Paris : Le XIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales, de la place de la République à la Nation en passant par la Bastille et le Faubourg Saint Antoine, du Bas-Belleville et Oberkampf jusqu'à la Folie Méricourt et le boulevard Richard-Lenoir

Place de la République


Autrefois populaire et ouvrier, désormais gentrifié, le XIème arrondissement, demeure aujourd'hui encore l'épicentre des grandes manifestations, places de la République, de la Nation, de la Bastille. Foyer des révolutions de 1789, de 1848, entre la Bastille et le Faubourg Saint Antoine, haut-lieu de la Commune de 1871, avec le Bas-Belleville, il conserve la mémoire d'un certain esprit frondeur malgré des apparences acquises plutôt lisses. Arrondissement de divertissement, le XIème entretient autour de Bastille, Oberkampf, rue de Lappe, sa réputation festive héritées des guinguettes du Bas-Belleville au XIXème siècle. Il compte treize théâtres, des music-halls, des salles de spectacle, des clubs, parmi les plus célèbres, le Cirque d'Hiver, le Réservoir, le Gibus, le Café de la Danse, le Zèbre de Belleville, le Nouveau Casino. Une vie culturelle marquée aujourd'hui, par le souvenir des attentats du 13 novembre 2015 et les évènements du Bataclan. 

Le XIème arrondissement se déploie sur quatre quartiers administratifs, la Folie Méricourt, Saint Ambroise, la Roquette, Sainte Marguerite. Le plan de restructuration des arrondissements parisiens mis en place à l'occasion de l'annexion des anciennes communes limitrophes au territoire de la Capitale en 1860 détermine ses limites. Le XIème arrondissement forme un quadrilatère de 366,6 hectares fermés par deux artères anciennes héritées des grandes congrégations religieuses, au Nord, la rue du Faubourg du Temple, au Sud, le Faubourg Saint Antoine. Deux grands axes le traversent. Le premier de la part de la place de la République vers la Bastille par les boulevards du Temple, des Filles du Calvaire et Beaumarchais. Il correspond au tracé des anciens fossés défensifs et limites de Paris au XVIème siècle. Le second suit un parcours en parallèle, du Bas-Belleville à la place de la Nation par les boulevards de Belleville et de Ménilmontant. Il coïncide avec celui de l'ancien mur d'octroi des Fermiers Généraux, édifié entre 1784 et 1790, démoli en 1860 lors de l'expansion de Paris. 

Le tissu urbain associe réhabilitation de l'ancien, rénovation des vieux immeubles faubouriens et construction de bâtiments au modernisme radical. La vitalité des associations de riverains, leur engagement pour la préservation du patrimoine ont permis de sauver nombre d'anciennes impasses et cours artisanales, lieux de la mémoire populaire. La diversité de la population témoigne des différentes grandes vagues d'immigration depuis le XIXème siècle, communautés regroupées en quartiers autour des lieux de culte, Juifs d'Europe de l'Est puis Séfarades, Magrébins, population d'Afrique Sub-saharienne, d'Asie. 

L'installation de l'Ordre du Temple, ordre à la fois religieux et militaire, remonte au milieu du XIIème siècle. Le domaine de l'enclos du Temple, domaine s'étend de l'actuelle place de la République à l'actuelle rue de Bretagne. L'Ordre est dissout en 1312 par le roi Philippe le Bel (1268-1314). Les biens confisqués des Templiers sont remis aux Hospitaliers de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, la Commanderie templière devient prieuré du Temple nationalisé en 1790, le domaine est loti puis urbanisé. Les artisans du Faubourg Saint Antoine obtiennent dès le XIIIème un privilège royal qui leur permet d'exercer leur métier hors guildes. Cet affranchissement des corporations offre la possibilité aux entrepreneurs individuels de créer leur propre maison. La mesure attire des familles entières d'artisans lesquelles s'installent au coeur du Faubourg Saint Antoine. Dès le XVIIIème siècle, les abords sont prisés par une tout autre clientèle pour leur douceur de jolie campagne. Les bourgeois et les aristocrates cèdent à la mode des "folies", maison de plaisance en périphérie de la ville, dont les dénominations de la voirie entretiennent la mémoire : la Folie Titon, la Folie Noury, la Folie Régnault, l'Hôtel Chabanais. 

