flore, les Deux Magots, la Closerie des Lilas, la brasserie Lipp. Dans les années 1940, Miles Davis, Art Blakey, Thelonious Monk, John Coltrane ou encore Sidney Bechet, se produisent dans les caves clubs de jazz. Ecrivains, journalistes, intellectuels, acteurs et chanteurs fréquent le Bar vert, Raymond Queneau, Roger Vailland, Antonin Artaud, Maurice Merleau-Ponty, parfois Jean-Paul Sartre. Les nuits déraisonnables du Tabou rue Dauphine sont animées par Boris Vian, Juliette Gréco. Marguerite Duras habite rue Saint Benoît.

La rédaction de Paris la douce vous emmène découvrir les huit villages du VIème arrondissement Saint André des Arts, Buci et la Monnaie, Saint Germain des Prés, Cherche-Midi, Saint Sulpice, Odéon, le Luxembourg, Notre Dame des Champs, en 20 étapes patrimoniales remarquables.





1/ Rue de Furstemberg 
Accès 3 rue Jacob / 4 rue de l’Abbaye – Paris 6
Métro Saint Germain des Près ligne 4

La place de Furstemberg, ces airs délicieux de calme province à l’ombre des paulownias, n’existe pas. La placette que tous les Parisiens désignent sous ce nom est en réalité un tronçon élargi de la rue établie sur l’ancienne avant-cour du palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés. Le pittoresque du lieu a inspiré photographes, peintres et cinéastes tous séduits par son atmosphère à part. Le flottement au sujet de l’orthographe de Furstemberg, Fürstenberg, Furstenberg est le fruit de la mondialisation. Selon la nomenclature de la ville de Paris, la graphie francisée du nom prévaut. Mais dans l’usage commun la rue de Furstemberg est plutôt désignée à l’allemande, Fürstenberg, un n et un tréma. Ou pas de tréma d’ailleurs car ce sont les touristes anglophones plus familiers avec cette orthographe qui la diffusent largement. Ainsi parée de mystères, de dénominations multiples, voire même absente de tout registre officiel, la place de Furstemberg n’existe pas.




2/ Cour du Commerce Saint André
Accès 130 boulevard Saint-Germain-des-Prés / 61 rue Saint-André des Arts / 19 rue de l'Ancienne Comédie – Paris 6
Métro Odéon ligne 4

La Cour du Commerce-Saint-André, ensemble pittoresque chargé d'histoire, passage aux pavés disjoints, relie le boulevard Saint-Germain à la rue Saint-André-des-Arts. Le vallonnement improbable de la chaussée, les hardis accidents de nivellement surprennent dans un quartier aux lignes rectilignes repensées par Haussmann.  Boutiques coquettes, bistrot 1900 comme Le Relais de l'Odéon, café historique avec le célébrissime Procope, ce passage qui joue la carte charme des coquettes surannées a connu les gloires littéraires et les histoires sanglantes de la Révolution. Frisson, poésie et point chaud touristique !




3/ Cour de Rohan 
Accès restreint par la rue du Jardinet et la Cour du Commerce Saint-André - Paris 6
Métro Odéon ligne 4

La Cour de Rohan, voie semi-publique aux allures de village provençal, est une intrigante curiosité parisienne, un lieu où l'écho de l'histoire résonne encore à travers l'architecture. Vestiges médiévaux, construction Renaissance, bâtiment Louis XIII, cette succession de trois courettes pavées et arborées reliant la rue du Jardinet à la cour du Commerce Saint André depuis 1791, a souvent été menacée de destruction. Repère d'artistes dès 1930, elle est aujourd'hui un summum du luxe, celui sans pareil d'un confetti champêtre en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés. A l'origine de la cour de Rohan se trouve un ensemble de bâtiments construit par Henri II (1510-1559) pour sa favorite Diane de Poitiers (1499-1566). 




