Paris : Le XVIIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales, de Montmartre à la Goutte-d'Or en passant par les portes de Clignancourt et Saint-Ouen, Pigalle et Barbès jusqu'à la place de Clichy, La Chapelle, la porte d'Aubervilliers

 


Le XVIIIème arrondissement de Paris se distingue par la diversité de ses facettes. Il dispose de lieux touristiques parmi les plus prisés de Paris, tel que Montmartre, pôle d'attraction indéniable. La place du Tertre, le Moulin Rouge, le Sacré-Coeur, les ruelles villageoises montmartroises entretiennent la mémoire de la bohème artistique la fin du XIXème siècle au début du XXème, et la révolution de l'art moderne. Peintres, musiciens, écrivains ont plébiscité ce quartier alors populaire, de nos jours opulent, où résident personnalités des arts, du cinéma, de la télévision. Pigalle à la réputation sulfureuse, à cheval entre le XVIIIème et le IXème, est en voie de gentrification tandis que La Goutte d'Or, Barbès et Clignancourt demeurent des quartiers populaires cosmopolites très modestes. A contrario, La Chapelle et ses problèmes de trafic de drogue, ses bidonvilles agit en véritable repoussoir. Arrondissement de culture, le XVIIIème regorge de théâtres, des salles de spectacles de légende, La Cigale, Le Divan du Monde, le Trianon, l'Élysée Montmartre. Il dispose de trois musées Musée de Montmartre, espace Dali et Halle Saint-Pierre ainsi que de cinémas mythiques le Pathé Wepler, le Louxor, le Cinéma des Cinéastes. 

Créé en 1860 à l'occasion de l'annexion des anciennes communes limitrophes au territoire de la ville de Paris, le XVIIIème a été constitué à partir des villages de Montmartre et de La Chapelle-Saint-Denis ainsi qu'une partie de Saint-Ouen-sur-Seine et des Batignolles-Monceau, faubourgs situés entre les fortifications de Thiers et le mur des Fermiers Généraux. Le décret du 16 juin 1859 porte le nombre d'arrondissements parisiens de douze à vingt.

Le XVIIIème arrondissement comporte quatre quartiers administratifs. À l'Ouest quartier des Grandes Carrières, versant Ouest de Montmartre jusqu'aux limites de Saint-Ouen, évoque par son appellation les anciennes carrières de gypses exploitée du Moyen-Âge au XVIIIème siècle au pied de la Butte. Le quartier administratif de Clignancourt porte le nom du hameau de Clignancourt, ancien fief de l'abbaye de Saint-Denis, établi sur le versant Nord de Montmartre jusqu'à Saint-Ouen, aujourd'hui desservi par les rues de Clignancourt et Labat, délimité par la rue du Mont-Cenis, la rue Marcadet, le carrefour Guy-Môquet, la porte de Saint-Ouen, la place de Clichy.

Immortalisé dans le roman "L'Assommoir" (1876) d'Émile Zola, le quartier de la Goutte d'Or de l'Est de la Butte Montmartre jusqu'à la limite de Saint-Denis, se situe sur le territoire de l'ancienne commune de La Chapelle. Il porte un nom emprunté au hameau de la Goutte-d'Or formé en 1814, hérité d'un lieu-dit fameux pour ses vignes, mentionné dès 1474. Il court le long du boulevard de la Chapelle, de la rue de la Chapelle, de la rue Max-Dormoy, de la rue des Poissonniers. Tout à l'Est de l'arrondissement, se trouve le quartier de La Chapelle, aux limites d'Aubervilliers. Cet ancien village agricole a été radicalement transformé au XIXème siècle par l'industrie et le chemin de fer. Les terres maraîchères et les pâturages incultes disparaissent au profit d'usines, de gares de marchandises et des réseaux ferroviaires de l'Est et du Nord

La rédaction vous emmène découvrir le XVIIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales sélectionnées par nos journalistes, de Montmartre à la Goutte-d'Or en passant par les portes de Clignancourt et Saint-Ouen, Pigalle, Barbès jusqu'à la place de Clichy, Barbès, La Chapelle, la porte d'Aubervilliers.