Les artisans se répartissent en quartier selon les catégories professionnelles. La moitié Sud de l'actuel arrondissement, aux environs de la Bastille, la rue du Faubourg Saint Antoine jusqu'à la rue de Charonne, est dévolue aux métiers du meuble, le travail du bois, les ébénistes. La rue de Lappe et ses alentours se consacre aux métiers du métal, ferronnerie, chaudronnerie. La rue de Charonne et le secteur Sainte Marguerite se consacre au textile et à la confection. Notable par son prestige mais plus modeste en nombre, l'industrie du verre, de la faïence et de la céramique connait un certain succès dans le XIème. La rue de la Roquette est réputée pour ses poêles en faïence. La Manufacture royale de papier peint, implantée au sein de l'ancienne Folie Titon avenue Montreuil, représente l'importance de l'industrie du papier dans l'arrondissement. Au sein de cet établissement se déroule le célèbre incident de "l'affaire Réveillon", révolte des ouvriers du 26 avril au 28 avril 1789 au sujet des salaires, évènement précurseur de la prise de la Bastille. 

La Révolution supprime le monopole corporatif, décision qui incite à la création de nouvelles entreprises, au développement de la petite industrie. Les grands domaines du clergé sont nationalisés. Lotis, ils offrent des opportunités pour les industriels en devenir. La population modeste composée d'employés, de petits commerçants, d'ouvriers et d'artisans s'engage naturellement dans un changement de vocation. Sous la Monarchie de Juillet, deux prisons sont édifiées sur les terrains libérés par le démantèlement du domaine des Hospitalières de la Roquette, couvent fermé à la Révolution. En 1830 la prison de la Petite Roquette referme ses portes sur ses premiers prisonniers, délinquants mineurs. La prison de la Grande Roquette, dépôt des condamnés à mort, est inaugurée en 1836. 

Les grands travaux du baron Haussmann, sous le Second Empire, modifient profondément la physionomie du XIème arrondissement. Percement des grandes artères, le boulevard du Prince-Eugène, actuel boulevard Voltaire, une partie de l'avenue Parmentier, le réalignement de l'avenue Philippe Auguste, implantation des vastes places rayonnantes entraînent une succession de démolitions. À partir de 1855, la place du Château d'eau, portion congrue du boulevard Saint Martin, fait l'objet de transformations selon son plan actuel avec notamment la construction de la caserne du Prince Eugène, puis caserne du Château d'eau et enfin caserne Vérines. Elle devient place de la République en 1879.

Lors de cette mue, disparaissent l'Hôtel Beaumarchais, des théâtres du boulevard du Temple surnommé le boulevard du Crime. La ventilation d'un tissu urbain dense, compact et donc inaccessible aux forces de l'ordre a pour objectif d'affaiblir l'esprit frondeur des barricades. Le Faubourg Saint Antoine est écartelé sur deux arrondissements distincts le XIème et le XIIème. Haussmann décide en 1860, la couverture partielle du Canal Saint Martin afin de créer le boulevard Richard Lenoir, fluidifier la circulation terrestre empêchée par le cours d'eau et surtout faciliter le déplacement des troupes, lors d'intervention dans les quartiers populaires foyers de révoltes. À la suite des grands travaux haussmanniens vecteur d'embourgeoisement de Paris et particulièrement de son cœur, les populations modestes, ouvrières sont repoussées vers l'Est.