4/ Passage Dauphine
Accès 27 rue Mazarine / 30 rue Dauphine – Paris 6
Métro Odéon ligne 4

Le passage Dauphine à Saint-Germain-des-Prés a des airs de jolie province qu'un olivier conversant avec un figuier ensoleillent, évocation méditerranéenne. Cheminant entre les immeubles de la rue Dauphine à la rue Mazarine, dans le prolongement de la rue Christine, la venelle pavée de frais trottine allègrement hors du temps. Le rose de la brique, le vert des plantations, buis taillés façon jardin à la française, plates-bandes plus folâtres de buissons, carré façon jardinet, l'échappée colorée s'annonce instant de pause heureuse, si loin si proche de la frénésie parisienne. Un délice pour le flâneur attentif qui découvrirait l'entrée du passage par hasard. Ouvert en 1825 sur les vestiges d'une ancienne maison de jeux - établissements nombreux dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés au XVIIIème siècle - dont le jardin s'étendait jusqu'à la rue Mazarine, le passage doit son nom à la rue Dauphine sa voisine. Percée en 1607 à travers les anciens jardins du couvent des Augustins, celle-ci a été tracée dans le prolongement de la grande place royale voulue par Henri IV, la place Dauphine baptisée en l'honneur du dauphin, futur Louis XIII.




5/ Jardin du Luxembourg
Accès Boulevard Saint Michel, Rue de Médicis, Rue de Vaugirard, Rue Guynemer, Rue d’Assas, Rue Auguste Comte – Paris 6
Métro Odéon lignes 4 et 10, Mabillon ligne 10, Saint Germain des Prés ligne 4
RER B Luxembourg Sénat 

Le Jardin du Luxembourg, espace public depuis sa création au XVIIème siècle sous l’impulsion de Marie de Médicis (1573-1642), conserve la trace d’une inspiration florentine qui puise à la source du palais Pitti et son jardin Boboli. Néanmoins sa disposition en deux pans contrastés, jardin à la française aux lignes rigoureuses et jardin à l’anglaise plus luxuriant, date d’un réaménagement initié juste avant la Révolution et achevé sous l’Empire. Depuis la Monarchie de Juillet, cent-six statues disséminées à travers le jardin ponctuent la promenade dans un ensemble réunissant Jules Dalou (1838-1902), Antoine Bourdelle (1861-1929), Auguste Rodin (1840-1917), Ossip Zadkine (1888-1967). Le long des allées arborées, marronniers, tilleuls et platanes dialoguent avec de plus rares essences paulownias, savonniers, gingkos. Les parterres de fleurs évoluent au gré des saisons. Pensées, myosotis, giroflées, pétunias, alternent avec géraniums, dahlias, calcéolaires, ageratum. Au carrefour des arrondissements et des quartiers, lieu de flânerie, de lecture, le Jardin du Luxembourg voit passer chaque jour les étudiants de la Sorbonne et des nombreux lycées aux alentours aussi bien que les touristes. 




6/ Fontaine de Médicis
Jardin du Luxembourg – Accès rue de Médicis – Paris 6
Rue Auguste Comte – Paris 6
Métro Odéon lignes 4 et 10, Mabillon ligne 10, Saint Germain des Prés ligne 4
RER B Luxembourg Sénat 

La fontaine Médicis, prisée pour son charme par les photographes du monde entier, attire sur ses rives étudiants, flâneurs et amoureux tout au long de l’année. Le couple de marbre tendrement enlacé de son motif central prête aux doux sentiments. L’ombre bienfaisante de sa double allée de platanes lui confère une quiétude heureuse. Classée par liste de 1889 aux Monuments historiques, la fontaine Médicis a tout d’abord été la grotte du Luxembourg, une construction artificielle inspirée par la grotte de Buontalenti du Palais Pitti, où la reine-mère Marie de Médicis (1575-1642) a vu le jour. Au lendemain de la mort d’Henri IV, sa veuve, la régente de France jusqu’en 1614, souhaite faire construire une résidence à Saint-Germain-des-Prés dans le style florentin, en souvenir de sa ville natale. En 1611, elle fait l’acquisition de l’hôtel particulier de François de Piney, duc de Luxembourg. Pour donner de plus royales proportions au domaine, elle achète des terrains aux alentours. De 1612 à 1614, l’architecte Salomon de Brosse s'attèle à la conception des plans. Pour son nouveau Palais du Luxembourg, Marie de Médicis souhaite que le jardin égale en beauté celui de Boboli. Elle imagine déjà de nombreux bassins, fontaines, nymphées, terrasses et grottes à l’instar de la grotte du Luxembourg, future fontaine Médicis.




7/ Place Saint André des Arts – Paris 6
Métro Saint Michel ligne 4

La Place Saint André des Arts invite à prendre le temps de la flânerie à l’ombre des platanes. Pittoresque carrefour du quartier de la Monnaie à la limite du village de Saint Germain des Prés, elle entretient une atmosphère de placette villageoise. A l’animation des terrasses de café se mêle une certaine bonhommie des brasseries traditionnelles. Les bistrots parigots aux immuables menus bourgeois côtoient les échoppes street food dispensateurs de sandwiches grecs internationaux. Entourage Guimard à l’entrée du métro Saint Michel, colonne Morris, fontaine Wallace et lampadaires au style inimitable, le mobilier urbain vient rappeler que le visiteur se trouve bien à Paris.