1/ Immeuble Deneux 
185 rue Belliard - Paris 18
Métro Porte de Saint Ouen ligne 13

Au 185 rue Belliard, en bordure de l’ancien chemin de fer de la Petite Ceinture, l’immeuble Deneux illustre avec panache le renouveau de l’architecture au début du XXème siècle. Son architecte et commanditaire, Henri Deneux (1874-1969), obtient un permis de construire le 10 mars 1910. Le chantier entamé en octobre 1911, s’achève fin 1913. Edifice précurseur, le bâtiment préfigure les préceptes audacieux du mouvement Moderne. Il s’inscrit dans son époque, s’ancre dans un contexte social, culturel, politique. Sa conception reflète les interrogations liées à l’urbanisation des nouveaux quartiers populaires. Les propositions architecturales d’Henri Deneux répondent à la densification des arrondissements parisiens les plus récents.  La maison de rapport qu’il imagine s’élève sur une parcelle triangulaire d’à peine 82m2, à l’angle des rues Belliard et des Tennis. Toit-terrasse plat, structure de béton armé apparente, façade remarquable recouverte de grès émaillé des ateliers Gentil et Bourdet, cet immeuble est le fruit d’un programme architectural rigoureux à la fois technique, rationaliste et esthétique.




2/ Passage Charles Albert
Accès 70 rue Leibniz et 2 rue Jules-Cloquet - Paris 18
Métro Porte de Saint Ouen ligne 13

Le quartier de la Moskova, du nom d'une bataille, également appelée bataille de Borodino, remportée par les troupes de Napoléon le 7 septembre 1812 en Russie sous le commandement des maréchaux d'Empire, Davout et Ney, a fait l'objet de profondes transformations depuis les années 70. Enserrée entre le tracé des anciennes fortifications de Thiers et le talus du chemin de fer de la Petite Ceinture, il offre aujourd'hui un paysage urbain contrasté entre ruelles étroites bordées de jolis pavillons et grands ensembles contemporains. Le passage Charles-Albert, petit coin de campagne à Paris illustre cette mutation du bâti tout en ressuscitant pour les flâneurs le souvenir d'une autre époque.




3/ Villa des Tulipes
Accès 101-103 rue du Ruisseau - Paris 18
Métro Porte de Clignancourt ligne 4

Caracolant depuis Montmartre vers Saint-Ouen, la rue du Ruisseau franchit d'un saut l'ancienne voie ferrée de la Petite Ceinture pour se terminer boulevard Ney. Au niveau du numéro 101, un jardinet cache l'entrée d'une charmante impasse pavée typiquement parisienne. Accueilli par une fresque représentant des enfants brandissant des fleurs, le flâneur curieux découvre un ancien chemin qui desservait de modestes cultures, une étroite bande de terrain nichée entre l'ancienne ligne de chemin de fer au sud et le boulevard au nord.  La villa des Tulipes, étroite ruelle bucolique où la brique contraste avec la pierre de meulière et les enduits chamarrés, est bordée de petits immeubles et de pavillons qui disparaitraient presque dans la luxuriance végétale. Bambous et rosiers en pot sur la chaussée rivalisent avec les envolées gracieuses de la glycine et l'exubérance des cerisiers.





4/ Passage Cottin - Paris 18
Accès 17 rue Ramey - 18 rue du Chevalier-de-la-Barre 
Métro Château-Rouge ligne 4

Le passage Cottin, au nord-est de la Butte Montmartre, se divise en deux tronçons, l’un plane, le second escalier escarpé. Cette voie étroite au pittoresque pictural se développe sur cent-trente mètres. Elle débouche sur la rue du Chevalier de la Barre et une vue méconnue sur le Sacré-Cœur. Les petits immeubles de rapport modestes, très faubouriens encadrent l’escalier d’autant plus spectaculaire qu’il est étroit. Au fil des marches, se dévoilent à la faveur de l’automne de délicieuses maisonnettes dissimulées habituellement par les feuillages. Le passage porte le nom d’une ancienne famille, propriétaires fonciers, les Cottin de la Chapelle devenu sur le tard Cottin de la Villette. Voie privée, le passage Cottin devient public à l’occasion de son classement dans la voirie de Paris par arrêté préfectoral du 10 décembre 1985. Son charme unique, sa réalité populaire avant gentrification récente, séduit les peintres. En 1912 Maurice Utrillo (1883-1955) et son ami Gazi le Tatar (1900-1975) qui habite un temps chez Suzanne Valadon rue Lepic peignent le passage ainsi qu’un peu plus tard André Renoux (1939-2002). Dans « Comédie française. Ça a débuté comme ça… » aux éditions Flammarion, Fabrice Luchini évoque ses parents qui tenaient un magasin de fruits et légumes à l’angle de la rue Ramey et du passage Cottin.