Amorcée dès la fin du XIXème siècle, la désindustrialisation progressive de Paris, les mutations économiques favorisent la délocalisation des usines et manufactures vers la banlieue. Le Paris industriel et ouvrier, à son apogée dans l’entre-deux-guerres, disparaît à la fin des années 1950 par déplacement du pôle industriel vers le Grand Paris dans un premier temps puis les régions et enfin l'international. Au sein des anciennes cours artisanales de nouveaux métiers fleurissent. Dans les années 1970, les artistes désargentés sont les premiers à occuper ces locaux souvent vétustes. La volonté de réhabilitation des anciens ensembles séduit les entreprises créatives du secteur tertiaire, cabinet d'architecture, studio de design, d'informatique, agence de communication, les métiers de la mode. Prototype de l'arrondissement de bobos, les fameux bourgeois bohèmes tant décriés, le XIème se distingue désormais pour son offre de divertissement, ses nombreux théâtres, galeries d'art, librairies, restaurants et bars. La rédaction a sélectionné 20 étapes patrimoniales pour découvrir le XIème arrondissement.



1/ Rue des Immeubles Industriels 
Accès 307-309 rue du Faubourg-Saint-Antoine / 262-264 boulevard Voltaire - Paris 11
Métro Nation lignes 1, 2, 6, 9

La rue des Immeubles Industriels, dans le quartier Sainte-Marguerite, relie le boulevard Voltaire au faubourg Saint-Antoine. Ouverte en 1873 sous le nom de rue de l'Industrie-Saint-Antoine, elle se distingue par l'ensemble homogène qui la constitue sur le modèle des cités ouvrières autonomes. Le lotissement associe dans un même volume, ateliers et logements. Il est développé sur les plans de l'architecte Émile Leménil (1832-1923), élève d'Hippolyte Lebas, pour le compte de la Compagnie anonyme des immeubles industriels du Faubourg Saint-Antoine. Aux abords du Faubourg Saint Antoine, fief de l'industrie du meuble, les deux-cents-trente ateliers accueillent artisans et ouvriers spécialistes du bois. La voie devient rue des Immeubles Industriels en 1877. Le projet est primé lors de l'Exposition Universelle de 1878. Le lotissement n'a pas subi de transformations depuis sa création. 



2/ Cité Industrielle - Paris 11
Accès 115 bis rue de la Roquette / Rue Camille Desmoulins / Place Hubertine Auclert
Métro Voltaire ligne 9

La Cité Industrielle, XIème arrondissement, témoigne de l'implantation d'une petite industrie dans le quartier de la Roquette, aux abords du Faubourg Saint Antoine, territoire des métiers du meuble, et du Bas-Belleville. Ouverte en 1856, intégrée à la voirie parisienne par arrêté municipal du 2 juillet 1993, la voie court sur 215 mètres de long pour une largeur moyenne de 4 mètres. Sa configuration actuelle, héritée des années 1860, évoque un tissu urbain développé autour de l'activité artisanale et des manufactures, associant logements ouvriers et ateliers variés.



3/ Cinq dalles de la guillotine 
16 rue Croix Faubin / 166 bis rue de la Roquette - Paris 11
Métro Voltaire ligne 9 / Philippe-Auguste ligne 2

Cinq dalles de granit scellées dans la chaussée, derniers vestiges visibles de la guillotine, se remarquent à peine au croisement de la rue de la Roquette et de la rue Croix Faubin dans le XIème arrondissement. Cet ultime témoignage marque l'emplacement des exécutions capitales qui se déroulent de 1851 à 1899, en face de la prison de la Grande Roquette. Surnommée "l'abbaye des Cinq Pierres" du fait de la présence de ces pavés, elle sera démolie en 1900. Les dalles rectangulaires assuraient la stabilité des cinq pieds de la guillotine, installation mobile entreposée hors exécution au 60 rue de la Folie-Régnault.