8/ Immeuble Hennebique 
1 rue Danton - Paris 6
Métro Saint Michel ligne 4

L’Immeuble Hennebique, précurseur des nouvelles esthétiques au début du XXème siècle, vante selon le souhait de son commanditaire, l’ingénieur François Hennebique (1842-1921), les mérites plastiques du béton armé. Celui-ci prêche alors pour sa chapelle. A l’angle de la rue Danton et de la place Saint André des Arts, il met en scène par l’exemple, les qualités du « Système Hennebique », procédé constructif imaginé par ce pionnier du béton armé, auteur d’une série de brevets déposés entre 1889 et 1892. L’entrepreneur inventeur conçoit des modèles d’armatures métalliques destinées aux structures de béton. François Hennebique confie la réalisation des plans du 1 rue Danton à l’architecte lyonnais Edouard Arnaud (1864-1943). Edifié entre 1898 et 1900, l’immeuble prototype témoigne du potentiel esthétique du nouveau matériau, fruit d’innovations techniques de pointe. Recouvert d’un enduit imitant la couleur de la pierre, le béton révèle son potentiel d’adaptation classique et répond aux canons de la fin du XIXème siècle. Il fait montre d’un Art Nouveau relativement sage. La présence monumentale de l’Immeuble Hennebique célèbre un savoir-faire, la simplicité d’utilisation des matériaux, combinaison de métal et de ciment, la facilité d’approvisionnement, la légèreté et la grande résistance de la structure. Façades sur rue et toitures sont inscrites à l’inventaire des Monuments historiques par arrêté du 16 octobre 1964.




9/ Fontaine Saint Michel
Place Saint Michel - Paris 6
Métro Saint Michel lignes 4 et 10

La fontaine Saint Michel, point de ralliement du Quartier Latin, entretient le souvenir des manifestations étudiantes de mai 1968 et celui des affrontements pour la Libération de Paris en août 1944, objets d’une plaque commémorative. Son style, fruit de l’éclectisme caractéristique du Second Empire, emprunte à la Renaissance italienne. La structure, niche centrale encadrée de quatre colonnes et surmontée d'un fronton, s’inspire de celle de la fontaine Médicis. La réalisation monumentale occupe l’entièreté d’un mur pignon, jonction en angle aigu du boulevard Saint Michel et de la rue Danton. Son format, vingt-six mètres de haut et quinze de large, a été imposé par le désir esthétique de masquer ce pan aveugle. La réalisation de la fontaine décorative intervient, à la suite du bouleversement urbain engendré par les grands travaux du préfet Haussmann. L’aménagement de la nouvelle place Saint Michel est confié à l’architecte Gabriel Davioud (1824-1881), au service des Plans de la Ville de Paris depuis 1843. Concepteur de l’ensemble, il intègre parfaitement la fontaine dans son environnement. La place et les rues qui la bordent donnent une impression particulière d’homogénéité. Lors de son inauguration officielle, le 15 août 1860, l’esthétique de la fontaine Saint Michel fait l’objet de critiques variées. Des ajustements donneront lieu à des interventions mineures concernant son aspect. Elle est inscrite à l’inventaire des Monuments historiques par arrêté du 16 mars 1926.




10/ Ancien Grand Bouillon Camille Chartier, devenu Bouillon Racine
3 rue Racine - Paris 6
Métro Odéon lignes 4 et 10

L’ancien Grand Bouillon Camille Chartier, désormais Bouillon Racine est fondé en 1906, par l’un des fils de la célèbre famille de restaurateurs, à l’origine du célèbre Bouillon Chartier implanté en 1896 au 7 rue du Faubourg-Montmartre. Cette adresse mythique du Quartier Latin se caractérise par un opulent décor Art Nouveau classé aux monuments historiques par arrêté du 12 octobre 1995, ainsi que sa devanture en saillie, qui se déploie, rareté, sur deux étages. Ambiance Belle Époque, dépaysement hors du temps, instant suspendu. Panneaux de bois sculptés et miroirs, grandes bais à structure métallique, annoncent depuis la rue les splendeurs d'un établissement entièrement restauré en 1996. 




