La Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse au 140 rue du Bac dans le VIIème arrondissement de Paris, est l’un des lieux les plus visités par les touristes. Chaque année près de deux millions de fidèles, venus du monde entier s’y pressent. Ils viennent se recueillir sur le lieu des apparitions de la Vierge à Catherine Labouré en 1830. Encore novice, la future sainte suivait alors le séminaire pour entrer dans les Ordres et rejoindre les Filles de la Charité, communauté fondée en 1634 par sainte Louise de Marillac (1591-1660) et saint Vincent de Paul (1581-1660). A trois reprises, la Vierge aurait visité Catherine Labouré au sein de la chapelle privée du couvent. A ces occasions, sainte Marie aurait confié des instructions à la religieuse afin de faire frapper une médaille aux vertus nombreuses. Le récit des miracles associés à celle-ci, guérison et conversion, entretiennent la ferveur persistante jusqu’à nos jours. Dans le chœur de la chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, les pèlerins se recueillent devant deux tombeaux aux gisants réalistes. A droite de l’autel celui de sainte Catherine Labouré a été installé en 1933 à l’occasion de sa béatification par le pape Pie XI. A gauche, aménagé en 1920, se trouve celui de sainte Louise de Marillac co-fondatrice au XVIIème siècle de la congrégation des Filles de la Charité. La chapelle conserve également d’autres reliques, le cœur de Saint Vincent de Paul et le fauteuil sur lequel la Vierge aurait pris place lors de ses visites à Catherine Labouré. La communauté des Filles de la Charité perpétue la tradition de ce lieu de dévotion. Une échoppe à l’entrée de la chapelle permet d’acheter la médaille miraculeuse de la Vierge à laquelle les fidèles attribuent des pouvoirs de guérison.
Congrégation religieuse fondée par saint Vincent de Paul et Louise de Marillac au XVIIème siècle, les sœurs des Filles de la Charité se consacrent au service des malades, des infirmes, des personnes âgées et des orphelins. Elles oeuvrent au sein d’hospices, de maisons de retraite, de foyers pour femmes et enfants en difficulté, et dispensent également un enseignement. En 1813, la communauté religieuse établit sa maison généralice au 140 rue du Bac, dans l’ancien hôtel de Lassy construit en 1681, ancien hôtel de Châtillon. La chapelle privée du couvent, dédiée alors au sacré Cœur de Jésus, est consacrée le 6 août 1815.
Huitième enfant d’une fratrie de dix, fille d’un couple de paysans modestes, Pierre Labouré (1717-1844) et Madeleine Gontard (1769-1815), Catherine Labouré (1806-1876) nait dans le village de Fain-Lès-Moutiers en Bourgogne. Elle perd sa mère à l’âge de neuf ans. A cette occasion, très pieuse, elle développe un lien particulier à la Vierge. Un temps élevé par sa tante avec l’une de ses soeurs, elle retourne à la ferme familiale pour aider son père à l’âge de douze ans. Sans éducation, elle tient la maison, soigne les bêtes. Sa sœur aîné Marie-Louise entre dans les ordres, auprès des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul.
A dix-huit ans, Catherine, jeune fille frustre entretenue dans une piété teintée d'idolâtrie et vraisemblablement victime de crises d'épilepsie, s’exprime peu. A l’invitation d’une cousine qui dirige un pensionnat de jeunes filles, elle rejoint Châtillon-sur-Seine où elle apprend sommairement à lire et à écrire. Sa vocation se précise auprès des religieuses de la maison des Filles de la Charité de Châtillon. Le père de Catherine qui souhaite la marier s’oppose à sa prise de voile, et l’envoie à Paris. Elle travaille alors auprès de son frère qui tient une cantine destinée aux ouvriers, aux populations les plus modestes. Ce qu’elle découvre la confirme dans son souhait de devenir religieuse afin d’aider les miséreux, les laissés-pour-compte. A la suite des trois mois de discernement qu'elle passe à la maison des Sœurs de la Charité de Châtillon-sur-Seine, elle rejoint la maison mère de la rue du Bac le 27 avril 1830 dans le cadre de son noviciat.