4/ Ancienne fabrique de billards 
252 boulevard Voltaire - Paris 11
Métro Nation lignes 1, 2, 6, 9

Le 252 boulevard Voltaire dans le XIème arrondissement, bel immeuble industriel en briques et acier, structure de fonte apparente, a conservé les anciennes enseignes d'une production originale axée autour du billard et des jeux de casino. Entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, les usines se multiplient à la périphérie du faubourg Saint Antoine fief des métiers du meuble. L'immeuble du 252 boulevard Voltaire est édifié entre 1901 et 1907 sur les plans de l'architecte Louis Morgand pour le compte d'Alphonse Flamencourt, industriel, ébéniste, marchand de meubles. Le bâtiment, au nom du fils aîné d'Alphonse, Marcel Flamencourt, passe ensuite à Henri-Alphonse Flamencourt, le fils cadet. La fabrique familiale fait faillite à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Georges Caro, fabricant de tables de billard et auteur en 1904 d'un ouvrage de référence "Manuel officiel et pratique des jeux de billard", rachète l'immeuble en 1936. La maison fondée en 1816 y installe son usine et ses espaces de vente. La gamme de prestige, tables d'acajou soulignés de cuivre, billard en chêne mouluré sculpté séduit de célèbres clients. Caro compte parmi ses habitués l'empereur Hirohito et de Sacha Guitry.



5/ Bataclan
50 boulevard Voltaire - Paris 11
Métro Oberkampf lignes 5, 9

Le nom du Bataclan, salle mythique construite au XIXème siècle, est intimement lié à la mémoire des attentats du 13 novembre 2015. Lors de l'attaque terroriste, quatre-vingt-dix personnes venues assistées à un concert du groupe Eagles of Death Metal, perdent la vie. Aujourd'hui, le Bataclan a retrouvé l'essence de son activité culturelle intense, pied-de-nez à ceux qui ont voulu faire taire la liberté, la jeunesse, la musique. Depuis son inauguration en 1864, tour à tour café-concert, théâtre à l'italienne, cinéma de quartier, salle de concert, il a fait l'objet de profondes transformations au gré de reconstructions successives. Du bâtiment originel aux allures de palais asiatique conçu par l'architecte Charles Duval (1800-1876), auteur également du Grand Café Parisien sur le boulevard Saint Martin, l'Alcazar d'hiver ou l'Eldorado, ne demeurent que peu d'éléments. Une partie de la façade, des décors de têtes de dragon, un large fronton et des pilastres évoquent le souvenir de cette fantaisie exotique au coeur du Paris haussmannien. 



6/ Ancienne ébénisterie Dugast
5 cité de la Roquette - Paris 11
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

L'enseigne " Styles Dugast " au 5 cité de la Roquette, accessible au numéro 60 de la rue éponyme, entretient la mémoire d'une ancienne ébénisterie du XIXème, établissement typique du Faubourg Saint Antoine niché dans un ensemble singulier. La maison néogothique édifiée en 1891 pour J. Louault, sur les plans de l'architecte Louis Péchard (1849-1917) fait l'objet d'une inscription partielle à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 23 août 1993, ainsi que l'ensemble d'ateliers à l'arrière, réunis autour d'une cour. La bâtisse à pans de bois, remplissage de pierre calcaire et de brique, attire l'attention par une façade d'inspiration néo-renaissance. Les fenêtres et portes à meneaux, programme décoratif sculpté d'animaux fantastiques, dragons et oiseaux, gardes suisses, chardons, évoquent le Moyen-Âge fantasmé de Viollet-le-Duc. La maison se déploie sur deux étages carrés, auxquels s'ajoutent un sous-sol et des combles. À l'intérieur se trouve un remarquable escalier tournant à retours. Le rez-de-chaussée se distingue par une verrière à arceaux de bois sculpté et carreaux de verre colorés. Ardoise et zinc couvrent un toit à long pans et pignons percé de lucarne.




7/ Passage du Cheval-Blanc
Accès 2 rue de la Roquette ou 21 rue du Faubourg Saint-Antoine - Paris 11
Métro Bastille lignes 1, 5, 8

Le passage du Cheval-Blanc, long de 155 mètres, trottine sur des pavés fraîchement remis à niveau. Il est accessible par deux entrées closes par des grilles fermées la nuit et le week-end. Par le 21 rue du Faubourg Saint Antoine, le flâneur longe la cour dite Cité Parchappe, du nom d'une famille de propriétaires qui y engagea d'importants travaux au XIXème siècle, puis rejoint le passage au niveau du numéro 10. Au numéro 2 rue de la Roquette, il faut traverser un immeuble datant de la fin du XVIIème siècle pour s'y retrouver. Créé en 1824, le passage du Cheval-Blanc sert alors d'entrepôts de bois du faubourg Saint-Antoine. Il tient son nom d'une ancienne enseigne disparue frappée d'un cheval. 