11/ Musée Eugène Delacroix 
6 rue de Furstemberg – Paris 6
Tél : 01 44 41 86 50
Horaires : Du mercredi au lundi, de 9h30 à 17h30. Nocturne chaque premier jeudi, jusqu’à 21h (Dernières entrées 15 minutes avant la fermeture) - Fermé le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Métro Saint-Germain-des-Prés ligne 4

Le Musée Delacroix, musée national depuis 1971, se cache dans l'une des courettes de la rue de Furstemberg à Saint-Germain-des-Prés. Anciens communs du palais de l'Abbaye, le petit immeuble du XVIIIème siècle édifié entre la cour des écuries et le jardin de l'infirmerie abbatiale, a été le dernier domicile d'Eugène Delacroix (1798-1863). Le peintre, figure majeure du mouvement romantique, y vit de décembre 1857 à son décès le 13 août 1863. Le Musée Delacroix a la particularité d'avoir été fondé grâce à l'engagement d'admirateurs réunis dans les années 1920 en association, la Société des amis de Delacroix. L'association rassemble des figures du monde des arts, historiens, conservateurs, peintres parmi lesquels Maurice Denis, Henri Matisse, Paul Signac, Édouard Vuillard, Georges Desvallières. Les réaménagements et les locataires successifs ont effacé dans les détails la présence du peintre. Mais l'ensemble originel, atelier, jardin et habitation, préservé dans sa configuration générale, fait de ce musée d'atmosphère un lieu de mémoire prisé. Le Musée Delacroix programme une exposition par an ainsi que des conférences, des concerts, des ateliers.




12/ Fresque Le Bateau Ivre d'Arthur Rimbaud
Accès rue Férou – Paris 6
Métro Saint Sulpice ligne 4

La Fresque Le Bateau Ivre d’Arthur Rimbaud, rue Férou à Paris, déploie à travers la ville les mots de l’homme aux semelles de vent. Les cents vers du poème retranscrits intégralement s’inscrivent sur un long mur aveugle appartenant à l’enceinte des bâtiments la Direction générale des Impôts, ancien séminaire de Saint Sulpice où Talleyrand étudia. Déployés sur près de 300m2, les mots du poète libertaire, marginal illuminé, résonnent un peu comme un pied de nez à l’administration fiscale. Ce drôle de décor ne manque pas de piquer la curiosité des passants. Ceux qui ont appris ce poème à l’école mais également les touristes pour qui le nom de Rimbaud incarne une sorte d’éternelle adolescence française. Le projet a été réalisé à l’initiative de la Fondation néerlandaise Tegen-Beeld et de l’association internationale Les Amis de Rimbaud, soutenu dans son financement par l’ambassade des Pays-Bas et près de deux cents contributeurs particuliers. Durant près de dix semaines, sous le regard des passants enthousiastes, le calligraphe Jan Willem Bruins a travaillé à la main, directement sur la pierre afin de livrer cette oeuvre singulière. La fresque a été inaugurée le 14 juin 2012 dans le cadre du trentième Marché de la Poésie. 




13/ Fontaine Saint Sulpice
Place Saint Sulpice – Paris 6
Métro Saint Sulpice ligne 4

La Fontaine Saint Sulpice a été édifiée de 1843 à 1848 par l’architecte Ludovico Tullius Joachim Visconti, dit Louis Visconti (1791-1853), dans un style renaissance inspiré par la fontaine des Innocents dont je vous parlais ici. A l’ombre des platanes, la place déploie le charme classique de la pierre blonde caractéristique de Paris, écrin modelé au XVIIIème siècle afin de souligner la beauté de l’église Saint-Sulpice. La Fontaine centrale est également appelée fontaine des Quatre évêques ou des Orateurs sacrés en référence aux statues des quatre grands prélats du XVIIème siècle qui l’ornent. Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon exercèrent leur éloquence à Saint Sulpice. La Fontaine dont les faces sont plus ou moins orientées vers les points cardinaux, était par dérision, ces quatre hommes d’Eglise n’ayant jamais atteint ce rang dans les Ordres, fontaine des Cardinaux. La Fontaine Saint-Sulpice est inscrite par arrêté du 16 mars 1926 au titre des Monuments historiques.




