Paris : Le XIXème arrondissement en 20 étapes patrimoniales, du parc de la Villette aux Buttes Chaumont, de Belleville à la place des Fêtes, du canal de l'Ourcq jusqu'à la Rotonde de Stalingrad

Rotonde de la place de Stalingrad


Le XIXème arrondissement présente un paysage urbain contrasté, déployé sur quatre quartiers administratifs, Villette, Pont de Flandre, Amérique et Combat. Créé en 1860, par l'annexion des communes limitrophes de Belleville et de la Villette au territoire de la ville de Paris, l'actuel XIXème arrondissement témoigne de l'évolution de la ville. Sa topographie singulière donne à voir les strates successives d'urbanisation et conserve malgré la bétonisation radicale des années 1970 de nombreux villages au cœur même de la ville. Bordé au Nord Aubervilliers, à l'Est Pantin, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, au Sud le XXème arrondissement, à l'Oust le Xème et le XVIIIème, il s'étend sur une superficie de 679 hectares. Arrondissement aux paysages paradoxaux, le XIXème présente de nombreux ensembles sur dalle, tout béton, compte parmi les plus grands espaces verts de la ville hors bois, vastes parcs tels que le parc de la Villette, les Buttes Chaumont, le parc du Chapeau Rouge. 

Les cinq buttes de l'ancien village de Belleville ont connu des destinées variées. Sur leurs versants, l'histoire en marche s'écrit depuis le Moyen-Âge dans l'expression même de la ville en construction. L'ancien faubourg a conservé en partie la découpe parcellaire des terres maraîchères, les vignobles des coteaux de Belleville. Les dénominations des rues entretiennent le souvenir des vieux moulins implantés depuis le XIIème siècle, de l'activité des carrières de gypse et de pierre meulière des Buttes Chaumont. Au début du XIXème siècle, les guinguettes de la Courtille à l'ombre des fortifications y attirent les Parisiens le week-end grâce à la réputation du petit vin aigre exempt d'octroi. Le Second Empire et les grands travaux du préfet Haussmann réinventent ce territoire. 

Le XIXème est l'un des grands arrondissements industriels, de l'activité artisanale et ses ateliers en fond de cours aux hôtels industriels du XIXème siècle et leurs manufactures. Les usines d'envergure du XIXème, et leurs entrepôts font désormais l'objet de réhabilitation. Quelques hautes cheminées dressent encore leur silhouette. Ainsi la mémoire du Paris ouvrier, engagé, militant perdure, héritage de la Commune en 1871, des Révolutions successives. Le XIXème arrondissement conserve quelques reliquats des logements ouvriers. Autour des ensembles industriels ce sont développés des micro-quartiers comme la Mouzaïa, tissu urbain particulier miraculeusement préservés. Cet habitat modeste à l'origine, pavillons agrémentés de jardinets, est devenu de nos jours un véritable luxe.

Les grands bouleversements de l'urbanisme sur dalle des années 1970 ont radicalement remodelé le territoire de la ville. Sous l'influence des promoteurs immobiliers adeptes du béton, la place des Fêtes et le quartier Rebéval prennent un visage nouveau. Durant cette période, des ilots entiers sont conçus selon ce modèle, à l'instar des Orgues de Flandre de l'architecte allemand Martin Schulz van Treeck, ensemble livré en 1980, les ZAC, zones d'aménagement concertés, Claude Bernard, Flandre Sud, Flandre Nord, Manin-Jaurès, Bassin de la Villette, Porte des Lilas.

Le XIXème arrondissement s'affirme comme le champ d'expérimentation privilégié des grands architectes contemporains, Oscar Niemeyer et le Siège du Parti communiste inauguré en 1971 place du Colonel Fabien plus récemment la Philharmonie de Jean Nouvel, la Cité de la Musique de Christian de Portzamparc. 

Aujourd'hui, le XIXème un arrondissement revendique un dynamisme culturel important avec de nombreuses institutions : Cité de la Musique, Philharmonie, Zénith, Cité des Sciences et de l'Industrie, la Géode, le Cabaret Sauvage, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, la Grande Halle de la Villette, le Cent-Quatre, le Plateau Centre d'art contemporain FRAC Île de France. Sur le canal de l'Ourcq, les péniches multiplient leur vocation culturelle théâtre, cinéma, librairie, espaces de concert.

