Paris : Passage de Clichy, les surprises délicieuses d'un chemin de traverse - XVIIIème



Le passage Clichy actuel, dont l’inscription à la voirie parisienne sous ce nom date du 10 novembre 1873, a rassemblé sous un seul tracé l’ancienne impasse Saint-Pierre ou passage Saint-Pierre ainsi qu’une partie de l’impasse de Clichy. Longue de deux cents mètres, cette ruelle n’est que partiellement ouverte à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959, entre le boulevard de Clichy et le passage Lathuille où elle ne déploie guère d’attraits. Mais au pied de Montmartre, dans le quartier des Grandes Carrières, sur sa partie privée, elle chemine à travers les cours d’immeubles depuis une entrée discrète située au 4 avenue de Clichy, derrière une porte en fer forgé des plus anodines. Sur cette portion si singulière, le passage de Clichy fait revivre l’esprit du vieux Paris dans une atmosphère unique entretenue par les riverains.











Les copropriétés du passage de Clichy comprenant une centaine de locataires mènent depuis 2012 un projet de végétalisation. Habitante des lieux et experte en développement durable, Axelle, très vite surnommée « la jardinière du passage » a envisagé une approche écologique fondée sur la diversité et s’inscrivant dans une démarche de convivialité, de lien social. Fougères, euphorbes, houx, chèvrefeuilles, bambous, clématites, hortensias, rosiers dans les coins les plus ombragés converse avec les plantes du soleil lavande, mélisse, roses trémières en pleine lumière et quelques arbres un olivier, un figuier, deux pommiers. 

Le passage de Clichy abrite l’un des derniers ateliers de restauration de pianos à Paris. Entreprise familiale de tradition, la Maison Nebout y est établie depuis 1912. Aujourd’hui comme hier, les artisans réparent et soignent pianos d’étude et de concert. Ils sont à la fois menuisiers, ébénistes, restaurateurs, gardiens d’un savoir-faire unique. Depuis Annet Laput le fondateur, chargé de la maintenance des pianos Erard et son neveu Camille Berté finisseur queues aux usines Pleyel, quatre générations d’artisans se sont rassemblés sous la bannière de la Maison Nebout. Histoire de transmission, de passion, d’authenticité qui dure depuis plus d’un siècle. 











Au début du XIXème siècle, les chevaux du champ de course voisin passaient à la parade à travers cet étroit goulet. Édifié entre la Place de Clichy et le cimetière de Montmartre, pour l'exposition universelle de 1900, l’Hippodrome de Montmartre remplace l'hippodrome de l’Alma et celui du Champ-de-Mars. A l’occasion de sa construction, les dernières maisons villageoises sont rasées changeant drastiquement la physionomie du quartier déjà bien altérée par les grands travaux du baron Haussmann. L’hippodrome, qui entre temps a évolué vers une activité circassienne, est radicalement transformé en 1911 et devient le Gaumont Palace, plus grand cinéma du monde. Cette salle historique perdurera jusqu’en 1973, date à laquelle elle est détruite pour faire place à un Castorama et un hôtel Mercure.

Passage de Clichy - Paris 18
Accès 128 boulevard de Clichy et 1 rue Forest - 4 avenue de Clichy



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Guide du promeneur 18è arrondissement - Danielle Chadych et Dominique Leborgne - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit

Sites référents