Tout au long de son existence, Catherine Labouré est sujette à des visions, des prémonitions dont elle fait part dès son arrivée à son confesseur le père Aladel. Au cours de son séminaire, Catherine Labouré aurait été visitée à trois reprises par la Vierge. Les apparitions mariales se seraient déroulées au sein de la chapelle privée des soeurs, le 18 juillet 1830, le 27 novembre, rencontre au cours de laquelle sainte Marie, lui donne des instructions pour frapper une médaille, et une dernière fois en décembre. Le 30 janvier 1831, Catherine Labouré prononce ses vœux. Elle est affectée à l’hospice d’Enghien, au village de Reuilly, maison de retraite des anciens serviteurs de la Maison d’Orléans. Elle y demeure jusqu’à la fin de sa vie en 1876
Son directeur spirituel, qui voit en elle une exaltée, ne transmet que tardivement les déclarations de la religieuse à l’archevêché. Devant l’insistance de celle-ci, le père Aladel finit par mentionner les apparitions mariales à sa hiérarchie sans préciser l’identité de la visitée. En 1832, la congrégation des Filles de la Charité obtient l’autorisation de frapper la médaille de la Vierge vue par Catherine Labourée.
A l’occasion d’une épidémie de choléra, celle-ci remporte un succès inattendu dès 1834. Les miracles attribués, guérisons et conversions se multiplient et participent du rayonnement de la congrégation. La grande affluence des fidèles rue du Bac, fait ouvrir la chapelle aux visiteurs. Le lieu est agrandi en 1849 par l’architecte Paul Gallois (1825-1889) afin d’accueillir les fidèles. L’identité de la religieuse ayant été diffusée, lorsque Catherine Labouré décède en 1876, une foule se presse à ses obsèques. Un miracle serait alors survenu. Un enfant de douze ans, paralysé, aurait retrouvé l’usage de ses jambes devant le cercueil de la religieuse.
A défaut d’une enquête canonique, les apparitions mariales sont reconnues implicitement par l’Église qui encourage la dévotion à la Vierge au sein de la chapelle de la rue du Bac. En 1894 la congrégation des rites autorise les célébrations de la fête liturgique de « l’apparition de la médaille miraculeuse », le 27 novembre.
En 1898, l’architecte Alphonse Richardière (1859-1941) intervient une nouvelle fois sur la chapelle. La nef est surélevée. Des bas-côtés surmontés de deux tribunes sont ajoutés, ainsi qu’un arc triomphal décoré d’une fresque relatant les visites de sainte Marie à Catherine Labouré. Au cœur cette niche monumentale est placée au-dessus de l’autel la « Vierge aux rayons ». Dans la chapelle attenante, la statue de la Vierge au globe, œuvre de Maxime Real del Sarte (1888-1954), est réalisée selon la vision décrite par Catherine Labouré.
En prévision du centenaire des apparitions mariales, une rénovation entière est menée en 1930. La dépouille de Catherine de Labouré exhumée en 1933, à l’occasion de sa béatification par le pape Pie XI, est placée dans une châsse de bronze au pied de la statue. La religieuse est canonisée par le pape Pie XII en 1947. La chapelle Notre Dame de la Chapelle Miraculeuse fait l’objet de nouveaux travaux en 1979/80 puis elle est fermée durant plusieurs mois en 2009 lors d’une rénovation d’envergure.
Peintre et fonctionnaire du Conseil de l’Europe, dessinateur en 1952-54 du drapeau européen, Arsène Heitz déclare en 1987 s’être inspiré des douze étoiles de la médaille miraculeuse de la rue du Bac, et du bleu marial. « Le drapeau de l’Europe est le drapeau de Notre Dame » confie-t-il à un journaliste.
Chapelle Notre Dame de la Médaille Miraculeuse
140 rue du Bac – Paris 7
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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