Paris : Le Grand Colbert, petite histoire architecturale d'une brasserie parisienne iconique - IIème



Le Grand Colbert, iconique brasserie parisienne, s’illustre par son décor Belle Epoque quasiment d’origine et des volumes architecturaux élégants. Le programme de reconstruction de la galerie Colbert achevé en 1985 a permis à la vénérable institution de retrouver son luxe d’antan grâce à l’intervention de la Bibliothèque nationale de France. Le cadre d’inspiration Art Nouveau restauré avec précision déploie une forêt de pilastres sculptés. Les six mètres de hauteur sous plafond lui assurent des proportions majestueuses. Les peintures sur bois de style pompéien sont inscrites à l’inventaire des arts historiques. Ce restaurant oublié, tombé en désuétude au cours des années 1980 renaît en 1992 sous la houlette de Joël Fleury ancien adjoint de Jean-Paul Bucher, fondateur des brasseries Flo. Il est rejoint dans l’aventure en 1998 par François Boussard qui préside en salle. Sol de mosaïque, vaste comptoir, banquettes de cuir noir, attention portée aux détails, l’atmosphère attire une clientèle cosmopolite, hommes d’affaires comme touristes. Le film « Tout peut arriver » de Nancy Meyers, comédie romantique 2003, avec Jack Nicholson, Diane Keaton et Keanu Reeves, a fait du lieu l’un des restaurants favoris des Américains à Paris. Les plats bistrotiers traditionnels célèbrent une cuisine bourgeoise aussi classique qu’aimable. 










La rue Vivienne, mentionnée sous le nom de rue Vivien en 1652 sur le plan de Gomboust, ancienne voie romaine, prend une nouvelle dimension au début du XVIIème siècle, lorsque Mazarin fait édifier un palais, l’hôtel Tubeuf, à partir de 1635. Guillaume de Bautru II, comte de Serrant (1588-1665), poète satirique, agent diplomatique du ministre, et l’un des quarante fondateurs de l’Académie française, commande un hôtel particulier à l’architecte Louis Le Vau (1612-1670) sur la parcelle située en face. Construit entre 1634-37, la résidence est un temps propriété de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), alors au service de Mazarin. Le futur ministre de Louis XIV s’en porte acquéreur en 1652. Philippe d’Orléans rachète l’hôtel en 1729. En 1806, la Caisse de la dette de l’Etat l’occupe. 

Au lendemain du Premier Empire, le quartier du Palais Royal promenade des élégantes et les passages couverts commerçants suscitent un fort engouement. La parcelle comprise entre la rue Vivienne et la rue Neuve des Petits Champs attire l’attention de spéculateurs immobiliers. La société Adam & Cie acquiert les terrains en 1825 afin de créer un passage couvert concurrent de la galerie Vivienne au succès tonitruant. La construction de la galerie Colbert entraîne le démantèlement de l’hôtel particulier signé Louis Le Vau, dont certains éléments sont intégrés à la structure du nouvel ensemble. Un nouveau bâtiment voit le jour à l’angle du pâté de maisons. La galerie Colbert composée sous la direction de l’architecte Jacques Billaud est inaugurée en 1826. Elle ne connaîtra jamais la réussite de sa voisine. Echec commercial, le passage n’est pas entretenu. Délaissée, malgré un classement à l'inventaire des Monuments historiques en 1974, son délabrement est tel qu'elle ne pourra pas être sauvée. En 1983, la galerie Colbert originelle est démolie pour être reconstruite à l'identique par l'architecte Louis Blanchet. Le Grand Colbert dont l’entrée secondaire se trouve galerie Colbert, principalement affectée à l’INHA, est le dernier commerce qui subsiste.










Au numéro 2 de la rue Vivienne, la boutique de nouveautés, « Au Grand Colbert », voisine de la galerie Vivienne ouvre ses portes en 1828. Le déclin des galeries marchandes et des passages couverts entraîne la raréfaction des flâneurs. En 1900, le magasin cède la place à un bouillon qui reprend l’enseigne originale. Réputé pour ses tarifs raisonnables, le Grand Colbert poursuit ses activités jusque dans les années 1980. L’établissement conserve jusqu’à nos jours la façade en bois chantournée imaginée par Ramon de Hervas. Elle est classée aux Monuments historiques par arrêté du 7 juillet 1974. En 1985, sous l’impulsion de la Bibliothèque nationale de France, le décor du Grand Colbert est restauré à l’occasion de la reconstruction de la galerie Colbert ainsi que le prolongement de l’ancien passage marchand. Le chantier est mené sous la houlette de quatre architectes, Louis Blanchet, Jacques Sarrabezolles, Roger Richez et René Kertudo.

Le Grand Colbert
2 rue Vivienne - Paris 2
Tél : 01 42 86 87 88
Horaires : Ouvert tous les jours de midi à 21h
legrancolbert.fr
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.