5/ Tourelle de l’ancienne Manufacture de porcelaine de Clignancourt
103 rue Marcadet 61/63 rue du Mont-Cenis - Paris 18 
Métro Jules Joffrin ligne 12

Une singulière tourelle dresse sa silhouette pittoresque à l’angle de la rue Marcadet et de la rue du Mont-Cenis, sur le versant nord de la Butte Montmartre. Coiffée en poivrière et accolée à d’anciens corps de bâtiment, son aspect piquant dans la configuration naturelle du tissu urbain pose de nombreuses questions. Le long de la rue Marcadet, une grande arcade à refends surmontée d’une corniche classique indique un reliquat de l’ancien portail de la Manufacture de porcelaine de Clignancourt qui connut entre 1771 et 1799 un certain succès. L’ensemble paraît peu entretenu même si la tourelle à l’angle du mur d’enceinte est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 31 mai 1965. Aujourd’hui occupé par un club libertin, le Château des Lys, il s’agit de l’une des plus anciennes maisons de Montmartre dont le destin a croisé celui d’une manufacture de porcelaine passée sous le haut patronage du frère du roi, le comte de Provence en 1775. Cette curieuse tourelle devenue un hôtel-restaurant a été immortalisée à de nombreuses reprises par le peintre Maurice Utrillo entre 1911 et 1954.




6/ Cité Pilleux - Paris 18
Accès 30 avenue de Saint-Ouen et 45 rue Ganneron 
Métro La Fourche ligne 13

La Cité Pilleux, ancienne cité ouvrière réhabilitée en logements actuels, joue sur les codes entre transformations récentes et préservation du patrimoine populaire. Souvenir de l’industrie qui a fait la fortune des quartiers des Batignolles et des Epinettes, mémoire d’un Paris ouvrier, l’ensemble architectural harmonieux de la cité Pilleux date de la fin du XIXème siècle. Les petits bâtiments, maisonnettes individuelles d’un seul étage sur rez-de-chaussée, ont été construits dans un style dépouillé typique, proche de celui des premières cités ouvrières édifiées à la fin du Second Empire. Fermé au public par un digicode, ce petit passage bucolique au cœur de la ville, s’étend entre la rue de Saint-Ouen et la rue Ganneron du bas Montmartre. Si la voie est privée, la gentillesse des riverains pourrait néanmoins vous ouvrir la porte. Ceux-ci veillent avec sollicitude sur leur coin de paradis. Fleurs et plantes en pot, guirlandes lumineuses, mobilier de jardin donnent à cet ilot bucolique un air de village en fête malgré la patine du temps.




7/ Impasse des Deux-Nèthes
Accès 30-32 avenue de Clichy - Paris 18
Métro Place de Clichy lignes 2, 13

Au sud du quartier des Grandes Carrières, à l'aplomb des anciennes excavations d'où étaient extraites le gypse, le square des Deux-Néthes est un espace vert reconquis sur le bâti, ouvert au public 2003. Jardin partagé, aire de jeu et oeuvre hommage à l'Abbé Pierre signée JonOne. Issu de la réhabilitation d'un ilot vétuste, le square est longé par deux petites impasses singulières, l'impasse de la Défense entièrement rénovée dans un style très Bauhaus et l'impasse des Deux-Néthes qui lui a donné son nom, ruelle rustique laissée dans son jus, pittoresque et improbable aux charmes légèrement décatis.