8/ Cour Damoye
12 place de la Bastille - 12 rue Daval - Paris 11
Métro Bastille lignes 1, 5 8

La cour Damoye dont l’entrée principale se trouve au 12 rue de la Bastille joue à cache-cache entre deux limonadiers sans charme. Curiosité architecturale, elle trottine sur 124 mètres de long parmi les glycines jusqu’au 12 rue Daval. Alors qu’elle était menacée, dans les années 90, par des promoteurs désireux de la raser pour y faire pousser quelques vilains immeubles plus rentables, cette petite enclave pavée a été entièrement réhabilitée en respectant son architecture d’origine.



9/ Passage Lhomme
26 rue de Charonne - Paris 11
Métro Ledru-Rollin ligne 8 ou Bastille lignes 1, 5, 8

Le passage Lhomme est accessible au 26 de la rue de Charonne en traversant un immeuble datant du XVIIIème siècle dont l’alignement a été revu au début du XXème. Ce passage à ciel ouvert, caractéristique des anciennes cours artisanales, nourrit l’illusion d'un temps suspendu. Les promeneurs curieux pénètrent au cœur d’un vieux Paris révolu où résonne encore la musique fantôme de l’activité artisanale. Le passage Lhomme, voie privée ouverte toute la journée, caracole jusqu’au passage Josset et finit sa course avenue Ledru-Rollin. Dans le quartier Sainte-Marguerite, ce singulier îlot de quiétude doit son nom au propriétaire du terrain sur lequel il a été tracé vers 1852. Long de 122 mètres, large de 3,3 mètres, les constructions peu élevées qui le bordent sont représentatives de l’architecture utilitaire des passages industriels du faubourg.



10/ Cour des Shadoks
Accès 71 rue du Faubourg Saint Antoine - Paris 11
Métro Ledru-Rollin ligne 8 / Bastille lignes 1, 5, 8

La Cour des Shadoks, accessible depuis le 71 rue du Faubourg Saint Honoré, se dissimule au regard derrière un immeuble sur rue du XIXème siècle. Elle appartient à l'ensemble constitué progressivement depuis le XVIIème siècle, désigné à partir de la fin du XVIIIème siècle sous l'appellation Cour de l'Etoile d'or. Le nom renvoie à la présence d'une enseigne d'importance qui s'y trouve alors. La parcelle entre le 75 et le 71 rue du Faubourg Saint Honoré se déploie sur deux cours l'une à vocation résidentielle et la seconde plus industrieuse. À l'occasion de la réhabilitation menée en 1998 par l'architecte Didier Drummond, cette dernière prend le nom de cour des Shadoks, en hommage à l'un de ses résidents, Jacques Rouxel (1931-2004) créateur dans les années 1970 de la série animée éponyme. Une verrière décorée des personnages iconiques marque l'entrée. Cette cour artisanale typique du Faubourg Saint Antoine est accessible librement en semaine aux horaires de bureau. Aujourd'hui occupés par des sociétés du tertiaire, société de production, conseil en informatique, éditeur de logiciel, elle conserve cette atmosphère hors du temps, entre les arbres, les vieux pavés et les anciens ateliers reconvertis.



11/ Fontaine Trogneux dite fontaine de Charonne 
61 rue du Faubourg Saint Antoine / 1 rue de Charonne 
Métro Ledru-Rollin ligne 8

La fontaine Trogneux ou de Charonne a été construite en application de lettres patentes datant de 1719. Cette ordonnance royale envisage alors la création d’un ensemble de cinq fontaines à l’est de Paris, réparties à travers tout le Faubourg Saint Antoine alors dépourvu de points d’eau. Dans le quartier des artisans du meuble où ébénistes, menuisiers, ferronniers se sont établis grâce aux franchises obtenues par l’abbaye de Saint Antoine leurs permettant de travailler en dehors des corporations, l’usage est de s’approvisionner auprès des porteurs d’eau. Maître général triennal contrôleur et inspecteur des bâtiments de la Ville de Paris pour Louis XIV et Louis XV, Jean Beausire (1651-1743) est chargé du projet. Entre 1682 et jusqu’à sa mort à l’âge de 92 ans, il mène à bien un vaste programme de réalisation et de gestion des fontaines parisiennes. 