La rédaction vous emmène découvrir le XVIIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales sélectionnées par nos journalistes, du parc de la Villette aux Buttes Chaumont, du canal de l'Ourcq à la Rotonde de Stalingrad.




1/ Cité Saint-Chaumont 
Accès 50-56 boulevard de la Villette / 75 avenue Simon Bolivar - Paris 19
Métro Belleville ligne 2 / Colonel Fabien ligne 2

La Cité Saint Chaumont entretient la mémoire du Vieux Belleville. Entre les numéros 50 et 56 du boulevard de la Villette, un ensemble de logements sociaux dissimulent une petite cité, passage typique du que les grands travaux des années 70 ont partiellement épargné donnant naissance à un curieux hybride pas dépourvu de caractère. Histoire de la ville et du quartier en un confetti verdoyant résumée. Le nom de la cité Saint-Chaumont fait référence à l'ancienne dénomination des Buttes Chaumont, la Butte Saint-Chaumont qui renvoie à l'époque des carrières dont les sous-sols riches en gypse et pierre de meulière fournissaient les matériaux de construction du nouveau Paris. Bordée d'immeubles et de maisonnettes, cette petite voie privée du quartier Combat a subi bien des avanies. De grandes rénovations ayant débuté en octobre 2015 viennent de se terminer et la cité redevient avenante après un long passage à vide.





2/ Moutarde Bornibus
58 boulevard de la Villette - Paris 19
Métro Belleville lignes 2, 11 / Colonel Fabien ligne 2

La maison Bornibus, fondée en 1861, spécialiste de la moutarde et divers condiments, a conservé son siège historique au 58 boulevard de la Villette jusqu’en 1992. La façade de l’immeuble a conservé un slogan accrocheur « La santé sur votre table » ainsi qu’une enseigne vétuste typique des années 1980. Plus élégantes trois reproductions de médaille ainsi que des plaques rappellent les distinctions obtenues au XIXème siècle par la moutarde maison à l’occasion de diverses expositions universelles. Alexandre Bornibus s’est lancé dans les condiments passé quarante ans, révélant dans cette nouvelle voie ces talents d’homme d’affaires. Innovateur, inventeur de produits inédits, pionnier de la réclame, il a su populariser la moutarde dont la consommation demeurait restreinte du fait d’une fabrication très artisanale grâce à des méthodes de production industrielles. Sous son impulsion, la renommée de la Maison Bornibus a dépassé les frontières françaises dès la fin des années 1870 pour s’étendre dans toute l’Europe et jusqu’aux États-Unis.




3/ Cité Jandelle - Paris 19
Accès par le 53 rue Rébeval
Métro Pyrénées ligne 11 / Belleville lignes 2, 11

Entre les 53 et 55 de la rue Rébeval, s'ouvre la cité Jandelle, étroite allée se terminant en impasse. Elle réserve de jolies surprises au flâneur susceptible de s'y attarder. L'Est de Paris, populaire et ouvrier offre un paysage urbain contrasté. Le quartier administratif Combat dans le XIXème arrondissement en est un exemple frappant. Parmi les tours d'habitation, les immeubles haussmanniens bordant le parc des Buttes Chaumont, les constructions de l'entre-deux-guerres, il demeure encore quelques petites maisons individuelles appartenant à l'ancien tissu urbain bellevillois. Victime des grands aspirations bétonnières des années 60/70 quand l'architecture a pris le pas sur l'histoire et remodelé le territoire de la ville, celui-ci est aujourd'hui réduit à peau de chagrin. La rue Rébeval, ancien chemin Saint-Laurent menant de Belleville au quartier Saint-Laurent par le chemin de la Chopinette de l'autre côté du boulevard, date de 1672. Du côté des numéros impairs, les nombreuses ruelles de traverse étaient des passages qui conduisaient aux moulins et aux carrières de la Butte.





