Paris : Le vignoble de la Butte Bergeyre, l'insolite Clos des Chaufourniers, souvenir vivant des coteaux viticoles de Belleville - XIXème


Les vignes de la Butte Bergeyre, les plus confidentielles de la Ville de Paris, courent le long d'un petit chemin qui serpente sur le versant. Au coeur d'un jardin municipal accroché à flanc de colline, Le Clos des Chaufourniers, perché à cent mètres d'altitude compte environ deux-cent-quarante ceps, sauvignon, chardonnay, muscat, chasselas et pinot noir. Vaste de trois hectares, le jardin, officiellement square des Chaufourniers, n'est pas accessible au public du fait d'une déclivité trop importante présentant des problèmes de sécurité. Six-cents mètres carrés sont consacrés à la vigne. La Butte Bergeyre, curiosité géographique, à l'Ouest des Buttes Chaumont offre l'une des plus belles vues panoramiques sur Paris et particulièrement le Sacré-Coeur. Ce village, sillonné de cinq ruelles, a tout d'abord abrité, du fait de sa situation élevée, des moulins. Au début du XXème siècle, la Butte Bergeyre fait l'objet de divers projets. Un parc d'attraction, les Folles Buttes, ouvre en 1908. Le Stade Robert Bergeyre, du nom d'un rugbyman mort durant la Grande Guerre, est inauguré en 1918, puis démoli en 1925 faute de financement pour son entretien. À partir des années 1930, la colline lotie voit poindre les premières habitations. Depuis, les charmes insolites de la Butte Bergeyre attirent de nombreux artistes qui y résident en toute discrétion.








L'initiative personnelle de l'un des jardiniers de la Ville de Paris serait à l'origine du vignoble de la Butte Bergeyre. En 1995, il plante quelques ceps au sein du square Chaufournier par curiosité. Et peut-être aussi dans l'idée de faire revivre la tradition des vignes de Belleville. À Paris, les vignobles réinventés célèbrent la mémoire viticole d'un territoire disparu sous l'avancée de l'urbanisation, une identité révolue : vigne de Montmartre et le Clos Montmartre dans le XVIIIème arrondissement, le parc de Belleville et le Clos Belleville dans le XXème, le parc Georges Brassens et le Clos des Morillons dans le XVème.

Sur la Butte Bergeyre, la première vendange, susceptible d'être vinifiée, n'advient qu'en 2010. Chaque année, le vignoble génère entre cent-cinquante et cents-soixante-dix kilos de raisin, hors récolte exceptionnelle tel qu'en 2014, vendange durant laquelle trois-cent-quatre-vingt kilos de raisin sont récoltés. Le fruit des vendanges est traité au Chai de Bercy, chai officiel de la Mairie de Paris, sous l'oeil vigilant de l'œnologue de la ville. 

Seule une partie du jardin est consacré à la vigne, reconversion partielle qui laisse place au développement d'une végétation abondante, néfliers, figuiers et même kiwis. Irène Henriques, agent de maîtrise horticole de la Ville de Paris, responsable de l'équipe des jardiniers municipaux aux Buttes Chaumont, veille au grain. Quatre personnes prennent soin la vigne de la Butte Bergeyre tout au long de l'année. Les tâches courantes ne manquent pas, taille, palissage, effeuillage. 








Entre avril et mi-août, les jardiniers procèdent aux traitements variés avec des produits naturels ainsi que du soufre et du cuivre en dose réduite. L'objectif est de tendre vers un vin naturel et éventuellement bio, avec une diminution des intrants chimiques. Les variétés des pieds renouvelés sont sélectionnées en collaboration avec INRA, Institut national de la recherche agronomique, en fonction de leur résistance aux maladies locales. Ainsi le nombre de traitement a été réduit de vingt à sept par an. 

Une dizaine de jardiniers vendange les vignes chaque année le temps d'une journée. C'est également un jardinier de la Ville qui dessine l'étiquette. Le Clos des Chaufourniers ne produit que soixante-cinq litres de vin par millésime. Les bouteilles ne sont pas commercialisées. Le vin, rosé et blanc, se déguste à l'occasion de la Fête des Jardins, organisée par la Mairie, dernier week-end de septembre et la Fête des Vendanges, premier week-end d'octobre. 

Clos des Chaufourniers - Butte Bergeyre
35 rue des Chaufourniers / 72 rue Georges-Lardennois - Paris 19
Métro Colonel Fabien ligne 2 / Bolivar ligne 7bis



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.