Paris : Théâtre de l'Atelier, un théâtre du XIXème siècle à Montmartre - XVIIIème


Le Théâtre de l'Atelier, inauguré en 1822, est l'un des rares théâtres du XIXème siècle parvenu jusqu'à nous intact. D'une capacité de cinq-cent-soixante-trois places, il se distingue par une programmation exigeante. Façade néoclassique, salle à l'italienne, le bâtiment est inscrit au titre des Monuments historiques par arrêté du 22 mars 1965. Son histoire débute avec Pierre-Jacques Seveste (1773-1825) mais connait un tournant éminent sous la direction de Charles Dullin (1885-1949), de 1922 à 1940. Par le biais de la formation qu'il y dispense et des pièces montées, il entretient une certaine philosophie, un "théâtre de l'art et de la poésie" décrite dans un manifeste : "L’Atelier n’est pas une entreprise théâtrale, mais un laboratoire d’essais dramatiques". Aujourd'hui sous la houlette de Rose Berthet, le Théâtre de l'Atelier perpétue cette tradition d'audace et de qualité.


Circa 1900

Circa 1900


En 1817, Pierre-Jacques Seveste, renvoyé du Théâtre du Vaudeville, cherche appui auprès de Charles-Maurice, secrétaire intime au Ministère de l'intérieur. Il lui conseille solliciter auprès du roi Louis XVIII, un privilège théâtral dans les limites de la banlieue parisienne, en faisant valoir ses services rendus à la couronne. Ardent défenseur du roi, son comportement lors de la bataille de Paris le 30 mars 1814 qui marque la chute de l'Empire, lui a valu une décoration du Lys. De plus, ses déclarations, en complément des informations fournies par le magistrat royaliste Louis Desclozeaux, ont aidé à la redécouverte, en 1814, du lieu d'inhumation des ossements de Louis XVI et Marie-Antoinette, dans l'ancien cimetière de la Madeleine.

En remerciements, Seveste obtient par décret royal du 10 juin 1817, le privilège qu'il convoitait pour lui et ses fils, celui d'exploiter les théâtres de banlieue. Il fait construire un certain nombre d'établissements, le théâtre des Batignolles, de Belleville, de Grenelle, de Montparnasse, ainsi qu'une salle au village d'Orsel, créé par Joseph Orsel en 1802, sur les terrains libérés par la nationalisation des biens de l'abbaye de Montmartre en 1790. L'architecte Louis-Pierre Haudibourt (1788-1849) trace les plans d'un édifice à la façade néoclassique dont les statues originales ne nous sont pas parvenues, remplacées par des masques et des têtes 1900. Les actuelles colonnes de fonte du porche datent également de 1900. Alexandre-Evariste Fragonard, Ciceri et Martin signent le décor, depuis modifié, de la salle à l'italienne.

Le théâtre d'Élèves, dont la troupe est composée des élèves comédiens de Seveste, est inauguré le 23 novembre 1822. Au lendemain de la Révolution de 1848, il devient "Théâtre du Peuple". En 1849, il revient aux comédiens Libert et Gaspari déjà à la tête du Théâtre des Batignolles. En 1852, Gaspari quitte le navire pour le théâtre Beaumarchais. Libert passe le relais au comédien Alexandre-Hippolyte Chotel en 1853. En 1860, à l'occasion de l'annexion des communes limitrophes au territoire de Paris, le théâtre de la place Dancourt devient théâtre de Montmartre. Le répertoire, drames et vaudevilles qui ont rencontré le succès sur les Grand Boulevards. Le comédien Charles Dullin y fait ses débuts sur scène en 1905.


Circa 1900


1914 Cinéthéâtre de Montmartre place Dancourt 


Le théâtre de Montmartre fermé en 1913 fait place au Cinéthéâtre Montmartre en 1914, cinéma de quartier. Par la suite son propriétaire, Charles Robert en confie direction à Charles Dullin en 1922, comédien, metteur en scène, fondateur de la tête de la troupe de l'Atelier qui lui redonne sa vocation première. En juillet 1921, Charles Dullin rejoint le hameau de Néronville à Château-Landon, Seine et Marne, où il joue sur des tréteaux en compagnie de Génica Athanasiou, jeune comédienne roumaine, Marguerite Jamois, ancienne comédienne de Gémier, Magdeleine Bérubet, Jean Mamy, Vassili Kouchitachchvili dit Kouchita et Lucien Arnaud.

De retour à Paris, la troupe de l'Atelier s'installe d'abord rue Honoré Chevallier puis rue des Ursulines avant de rejoindre l'ancien théâtre de Montmartre en octobre 1922. Il devient alors théâtre de l'Atelier. La programmation audacieuse valorise la qualité des jeunes auteurs, Marcel Achard, Alexandre Arnoux, Bernard Zimmer, l'exigence intellectuelle de ceux accomplis, Jules Romains, Jean Cocteau, Armand Salacrou. Au sein des cours dispensés au théâtre de l'Atelier, sont formés des comédiens tels qu'Antonin Artaud qui y rencontre Génica Athanasiou, Tania Balachova, Raymond Rouleau, Julien Bertheau, Marcel Herrand, Étienne Decroux, Jean-Louis Barrault, Jean Marais, Madeleine Robinson, Jean Vilar.

En 1940, André Barsacq (1909-1973) succède à Charles Dullin. De 1976 à 1988, Pierre Franck (1922-2013) et son épouse Danièle Franck. Laural Pels (1931-2013), mécène américaine, soutien du théâtre privé, rachète le théâtre de l'Atelier par le biais de sa fondation Laura Pels International Foundation for Theater, et le dirige de 1999 à 2015. Didier Long, comédien et metteur en scène prend la relève jusqu'en 2019. Marc Lesage et Rose Berthet se succèdent à la tête du théâtre.

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin - Paris 18
Tél : +33 1 53 41 85 60
Métro Anvers ligne 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 18è arrondissement - Danielle Chadych et Dominique Leborgne - Éditions Parigramme