4/ Passage Gauthier
Accès 63 rue Rébeval et 35 avenue Simon Bolivar - Paris 19
Métro Pyrénées ligne 11

Le passage Gauthier, du nom d'un propriétaire de terrains, est l'une de ces petites rues typiques où l'ancien tissu urbain de Belleville, constitué d'un bâti de faible hauteur, se mêle aux transformations drastiques des années 70. Entre Belleville et les Buttes Chaumont, vignes et carrières prospéraient avant l'annexion de la commune à la ville de Paris en 1860. La progressive industrialisation jusqu'au début du XXème siècle ainsi que les grands travaux d'Haussmann ont transformé le Belleville champêtre en quartier d'artisanat et de petite industrie. Palier entre la rue de Belleville et l'avenue Simon Bolivar, de la rue Rébeval, rayonnent de nombreuses ruelles de traverse, vestiges des vieux chemins vers les moulins et les carrières voisines.





5/ Ancienne usine Meccano - École des ingénieurs de la Ville de Paris
78-80 rue Rébeval - Paris 19
Métro Pyrénées ligne 11

Aux numéros 78 et 80 de la rue Rébeval, se dresse la silhouette colorée d'une ancienne usine Meccano, entreprise britannique spécialiste des jeux de construction. Intrigante façade de brique et pierre de taille tout en courbes et contre-courbes, les raccords aux bâtiments mitoyens ont été érigés en forme de tourelles crénelées. L'immeuble industriel s’élève sur cinq niveaux en cour d’ilot. Il abrite de nos jours l’Ecole des ingénieurs de la Ville de Paris. Construit entre 1921 et 1922, il est l’œuvre de l’architecte d’origine belge Arthur Vye-Papmintep à qui l’on doit également lotissement de la villa Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Insolite dans le paysage parisien, il est inspiré par le romantisme pittoresque post-Art Nouveau dont se retrouvent de nombreux exemple à Bruxelles. Jouant sur le double dénivelé du terrain, la partie centrale disposée en cour anglaise se déploie en ailes obliques. Le curieux effet d’optique est renforcé par la verticalité et la variété des baies. Une longue nef entre rue et cour traverse tout l’édifice depuis la grande porte.





6/ Ancien atelier des Peignes A. Mermet
35 rue Clavel - Paris 19
Métro Pyrénées ligne 11

Au numéro 35 de la rue Clavel, un singulier petit pavillon vétuste attire le regard grâce à son enseigne à tessons, mosaïque annonçant Peignes A. Mermet. Le bâtiment originel date de 1879. Il s’agit alors de l’atelier d’un couvreur-plombier répondant au nom de Hinal. Par la suite, il est occupé une année par l’entreprise Heumann et Billaudel produisant des accumulateurs électriques. Auguste Mermet est l’entreprenant rejeton d’une famille de fabricants de peigne établis dans l’Ain et le Rhône. En montant à Paris, il installe une petite manufacture de peigne principalement en corne. A la fin du XIXème siècle et jusqu’aux années 60, la Villette est le quartier des abattoirs de Paris. En parallèle, dans le XIXème arrondissement, une industrie se développe autour des produits dérivés du marché aux bestiaux tels que le cuir ou la corne. Le long de la rue Clavel s’établissent des fabricants de chaussures, de ceintures, de boutons mais également dans le domaine de la confection passementerie et dentelles. Une activité artisanale qui a disparu de nos jours.  Dans les années 20, l'entreprise des peignes A. Mermet prospère. À la même époque, elle dispose d'une succursale à Oyennax, un bourg de l’Ain célèbre pour ses peignes en bois depuis le Moyen-Âge.





7/ Anciens logements sociaux de la fondation Rothschild
117 rue de Belleville - Paris 19
Métro Jourdain ligne 11

Au 117 rue de Belleville, d'anciennes HBM, habitations à bon marché, au fronton desquelles se trouve un bas-relief émaillé signé Léon-Ernest Drivier (1878-1951), attisent ma curiosité depuis quelques années. Ces immeubles en brique claire érigés par la fondation Rothschild forment un ensemble cohérent réalisés de 1904 à 1908. XIXème et au début du XXème siècle, les industriels sont les premiers bâtisseurs de logements sociaux qu'ils destinent à leurs ouvriers. Ils y voient un projet de régulation sociale par l'amélioration des conditions de vie sous couvert de philanthropie. Leur réflexion sur la conception des immeubles populaires doit relever le défi de l'hygiénisme à la fois technique et sanitaire tout en répondant à des considérations politiques, sociales, économiques, techniques et sanitaires. Leur but est d'édifier un grand nombre de logements qui respectent les nouvelles prescriptions hygiéniques sans ghettoïser. Entre ensembles monumentaux et compositions pavillonnaires, comme la Campagne à Paris que j'évoquais là ou encore la Mouzaïa dont je vous parlais ici, un nouveau style architectural voit le jour, appelé art social. Le groupe Belleville au 117 de la rue est, avec le groupe de la rue du Marché-Popincourt, une oeuvre marquante de l'histoire des logements populaires à Paris et de leur architecture.





