Paris : Le IIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales remarquables - De la rue Montorgueil à la place des Victoires, en passant par la rue Saint Denis et le Sentier, jusqu'aux passages couverts emblématiques


Le IIème arrondissement, le plus petit de Paris, s’étend sur une superficie de cent hectares. Sous sa forme actuelle, acquise par le décret de 1860, il réunit quatre quartiers d’Ouest en Est, Gaillon, Vivienne, Mail et Bonne Nouvelle. Arrondissement historique de l’imprimerie, de la presse puis de la confection, désormais il surtout rassemble surtout des bureaux du sectaire tertiaire, particulièrement des organismes financiers, des assurances. De la prestigieuse rue de la Paix, en passant par les expérimentations architecturales de la rue Réaumur, jusqu’aux passages couverts du XIXème siècle, et à la pittoresque rue Saint Denis, le IIème contraste dans les genres et les histoires. La rédaction a sélectionné 20 étapes patrimoniales pour visiter cet arrondissement. 





1/ Galerie Vivienne
Accès 4 rue des Petits Champs / 5 rue de la Banque / 6 rue Vivienne - Paris 2
Métro Palais Royal Musée du Louvre lignes 1, 7 / Bourse ligne 3

La galerie Vivienne, chère à Colette, dernière demeure de Vidocq, est née de la bonne fortune d’un homme, un certain Marchoux, notaire de son état, qui résidant au 6 rue Vivienne décida, dans les années 1820, d’investir sa nouvelle fortune dans la construction d’une galerie commerciale prestigieuse. Sur des plans imaginés par l’architecte François-Jacques Delannoy, lauréat du prix de Rome en 1778, les travaux de construction débutent en 1823. La galerie Vivienne sera officiellement inaugurée en 1826. Elle rencontre alors un succès commercial immédiat grâce à l’élégance des boutiques mais surtout à sa situation privilégiée à proximité du Palais Royal, foyer de la vie parisienne jusqu’en 1831. De nos jours propriété de l’Institut de France, la galerie Vivienne a retrouvé tout son lustre après avoir été menacée de destruction dans les années 1970. 200 appartements et 30 boutiques de luxe se dispersent sur une longueur totale de 146 mètres, réparties en éléments architecturaux variés, rotonde, salles rectangulaires, branches courtes et galerie principale. Cafés et salons de thé modernes, boutiques de mode, de décoration côtoient galeries d’art contemporain et d’estampes anciennes, librairie et cave patrimoniales.




2/ Galerie Colbert 
Accès 6 rue des Petits-Champs et 2 rue Vivienne - Paris 2
Métro Palais Royal Musée du Louvre lignes 1, 7 / Bourse ligne 3

La galerie Colbert construite en 1826 établit dès son origine une relation de rivalité avec son aînée de trois ans, la galerie Vivienne dont le succès va inspirer la société Adam et Compagnie. Ces spéculateurs décident d'ouvrir en parallèle de cette dernière une nouvelle galerie qui la dépassera par son luxe et ses attraits commerciaux. Pour concurrencer la galerie Vivienne et lui ravir la vedette, le projet mise sur la créativité de son architecture néoclassique, l'opulence de ses décors pompéiens. Les promoteurs achètent la propriété mitoyenne, une parcelle à l'angle rues des Petits-Champs et Vivienne. Sur celle-ci se trouve notamment l'hôtel Colbert qui donnera son nom à la galerie édifiée sous la houlette de l'architecte Jacques Billaud. La façade de l'hôtel particulier est préservée pour être assimilée à la nouvelle construction. Une spectaculaire rotonde surmontée d'un dôme vitré dispense une abondante lumière le long des travées. Les boutiques conçues pour accueillir des commerces de luxe s'emploient à satisfaire les exigences en matière de dimension de tels magasins. Malheureusement pour les propriétaires, la galerie Colbert ne rencontrera jamais réellement son public. Délaissée, malgré un classement à l'inventaire des Monuments historiques en 1974, son délabrement est tel qu'elle ne pourra pas être sauvée. En 1983, la galerie Colbert originelle est démolie pour être reconstruite à l'identique par l'architecte Louis Blanchet. Aujourd'hui, centre universitaire et siège de l'INHA, elle n'a plus grand-chose d'un passage commerçant mais demeure intéressante pour son histoire.