8/ Passage de Clichy - Paris 18
Accès 128 boulevard de Clichy et 1 rue Forest - 4 avenue de Clichy
Métro Place de Clichy lignes 2, 13

Le passage Clichy actuel, dont l’inscription à la voirie parisienne sous ce nom date du 10 novembre 1873, a rassemblé sous un seul tracé l’ancienne impasse Saint-Pierre ou passage Saint-Pierre ainsi qu’une partie de l’impasse de Clichy. Longue de deux cents mètres, cette ruelle n’est que partiellement ouverte à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959, entre le boulevard de Clichy et le passage Lathuille où elle ne déploie guère d’attraits. Mais au pied de Montmartre, dans le quartier des Grandes Carrières, sur sa partie privée, elle chemine à travers les cours d’immeubles depuis une entrée discrète située au 4 avenue de Clichy, derrière une porte en fer forgé des plus anodines. Sur cette portion si singulière, le passage de Clichy fait revivre l’esprit du vieux Paris dans une atmosphère unique entretenue par les riverains.




9/ Cité Véron
94 boulevard de Clichy - Paris 18
Métro Blanche ligne 2

A l’ombre du Moulin Rouge, comme protégée par les ailes du cabaret, la petite Cité Véron malgré ses allures sages évoque sans peine ce que fût un certain Pigalle, celui de la pègre d’avant-guerre, fréquenté par une faune interlope. Voyous, souteneurs, vénus mercenaires misérables, danseuses et viveurs se croisaient entre cabarets, cafés-concerts louches, assommoirs et hôtels de passe. Ce à quoi on pourrait me répondre que cela n’a pas tant changé au final. Le fantôme de Mistinguett qui se produisit pour la première fois au Moulin Rouge en juillet 1907 y chante encore avec celui de Jean Gabin. Impasse typique du vieux Pigalle, miraculeusement préservée et signalée par une enseigne en émail bleu, la Cité Véron doit son nom au voisinage de la rue Véron, elle-même nommée en hommage à Jean-Louis Véron, maire de la commune de Montmartre avant le rattachement à Paris, de 1830 à 1842. Ces habitants les plus célèbres furent Boris Vian et Jacques Prévert autour desquels se réunissait le Collège de Pataphysique, « la société de recherches savantes et inutiles » créée en 1948. 




10/ Moulin de la Galette - Paris 18
Blute-fin 75/77 rue Lepic
Radet angle 83 rue Lepic / 1 rue Girardon
Métro Blanche ligne 2 / Lamarck Caulaincourt ligne 12

Le Moulin de la Galette, célèbre bal public de Montmartre, a permis grâce à sa réputation de préserver les deux derniers moulins de la Butte. La guinguette originelle a été constituée sur un terrain entre ces deux rescapés de la grande urbanisation, le Blute-fin et le Radet. Rue Lepic, ils ravissent les touristes venus des quatre coins du globe. Dans l’axe de la rue Tholozé, le Blute-fin s’aperçoit de loin, perché sur une colline, propriété privée qui n’est pas accessible au public, tertre élevé sur lequel les Romains avaient bâti un temple dédié au dieu Mars. Le Radet, charpente vide des plus pittoresques, est désormais planté sur le toit d’un restaurant, sorte d’enseigne monumentale dont l’image a fait le tour du monde. Rendu célèbre grâce aux peintres de la Butte, Renoir, Toulouse-Lautrec, Steinlein, Van Gogh, le Moulin de la Galette convoque par ses imaginaires l’histoire du village de Montmartre, de sa bohème et ses nuits déchaînées. Guinguette en 1830, cabaret dès 1870, et music-hall à partir de 1924, studio en public d’émissions de radio et de télévision, studio de l’ORTF qui disparaît en 1974, le Moulin de la Galette appartient désormais à la légende de Montmartre.