8/ Parc des Buttes Chaumont
Accès
- porte principale : au sud, à l'angle des rues Botzaris et Simon Bolivar 
- porte Secrétan : rue Manin, dans le prolongement de l'avenue Secrétan 
- porte Armand-Carrel : place Armand-Carrel, devant la mairie du XIXème arrondissement 
- porte de Crimée : au nord-est, à l'angle de la rue Manin et de la rue de Crimée 
- porte de la Villette : à l'est, rue Botzaris 
- porte Fessart : rue Botzaris, dans le prolongement de la rue Fessart.
Métro Buttes Chaumont ligne 7bis, Botzaris ligne 7bis, Pyrénées ligne 11, Laumière ligne 5

Le parc des Buttes Chaumont, inauguré le 1er avril 1867 à l'occasion de l'ouverture de l'Exposition Universelle, se distingue par l'inventivité de ses aménagements paysagers. Le site d'une superficie de 24,73 hectares, accessible par six portes principales se déploie en triangle curviligne. Il est clos par des grilles et délimité par de vastes rues haussmanniennes, Manin, Botzaris et à l'Est la rue de Crimée. Sa conception sous le Second Empire, dans le cadre des grands travaux de modernisation de Paris conduits sous la houlette du préfet Haussmann, témoigne d'une philosophie de la nature en ville inspirée par les jardins anglais. L'esthétique ravinée, évocatrice des paysages de montagne, présente de fortes dénivellations, des cascades, des rochers, des falaises. Terrain accidenté, profondes excavations, paysage mouvementé, sa topographie est le double produit de l'exploitation des anciennes carrières de gypse et des travaux d'envergure menés durant cinq années pour transformer un site aride de triste réputation en espace vert prestigieux.





9/ Église Saint Serge 
93 rue de Crimée - Paris 19
Métro Botzaris ligne 7bis

L’Église Saint Serge et l’Institut de théologie orthodoxe se cachent au fond d’une singulière impasse privée du 93 rue de Crimée. Derrière un portail en fer forgé surmonté d’une croix orthodoxe, apparaît tout d’abord une coquette maisonnette peinte de rouge et de blanc. Sa façade est ornée d’une icône chamarrée, cerclée d’inscriptions en caractères cyrilliques. Elle représente Saint Serge de Radonège, réformateur monastique, thaumaturge et protecteur de la Russie médiévale. A gauche de la maison, invisible depuis la rue, s’ouvre un passage, chemin sinueux qui court sur une colline inattendue où les arbres se déploient librement. Ici se dresse une première construction de bois, l'ancien dispensaire protestant devenu un atelier où sont coulées les cierges. Là encore il y a de modestes ateliers, plus loin une minuscule librairie presque une cabane ou encore des pavillons d’habitation. Les murs sont vieux, la vigne vierge foisonnante. Le temps s’est arrêté. Et au bout de l’allée, surmontant une volée d’escaliers, le spectaculaire porche en bois ouvragé d’une église dédié au culte orthodoxe russe se dévoile tout entier. Surprise délicieuse et pour le moins incongrue.