3/ Restaurant le Grand Colbert
2 rue Vivienne - Paris 2
Tél : 01 42 86 87 88
Horaires : Ouvert tous les jours de midi à 21h
Métro Palais Royal Musée du Louvre lignes 1, 7 / Bourse ligne 3

Le Grand Colbert, iconique brasserie parisienne, s’illustre par son décor Belle Epoque quasiment d’origine et des volumes architecturaux élégants. Le programme de reconstruction de la galerie Colbert achevé en 1985 a permis à la vénérable institution de retrouver son luxe d’antan grâce à l’intervention de la Bibliothèque nationale de France. Le cadre d’inspiration Art Nouveau restauré avec précision déploie une forêt de pilastres sculptés. Les six mètres de hauteur sous plafond lui assurent des proportions majestueuses. Les peintures sur bois de style pompéien sont inscrites à l’inventaire des arts historiques. Ce restaurant oublié, tombé en désuétude au cours des années 1980 renaît en 1992 sous la houlette de Joël Fleury ancien adjoint de Jean-Paul Bucher, fondateur des brasseries Flo. Il est rejoint dans l’aventure en 1998 par François Boussard qui préside en salle. Sol de mosaïque, vaste comptoir, banquettes de cuir noir, attention portée aux détails, l’atmosphère attire une clientèle cosmopolite, hommes d’affaires comme touristes. Le film « Tout peut arriver » de Nancy Meyers, comédie romantique 2003, avec Jack Nicholson, Diane Keaton et Keanu Reeves, a fait du lieu l’un des restaurants favoris des Américains à Paris. 




4/ Passage Choiseul
Accès 40 rue des Petits-Champs - 23 rue Saint-Augustin - Paris 2
Métro Quatre Septembre ligne 3

Le passage Choiseul, fruit d’une opération spéculative d’envergure menée par la banque Mallet & Cie entre 1825 et 1827, a connu diverses fortunes. Lors de son inauguration, en 1827, il est l’un des plus modernes passages couverts parisiens et l’un des plus long avec ses 190 mètres. Mais son attractivité a toujours dépendu de ses résidents plutôt que de ses charmes fort maigres que Céline éreinte avec humour dans son roman autobiographique, Mort à crédit, publié en 1936. Les plans conçus par l’architecte François Mazois répondent à un ordonnancement sans fioritures, boutiques à l’entresol surmontées d’un unique étage d’habitation et verrière à deux pentes assez commune. Au décès de Mazois en 1826, un second architecte Antoine Tavernier mène à bien la construction sans dévier de la ligne. De nos jours, le passage Choiseul, s’il demeure pittoresque du fait de sa structure à travers le pâté de maison, n’a pas su développer d’attraits particuliers.




5/ Passage des Panoramas
Accès 10 rue Saint-Marc / 11 boulevard Montmartre / 158 rue Montmartre / 38 rue Vivienne - Paris 2
Métro Bourse ligne 3, Richelieu Drouot lignes 8, 9

Le passage des Panoramas, percé sur l’emplacement de l’hôtel de Montmorency-Luxembourg, est l’un des premiers passages construits à Paris avec le passage du Caire. Alors que les grands boulevards créés au XVIIème siècle sur le tracé de l’ancienne enceinte de Charles V ne sont qu’une allée plantée d’arbres, au cours du XVIIIème siècle, de nombreuses attractions et théâtres viennent animer un quartier dont le visage se modifie au gré de son succès. Sous la Restauration, Paris a conservé des caractéristiques médiévales. Les rues étroites, inégalement pavées, sans trottoirs, ni égouts sont peu propices à la promenade. Les piétons accueillent avec enthousiasme les premiers passages couverts, lieux de vie mondaine et de flânerie. De nos jours, ces mêmes passages retrouvent la faveur du public après une longue période de bouderie. Le passage des Panoramas connaît à nouveau une grande animation grâce notamment au dynamisme de ses restaurateurs.