11/ Élysée Montmartre
72 boulevard Marguerite de Rochechouart - Paris 18
Métro Anvers ligne 2

L'Élysée Montmartre, salle emblématique, guinguette puis bal populaire, haut lieu des nuits parisiennes, est l'un des plus anciens de Montmartre et Pigalle. Le classement partiel à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 4 mars 1988, protège la structure Eiffel de la salle de Bal, et la façade remarquable dont le fronton, dernier vestige l'ancien Bal Mabille du faubourg Saint Honoré ouvert entre 1831 et 1875, rasé en 1882, a été installé en 1900. L'Élysée Montmartre joue sur le mélange des genres. Au XIXème siècle, les filles des rues et les proxénètes, toute la faune interlope des fortifs y croisent écrivains, poètes, chansonniers, peintres, et bourgeois venus s'encanailler. Les figures mythiques de Montmartre, la Goulue, Valentin le désossé, Toulouse-Lautrec entretiennent sa légende. Aujourd'hui, la salle fait la part belle à une programmation musicale éclectique.  




12/ Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin - Paris 18
Tél : +33 1 53 41 85 60
theatre-atelier.com
Métro Anvers ligne 2

Le Théâtre de l'Atelier, inauguré en 1822, est l'un des rares théâtres du XIXème siècle parvenu jusqu'à nous intact. D'une capacité de cinq-cent-soixante-trois places, il se distingue par une programmation exigeante. Façade néoclassique, salle à l'italienne, le bâtiment est inscrit au titre des Monuments historiques par arrêté du 22 mars 1965. Son histoire débute avec Pierre-Jacques Seveste (1773-1825) mais connait un tournant éminent sous la direction de Charles Dullin (1885-1949), de 1922 à 1940. Par le biais de la formation qu'il y dispense et des pièces montées, il entretient une certaine philosophie, un "théâtre de l'art et de la poésie" décrite dans un manifeste : "L’Atelier n’est pas une entreprise théâtrale, mais un laboratoire d’essais dramatiques". Aujourd'hui sous la houlette de Rose Berthet, le Théâtre de l'Atelier perpétue cette tradition d'audace et de qualité.




13/ Basilique du Sacré Cœur
Accès 35 rue du Chevalier de la Barre - Paris 18
Métro Anvers ligne 2

Le Sacré-Cœur, basilique au sommet de la Butte Montmartre, assume une double charge symbolique, lieu de pèlerinage et exceptionnel monument parisien de par son histoire et son esthétique. Considéré par nombre de ses contemporains comme la laideur architecturale incarnée, le temps lui a offert une réhabilitation et l’admiration renouvelée des touristes du monde entier. Le Sacré-Cœur, classique façade romane surmontée d’extravagants dômes surdimensionnés, sorte de soufflé de pierre, doit sa silhouette étrange aux visions radicalement opposées des architectes qui se sont succédés. Édifiée au lendemain d’événements dramatiques, la défaite contre la Prusse, le soulèvement de la Commune réprimé dans le sang, symbole politique et religieux contestable, la basilique a connu une construction mouvementée.  Celle-ci a débuté à la fin du XIXème et s’est achevée au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Le Sacré Cœur est devenu, de nos jours, l’un des emblèmes de la Ville Lumière. 




14/ Villa Léandre
Accès par le 23 ter avenue Junot - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

La Villa Léandre, au 23 ter avenue Junot dans le quartier des Grandes Carrières, est un petit paradis fleuri à la quiétude heureuse. Impasse bordée de maisons au style anglo-normand, cette venelle pavée dont le calme est à peine troublé par l'animation du récent bar-restaurant Marcel, est un lieu privilégié qui ravit les amoureux du Paris insolite. Si les riverains installés depuis des générations, mi-figue mi-raisin devant ce regain de popularité, ne se plaignent pas trop, c'est que la douceur de vivre y est incomparable. Le cadre singulier de la ruelle attire de nombreux tournage cinéma et télévision. Côté numéros pairs, pavillons de briques aux toits d'ardoise, maisonnettes blanches aux volets colorés, bows-windows très britanniques, façades abondamment fleuries rappellent le style architectural londonien. Les minuscules jardinets entretenus avec amour rivalisent d'exubérance verdoyante tout à fait champêtre. Du côté des numéros impairs de petits immeubles plus récents ont été édifiés sur une partie de parcelle appartenant au site du Vieux Montmartre. Si à l'origine, celle-ci n'était pas censée être constructible, il semblerait que quelques magouilles aient permis l'édification de ces bâtiments.