14/ Maison Gilot
79 rue Madame – Paris 6
Métro Saint Placide ligne 4 / Notre Dame des Champs ligne 12

Au numéro 79 de la rue Madame, à l’angle de la rue d’Assas, un petit immeuble de rapport coquet attire les regards par sa remarquable loggia bow-window à armature métallique soutenue par une cariatide et un atlante. L’édifice protégé au titre du PLU a été édifié pour la famille Gillot, imprimeurs d’art réputés. La campagne de construction semble s’être déroulée en plusieurs étapes. La construction à proprement dit est intervenue vers 1860/70. Par la suite deux projets de modification ont été menés par l’architecte Félix Werlé pour le compte de Charles Gillot, en 1887 pour une extension sur cour puis en 1892 avec la surélévation du corps de bâtiment sur rue. Le plan de façade originel de la maison Gillot reprend certaines dispositions classiques de l’hôtel particulier. De remarquables décors signés Eugène Grasset trois grands vitaux et des moulures du plafond à caissons ont été préservés ainsi qu’un élégant escalier à balustres en bois de la fin du XIXème siècle.




15/ Immeuble Félix Potin
140 rue de Rennes – Paris 6
Métro Saint Placide ligne 4 / Notre Dame des Champs ligne 12

Au 140 rue de Rennes, à l'angle de la rue Blaise-Desgoffe, le curieux immeuble Art Nouveau frappé aux armes de Félix Potin a été édifié à l’initiative de l’enseigne, par l’architecte Paul Auscher (1866-1932). Le permis de construction délivré le 11 avril 1904 annonce un bâtiment déployé sur sept niveaux. L’entrepreneur général, E. Devillette mène le chantier. Il s’agit du premier grand magasin édifié selon une technique mixte, mêlant le béton et la pierre blonde. L’esthétique de l’ensemble adopte les préceptes du style Art Nouveau. Arrondis, motifs végétaux et arabesques abstraites, appliqués à un bâtiment commercial monumental, ces éléments attirent l’œil et font la réclame de l’enseigne. L’immeuble Félix Potin du 140 rue de Rennes célèbre la réussite de l’entreprise. La réalisation spectaculaire, affirme aux yeux de tous un succès manifeste. Le décor opulent de la façade, mosaïques et volutes de béton, vient souligner la tourelle d’angle couronnée d’un campanile où le nom Félix Potin tracé en creux, s’éclaire de l’intérieur la nuit venue.  Cette particularité architecturale lui vaut le surnom « bouchon de champagne » tandis que l’immeuble néo-baroque du boulevard Sébastopol, siège de Félix Potin, était rebaptisé « la poivrière ». Façades et toitures sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975. 




16/ Musée Zadkine 
100 bis rue d’Assas - Paris 6
Horaires : Tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi
Tél : 01 55 42 77 20
Métro Vavin ligne 4

Le Musée Zadkine à Paris appartient à ces lieux confidentiels dont le charme bucolique est propice à la rêverie. En retrait des circuits touristiques culturels, le plaisir n'y est pas gâché par l’affluence turbulente des empêcheurs de flâner en rond. Les détenteurs du secret seraient parfois fort tentés de le préserver en ne divulguant pas son existence. Au fil des pérégrinations, il arrive que l’amoureux de Paris déniche des pépites en poussant une porte, en s’enhardissant au-delà d’un haut grillage entrouvert mais peu avenant. Heureuses explorations qui débouchent quelques fois, au détour d’une arrière-cour, sur un confetti de nature luxuriante, des exquis jardins et de petites maisons de ville insolites. 




17/ Immeuble à gradins d'Henri Sauvage et Charles Sarazin
26 rue Vavin – Paris 6
Métro Notre Dame des Champs ligne 12 / Vavin ligne 4

L’immeuble à gradins du 26 rue Vavin est l’oeuvre des architectes Henri Sauvage (1873-1932) et Charles Sarazin (1873-1950). Surnommé la « maison sportive », le projet originel présenté en 1910 comporte des espaces dédiés aux sports, salle d’escrime, de gymnastique, des ateliers d’artiste et une bibliothèque. Cette idée n’aboutira pas. Inauguré en 1912, le bâtiment à structure de ciment armé s’élève sur neuf niveaux. Le rez-de-chaussée est réservé à des espaces commerciaux. Sa conception selon le principe de volumes en retraits successifs, est le fruit d’un brevet d’invention déposé par Sauvage et Sarazin en 1909. Le 26 rue Vavin est l’un des premiers immeubles construits en copropriété directe à Paris. Le maître d’ouvrage, la Société des maisons à gradins, a été fondée par Sauvage et Sarazin. Les deux architectes imaginent des logements de standing, soucieux du confort des habitants. A travers cet édifice, Henri Sauvage met en pratique ses réflexions sur l’habitation en ville. Il apporte des réponses aux préoccupations hygiénistes de l’époque par la recherche de luminosité, la circulation de l’air et les plantations sur les balcons, suggérant l’idée innovante d’une cité-jardin verticale. L’influence de la Sécession viennoise se lit clairement dans la conception pionnière de cet immeuble à gradins. 