12/ Cour de l’Industrie
37 bis rue de Montreuil - Paris 11
Métro Faidherbe-Chaligny ligne 8

La Cour de l’Industrie, dans le quartier Sainte Marguerite à deux pas du Faubourg Saint Antoine, témoigne avec charme du passé industriel de la Capitale. Lieu patrimonial, social et culturel, au 37 bis rue de Montreuil, elle porte le souvenir vivace du vieux Paris. Ce site exceptionnel datant de la deuxième moitié du XIXème a bien failli disparaître emporté par la vétusté. La Mairie de Paris lui a offert une véritable renaissance en rachetant l’ensemble. Le chantier de réhabilitation aura duré six ans pour rendre la cour de l’Industrie à sa vocation originelle. C’est ainsi que se perpétuent aujourd’hui encore les gestes ancestraux de l’artisanat. Bordés de 6000m2 d’ateliers, ces espaces ont conservé l’identité singulière des cours dédiées à l’industrie du meuble et des métiers du bois. Au rez-de-chaussée les ateliers bruissent d’activité tandis qu’en étage des logements demeurent. Lieu de vie et de lien social, la cour de l’Industrie rend hommage à la solidarité d’une communauté riche de compétences. Les cinquante-cinq ateliers occupés par des artisans et des artistes s’affirment comme les belles vitrines des savoir-faire.




13/ Ancienne succursale de la Maison Boutet / Hôtel Boutet Bastille
22/24 rue Faidherbe - Paris 11
Métro Faidherbe-Chaligny ligne 8

Aux numéros 22 et 24 rue Faidherbe, l’ancienne succursale de la Maison Boutet évoque le passé du quartier. Cette entreprise de l’industrie du bois, aujourd’hui disparue, était établie à Vichy dans l’Allier. L’annexe parisienne accueillait magasins, espaces manufacturiers et ateliers de finitions dont les spécialités étaient annoncées par les frises en mosaïque au fronton de l’immeuble, sciage, ponçage, placage. Exportateur de bois exotiques, producteur de contreplaqué, la Maison Boutet fournissait abondamment les artisans du Faubourg Saint Antoine, menuisiers et ébénistes. Le bâtiment a vécu plusieurs vies depuis cette époque, changeant de vocation au fil des ans. Tour à tour chocolaterie, bureaux de la RATP, il est désormais dévolu à l’hôtellerie de luxe. L’immeuble est inscrit sur la liste des protections patrimoniales du XIème arrondissement.



14/ Cité du Figuier
104-106 rue Oberkampf - Paris 11
Métro Ménilmontant ligne 2 / Parmentier ligne 3

La Cité du Figuier se cache au 104-106 rue Oberkampf. L’un des plus jolis secrets du quartier de la Folie Méricourt aurait bien pu disparaître sans la patience et la passion qui animent ses habitants. La rue Oberkampf est plus célèbre pour ses nuits endiablées que pour son charme. Cet ancien chemin rural se déploie sur un bras mort de la Seine jusqu’aux pentes de Ménilmontant marquées par ce qui fût la Barrière des Fermiers généraux. En marge du Faubourg Saint Antoine où le bois est travaillé, cours et arrière-cours abritent dès le début du XIXème siècle, un artisanat et une petite industrie centrés autour de la métallurgie. Ferronniers, batteur d’or, chaudronniers s’installent dans des impasses, petites cités ouvrières typiques du XIème arrondissement. Ces cours intérieures irrégulières, mal pavées souvent très humides sont bordées d’ateliers érigés en matériaux légers, relativement bas et aux fondations peu profondes. 