15/ Fontaine Saint Denis 
Accès Square Suzanne Buisson - 7 rue Girardon - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

La Fontaine Saint Denis, placée au coeur du square Suzanne Buisson, est une réalisation récente. La statue qui surplombe un bassin semi-circulaire date de 1941. Cet hommage à saint Denis est l’oeuvre de Fernand Guignier (1902-1980), élève d’Emile Derré, artiste montmartrois d’adoption, qui a souvent pris les paysages de la Butte pour modèle. Cette sculpture évoque un épisode fameux de la légende montmartroise, l’histoire de saint Denis, premier évêque de Paris, martyr chrétien du IIIème siècle, associé dès le IXème siècle grâce aux écrits de l’abbé Hilduin, au mythe de céphalophorie lumineuse, du grec képhalê / tête et phorein / porter. Selon Hilduin, saint Denis, relevé miraculeusement de son supplice, récupère sa tête et quitte le lieu d’exécution pour se diriger vers le nord. En route, le martyr prend le temps de s’arrêter auprès d’une source où il lave sa tête souillée. La fontaine de Montmartre devient peu à peu l’objet d’un culte chrétien auprès avoir longtemps été une source sacrée pour les païens. Mentionnée dans des textes officiels dès le XIVème siècle, elle est réputée pour le pouvoir de guérison de ses eaux, cure populaire contre les céphalées. Elle garantirait également aux filles de trouver mari et de lui rester fidèle. La source disparaît lors d'un effondrement de carrière en 1810. Il n’est pas mentionné si la nouvelle fontaine aménagée dans les années 1940 a conservé ses pouvoirs surnaturels.




16/ Rue de l’Abreuvoir - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

La pittoresque rue de de l’Abreuvoir, chemin préservé du Vieux Montmartre, inspire les photographes du monde entiers et les artistes, à l’instar, dès 1914 de Maurice Utrillo. La gracieuse venelle serpente sur le flanc de la Butte, invitation à la flânerie. Les courbes de l’ancienne sente de terre, la perspective sur le Sacré-Cœur et le Château d’eau du square Carpentier définissent un sujet pictural de choix. Malgré la disparition d’une partie des vieilles maisons typiques, la rue de l’Abreuvoir conserve le charme et le tracé d’un vieux chemin villageois. La présence de ce dernier est attestée sur le plan du cadastre de 1325, sous le nom de ruelle du Buc. Le plan Albert Jouvin de Rochefort en 1672 mentionne la venelle à l’état de chemin. Il prend en 1843 le nom de chemin de l’Abreuvoir puis devient une rue en 1863. En 1867, un décret impérial valide un projet d’urbanisme qui menace l’intégrité de la rue de l’Abreuvoir. Il s’agit d’appliquer à cet ancien sentier villageoise le programme des grands travaux d’Haussmann. La charmante ruelle doit laisser la place à une vaste avenue Prosper de Chasseloup-Laubat, ministre de Louis-Napoléon Bonaparte, une artère bordée d’immeubles en pierre de taille. Cette entreprise, suspendue à l’occasion de la guerre franco-allemande de 1870, ne sera pas menée à bien. Pour notre plus grand plaisir. 




17/ La Maison Rose
2 rue de l'Abreuvoir - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

La Maison Rose, au carrefour des rues des Saules, Cortot et de l'Abreuvoir, est l'une des haltes picturales les plus célèbres de Montmartre. Elle doit notamment sa renommée aux tableaux de Maurice Utrillo, peintre des paysages urbains de la Butte. Annexée à Paris en 1860, la commune champêtre de Montmartre, entre vignes et moulins à vent fut au XIXème siècle, l'un des centres de la vie artistique parisienne.  Jean-Baptiste Corot, Théodore Géricault, Auguste Renoir, Edgar Degas, Paul Cézanne, Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Juan Gris, Maurice de Vlaminck, Georges Braque, Pablo Picasso, Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, tous ont fréquenté la Butte célébrée dans de nombreuses œuvres. Si aujourd'hui, Montmartre n'appartient plus exactement aux artistes, les règles architecturales strictes qui régissent le bâti ont su préserver de l'appétit des promoteurs l'atmosphère de village, la faible densité et les constructions peu élevées. 