10/ Butte Bergeyre
Accès sud-est au niveau du 54 avenue Simon Bolivar - Paris 19
Accès ouest rue Mathurin-Moreau puis rue Georges-Lardennois ou par l’escalier de la rue Michel-Tagrine - Paris 19
Métro Buttes Chaumont ligne 7bis / Bolivar ligne 7bis

La Butte Bergeyre, secret bien gardé de Parisiens avertis, est une curiosité perchée au sommet d’un triangle formé par la rue Manin à l’est, l’avenue Simon Bolivar au sud et l’avenue Mathurin-Moreau au nord. A l’ouest des Buttes Chaumont, préservé des regards par des constructions datant de 1930, ce minuscule quartier accroché à flanc de colline sur une butte escarpée et verdoyante joue à cache-cache avec les promeneurs. L’accès sportif se fait par deux escaliers abrupts l’un au sud-est débouchant côté Bolivar, 75 marches immortalisées en 1950 par Willy Ronis, l’autre à l’ouest l’escalier de la rue Michel-Tagrine pas moins de 85 marches. L’incroyable vue panoramique de la Tour Eiffel à Montmartre depuis le plateau qui culmine à 100 mètres d’altitude, est à ce prix. Courage amis flâneurs !





11/ Vigne de la Butte Bergeyre - Clos des Chaufourniers
35 rue des Chaufourniers / 72 rue Georges-Lardennois - Paris 19
Métro Colonel Fabien ligne 2 / Bolivar ligne 7bis

Les vignes de la Butte Bergeyre, les plus confidentielles de la Ville de Paris, courent le long d'un petit chemin qui serpente sur le versant. Au coeur d'un jardin municipal accroché à flanc de colline, Le Clos des Chaufourniers, perché à cent mètres d'altitude compte environ deux-cent-quarante ceps, sauvignon, chardonnay, muscat, chasselas et pinot noir. Vaste de trois hectares, le jardin, officiellement square des Chaufourniers, n'est pas accessible au public du fait d'une déclivité trop importante présentant des problèmes de sécurité. Six-cents mètres carrés sont consacrés à la vigne.





12/ Quartier de la Mouzaïa
Entre rues Miguel Hidalgo, Mouzaïa, de Bellevue et David d'Angers - Paris 19
Métro Danube ligne 7bis / Place des Fêtes ligne 2

Entre les Buttes Chaumont et du Chapeau Rouge, la Butte Beauregard à l'ombre des tours de la place des Fêtes, dissimule un petit quartier pittoresque hors du temps, épargné par la folie bétonnière des années 1970. Articulé autour du triangle formé par les rues Miguel Hidalgo, de Mouzaïa, de Bellevue et David d'Angers, le quartier de la Mouzaïa se compose de ruelles escarpées, succession de villas abondamment fleuries. Le labyrinthe de venelles se pare des attraits de la rose et du lilas. Dans l'abondance des glycines et des bignones, le chèvrefeuille fait chorale de son parfum entêtant. Les bicoques accrochées à la pente jouent à cache-cache dans la verdure. Agrippées l'une à l'autre derrière des palissades, les petites maisons de ville datent la plupart de la fin du XIXème, début du XXème siècle. A l'origine, habitat ouvrier, la poésie bucolique de leur cadre préservé est aujourd'hui très prisée. Tout d'abord voies privées, les villas ont été progressivement ouvertes à la circulation publique déployant cette configuration singulière de petites sentes de campagne, pavées comme à la ville, éclairées par des lampadaires modèle Oudry, mât décoré de lierre caractéristique de Paris. La Mouzaïa, une promesse de dépaysement !





13/ Parc de la Butte du Chapeau Rouge 
Accès : 5 avenue Debidour et entre le 11 et 29 boulevard d'Algérie
Horaires : Ouvert tous les jours à 8h ou 9h. Fermé entre 18h30 et 21h30 selon la saison
Ouvert du lundi au vendredi de 7h à 21h30, samedi et dimanche de 8h à 21h30
Métro Danube ligne 7bis / Pré-Saint-Gervais 7bis

Le parc de la Butte du Chapeau Rouge, injustement méconnu, déploie les charmes bucoliques d’un espace vert aux proportions généreuses. Moins fréquenté que son célèbre voisin, le parc des Buttes Chaumont, il bénéficie d’un calme exceptionnel, hors du tumulte de la ville et loin des hordes de visiteurs. Le lieu se prête idéalement aux pique-niques en famille. Feuilleter un livre sur un banc, s’abandonner pour une sieste au soleil ou tout simplement rêver face à la vue spectaculaire sur la banlieue parisienne. Ce vaste panorama s’étend d’Aubervilliers sur la gauche, au Pré Saint Gervais au pied de la butte jusqu’à Pantin plus à droite où pointe le clocher de l’église Notre Dame de Fàtima et la silhouette de l’hôpital Robert Debré construit entre 1984 et 1988 par l’architecte Pierre Riboulet.





