Paris : Regard des Maussins, édicule médiéval remanié, vestige du réseau de distribution d'eau des Sources du Nord - XIXème



Le Regard des Maussins, parfois orthographié Maussains, Moxins, Mauxins ou encore Mossins, a trouvé place dans un jardinet clos de la porte des Lilas. L’édicule initial qui date du Moyen-Âge a été drastiquement rénové à la Renaissance. Déplacé en 1964 à l’occasion de la construction du périphérique et du réservoir des Lilas, le Regard des Maussins se trouve désormais à 350 mètres au sud-est de son emplacement originel. Il est assis sur une petite buttée qui rendrait impossible son utilisation dans le cadre de la captation des eaux de pluie. Classé par arrêté du 4 novembre 1899 aux Monuments historiques, il est la propriété de la Ville de Paris. La municipalité en assure l’entretien. Cet élément majeur de l’ancien circuit des Sources du Nord appartient à l’ensemble de distribution d’eau mis en place par les congrégations de Saint-Lazare et Saint-Martin-des-Champs au XIIème siècle afin d’alimenter à la fois les communautés religieuses et les fontaines publiques de la rive droite. 









A l’époque gallo-romaine, deux aqueducs sont érigés pour fournir la Ville de Paris en eau potable. Le premier côté nord capte les eaux de source et de ruissellements sur la colline des Lilas en passant par Romainville et le Pré-Saint-Gervais. Le second plus tardif trouve place sur la colline de Belleville. Ces canalisations, un temps à l’abandon, sont réemployées à partir du XIIème siècle par les congrégations religieuses qui développent un véritable système de distribution des eaux. Les ordres de Saint-Lazare et de Saint-Martin-des-Champs réalisent les premiers ouvrages afin de desservir leurs prieurés respectifs ainsi que les fontaines parisiennes. 

Les regards, petits édicules de pierre édifiés entre le XIIème siècle et le XIVème le long du parcours des Sources du Nord ouvrent des accès aux canalisations. Gérés par le service d’exploitation des sources, ils permettent de vérifier les systèmes d’adduction d’eau, d’examiner la qualité du précieux liquide, en contrôler le niveau et la bonne circulation dans l’aqueduc ou encore d’intervenir sur les conduites. L’entrée de ces édifices stratégiques est alors très surveillée afin d’éviter les risques de contamination ou d’empoisonnement. Restaurés à de multiples reprises, ils ont pour rôle de préserver la qualité de l’eau. Le Regard des Maussins est l’un des édicules les plus importants du réseau. 


1899

1946
1992



En 1182, le roi Philippe-Auguste négocie avec la communauté de Saint Lazare afin qu’une partie des eaux captée par l’aqueduc du Pré-Saint-Gervais puisse alimenter les fontaines des nouvelles halles de Paris parmi lesquelles se trouve la fontaine des Innocents dont je vous parlais ici. En 1364, le réseau des Sources du Nord passe entièrement sous le contrôle de la Ville de Paris. L’aqueduc du Pré-Saint-Gervais fait converger de nombreuses sources du Bois de Romainville, ainsi que les eaux de pluie et eaux de ruissellement. Captées, elles débouchent dans des ramifications de canalisations. L’une des conduites majeures qui passe par le Regard des Maussins alimente les fontaines de la rive droite à l’ouest de la rue Saint-Martin. A la fin du XIVème la ville développe son propre réseau de captation et de distribution. Au XVème siècle à Paris, une douzaine de fontaines est desservie par les Sources du Nord, les aqueducs de Belleville et du Pré-Saint-Gervais.

De nos jours, les deux aqueducs morcelés ne sont plus en activité. Les sources en partie taries, le ruissellement des eaux perturbé par l’urbanisation et la bétonisation, le débit est désormais trop faible. En outre, les rares eaux captées ne répondent plus aux critères, aux normes de potabilité contemporaines. Les regards, fermés au public tout au long de l’année, ouvrent néanmoins leur porte à l’occasion des Journées du patrimoine, sous la houlette de l’ASNEP, l’Association Sources du Nord - Étude et Préservation. 

Regard des Maussins 
2 boulevard Sérurier - Paris 19
Métro Porte des Lilas ligne 11



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris Secret et Insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Promenade dans toutes les rues de Paris - Marquis Félix de Rochegude - Hachette et Cie 1910

Sites référents