Paris : Ancienne manufacture de la Maison Boutet, le passé industriel du Faubourg Saint Antoine réinventé en hôtel cinq étoiles - XIème

 

Aux numéros 22 et 24 rue Faidherbe, l’ancienne succursale de la Maison Boutet évoque le passé du quartier. Cette entreprise de l’industrie du bois, aujourd’hui disparue, était établie à Vichy dans l’Allier. L’annexe parisienne accueillait magasins, espaces manufacturiers et ateliers de finitions dont les spécialités étaient annoncées par les frises en mosaïque au fronton de l’immeuble, sciage, ponçage, placage. Exportateur de bois exotiques, producteur de contreplaqué, la Maison Boutet fournissait abondamment les artisans du Faubourg Saint Antoine, menuisiers et ébénistes. Le bâtiment a vécu plusieurs vies depuis cette époque, changeant de vocation au fil des ans. Tour à tour chocolaterie, bureaux de la RATP, il est désormais dévolu à l’hôtellerie de luxe. L’immeuble est inscrit sur la liste des protections patrimoniales du XIème arrondissement.











La Maison Boutet, commanditaire d’un bâtiment de quatre étages situé rue Faidherbe dans le XIème arrondissement, obtient un permis de construire le 18 novembre 1925. Le chantier débute en 1926 sous la houlette de l’architecte Achille Champy (1868-1950). Inspiré par l’esthétique Art déco et les codes de l’architecture industrielle, il imagine une structure de béton apparente soulignée par un décor de mosaïque, que réalisent les céramistes Alphonse Gentil (1872-1933) et Eugène Bourdet (1874-1952). Les détails sont particulièrement soignés. La corniche pavée de carreaux émaillés dialogue avec les allèges des fenêtres frise de faïence. L’auvent façon marquise monumentale est conçu en béton et pavage de verre coloré, bleu et jaune. La façade est parcourue d’une frise de fleurs en mosaïque sur fond doré. 

En 1944, le bâtiment change de vocation et devient une chocolaterie la Suisse Normande de Paris. En 1983, l’entreprise reprise par le groupe Cémoi fusionne avec la chocolaterie de l’Abbaye de Tinchebray et quitte les locaux parisiens. Lors du déménagement, la façade est éventrée au niveau du deuxième étage afin d’extraire les cinq conches à malaxer le chocolat. Acquis par la Régie Autonome des Transports Parisiens, l’immeuble est soigneusement réhabilité, la façade rénovée et l’édifice surélevé de deux étages. A partir de 1989, il accueille les bureaux d’études de la RATP. 










Le groupe Accor Hotel se porte acquéreur de l’édifice en 2014. L’architecte Vincent Bastie, qui s’est fait une spécialité de la réinvention des boutique-hôtels, est mandaté pour mener un vaste chantier de réhabilitation. Témoignage des mutations du tissus urbain et des populations, mémoire du passé faubourien, il est question de préserver le caractère industriel du bâtiment tout en valorisant sa riche histoire, son patrimoine architectural. En collaboration avec la designer Astrid Dieteren, sous la direction artistique de Bruno Borrione, les équipes s’attache à lui rendre son cachet notamment avec la rénovation à l’intérieur de l’escalier monumental et à l’extérieur de la marquise si particulière.

Le 21 mars 2016, le Boutet Bastille Hôtel, établissement cinq étoiles, propriété du groupe Accor, exploité sous la licence MGallery, est inauguré. Il propose quatre-vingt chambres dont dix suites avec terrasses végétalisées. Les élèves de l’Ecole Boulle voisine, ont été sollicités afin de concevoir deux suites hommage au travail du bois, la suite Teck et la suite Ebène. 

Ancienne succursale de la Maison Boutet / Hôtel Boutet Bastille
22/24 rue Faidherbe - Paris 11
Métro Faidherbe-Chaligny ligne 8

Bibliographie
Le guide du promeneur 11è arrondissement - Denis Michel et Dominique Renou - Parigramme
Paris Art déco - Gilles Plum - Parigramme
Architecture industrielle Paris et alentours - Marie Françoise Laborde - Parigramme



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.