14/ Chalet alpin
103 rue de Meaux - Paris 19
Métro Laumière ligne 5

Le chalet du 103 rue de Meaux impose avec humour son incongruité architecturale au cœur d’un quartier radicalement modernisé dans les années 1970. Cette bicoque de bois haute d’une dizaine de mètres illustre la diversité patrimoniale du XIXème arrondissement. Depuis 150 ans, depuis sa construction à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1867 et sa restauration rue de Meaux, le chalet joue les curiosités piquantes dans un paysage urbain pas toujours souriant. Volontiers qualifié de chalet alpin, son esthétique n’est pas exactement savoyarde. Le petit pavillon ressemble plutôt aux chalets roumains des Carpates avec découpes et festonnages typiques. Il a été sauvé de l’avidité des bétonneurs par l’intervention des riverains et de la Mairie. Une jolie histoire.





15/ Bassin de la Villette - Paris 19
Métro Riquet ligne 7, Stalingrad ligne 2 et 7, Laumière ligne 5

Le bassin de la Villette, avec ses airs de petit port fleuri, fait songer à Honfleur et aux bords de Seine des impressionnistes.  Il est des promenades dans les quartiers populaires de Paris entre tours de béton et immeubles aux façades ingrates qui débouchent comme par miracle sur des parenthèses enchantées au charme bucolique inattendu. C’est lors d’un retour de safari street art au nord du XIXème arrondissement que se redécouvre le bassin de la Villette accès par le pont de Crimée, vestige classé d’un Paris historique et dernier pont-levant de la Capitale. Aboutissement d’une longue balade au gré des interventions d’art urbain, la quiétude soudaine de ce plan d’eau, depuis la Rotonde et la place Stalingrad jusqu'au Pavillon des Canaux est un ravissement. Ce voyage familier nous transporte loin de la ville.





16/ Maison Bellynck & Fils
194 avenue Jean Jaurès - Paris 19
Métro Porte de Pantin ligne 5

La maison Bellynck & fils tient boutique et showroom depuis 1936. Sa devanture jaune poussin annonce à l’ancienne les ustensiles et outillages disponibles à la vente, matériels variés destinés à la cuisine et aux métiers de bouche. "Tout pour la charcuterie, la boucherie", "les salaisons et les abattoirs", "matériel pour restaurants et cantines", "hachoirs, poussoirs, trancheurs", "les fourneaux de cuisines", cette vénérable enseigne fournit l’ensemble des métiers liés à l’industrie de la viande. La maison Bellynck & fils, vestige de la vie de quartier marquée durant un siècle par les abattoirs et le marché aux bestiaux de la Villette, travaille avec les grands chefs, les artisans et autres professionnels. Depuis une vingtaine d’années, l’établissement est également ouvert aux particuliers. Bouchers, charcutiers, restaurateurs, également abattoirs ou éleveurs viennent s’approvisionner en fourneaux, hottes, billots, petit outillage, accessoires, « ustensiles en cuivre, en inox et en alu » et plus inattendues en ville des "tondeuses animaux". 





17/ Fontaine aux Lions
Parc de la Villette
Métro Porte de Pantin ligne 5

La fontaine aux Lions de Nubie, sur l'esplanade de la Grande Halle de la Villette, présente l'une des plus anciennes fontes d'art à Paris depuis la disparition des lions de la fontaine de l'Institut, quai de Conti. La fontaine du Château d'eau, fontaine de Bondy ou fontaine aux Lions de Nubie, édifiée en 1811 sur les plans de Pierre-Simon Girard, ingénieur du Canal de l'Ourcq, place du Château d'eau, future place de la République, en face de la rue Bondy actuelle rue René Boulanger. Placée au sommet d'une petite butte surélevée de cinq mètres, elle domine le quartier sur l'emplacement d'un ancien bastion. Un modèle à l'antique inspire le dessin des huit lions de fonte de fer, fondus dans l'atelier du Creusot. Marque et date sont visibles sur le piédestal. Les quatre bassins circulaires sont conçus en pierre de Château Landon, dont les qualités techniques sont prisées pour les ouvrages hydrauliques. L'eau jaillit de deux vasques superposées. 