15/ Immeuble 77 rue de Charonne - Paris 11
Métro Charonne ligne 9

Au 77 rue de Charonne, derrière un immeuble sur rue qui date de 1886, se trouve une magnifique cour industrielle à la physionomie inhabituelle. Cet ensemble remarquable qui contraste si fortement avec les allures bourgeoises de la pierre de taille en façade aurait pu être construit indépendamment à une date différente. Cependant, la structure de fonte évoque avec panache le style architectural de l’époque. Les ateliers répartis sur cinq étages ployés en U sont desservis par des coursives. La charpente de métal peinte en rouge, l’ocre de la brique traditionnelle et les éléments de bois s’associent en un heureux camaïeu de teintes, lesquelles semblent fort exotiques à l’œil parisien. Au fond de la cour pavée, un monte-charge silencieux témoigne d’un passé industrieux. Aménagé et rénové, le bâtiment est aujourd’hui occupé par des bureaux, un studio de danse, une salle de yoga, un cours de comédie, un cabinet d’architecte ou encore une agence de voyage. La loge, un petit théâtre créé en 2009 par Alive Vivier et Lucas Bonnifait, a jusqu’en juillet dernier ouvert ses planches aux nouveaux talents de la musique, de la danse, du théâtre. Avec le succès de leur programmation, ses fondateurs ont fermé cette salle afin de s’installer dans des locaux plus grands.



16/ Pension Belhomme Square Colbert
159 rue de Charonne - Paris 11
Métro Alexandre Dumas ligne 2 / Charonne ligne 9

Tout au fond du square Colbert, créé en 1975, se trouvent les derniers vestiges de la Pension Belhomme. Cette maison de santé fondée par Jacques Belhomme en 1768, a acquis une réputation particulière sous la Révolution en tant que lieu de détention alternatif, refuge pour les aristocrates et bourgeois fortunés menacés par le régime de la Terreur. Afin d'échapper au tribunal révolutionnaire et à la guillotine, les prisonniers les plus fortunés s'y faisaient interner comme aliénés en échange de sommes considérables. L'accès au square Colbert, jardin public isolé de la rue et dissimulé derrière de grandes barres d'immeubles du 157 au 161 rue de Charonne, se fait par le hall du numéro 159. Potager partagé, aire de jeux, tables de ping-pong, plates-bandes fleuries accueillent les visiteurs avertis. En fond de parcelle, se trouve les anciennes annexes de la Maison Belhomme, un pavillon néo-classique du XVIIIème siècle, flanqué de deux ailes. Aujourd'hui propriété de la Ville de Paris, le pavillon Colbert abrite un centre communal d'action social, club du troisième âge. 



17/ Passage Saint Maur 
Accès 81 rue Saint Maur - Paris 11
Métro Saint-Maur ligne 3

Le passage Saint- Maur, intrigante voie privée accessible au public en journée par un porche d’immeuble n’est indiquée par aucune mention sur rue. Il débute au 81 rue Saint-Maur et se termine sur le passage Saint Ambroise. Cette ancienne cour industrielle accueillait au XIXème siècle des petites manufactures spécialisées dans la mécanique et la confection. Les anciens ateliers à pans de bois ont été reconvertis dans l’esprit des lieux. De nos jours, ils sont occupés par un atelier de céramique, des associations culturelles, un studio d’architecte, un bureau de communication et une boutique dépôt-vente. Les immeubles n’excèdent pas les deux étages. Au-delà de la porte cochère, le temps semble suspendu dans la ouate d’une douce atmosphère. Sous le porche par lequel le piéton accède, un intrigant carré de pavés se fait remarquer par la singulière sonorité qu’il renvoie. Les pas sont comme assourdis sur ce morceau de pavement qui, à y regarder de plus près, paraît différent des pavés de grès classiques du reste du passage. Préservés des intempéries, des campagnes de renouvellement et des changements d’administration, se trouvent ici l’un des derniers exemples encore visibles de pavement en bois, méthode qui eut son heure de gloire à Paris à la fin du XIXème siècle.