18/ Carrefour Curie
Accès 1 quai de Conti - 1 rue de Nevers - Paris 6
Métro Pont Neuf ligne 7 / Cité ligne 4

Le Carrefour Curie, au débouché rive gauche du Pont-Neuf, quai de Conti, est un curieux ensemble de bâtiments qui ouvre en l'enjambant sur la rue de Nevers, l'une des plus étroites de Paris. Inaugurée en 1932, cette combinaison de trois immeubles d'habitations est l'œuvre de l'architecte Joseph Marrast (1881-1971). On lui doit notamment le palais de justice et la place de France (actuelle place Mohammed V) à Casablanca pour le cabinet Henri Prost, datant de 1915-20 et le siège de la BNP, 16 boulevard des Italiens, réalisation monumental Art déco courant babylonien, de 1931. Chantier d'envergure de l'entre-deux-guerres, le Carrefour Curie a vu le jour en même temps que son vis-à-vis, la Samaritaine signée par Henri Sauvage. Son architecture d'inspiration Louis XIII, marquée par l'utilisation de la brique et la pierre, rappelle celle des immeubles du début du XVIIème siècle, situés à l'entrée de la place Dauphine. Ce souci de cohérence esthétique est emblématique de l'oeuvre de Joseph Marrast, très tôt engagé dans ce projet. 




19/ Musée de la Monnaie
11 quai de Conti ou 2 rue Guénégaud - Paris 6
Tél : 01 40 46 56 66
Horaires : du mardi au dimanche de 11h à 19h, nocturne le jeudi jusqu'à 21h
Métro Point Neuf ligne 7 / Cité ligne 4

Après six ans de travaux et 75 millions d'euros investis sans subventions publiques, la Monnaie de Paris, l'une des dernières usines en activité dans la Capitale, achève sa métamorphose. L'hectare historique restauré sous la houlette de l'architecte Philippe Prost s'ouvre au public sur une promenade extérieure gratuite à travers les cours et passages de de l'édifice néo-classique inauguré en 1775 par Louis XV, face au Louvre. Alors expression de la puissance financière du souverain, ce bâtiment dont la façade néo-classique a été dessinée par Jacques-Denis Antoine (1733-1801) retrouve son lustre d'antan afin de faire découvrir son histoire, ses ateliers et faire rayonner les collections patrimoniales de la Monnaie de Paris. Entièrement repensé, le parcours muséal autour des métiers d'art, ouvert sur les ateliers où officient les maîtres graveurs, livre les secrets de la vénérable institution à travers une visite ludique et didactique. Le musée de la Monnaie de Paris éclaire sous un jour nouveau la modernité d'une entreprise au savoir-faire séculaire qui a su adapter son activité pour demeurer créative et compétitive.




20/ Pont des Arts 
Accès Quai François Mitterrand - Paris 1 / Quai de Conti - Paris 6
Métro Pont Neuf ligne 7 / Louvre Rivoli ligne 1

Le Pont des Arts, jeté entre deux rives, attire par le pittoresque panorama qu’il offre de nombreux peintres amateurs et autres étudiants aux Beaux-Arts. En aval, se trouvent le Louvre et le pont du Carrousel, en amont, le square du Vert-Galant, le Pont-Neuf, l'île de la Cité et les tours de Notre-Dame. La passerelle en arc est orientée dans l’axe de l’Institut de France. Elle offre un point de vue très prisé par les photographes amateurs sur l’ensemble dominé par la célèbre coupole sous laquelle se réunissent les Immortels. Reliant les quais Malaquais et de Conti aux quais François Mitterrand et du Louvre, elle emprunte son nom au musée, rebaptisé temporairement, sous le Premier Empire, « Palais des Arts ou des Beaux-Arts ». La passerelle est inscrite aux monuments historiques le 17 mars 1975. Néanmoins, l’actuel Pont des Arts actuel n’est pas la construction originelle de 1803. Affaiblie par les bombardements des deux guerres mondiales et la répétition des collisions avec des barges, la structure a été démontée en 1980 pour être remplacée par un pont moderne reprenant l’allure de son prédécesseur. 





Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.