18/ Grande Halle de la Villette
Parc de la Villette - 211 avenue Jean Jaurès - Paris 19
Métro Porte de Pantin ligne 5

La Grande Halle de la Villette, ancienne salle des ventes du marché aux bestiaux des abattoirs généraux, inaugurés en 1869, se distingue par son architecture de fer et de fonte caractéristique du XIXème siècle. Longue de 245 mètres, large de 85 mètres, haute de 19 mètres, à la date de sa construction, cette structure est le plus grand édifice parisien permanent en métal. Les architectes Bernard Reichen et Philippe Robert réhabilitent la Halle aux bœufs entre 1983 et 1985 dans le cadre de l'aménagement du parc de la Villette. Un nouveau réaménagement s'engage entre 2005-2007. Aujourd'hui la Grande Halle de la Villette, composée de trois espaces principaux, la Nef, l'espace Charlie Parker, l'auditorium Boris Vian, se distingue par sa modularité, sa versatilité. Devenu lieu culturel d'une superficie 20 440 m2, 15 690 m2 en intérieur, 4 970 m2 en extérieur, la Grande Halle dispose, outre des espaces d'exposition, d'un vaste hall d'accueil, d'une librairie, d'un restaurant. Spectacles, concerts, expositions, festivals de musique, salons, de nombreux évènements s'y tiennent : Comic Con, salon du tatouage, expositions telles que "Toutankhamon, les secrets du pharaon" en 2021, "Ramsès, l'or des pharaons" en 2023.





19/ Jardin Serge Gainsbourg
Place du Maquis du Vercors - Paris 19
Métro Porte des Lilas lignes 3bis, 11

Le jardin Serge Gainsbourg, inauguré le 8 juillet 2010 porte des Lilas, interpelle par sa situation singulière en surplomb du boulevard périphérique. Symbole de reconquête d'un territoire hybride laissé à l'abandon, une zone écartelée entre banlieue et Paris devenue un lien dans la ligne droite du projet Grand Paris, le nouveau quartier à cheval entre les Lilas et le XIXème arrondissement est aujourd'hui des plus plaisants. En 2005, afin de réduire le bruit et la pollution, améliorer le cadre de vie des riverains, la Ville de Paris fait recouvrir la zone par quatre dalles de béton suspendues au-dessus du périphérique. Trois espaces publics sont créés sur ce vaste terre-plein. Au Sud, l'esplanade surélevée accueille les chapiteaux des cirques itinérants. Dans son prolongement, une aire de dépose des bus s'abrite sous un grand auvent blanc.  Au nord le jardin Serge Gainsbourg, hommage à l'auteur du Poinçonneur des Lilas, disparu en 1991, déploie son doux vallonnement sur 1,4 hectares. Pour cet environnement particulier, les paysagistes ont pris le parti d'une palette botanique sauvage dans l'esprit d'une lande d'Ile de France, avec des végétaux endémiques de la région. Géré de façon écologique, le jardin s'est vu attribuer le label national Ecojardin.





20/ Regard des Maussins 
2 boulevard Sérurier - Paris 19
Métro Porte des Lilas ligne 11

Le Regard des Maussins, parfois orthographié Maussains, Moxins, Mauxins ou encore Mossins, a trouvé place dans un jardinet clos de la porte des Lilas. L’édicule initial qui date du Moyen-Âge a été drastiquement rénové à la Renaissance. Déplacé en 1964 à l’occasion de la construction du périphérique et du réservoir des Lilas, le Regard des Maussins se trouve désormais à 350 mètres au sud-est de son emplacement originel. Il est assis sur une petite buttée qui rendrait impossible son utilisation dans le cadre de la captation des eaux de pluie. Classé par arrêté du 4 novembre 1899 aux Monuments historiques, il est la propriété de la Ville de Paris. La municipalité en assure l’entretien. Cet élément majeur de l’ancien circuit des Sources du Nord appartient à l’ensemble de distribution d’eau mis en place par les congrégations de Saint-Lazare et Saint-Martin-des-Champs au XIIème siècle afin d’alimenter à la fois les communautés religieuses et les fontaines publiques de la rive droite.