Paris : Passage Cottin à Montmartre, des escaliers insolites, un air de Vieux Paris - XVIIIème

 

Le passage Cottin, au nord-est de la Butte Montmartre, se divise en deux tronçons, l’un plane, le second escalier escarpé. Cette voie étroite au pittoresque pictural se développe sur cent-trente mètres. Elle débouche sur la rue du Chevalier de la Barre et une vue méconnue sur le Sacré-Cœur. Les petits immeubles de rapport modestes, très faubouriens encadrent l’escalier d’autant plus spectaculaire qu’il est étroit. Au fil des marches, se dévoilent à la faveur de l’automne de délicieuses maisonnettes dissimulées habituellement par les feuillages. Le passage porte le nom d’une ancienne famille, propriétaires fonciers, les Cottin de la Chapelle devenu sur le tard Cottin de la Villette. Voie privée, le passage Cottin devient public à l’occasion de son classement dans la voirie de Paris par arrêté préfectoral du 10 décembre 1985. Son charme unique, sa réalité populaire avant gentrification récente, séduit les peintres. En 1912 Maurice Utrillo (1883-1955) et son ami Gazi le Tatar (1900-1975) qui habite un temps chez Suzanne Valadon rue Lepic peignent le passage ainsi qu’un peu plus tard André Renoux (1939-2002). Dans « Comédie française. Ça a débuté comme ça… » aux éditions Flammarion, Fabrice Luchini évoque ses parents qui tenaient un magasin de fruits et légumes à l’angle de la rue Ramey et du passage Cottin.







Depuis le XVIème siècle, la famille Cottin tient charge de maîtres-jardiniers, agriculteurs-vidangeurs, entrepreneurs des boues chargés du nettoiement de Paris, de la fourniture des chandelles et de l'entretien des lanternes publiques. Ils exploitent la ferme Saint-Lazare, une ancienne léproserie, dont les anciens bâtiments du prieuré sont occupés en 1633 par Saint Vincent de Paul et la congrégation de la Mission. Saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac dont il est le confesseur, créent les Filles de la Charité et les Enfants de Marie Immaculée. 

Dans la cour de l'Église Saint-Pierre de Montmartre, se trouve depuis 1887, la Croix-Cottin érigée en 1763 originellement dressée au cimetière de La Chapelle ou cimetière Marcadet. Comme en atteste le texte gravé, elle a été sculptée par Philippe Cottin, marguillier de la chapelle Saint-Denis - laïc chargé de la garde et de l'entretien d'une église - décédé en 1764.







De 1770 à 1774, Jean-Pierre Cottin acquiert de nombreux terrains à la Chapelle Saint Denis ainsi que des propriétés à Montmartre. La famille Cottin continue de prospérer au XIXème siècle. Elle compte de nombreux édiles. Alexandre Pierre Cottin, notaire, futur maire d'Alger et résident à Naples, rachète avec Fortunée Hamelin, le domaine de la Folie Beaujon un terrain d'une superficie de douze hectares environ, compris entre les actuelles avenue de Wagram, place Charles-de-Gaulle, avenue des Champs-Élysées, rue Washington et rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Il mène des opérations immobilières juteuses. Il acquiert des terrains, les valorise par des travaux de viabilité et puis les lotit afin de les vendre. Maire de la commune de la Chapelle de 1830 à 1837, il est également plâtrier, vendeur de gypse, coke, extraits dans ses propriétés carrières d'Amérique, autour de la voirie de Montfaucon, du quartier de la Mouzaïa, exploitées par la Société plâtrière de Paris.






En 1887, Alphonse et Julia Daudet achètent la villa de Champrosay, où se trouve désormais le musée la Maison Daudet, à Auguste Cottin, conseiller d'État du Second Empire et son frère Henri, père de Paul Cottin, sous-bibliothécaire de l'Arsenal. Auguste Cottin est le père de Robert Cottin, exécuteur testamentaire de l'empereur Napoléon III, beau-père de l'académicien Frédéric Masson, le beau-frère d'Édouard Lefebvre de Béhaine et cousin des Goncourt. La rue Jean Cottin et le passage Cottin rendent hommage à cette famille de notables.

Passage Cottin - Paris 18
Accès 17 rue Ramey - 18 rue du Chevalier-de-la-Barre 
Métro Château-Rouge ligne 4



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.