Paris : Ancien Grand Bouillon Camille Chartier, devenu Bouillon Racine, un restaurant Belle Epoque, un décor Art Nouveau classé - VIème

 

L’ancien Grand Bouillon Camille Chartier, désormais Bouillon Racine est fondé en 1906, par l’un des fils de la célèbre famille de restaurateurs, à l’origine du célèbre Bouillon Chartier implanté en 1896 au 7 rue du Faubourg-Montmartre. Cette adresse mythique du Quartier Latin se caractérise par un opulent décor Art Nouveau classé aux monuments historiques par arrêté du 12 octobre 1995, ainsi que sa devanture en saillie, qui se déploie, rareté, sur deux étages. Ambiance Belle Epoque, dépaysement hors du temps, instant suspendu. Panneaux de bois sculptés et miroirs, grandes bais à structure métallique, annoncent depuis la rue les splendeurs d'un établissement entièrement restauré en 1996. 











Pierre-Louis Duval, louchébem, boucher des Halles, imagine vers 1855, le premier bouillon, restaurant populaire peu onéreux, ancêtre de la restauration rapide. L’établissement sert à table un plat unique, composé de viande maigre, souvent des abats, de légumes et de bouillon. Cette assiette roborative à faible coût, rapidement consommée, séduit les Forts et les ouvriers. Le succès est immédiat. Il y aura à Paris jusqu'à deux cents cinquante bouillons. 

En 1905, Camille et Frédéric Chartier qui n'en sont pas à leur coup d'essai créent rue Racine le petit frère du très apprécié Bouillon Chartier. Les clients du nouvel établissement surnomment rapidement le Grand Bouillon Camille Chartier, le Bouillon Racine en référence à la rue où il est établi. Avec le succès, les propriétaires se lancent dans des travaux au cours de l’année 1907. 

L’agencement du restaurant est confié à l'architecte Jean-Marie Bouvier, qui imagine un somptueux décor d’inspiration Art Nouveau aux motifs végétaux, propres à ce mouvement. Il fait appel au maître-verrier et céramiste Louis Trézel pour créer les panneaux de pâte de verre aux motifs de roses trémières et d'iris qui rythment l’ensemble. Les murs sont incrustés de carreaux de céramique colorée. Les boiseries chantournées encadrent des miroirs biseautés peints et gravés, ponctués de détails d’opaline et lettrines dorées à la feuille. Les structures de fer forgé évoquent les volutes des plantes grimpantes. Au sol, des cubes de marbre composent une mosaïque bicolore.










Camille Chartier dirige le restaurant jusqu’en 1925. Par la suite, le bouillon change de propriétaire et devient Ollé puis Joussot. Madame Launois prend le relais jusqu'en 1956. Racheté en 1962 par l'Université de Paris, le Bouillon Racine est transformé en cantine du personnel de la Sorbonne, fonction qu’il conserve jusqu'en 1993. Réhabilité en 1996 par des brasseurs belges, d'importants travaux de restauration sont menés par les Compagnons du Devoir. Ces artisans renouent avec les techniques traditionnelles afin de restaurer le cadre délabré du restaurant. Ils lui redonnent son lustre d'antan. Décors et devantures sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques le 12 octobre 1995. 

Ancien Bouillon Camille Chartier - Bouillon Racine
3 rue Racine - Paris 6



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.