6/ Passage des Princes
Accès 5 boulevard des Italiens / 97 rue de Richelieu - Paris 2
Métro Richelieu-Drouot ligne 9

Le passage des Princes, dernier des passages couverts du XIXème siècle, a vu le jour à l’initiative de Jules Mirès (1809-1871) homme de presse et d’affaires également banquier. Il a accompagné les transformations du quartier au cours du Second Empire sans se départir d’un certain succès contrairement à beaucoup de ses aînés. De nos jours, occupé par un grand magasin de jouets, Joué Club, le passage des Princes fait la joie des enfants dans une atmosphère étrange mêlant la modernité et un kitsch pas dépourvu de charme. Mais cette galerie marchande, aussi charmante soit-elle, n’est qu’une reconstitution du passage originel. En effet, il a été quasiment entièrement démoli à la suite d’une opération immobilière débutée en 1985 puis reconstruit entre 1990 et 1995 selon des dispositions différentes plus aptes à accueillir commerces modernes et divers bureaux. Une copie certes mais ponctuée d’éléments d’origines restaurés tels que la verrière ou la coupole en verre teinté.




7/ Au Rocher de Cancale
78 rue Montorgueil - Paris 2
Métro Sentier ligne 3 / Les Halles ligne 4

Au Rocher de Cancale, restaurant historique, est niché à l’angle des rues Montorgueil et Greneta. L’immeuble de la fin du XVIIème, début du XVIIIème siècle se distingue par ses façades lambrissées, où s’étale le nom de la brasserie en lettres d’or. Une restauration récente a redonné quelques couleurs, très bonbonnière, aux moulures en bois et plâtre. La discrète enseigne de bois sculpté originelle à l’angle représente un rocher recouvert d’huîtres et de moules. L’établissement, baptisé Au Rocher de Cancale en 1846 par son propriétaire M. Pécune, marchand de vin matois, en souvenir d’un prestigieux restaurant voisin qui inspira souvent Balzac, fut longtemps un haut lieu de dégustation des produits de la marée, très prisés des Parisiens au XIXème siècle. Près de dix-sept millions d’huîtres se consomment alors dans la Capitale chaque année. Rue Montorgueil, sur le chemin des Halles de Paris, les établissements dédiés se multiplient. Classé aux Monuments historiques en 1997, le Rocher de Cancale conserve dans les petits salons du premier étage d’amusantes fresques peintes directement sur plâtre attribuées à Gavarni (1804-1866), artiste romantique, ami des Lorettes de la rue Saint-Georges. 




8/ Ancien Café Biard de la rue Montorgueil
73 rue Montorgueil / 1 Léopold Bellan - Paris 2
Métro Sentier ligne 3 / Les Halles ligne 4

Du Café Biard de la rue Montorgueil, il ne reste que la façade au décor de mosaïque, lettrage bleu sur fond ocre. L’enseigne disparue a laissé place depuis 2013 à un joli magasin de jouets et de jeux de société, le Joker de Paris, tenu par François Rodon Fores. Cette adresse incontournable pour les amateurs de jeux de société propose grand classiques et trouvailles insolites. Le lieu a longtemps abrité une annexe du Parti Socialiste, la section Centre. L'ancienne permanence du 2ème arrondissement accueillait militants du quartier, bénévoles et curieux. Le décor du vieux café préservé derrière le placage de bois bordeaux a réapparu avec le changement de vocation et le nouveau propriétaire. Cette devanture convoque le souvenir de l’ancêtre de nos actuelles chaînes de restauration parisiennes, les Cafés Biard très en vogue au début du XXème siècle. 




9/ Grand magasin "À Réaumur"
82-96 rue Réaumur - Paris 2
Métro Sentier ligne 3

Du numéro 82 au 96 de la rue Réaumur, un ancien magasin de nouveautés reconverti rappelle les heures de gloire des grands magasins à la fin du XIXème siècle. L’horloge enseigne, qui demeure, mosaïque polychrome de style art déco, était illuminée de nuit et faisait briller le nom « À Réaumur » complété par celui des propriétaires Gobert-Martin. Homme d’affaires d’origine lorraine, Jean-Baptiste Gobert-Martin (1849-1921), le fondateur de l’entreprise, a été formé aux techniques de vente innovantes en Belgique. Il a fait ses premières armes dans le commerce de drap avant d’aborder la confection. Lorsqu’il s’installe à Paris, il choisit la rue Réaumur, symbole de modernité, pour implanter un vaste bâtiment dont l’architecte François Constant-Bernard trace les plans. Des travées symétriques parcourent une longue façade, largement vitrée grâce à l’intervention de la structure métallique partiellement apparente. Double fenestrage métallique, fenêtres géminées à colonnettes et doubles lucarnes à fronton, les locaux sont baignés de lumière naturelle. Le grand magasin inauguré le 17 avril 1897 demeure dans la même famille jusque dans les années 1960, date à laquelle il ferme ses portes définitivement. Reconverti, l’édifice accueille désormais des bureaux dans les étages et des commerces variés indépendants au rez-de-chaussée.




