Paris : Cité Pilleux, souvenir ouvrier et bucolique de la fin du XIXème siècle - XVIIIème



La Cité Pilleux, ancienne cité ouvrière réhabilitée en logements actuels, joue sur les codes entre transformations récentes et préservation du patrimoine populaire. Souvenir de l’industrie qui a fait la fortune des quartiers des Batignolles et des Epinettes, mémoire d’un Paris ouvrier, l’ensemble architectural harmonieux de la cité Pilleux date de la fin du XIXème siècle. Les petits bâtiments, maisonnettes individuelles d’un seul étage sur rez-de-chaussée, ont été construits dans un style dépouillé typique, proche de celui des premières cités ouvrières édifiées à la fin du Second Empire. Fermé au public par un digicode, ce petit passage bucolique au cœur de la ville, s’étend entre la rue de Saint-Ouen et la rue Ganneron du bas Montmartre. Si la voie est privée, la gentillesse des riverains pourrait néanmoins vous ouvrir la porte. Ceux-ci veillent avec sollicitude sur leur coin de paradis. Fleurs et plantes en pot, guirlandes lumineuses, mobilier de jardin donnent à cet ilot bucolique un air de village en fête malgré la patine du temps.











Au XIXème siècle, Batignolles et Epinettes sont rattachés à la ville de Clichy avant de peu à peu s’émanciper vers 1830. Aux Batignolles, l’activité économique se développe autour de l’artisanat et de la petite industrie. Les premières manufactures apparaissent. Artisans et ouvriers logent dans des maisons de gabarit réduit qui ont presque toutes disparues avec la prospérité qui vient avec l’essor du chemin de fer et de l’usine Goüin spécialisée dans la construction de locomotives et de machines de filature. 

Les Epinettes, au-delà des fortifications de Thiers construites entre 1841 et 1843, misent plutôt sur les guinguettes, les bals et cabarets divers. L’annexion des communes suburbaines à Paris en 1860 va changer la donne. Situées entre la gare de marchandises et l’usine à gaz par distillation de schiste bitumeux, les Epinettes s’orientent vers l’industrialisation.











Dans le quartier des Grandes Carrières, sur l’avenue de Saint-Ouen, M. Pilleux fait l’acquisition d’une parcelle modeste, enclave discrète entre Batignolles et Epinettes. En 1891, propriétaire des terrains, il fait détruire des écuries sur le tracé de ce qui deviendra la cité ouvrière. En février 1893, des constructions légères s’élèvent sur la parcelle et en mai 1893, M. Pilleux fait appel à l’architecte Gabriel Tendé pour mener à bien un projet plus solide. Sont érigées des petites maisons mitoyennes sur deux niveaux à destination d’une population ouvrière nombreuse dans le quartier. Ce sont ces mêmes habitations qui nous sont parvenues aujourd’hui presque dans leur jus.

L’entrée sur la cité Pilleux depuis le 45 rue Ganneron se fait à travers un immeuble également de la fin du XIXème siècle dont les appuis et linteaux des fenêtres sont en briques rouges. A usage mixte, il comporte aussi bien des ateliers que des logements.

Cité Pilleux - Paris 18
Accès 30 avenue de Saint-Ouen et 45 rue Ganneron 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Guide du promeneur 18è arrondissement - Danielle Chadych et Dominique Leborgne- Parigramme
Guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit

Sites référents