18/ Musée de Montmartre
12 rue Cortot – Paris 18
Horaires : tous les jours de 10h à 18h – de mai à août jusqu’à 19h
museedemontmartre.fr
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

Le Musée de Montmartre est perché tout en haut de la Butte, accroché à la pente naturelle qui dévale vers Paris. La plus ancienne maison de Montmartre, située au 12 rue Cortot, abrite depuis 1961 un musée en hommage à l’héritage culturel unique des lieux, délicieux gardien de la mémoire montmartroise, de son histoire, sa bohème artistique, ses grands événements politiques et de ses cabarets. Construction typique, elle est l’un des derniers exemples de villégiature bourgeoise traditionnelle du XVIIème siècle dont le toit de tuiles est percé de lucarnes en chien-assis. Témoin des grandes heures de Montmartre de 1870 à 1914, acheté par la Ville de Paris en 1922, l’ensemble architectural est au début des années 50, une maison en ruines promise à la démolition. La vigilance de de l’architecte Claude Carpentier permet de la sauver. Dès 1958, une restauration minutieuse redonne tout son lustre à la longue bâtisse blanche qui s’étend du 8 au 14 rue Cortot. Ce lieu mythique de la vie artistique, a été une nouvelle fois entièrement rénové de 2011 à 2014 dans l’esprit de la Butte. L’occasion pour les curieux de redécouvrir ce sanctuaire dans un écrin de verdure et la vue exceptionnelle sur les vignes de Montmartre jusqu’à la plaine au nord de Paris.




19/ Vigne de Montmartre
Angle des rues Saint-Vincent et des Saules - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

Dans les vignes de Montmartre, célébrant le riche passé vinicole de la Butte dans un grand hommage à Bacchus et à l'art de vivre à la française, la Fête des vendanges, se déroule le deuxième week-end d'octobre depuis près de quatre-vingt ans. En 1980, la Mairie du XVIIIème prend en charge l'organisation de cet événement pour lui donner un nouvel élan touristique mêlant folklore de proximité et fête populaire. Propriété de la Ville de Paris, entretenue par une brigade spéciale des agents des Parcs et Espaces verts, la vigne située à l'angle des rues Saint-Vincent et des Saules, s'étage sur cinq paliers distribués le long d'une parcelle en pente de 1536m2. Ce vignoble de poche curieusement orienté plein nord, s'il relève d'une ancienne tradition ne produit qu'un petit vin aigrelet, cru pittoresque du Clos Montmartre. Les bénéfices de la vente des bouteilles sont reversés aux œuvres sociales du Comité des Fêtes et d'Action Sociale de Montmartre et du XVIIIème. La vigne de Montmartre est une curiosité dont l'histoire ne manque pas de piquant.




20 / Place Émile Goudeau et le Bateau-Lavoir - Paris 18
Métro Abbesses ligne 12

La place Emile Goudeau, à Montmartre, joue sur les pavés en pente à l'ombre des marronniers. Malgré la foule s'y pressant, l'endroit conserve un charme certain. Une fontaine Wallace rafraîchit les nombreux flâneurs qui babillent dans toutes les langues du monde. La vue sur Paris tout en bas, presque dans la vallée, y est spectaculaire. Successivement portion de la rue de Ravignan dont elle est un évasement, puis une fois détachée administrativement, place Ravignan, la place Emile Goudeau trouve son nom définitif en février 1911. Elle rend hommage au poète, journaliste, romancier et chansonnier Emile Goudeau (1849-1906) fondateur du club littéraire des Hydropathes (de ceux que l'eau rend malade) qui comprenait une bande de joyeux drilles dont Alphonse Allais, Jules Laforgue, Charles Cros ou encore Jules Jouy. Célèbre pour sa cité d'artistes, Le Bateau-Lavoir qui abrita les débutants devenus par la suite gloires de l'art de la fin du XIXème siècle et du début du XXème tels que Renoir, Picasso, Modigliani, Reverdy, Derain, Braque, Max Ernst, les Dadas… Peintres, sculpteurs, écrivains, poètes, gens de théâtre ont fait briller ici l'étoile artistique de Montmartre.