10/ Statue équestre de Louis XIV 
Place des Victoires - Paris 2
Métro Palais Royal Musée du Louvre lignes 1, 7 / Bourse ligne 3

La statue équestre de Louis XIV, place des Victoires, est le fruit d’une commande passée à la Restauration par Louis XVIII (1755-1824). Le souverain fait appel au sculpteur François-Joseph Bosio (1768-1845) pour remplacer un ancien bronze de son aïeul, déboulonné à la Révolution. L’architecte Jean-Antoine Alavoine (1778-1834) crée le piédestal et les ateliers d’Auguste-Jean-Marie Carbonneaux (1769-1843) fondent l’oeuvre. La statue équestre de Louis XIV est inaugurée le 15 août 1822 fête de l’Assomption ou le 25 août fête de la Saint Louis selon les sources. Juché en majesté sur un cheval cabré, dont la queue trouve une fonction utilitaire d’étai, le monarque absolu est vêtu à l’antique. Deux bas-reliefs représentant « Le Passage du Rhin », « L’institution de l’ordre royal et militaire de Saint Louis » ornent le piédestal. L’attitude du cavalier, de sa monture et plus largement la composition générale s’inspirent de la statue équestre « Le Cavalier de bronze », une représentation triomphante du tsar Pierre le Grand (1672-1725) par le sculpteur français Eugène Falconet (1716-1791). Cette oeuvre de 1782 se trouve place du Sénat à Saint-Pétersbourg. A Paris, place des Victoires, la statue équestre de François-Joseph Bosio, le piédestal orné de bas-reliefs, le soubassement circulaire, la grille de clôture, sont classés aux Monuments historiques par arrêté du 14 décembre 1992. L’ensemble a été restauré en 2005.




11/ Ancien siège social des magasins Félix Potin
51 rue Réaumur / 99 bd Sébastopol - Paris 2
Métro Réaumur Sébastopol lignes 3, 4

Ancien magasin principal de l’enseigne Félix Potin, l’immeuble à l’angle du 51 rue Réaumur et du 99 boulevard Sébastopol, est désormais occupé par un Monoprix terriblement contemporain. La partie basse de l’édifice, modifiée, apparaît désormais privée de ses marquises d’angle monumentales. Les élévations de style éclectique demeurent intactes. Inaugurée en 1910, cette oeuvre néobaroque du très académique architecte Charles Lemaresquier (1870-1972), était surnommée la Poivrière du temps de sa splendeur. Le siège social de l’enseigne disparue devait son sobriquet à l’exubérante rotonde d’angle surmontée d’un grand dôme. Un comble pour une épicerie.




12/ Passage de la Trinité
Accès 164 rue de Saint-Denis et 21 rue de Palestro - Paris 2
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9

Le passage de la Trinité, tracé sur l'ancienne ruelle qui menait à l'entrée de l'hôpital et de l'enclos de la Trinité, est l'une de ses étroites venelles aussi discrètes que peu fréquentées dont Paris a le secret. Sinuant sur quelques soixante mètres, le passage évoque la topographie sensible d'une ville médiévale. Et pourtant il n'est pas tout à fait d'époque. Sa réalité dans la nomenclature parisienne ne remonte qu'au début du XIXème siècle. L'histoire du passage est intimement liée à celle de l'hôpital de la Trinité, successivement asile de nuit pour les pèlerins au XIIIème siècle, congrégation hospitalière, foyer du premier théâtre français, hospice pour les orphelins indigents et école de formation aux arts et métiers. 





