Paris : Rue des Degrés, la plus petite rue de Paris - IIème



La rue des Degrés est la plus petite rue de Paris. Dans le quartier Bonne Nouvelle, au cœur du Sentier, elle a jeté ses quatorze marches de la rue Beauregard vers le 87 de la rue de Cléry. Cette rue-escalier aménagée après la démolition de l'enceinte Charles V vers 1634 mesure à peine 3,30 mètres de large et 5,75 mètres de long - 6 mètres selon la base de données de la Ville de Paris - ce qui en fait la plus courte de la Capitale. Les bâtiments riverains sont accessibles par les voies des niveaux inférieur et supérieur. Longée par des façades aveugles, portes et fenêtres encore suggérées ayant été murées, la rue des Degrés possède le charme pittoresque des curiosités architecturales et topographiques auxquelles seule l'histoire secrète de la ville peut donner sens.

Note de la rédaction :
La rue la plus courte de Paris est la rue des Degrés,  longue de 5,75 mètres. La rue la plus étroite de Paris est le sentier des Merisiers  avec une largeur de 87 centimètres au plus étroit et une moyenne de 1 mètre. La rue du Chat qui pêche, longue de 29 mètres et dont la largeur oscille entre 1,80 mètres au plus large et 1,57 mètres au plus étroit, ne détient donc aucun record.







Côté rue Beauregard une plaque vient rappeler qu'"Ici le baron de Bratz et ses amis tentèrent de faire évader Louis XVI au matin du 21 janvier 1793". Aucun seuil ne vient ouvrir ce saut de puce si pittoresque qu'il inspire régulièrement le Septième art. Le cinéaste François Dupeyron a fait de la rue des Degrés l'un des décors du film "Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran" avec Omar Sharif et Pierre Boulanger réalisé en 2002 d'après un roman de Eric-Emmanuel Schmitt. 

La brusque butée de la rue des Degrés, curieux accident de terrain, correspond aux différences de niveau entre les éléments de l'ancienne enceinte Charles V dont je vous parlais en détails ici . En contrebas, la rue de Cléry suit l'ancien chemin de contrescarpe, c'est à dire le chemin de ronde extérieur à l'enceinte qui reliait la porte Montmartre à la porte Saint-Denis au-delà des fossés.  A partir de 1634, la partie occidentale de la muraille est réformée pour être élargie à l'enceinte Louis XIII. Les reliquats de celle de Charles V sont intégrés ou démolis, les fossés comblés. Ceux-ci correspondaient à l'espace actuel situé entre la rue d'Aboukir tracée sur le remblai du grand fossé au pied du mur et la rue de Cléry. 







La rue des Degrés est l'une de ces petites rues parallèles nombreuses dans le quartier qui relient l'ancien chemin de ronde devant le fossé de l'enceinte Charles V, la rue de Cléry et le sixième bastion de l'enceinte de Louis XIII postérieure dite des Fossés Jaunes. L'enceinte Louis XIII sera, sur l'ordre de Louis XIV, rasée à son tour en 1670 pour laisser place aux Grands Boulevards. 

Autre curiosité topographique, la petite butte sur laquelle s'est déployée le quartier Bonne-Nouvelle, Mons Superbus au XIIIème siècle devenu Mont-Orgueil au XVème, correspond à l'emplacement d'une décharge au pied des remparts de Charles V. Les ordures diverses s'accumulant au fil des siècles au XVIIème, elle prend le nom de Butte-aux-Gravois. A la démolition de l'enceinte, notre moderne rue de Cléry tout juste tracée s'appelle d'ailleurs le chemin des Gravois. Il faudra attendre le XIXème siècle et quelques travaux d'aménagement pour que la butte devienne de Bonne-Nouvelle en référence à l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle voisine.










Depuis le milieu du XVIIème siècle, la rue des Degrés a donc vécu des destinées singulières avant de devenir une volée d'escalier mythique qui inspire les artistes et revendique avec fierté le titre de rue la plus courte de Paris.

Rue des Degrés - Paris 2
Accès 50/52 rue Beauregard - 87 rue de Cléry 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le guide du promeneur 2è arrondissement - Dominique Leborgne - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit

Sites référents