18/ Manufacture Faïencerie Loebnitz 
4 rue de la Pierre Levée - Paris 11
Métro Parmentier ligne 3

La Manufacture Loebnitz, ancienne faïencerie au 4 rue de la Pierre Levée dans le XIème arrondissement, se compose de deux bâtiments. Le premier richement décoré accueillait la fabrique et ses ateliers. Dans les sous-sols se trouvent encore des fours patrimoniaux. Le second était destiné aux logements des ouvriers. L'ensemble est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 27 mai 2002. La protection concerne façades, toitures, charpentes métalliques. Le premier immeuble, façade percée de baies rectangulaires sur les deux premiers étages, cintrées au dernier, se distingue par son décor de céramique remarquable. Le triptyque d'inspiration antique a été réalisé par Jules-Paul Loebnitz sur des dessins d'Émile Lévy (1826-1890), peintre, illustrateur, Grand Prix de Rome 1854, élève d'Abel de Pujol et de François-Édouard Picot, assisté de son disciple Lazar Meyer (1847-1935). Le second bâtiment, immeuble de rapport aux lignes classiques, mise sur la sobriété. Les sources se contredisent quant à la paternité de cet ensemble attribué à l'architecte Paul Sédille (1836-1900) sans que celui-ci ait jamais confirmé.



19/ Usine Spring Court
5 impasse Piver - Paris 11
Métro Goncourt ligne 11

L'ancienne usine Spring Court, au 5 impasse Piver dans le XIème arrondissement, ne produit plus la célèbre petite tennis blanche, créée en 1936 par Georges Grimmeisen. Elle demeure néanmoins le siège social de la société Th. Grimmeisen. Reprise en main par la famille des fondateurs depuis 2015, la marque trouve une nouvelle jeunesse sous la houlette des héritières, Théodora, Laura et Florence Grimmeisen, également nues-propriétaires de l'ensemble immobilier. Au fond de l'impasse, une porte monumentale ouvre sur un espace sous verrière où se trouve encore les éléments de l'ancienne plateforme de pesage des marchandises. Les bâtiments de bois et métal sur les côtés, élevés à la fin du XIXème siècle, mènent à une grande cour. En fond de parcelle, les édifices de brique blanche, reconstruits à la suite d'un incendie dévastateur, datent des années 1930. Au fronton de l'entrée principale, un linteau annonce "Société Th. Grimmeisen".



20/ Maison des Métallos 
94 rue Jean-Pierre Timbaud - Paris 11
Site ouvert au public du mardi au vendredi de 13h à 19h et le samedi de 15h à 18h, et les soirs et weekends en fonction de la programmation
Métro Couronnes ligne 2

La Maison des Métallos, au 94 rue Jean-Pierre Timbaud, témoigne des riches heures ouvrières du Bas Belleville. Cet ancien hôtel industriel typique de la fin du XIXème siècle, propriété de la Ville de Paris depuis 2001, est devenu aujourd'hui un centre culturel dédié au spectacle vivant. À l'origine manufacture d'instruments de musique dont le portail d'entrée orné d'une lyre conserve la trace, haut lieu du syndicalisme à partir de 1936, l'ensemble des pavillons entretiennent la mémoire d'une ville aujourd'hui disparue sous les bulldozers des promoteurs et autres spéculateurs immobiliers. En juillet 2001, la Mairie de Paris se porte acquéreur pour la somme de 19 millions de francs. En charge de la réhabilitation, Vincent Brossy, architecte spécialiste du patrimoine industriel mène la transformation de l'ancienne Maison des Métallurgistes en lieu culturel pluridisciplinaire. La remarquable structure originelle de la halle industrielle - charpente métallique au système de ferme Polonceau, colonnes en fonte, chapiteaux, équerres ouvragées - est démontée afin de créer la salle polyvalente en sous-sol puis réassemblée à l'identique. La Maison des Métallos ouvre au public en 2007. En février 2009 la cour intérieure devient "Cour des Brigades Internationales".



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Rue du Faubourg Saint Antoine