13/ Passage des Dames de Saint Chaumond
Accès 226 rue Saint-Denis - 131 boulevard Sébastopol - Paris 2
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9

Le passage des Dames de Saint-Chaumond est l'une de ces curiosités qui transportent le flâneur à travers les siècles. Parfois en longeant les façades haussmanniennes des boulevards parisiens, surgissent au-delà des portes cochères des mirages rescapés du temps passé. En son cœur, une pépite architecturale est dissimulée au regard sur le boulevard Sébastopol par un immeuble du XIXème siècle et sur la rue Saint-Denis par un alignement singulier de petites cours pavées. Cet hôtel particulier datant du XVIIIème siècle a miraculeusement conservé toute sa splendeur originelle. Il est le dernier témoignage des grands établissements religieux de la rue Saint-Denis, voie royale où se trouvaient l'église Saint-Sauveur, l'hôpital de la Trinité ou encore la maison d'été des Catherinettes, le couvent des Filles-Dieu. Depuis la rue Saint-Denis sous un porche abondamment taggué, la porte bleue de l'élégante bâtisse attire le regard dans le prolongement du passage des Dames de Saint-Chaumond. Les passants peuvent à leur gré traverser l'hôtel particulier, qui a échappé aux grands travaux d'Haussmann, pour rejoindre le boulevard Sébastopol, opulente incongruité d'un passage hors du temps, survivance d'une époque révolue. 




14/ Impasse Saint-Denis
Accès 177 rue Saint-Denis - Paris 2
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9

La rue Saint-Denis, ancienne voie romaine tracées dès le Ier siècle puis voie royale menant du Pont au Change à la Basilique Saint-Denis nécropole royale, est au Moyen-âge la plus longue et la plus prospère de Paris. Elle sera l'une des premières à être pavée. Au XXème siècle, perdant de son lustre, elle se pose en témoin de l'évolution des mœurs et devient l'un des hauts lieux de la prostitution. Avec la récente réhabilitation du quartier Bonne Nouvelle mis en place par la Ville, la rue Saint-Denis est à nouveau en train de changer de visage. Si quelques boîtes de strip-tease font de la résistance, les entraîneuses ne battent plus le trottoir. Boutiques de prêt-à-porter, commerces alimentaires, restaurants, bars fleurissent avec l'arrivée d'une nouvelle population. Ici et là au détour d'une étroite ruelle, le flâneur croise le chemin de pépites architecturales, autant d'évocations hors du temps d'un Paris médiéval depuis longtemps disparu. Immeubles en saillie, lumière limitée, ruisseau axial anachronique, au 177 de la rue, l'impasse Saint-Denis projette le promeneur à travers les siècles.




15/ Passage du Ponceau
Accès 212 rue Saint-Denis et 119 boulevard de Sébastopol
Horaires : Du lundi au vendredi de 8h à 19h – fermé le week-end
Métro Réaumur Sébastopol - ligne 3, 4

Le passage du Ponceau, qui fait lien entre la rue Saint-Denis et le boulevard de Sébastopol, n'a jamais vraiment connu de moments glorieux. Modeste dès sa construction en 1826, les vagues successives de travaux d'aménagement ont peu à peu dénaturé le lieu, l'amputant de son décor d'inspiration néo-classique, le privant de son âme. Aujourd'hui, le long de la galerie, entrepôts, magasins de prêt-à-porter en gros, quelques rares boutiques au détail, échoppes de restauration rapides tiennent le haut du pavé alors qu'une galerie d'art fait une timide tentative d'incursion.




16/ Passage du Caire
Accès 237 rue Saint-Denis - 44 et 16 rue du Caire - place du Caire - 33 rue d'Alexandrie - Paris 2
Métro Sentier ligne 3

Le passage du Caire, village labyrinthique de longs corridors, déploie ses ramifications suivant trois suivent trois axes principaux, trois galeries, Saint-Denis, Sainte-Foy, du Caire. Ouvert sur six entrées, ce passage, inauguré fin 1798, revendique le titre de plus ancien de Paris en tant que premier passage couvert édifié hors des galeries du Palais Royal. Relativement étroit - 2,60mètres de large -  il est néanmoins le plus long de la capitale. Son ensemble structuré autour des trois ailes titre à 370 mètres. Son histoire qui a débuté avec une industrie liée à l'imprimerie est de nos jours intimement liée à celle de la confection.




17/ Rue des Degrés
Accès 50/52 rue Beauregard - 87 rue de Cléry - Paris 2
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9

La rue des Degrés est la plus petite rue de Paris. Dans le quartier Bonne Nouvelle, au cœur du Sentier, elle a jeté ses quatorze marches de la rue Beauregard vers le 87 de la rue de Cléry. Cette rue-escalier aménagée après la démolition de l'enceinte Charles V vers 1634 mesure à peine 3,30 mètres de large et 5,75 mètres de long - 6 mètres selon la base de données de la Ville de Paris - ce qui en fait la plus courte de la Capitale. Les bâtiments riverains sont accessibles par les voies des niveaux inférieur et supérieur. Longée par des façades aveugles, portes et fenêtres encore suggérées ayant été murées, la rue des Degrés possède le charme pittoresque des curiosités architecturales et topographiques auxquelles seule l'histoire secrète de la ville peut donner sens.




18/ Pointe Trigano
97 rue de Cléry / 60 rue Beauregard - Paris 2
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9

La Pointe dite Trigano, bâtiment en proue à pan coupé, forme l’angle des rues de Cléry et de Beauregard. Curiosité architecturale, anomalie charmante, cet édifice marque par sa dimension pittoresque l’identité du quartier. La bâtisse originelle aurait, semble-t-il, été construite entre 1650 et 1675. Abondamment remaniée depuis sa création, le quatrième étage est d’ailleurs probablement une surélévation du XVIIIème siècle, seuls ses singuliers volumes demeurent parfaitement authentiques. Il s’agit de l’immeuble d’habitation le plus étroit de Paris, la plus petite maison de Paris, au 39 rue du Château d’eau, n’étant quant à elle pas habitable. La pointe formée par la construction apparaît sur les plans de Paris de 1760 et 1771 mais ne porte pas de nom. Elle est le fruit d’un urbanisme singulier dont les singularités reflètent l’histoire de Paris.




19/ Passage du Grand-Cerf
Accès 145 rue Saint-Denis et 10/8 rue Dussoubs
Horaires : Du lundi au samedi de 8 h 30 à 20 h 00, fermé dimanche et jours fériés
Métro Etienne Marcel ligne 4

Le passage du Grand-Cerf, couvert par une verrière filante reposant sur des arceaux de fer boulonnés, est l'un des plus lumineux de Paris mais également le plus haut. Il s'élève sur trois étages et une hauteur de 11,8 mètres. Relativement étroit en comparaison, trois mètres de large, ses proportions peu communes lui confèrent un aspect pittoresque souligné par la légèreté de la structure qui est renforcée de tirants et de passerelles métalliques. Inscrit à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 14 novembre 1985, le passage du Grand-Cerf a bien failli disparaître dans les années 1980 tant il était dégradé par manque d'entretien. Sa rénovation, aboutie au début des années 1990, en aura fait l'un des passages couverts les plus prisés des Parisiens. Les jolis commerces fleurissent le long de ses rives. Boutiques de décoration, de design, de mode, mercerie, bijoux, objets du monde attirent les flâneurs autant que son atmosphère pimpante, ripolinée de frais.




20/ Passage du Bourg-l'Abbé
Accès 120 rue Saint-Denis et 3 rue de Palestro - Paris 2
Horaires : Ouvert du lundi au samedi de 7h30 à 19h30
Métro Etienne Marcel ligne 4

Le passage du Bourg-l'Abbé, moins flamboyant que son voisin, le passage du Grand-Cerf, est emprunté par les passants comme un raccourci au charme suranné plutôt que lieu de promenade. Ouvert en 1828 sur une dépendance de l'Abbaye de Saint-Martin-des-Champs, le Bourg l'Abbé, le passage est alors l'un des jalons d'une promenade piétonne déployée en réseau de la rue Saint-Denis à la rue Saint-Martin, du passage du Grand-Cerf à celui de l'Ancre dont je vous parlais ici. Protégés des intempéries, du trafic auquel les rues rarement dotées de trottoirs laissent libre-court, la saleté des voies qui ne sont pas encore pavées, les nouveaux flâneurs découvrent alors les joies des balades nonchalantes. Etabli au début du XIXème siècle, âge d'or des passages couverts bordés d'échoppes, celui du Bourg-l'Abbé a peu à peu perdu ces attraits originels sans pour autant laisser s'échapper une certaine poésie.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.